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Le devoir d'intelligence de François Hollande
Publié dans La Tribune le 30 - 06 - 2012

L'Algérie colonisée, ou si l'on veut, la France coloniale, restera-t-elle, cinquante après l'Indépendance, la «boite à chagrins» française, dont le général de Gaulle voulait sortir par le trou de mémoire ? Peut-être saura-t-on un peu plus sur la capacité de la France hollandaise à penser l'impensé colonialiste en reconnaissant de manière plus explicite le fait colonial et son prologue dramatique, la guerre d'Algérie ? La parenthèse de feu 1954-1962 fut longtemps un non-dit et un non-lieu, avant d'être nommée, du bout des lèvres chiraquiennes, une guerre meurtrière. Vocable douloureusement consenti pour remplacer le mot euphémique que furent les «événements» d'Algérie. Et c'était déjà en soi un événement politique que de qualifier ainsi une histoire commune mais jamais, dans la mémoire, partagée. Laurent Fabius, le nouveau chef de la diplomatie française, sera bientôt à Alger. On saura alors, si ce n'est pas encore trop tôt, si, au devoir de mémoire, le président François Hollande ajouterait le devoir d'intelligence. Celle qui consiste à reconnaître que la colonisation fut davantage pour les Algériens un loup, même s'il était parfois habillé en grand-mère. Et même si d'aucuns se sont évertués à le figer alors sous les traits d'une grand-mère civilisatrice, dans le marbre d'une loi scélérate, un jour de février 2005. Jacques Chirac, c'est vrai, s'est ensuite employé à lisser les dents et les griffes du loup colonial, mais le malaise mémoriel traverse toujours, dans les deux sens, la Méditerranée. Certes, des efforts, de part et d'autre, ont été faits. La France, elle, a ouvert un peu plus les archives coloniales dites de sureté ou de souveraineté. Jacques Chirac a même fait un geste symbolique en restituant à Abdelaziz Bouteflika le sceau par lequel le Dey Hussein avait scellé en 1830 sa reddition et le sort de la régence turque d'Alger. Il y a même eu, côté français, une nette évolution de la sémantique. Le mérite revenait alors à des diplomates en poste à Alger qui reconnaîtront, à mots nus, les souffrances du peuple algérien. Sans pour autant les mettre dans la balance équitable avec les douleurs des Français d'Algérie ou des Algériens qui ont choisi le camp de la France coloniale. Sur le plan symbolique, ce ne fut pas rien sachant que la colonisation avait trouvé son prétexte dans un coup d'éventail administré par Hussein Dey à un diplomate français de l'Empire. François Hollande, qui se veut le président normal d'une France normale, saurait-il normaliser les relations franco-algériennes en les élevant au rang de rapports exceptionnels entre deux peuples unis, somme toute, par l'Histoire, la géographie, la langue, l'économie, les liens du sang versé et du sang mêlé ? Rien n'est moins sûr, même si François Hollande, candidat à la présidence française et Premier secrétaire de son parti, avait porté un regard critique, «au nom du PS», sur l'implication historique des socialistes français dans la guerre d'Algérie. Souvenons-nous, à ce propos, de Guy Mollet, de François Mitterrand, des pouvoirs spéciaux à l'armée et de la guillotine pour Ahmed Zabana et 44 autres Algériens décapités en seulement 16 jours ! La colonisation a constitué l'arrière-plan de la thématique de l'immigration lors des dernières campagnes électorales des présidentielles et des législatives en France. On a alors relevé à quel point l'immigration interrogeait, dans l'exprimé comme dans le subliminal, le passé colonial de la France. Mur sur lequel se heurte encore l'intégration des fils des anciens colonisés et se cognent les peurs françaises d'un lendemain incertain. Cinquante ans après, la France, de droite comme de gauche, du Centre ou des extrêmes politiques, peine à construire un récit national qui prendrait en compte toutes les composantes de sa société. On l'a encore observé en 2012, Marianne ne croit pas encore au multiculturel. La poussée du Front National, en pourcentage électoral et en amplitude territoriale, est là pour en attester. Alors, sous prétexte du refus d'inscrire le malheur et la déploration dans la mémoire collective, la France, celle de Mélenchon exceptée, ne veut pas demander pardon ou s'excuser pour les exactions de la colonisation. Comme elle l'a déjà fait pour l'esclavage et les crimes du régime pétainiste contre les Juifs de France. Pourtant, il ne s'est jamais agi de créer un nouveau syndrome colonial qui prendrait le relais de celui de Vichy. Pas plus qu'il ne fut question, malgré les rodomontades nationalistes de ce côté-ci de la Méditerranée, d'exiger d'elle d'aller à Canossa, à Fatima ou à Lourdes pour s'y couvrir la tête de cendres. Il était juste d'à-propos de reconnaître une réalité intangible, le fait colonial, et pour tous les peuples que la France à colonisés et spoliés. Cette attitude d'évitement est symptomatique d'une incapacité à tourner la page. Elle est également révélatrice d'une inaptitude à soigner la grande blessure narcissique que constitue la perte de l'empire et de la grandeur subséquente. D'où, de l'avis même d'historiens français comme Benjamin Stora, un des rares passeurs entre les deux rives, l'absence d'une mémoire nationale française de la guerre d'Algérie et même de sa colonisation. En 2012, c'est toujours les contorsions des mémoires, les soubresauts identitaires qui agitent l'Hexagone, surtout à son flanc Sud où les mémoires saignent le plus. Pour toute opération de solde de tout compte colonial, François Hollande, président normal, ne l'oublions pas, serait-il l'homme de la normalisation des relations entre Alger et Paris ? Pour y parvenir, il doit être, ce serait sa gloire, un président exceptionnel. Comme le furent en leur temps, à leur façon propre, de Gaulle et Mendès-France. Ce n'est qu'à ce prix qu'il pourrait faire faire à une France en crise historique le deuil de son empire colonial.
N. K.

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