A partir d'aujourd'hui ce sera pratiquement la dernière ligne droite avant le jour J. Certains vont aux élections législatives convaincus par le fait que de forts signaux prêteraient à déduire que le peuple est vraiment prêt pour décider du changement. D'autres ont peur pour la raison tout à fait contraire, celle qui précisément confirmerait cette volonté de changement. Enfin, il s'en trouve ceux qui y vont comme des gens qui, dans un roman satyrique du début du siècle dernier, allaient à Clochemerle. En langage décodé, les jours qui séparent le jour d'aujourd'hui du 10 mai n'invitent à aucune visibilité quant à l'issue de la consultation populaire et aucune lisibilité quant à la démarche de l'électorat si tant est que des personnes vont aux urnes rien que pour le fait d'estampiller, et pour cause de tracasseries administratives qui ne sont plus d'époque heureusement, une carte de… vote. Ceci expliquant cela, il n'en devient que plus facile alors de comprendre l'ampleur d'une démobilisation réelle, exception faite des militants du FLN, d'un ou deux partis islamistes, RND, FNA et du PT. L'alternance s'exécutant entre le FLN et le RND, les autres formations prenant leur place dans le désordre mais selon une stratégie pointue qui permet d'entretenir l'illusion et donc faire croire à un effectif jeu démocratique. Dans tout cela quid de l'existence d'une opinion publique ? C'est le plus grand flou sachant qu'une opinion se forme et pour qu'elle le soit il va de soi qu'il faut qu'elle ait connaissance de la réalité de la situation nationale. Or, l'opinion publique algérienne se nourrit, la majeure partie du temps, de la rumeur et celle-ci n'en devient que plus inquiétante quand elle n'est pas démentie. La question du prix de la pomme de terre en est l'illustration parmi les plus ridicules qui égayent la campagne électorale, d'abord, pour s'incruster ensuite dans le langage très officiel jusqu'à argumenter, plus à raison qu'à tort, le risque d'une démobilisation populaire le 10 mai prochain. La dérision va jusqu'à préférer le mot démobilisation, considéré vraisemblablement moins dramatique par les représentants de l'Etat, à celui d'abstention qui traduirait à leurs yeux une sévère sanction notamment pour ces législatives de 2012, un désaveu confirmant le glissement progressif enregistré en 2002 et 2007 d'une manière plus profonde encore et en faire une désaffection naturelle. Cette sourde panique dans les rangs explique mieux cette disponibilité du ministère de l'Intérieur que, il y a moins d'une année seulement, nul n'aurait jamais imaginée au même titre que les garanties assurant une transparence des opérations de vote, le respect de la volonté populaire qui ont paradoxalement obtenu l'adhésion de la totalité des formations politiques engagées. L'idée maîtresse étant d'obtenir une mobilisation importante des électeurs. Comble de l'ironie, l'ensemble de ces hommes politiques ne cherchent même plus à orienter le choix de l'électeur même à leur profit mais juste obtenir sa présence dans les bureaux de vote quitte pour cela à ce qu'il dépose un bulletin blanc dans l'urne. Ce qui en somme ne veut rien dire, voire relève littéralement du ridicule. Vote blanc, tout citoyen le ferait pour dire son ras-le-bol… pour peu toutefois que le bulletin blanc soit effectivement disponible comme cela se fait ailleurs. Le décompte d'ailleurs se fera plus facilement et il n'y aurait alors nul besoin de faire un dessin pour connaître le parti victorieux de la consultation.Les résultats du 10 mai vont être renversants, ils ne bouleverseront pas, très certainement, l'ordre établi quant à la position des formations politiques traditionnellement présentes aux scrutins. Néanmoins, compte tenu du nombre global de partis engagés, il semble pratiquement certain que tout électeur va se contenter de déposer un bulletin dans une enveloppe et il importera peu pour la majorité de l'électorat de savoir de qui il s'agit et encore moins le contenu du programme politique de la formation qu'il représente. Le Parlement algérien 2012 aura de particulier d'être constitué d'une pléthore de formations, donc de députés venant de tous horizons qu'un dénominateur commun détermine : faire partie de l'Assemblée populaire nationale. Pour toutes les raisons connues, sauf celles de représenter le peuple et servir le pays. Deux notions qui ne resteront que slogans creux. A. L.