LA TRIBUNE : Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter, en détail,l'entreprise Tonic Industrie ? MUSTAPHA MERZOUK : L'entreprise EPE Tonic Spa a été créée en avril 2011 par l'absorbation des ex-Sarl de Tonic Emballage suite à la résolution du CPE. Elle est organisée sous forme d'une EPE/SPA avec un capital social de 30 milliards de dinars, détenu en totalité pour le compte du Trésor public par la SGP Gephac. L'EPE Tonic Industrie est érigée sur 2 sites limitrophes dans la Wilaya de Tipasa, l'un à Bousmaïl (12,2 ha) et l'autre à Chaïba (24 ha).Tonic Industrie couvre plusieurs domaines d'activité dans le domaine de la récupération de vieux papiers (FCR), de la production de papier sanitaire et domestique, appelé communément papier ouate, et du papier d'emballage. Tonic est aujourd'hui le seul producteur de papier en Algérie, exception faite la petite papeterie des établissements Ben Dris de la Chiffa. Tonic active également dans le domaine de la transformation de papiers de cartons et des arts graphiques, produisant ainsi de la caisse de carton ondulé, de la boite pliante, du sac petite et moyenne contenance, de l'alvéole, du gobelet, des assiettes, des pots en plastique. Elle dispose de larges capacités d'impression héliogravure et offset et de découpe de papiers. Elle intervient également dans la prestation de service transport, moyens de lavage, terrassement, car disposant d'un parc relativement important. C'est dire combien sont nombreux les domaines d'activités stratégiques de notre entreprise qui ambitionne de se repositionner en leader sur le marché de l'emballage, un tant soit peu que le programme d'action, soutenu par notre SGP et les pouvoirs publics, se concrétise. Tonic dispose de capacités théoriques installées importantes : 100 000 tonnes (t) de traitement de vieux papiers, 28 000 t de papier ouate, 140 000 t de papier pour ondulé et plus de 150 000 t dans le domaine de transformation (caisses, boites, gobelets, rames, ramettes…etc.) Le taux d'utilisation de ce potentiel de production varie de 20 à 65% selon les domaines d'activités. Il s'agit pour nous, d'une part de recouvrer l'ensemble de nos capacités par des opérations multiformes d'amélioration de l'exploitation, de mise en place une maintenance efficace couplée à la formation de nos agents et d'impulser, d'autre part, une démarche commerciale et marketing à l'effet de développer notre gamme de produits, de récupérer notre portefeuille clients et d'augmenter notre volume d'affaires.
Quelle est la part du marché du groupe Tonic Industrie ? Toutes nos actions sont centrées sur la satisfaction client, afin de nous positionner par rapport à la concurrence locale et internationale et assurer aussi notre insertion dans le marché national et international. Les consommations de papiers et carton en Algérie de 2011 à 2016 se présente comme suit : 469 000 t en 2011 soit 19 kg/h, 533 000 t en 2012 soit 21 Kg/h, 605 000 t en 2013 soit 23 kg/h, 688 000 t en 2014 soit 25 kg/h, 782 000 t en 2015 soit 28 kg/h, 889 000 t en 2016 soit 31 kg/h. L'emballage représente, tout produit confondu, plus de 50% de cette demande. Tonic Industrie compte passer d'une part de marché actuel de 11% (en 2012) à 37% en 2016. Les importations couvrent actuellement 68% de la demande nationale.
Des perspectives à l'export…. Nous avons projeté de réaliser à l'export 5% de notre chiffre d'affaires sur l'exercice 2013. Avec le programme de mise à niveau et modernisation des installations, la part des importations dans la couverture de besoins nationaux sera ramenée à 29%. En matière d'exportation Tonic Industrie a déjà retenu la réalisation de 5% de son chiffre d'affaires à l'exportation. Des opérations sont déjà en cours. Les marchés à l'exportation nécessitent une attention particulière et beaucoup de professionnalisme. Il ne s'agit pas de faire des opérations spot mais d'y rester et de fidéliser une clientèle exigeante. Une mise à niveau dans tous les domaines est nécessaire.
A l'instar de toutes les industries, celle du papier est confrontée à de nombreuses difficultés. Quelles sont les actions entreprises afin de remettre la machine sur les rails ? Les difficultés de l'industrie de l'emballage ont trait aux problèmes de mise à niveau des équipements, donc de dépendance technologique vis-à-vis des équipements, au manque de main-d'œuvre qualifiée, à la dépendance des inputs (matières premières) de l'étranger, à l'absence d'association professionnelle pour des cadres de déontologie, au marché informel et la concurrence de matériaux plastiques. S'agissant des actions de redressement, elles sont d'abord en interne à travers d'un plan d'actions orienté vers la satisfaction clients et sous tendu par une démarche qualité qui veut que l'on fasse vite et bien. Il s'agit de la nécessité de mettre en place et à niveau tous les processus de direction et de gestion et relever les top et middle management. La ressource humaine dit-on est la meilleure richesse d'une entreprise, elle doit faire l'objet de préoccupations essentielles en termes d'équité et de justice dans les rémunérations, de communication, de formation et de stimulation. C'est tout le projet de ressource humaine qui doit, à terme, permettre d'implanter une culture d'entreprise et amener tous nos personnels à l'obligation de résultats et à apporter leur dû à la communauté. Au delà des actions internes il y a tout un programme d'investissement, dans une première phase de mise à niveau et un investissement neuf important, dans une seconde phase, pour la réalisation d'une unité de fabrication de carton compact d'une capacité de 100 000 tonnes. Il est aussi évident que nos démarches intensifient la recherche de partenaires, publics-privés, nationaux et internationaux, condition nécessaire d'appropriation de la technologie, du savoir-faire et de marchés à l'exportation. Il faut également rattraper le retard connu par le secteur en termes d'investissements et de maîtrise technologique et réduire aussi la facture des importations, un retard dû également à l'absence de forêts industrielles, à la raréfaction de l'alfa, de la paille, de la ressource hydrique. Donc, le développement projeté est basé sur l'utilisation de la fibre recyclée (vieux papiers).
Vous avez signé récemment un accord-cadre avec la société espagnole Saica Natur. Un partenariat dans l'activité de la récupération du papier. Qu'attendez-vous de cet accord ? Saica Natur est une filiale de Saica papier, entreprise espagnole produisant près de 2 millions de tonnes de papier et qui récupère près de 3 millions de tonnes de vieux papiers cartons à recycler. La récupération de fibres recyclées est un axe stratégique au niveau de notre SGP Gephac, de Tonic Industrie et de Gipec. Elle représente au plan macro économique un triple intérêt, en l'occurrence un intérêt marchand, écologique et citoyen. C'est à la faveur du plan de développement cité que tout un programme d'actions pour cette filière a été arrêté avec les deux entreprises du secteur, Gipec et Tonic Industrie. Il s'agit de mobiliser et capter toute ou partie du gisement de papier à l'horizon 2016 et 2022. Aussi il est projeté un volume de récupération au niveau national de 181 000 t en 2013, 206 000 t en 2014, 234 000 t en 2015, et 266 000 t en 2016, soit un taux de récupération de 30% avec une projection de 50% à l'horizon 2022. Le projet de partenariat avec Saica Natur vise à professionnaliser cette activité et à développer l'industrie des recyclés en Algérie. Les objectifs sont multiformes, allant de l'assistance et du développement de la fonction récupération, du transfert du know-how, à la formation par Saica du personnel technique. Le partenariat pourrait s'élargir par la suite à la production de papier ondulé en Algérie et pourquoi pas de la caisse carton ondulé.
Dans votre plan de développement, êtes-vous positionnés sur une politique commerciale agressive ou êtes-vous, plutôt, dans une situation confortable qui ne nécessite pas, à priori, cette démarche ? Le plan de développement permet à l'entreprise de se positionner en leader sur le marché national. Cette position nous oblige à être en veille permanente, de développer une démarche commerciale et marketing à même de consolider constamment nos parts de marché. La satisfaction client est notre «credo». Nous devons arriver sur le marché avec le meilleur rapport qualité/prix et nous devons mettre de l'intelligence dans tout ce que nous entreprenons. Il n'y a aucune situation d'acquise, nous faisons notre avenir tous les jours. Il nous appartient de nous amarrer à une économie mondiale basée sur la science et la connaissance. C'est pourquoi nous investissons sur l'homme et la réhabilitation du travail seuls clés de voûte de la réussite. Tonic Industrie se veut une entreprise loyale sur le marché et citoyenne pour son environnement dans l'optique d'un développement durable. S. B.
