L'enlèvement du consul d'Algérie à Gao (nord-est du Mali) ainsi que de six membres de la représentation diplomatique jeudi dernier, n'a toujours pas été revendiqué plus de 24h après l'acte. À quelques heures de l'attaque dudit consulat, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, confirmait que «le consul d'Algérie à Gao et les six agents du consulat ont été forcés à sortir de la représentation diplomatique. Ils sont actuellement sous la responsabilité de parties que nous ne connaissons pas». Condamnant cet acte ignoble, un communiqué du MAE annonce «la mise en place d'une cellule de crise pour suivre l'évolution de cette affaire afin que tout soit mis en œuvre pour le retour sain et sauf de nos nationaux».Jeudi 5 avril, le consulat d'Algérie à Gao, ceinturé par les hommes du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), est attaqué par des groupes armés, a révélé le porte-parole du mouvement. «Un groupe armé du Mnla qui assurait la sécurité du Consulat s'est vu encercler par des djihadistes avec des ceintures explosives. Ces derniers avaient autour de leurs tailles de grosses ceintures explosives avec des détonateurs. Ils ont dit aux éléments du Mnla que s'ils ne partaient pas, ils feraient sauter les éléments du Mnla, le personnel du consulat et le consulat. C'est ainsi, entre autres, que le consul algérien et d'autres membres du personnel ont été enlevés», déclarait Hama Ag Sid Ahmed à un quotidien électronique algérien. Le Mnla accuse le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), une branche dissidente d'Aqmi, d'être l'auteur de l'enlèvement. Des témoins, relayés par les médias internationaux, racontaient que les assaillants avaient occupé le consulat avec violence, enlevé le drapeau algérien lui substituant l'étendard des salafistes, avant de kidnapper le personnel. Jeudi soir, sur son site officiel, le Mnla, qui a annoncé hier l'indépendance de l'Azawad, a condamné l'enlèvement des diplomates algériens et s'est désolidarisé de toutes «les organisations mafieuses s'étant introduites ces jours-ci dans l'Azawad, contribuant à instaurer un climat de chaos et de désordre, après la libération du territoire».Des images montrant le consul d'Algérie, Boualem Sias, dans un véhicule entouré par des hommes armés et visages cachés ont été transmises par la chaîne qatarie Al Jazeera. Hier, plusieurs pays et organisations internationales ont dénoncé cet enlèvement. Parmi eux, l'Union du Maghreb arabe (UMA) a dénoncé dans les termes les plus forts cette «agression barbare, contraire à toutes les lois et normes internationales». L'Union a, par là même, formulé le vœu de voir «les autorités maliennes prendre les mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes enlevées et garantir leur retour sains et saufs au sein de leurs familles et de leurs proches».De son côté, l'Union africaine par la voix de son président de Commission, Jean Ping, a «vigoureusement» condamné l'incursion d'individus armés dans le consulat d'Algérie à Gao et l'enlèvement des membres de la mission diplomatique. Dans un communiqué rendu public hier, M. Ping a souligné «la gravité d'un tel acte qui a ciblé des missions diplomatiques internationales et des émissaires diplomatiques», exigeant «la libération immédiate» de toutes les personnes enlevées. S. A.
