Synthèse de Salah Benreguia Après les Etats-Unis d'Amérique et le Vieux Continent, la crise financière s'étend à une vitesse vertigineuse vers d'autres pays. Rien ne semble l'arrêter et mettre fin à des pertes financières estimées, à présent, à des trillions de milliards de dollars, mais aussi à des suppressions de milliers de postes d'emploi annoncées çà et là. Cependant, cette descente aux abysses a un dénominateur commun : en plus des pays les plus industrialisés, les économies dites émergentes ne pourraient en sortir indemnes. Ce constat, au demeurant amer et alarmant, a été l'avis même des hauts responsables des institutions monétaires mondiales. Hier, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le Français Dominique Strauss-Kahn, a, dans un commentaire paru dans le journal autrichien Der Standard, averti que les économies émergentes seraient les dernières victimes de la crise financière mondiale, notamment après que les dirigeants des pays riches eurent mis en œuvre des mesures de soutien de leurs banques en difficulté. «Les pays à économie émergente doivent non seulement faire face à des baisses de leurs exportations et à un recul de la confiance mais sont également les dernières victimes d'une crise financière qui a débuté aux Etats-Unis, qui s'est ensuite étendue vers l'Europe et qui inonde maintenant d'autres continents au-delà des frontières européennes», a-t-il expliqué. Ainsi, pour le premier responsable du FMI, devant les retraits massifs des capitaux et des investissements étrangers dans les pays d'Europe centrale, et de l'Est notamment, «il devient plus attractif de rapatrier dans les pays hautement industrialisés l'argent investi ces dernières années avec de hauts rendements dans les économies émergentes, et cela en raison des mesures mises en œuvre par les dirigeants des pays riches pour soutenir les banques nationales en difficulté», analyse DS-K. «Cela complique l'existence des pays à économie émergente», soutient plus loin le patron du FMI, compte tenu de l'obligation de ces pays d'«accepter de prendre des mesures similaires à celles décidées par les pays hautement industrialisés» telles que «les aides d'Etat temporaires aux banques en difficulté». «Ces pays ne peuvent faire face tous seuls à ces nouveaux défis et les pays industrialisés doivent être prêts à assurer les financements nécessaires qui vont atteindre un montant qui n'a jamais été aussi important», a-t-il ajouté. Appelant, par ailleurs, les gouvernements et banques centrales des pays industrialisés «à tenir à disposition un mode de financement parallèle aux programmes du FMI destinés à surmonter la crise financière», le patron du FMI a mis en garde devant l'alternative qui consiste à recourir au protectionnisme, au contrôle des banques, et aux cessations de paiements qui seraient fatales à l'économie mondiale. Le FMI, en réponse aux besoins générés par cette crise, s'est dit prêt à injecter pas moins de 250 milliards de dollars, et étudie, actuellement, la création d'un mécanisme permettant de fournir une aide financière à court terme à des pays bien gérés qui font face à des problèmes de liquidités temporaires.