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La culture sous l'éteignoir
Cinémas et bibliothèques vivent la disette
Publié dans La Tribune le 04 - 12 - 2008

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
«La culture, dit-on, c'est ce qui reste quand on a tout oublié.» Et qu'en reste-t-il à Annaba où le patrimoine culturel est dans un état de délabrement avancé sans pour autant que cela inquiète personne. On continue à feindre d'ignorer l'ampleur de cette dégradation dont les conséquences sont des plus désastreuses. Un petit tour dans la ville des Jujubes donne un aperçu de cette situation qui interpelle tout un chacun et qui, pourtant, n'amène aucune réaction de la part d'associations dites «culturelles» ou de l'autorité en place. La dizaine de salles de cinéma que compte Annaba sont mises en veilleuse, rideaux baissés, tags, détritus qui traînent et autres articles étalés sur le trottoir et exposés à la vente. C'est le triste état dans lequel se trouvent aujourd'hui ces salles qui, dans le temps, avaient fait le bonheur de générations entières.
L'Ifriquia, l'Edough, El Hamra, le Marignan, El Manar ou encore le Numidia affichent… vide ! Le désert culturel est venu sur tout, plus de projections, plus de spectateurs, l'obscurité si complice des salles a été remplacée par le noir absolu, le néant, et, comme la nature a horreur du vide certaines de ces salles ont été détournées de leur vocation. Le propriétaire de l'une d'entre elles a procédé à sa démolition pour ériger un centre d'affaires : «C'est plus lucratif, nous apprend-on, les gens ne viennent plus au cinéma. Aujourd'hui, la télé et les DVD ont tout détruit et puis on préfère rester chez soi et regarder le film qu'on veut sur une des chaînes satellitaires. Le cinéma est mort !» Dans d'autres salles, reprises par des gérants, les projections vidéo de très mauvaise qualité attirent des centaines de jeunes à la recherche de sensations fortes.
La violence y est glorifiée et adulée, on prend plaisir à voir des Rambo, des Vandamme ou des Steven Seagal. Dans ces salles où aucune forme de contrôle n'est exercée, on projette les films qu'on veut, surtout ceux prisés par les jeunes. Il s'agit de rentabiliser au maximum. Il n'y a pas de place pour les grands films même ceux primés dans les différents festivals internationaux. Ce qui compte vraiment, c'est répondre à la demande exprimée et il n'est pas question d'apporter un semblant de culture sous quelque forme que ce soit. Dans ces salles, la gente féminine n'est pas admise, c'est le masculin pluriel qui accapare tout, le sexe faible est exclu de fait. La seule «oasis» dans cet environnement, d'où la culture a pris un congé de longue durée, est la cinémathèque, située sur le boulevard du 1er Novembre, qui continue contre vents et marées de projeter des films de qualité et d'organiser des débats.
Côté bibliothèques, Annaba est bien mieux lotie que les villes voisines. On en compte quelques-unes localisées au centre-ville en plus du Centre culturel français, celles du palais de la culture de l'université et l'annexe de la Bibliothèque nationale en construction. Le problème auquel sont confrontés ces espaces du savoir est l'actualisation des ouvrages qui y sont proposés.
Ceux-ci, anciens pour la plupart, ne répondent plus aux besoins exprimés en matière de recherche ou de documentation. Les informations qu'on y trouve sont dépassées, voire «périmées», et donc ne satisfont pas à la demande des centaines de lecteurs qui fréquentent les bibliothèques.
Les services des acquisitions souffrent de disette et n'ont pas les moyens de renouveler les ouvrages qui s'entassent sur les rayons. Certains livres, à force d'être manipulés et feuilletés, se détachent, pour d'autres, il manque des pages entières arrachées par des mains incultes. Les donations faites par des particuliers ou des associations de bienfaisance sont rares et ne peuvent combler le manque qui est à l'origine de la baisse de fréquentation de ces lieux du savoir.
La Grande bibliothèque implantée à quelques mètres du lycée Pierre et Marie Curie est l'objet d'un conflit opposant les élus de la commune au sujet de sa future démolition. 2 camps s'affrontent avec force arguments suite à la demande, exprimée par l'investisseur émirati SEDAR, d'aménager un passage vers son futur centre d'affaires situé à quelques dizaines de mètres derrière la bibliothèque en question. Celle-ci se trouvant sur l'axe, le raccourci est vite fait : la bibliothèque doit être démolie. La proposition avait provoqué un tollé général au niveau de l'assemblée qui s'était scindée en deux, un groupe refusant catégoriquement la démolition de cet espace culturel et un autre soutenant l'investissement parce que générateur d'emplois. A ce jour, la question n'a pas encore été tranchée, la commission désignée à cet effet n'ayant pas encore rendu son «verdict».
Le Centre culturel français, situé en plein centre-ville, est envahi chaque jour par des centaines d'étudiants, de lycéens, de professeurs, de chercheurs ou de simples citoyens venus s'y inscrire. Il faut dire que la bibliothèque est bien fournie. On y trouve de tout, de la littérature aux sciences et techniques en passant par toutes les revues ou magazines spécialisés. Un espace Internet y est aménagé et les internautes peuvent accéder à toute information pouvant les aider à comprendre ou à saisir telle ou telle notion. La salle de projection du CCF ne désemplit pas, des jeunes et moins jeunes y viennent pour voir des films parfois en présence du réalisateur qui se prête volontiers aux questions posées par les cinéphiles.
L'antique Hippone, où a vécu Saint Augustin, défiant le temps et les hommes, observe du haut de sa colline ses descendants d'aujourd'hui, pris dans les arcanes d'une modernité qui tue tout sur son passage et qui efface peu à peu de leur mémoire le rayonnement d'une ville phare qui a brillé pendant des siècles.


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