Deux rendez-vous de grande importance en l'espace de trois jours. Des rencontres exclusivement consacrées à des questions brûlantes et urgentes dont dépend l'avenir de l'économie nationale. Il y a eu d'abord, le 12 mars dernier, le colloque international sur l'informel organisé dans le cadre d'un partenariat public-privé. Une initiative à saluer puisqu'elle a permis de mettre l'accent sur un mal profond qui ronge l'économie algérienne depuis de nombreuses années sans que les remèdes ne soient trouvés. Avec 156 milliards de dinars de ventes sans facturation ces trois dernières années, dont 47 milliards de dinars rien que pour 2011, les pertes sont énormes et ne font qu'augmenter au fil des ans. Les concessions faites par le gouvernement au profit de l'informel après les émeutes de janvier 2011 n'ont fait que faciliter les pratiques illégales et de surcroît encourager les intervenants dans le secteur formel à aller ver l'illégalité. Une pratique plus rentable et beaucoup plus facile à exercer, loin des pressions et des lenteurs administratives. Mais qui génère en parallèle l'anarchie sur tous les plans, commercial, urbanistique, sanitaire et environnemental. L'urgence de mettre un frein à cette anarchie se fait de plus en plus ressentir. Pour cela, encore faudrait-il mettre en place les conditions du passage à un système de droit légal, pour reprendre l'expression de l'émérite économiste péruvien Hernando De Soto. Ce ne sera donc qu'à travers l'assouplissement du climat des affaires que les choses pourront s'améliorer et que les acteurs de l'informel seront incités à la formalisation. C'est aussi pour inciter les opérateurs à la production et à la création des richesses. Ce dont à besoin le pays pour diversifier son économie. Cinquante ans après l'Indépendance, on en est toujours au débat sur les moyens de lancer une économie productive hors hydrocarbures. C'est là le deuxième rendez-vous de la semaine, qui débute aujourd'hui pour discuter de cet épineux problème de la dépendance vis-à-vis de la rente des hydrocarbures. En plus de l'informel, cette panne de production constitue l'autre mal de l'Algérie sur le plan économique. Un paramètre également à caractère urgent comme l'indique le thème du symposium : «L'urgence d'une nouvelle politique économique moins dépendante des hydrocarbures.» Cinq décennies sont passées depuis l'Indépendance sans que le décollage tant attendu ne survienne alors que les potentialités sont là. Mais, en parallèle, les freins à l'investissement persistent. En dépit des changements apportés dans le cadre des différentes lois adoptées jusque là, beaucoup reste à faire pour améliorer le climat des affaires, qui constitue le socle de tout développement socioéconomique. C'est surtout le point commun qui bloque la transition vers la formalisation et le démarrage du processus de production. Intervenir sur l'ensemble des facteurs qui composent le climat des affaires pourrait certainement renverser la donne actuelle. A condition de faire vite et de ne pas perdre de temps. Ça urge. S. I.