Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? A quoi cela rime-t-il de vouloir partir en vacances, ailleurs, dans une autre wilaya ou à l'étranger, lorsque la mer, la forêt et la campagne se trouvent seulement à quelques kilomètres ? C'est, sans doute, ce que l'écrasante majorité des Oranais doit penser lorsqu'il est question de vacances : «Mes vacances, je les passe ici. Chaque jour, j'emmène mes enfants à la plage, au théâtre ou en promenade, ça dépend des envies. Le tout est de bien s'organiser», explique Salah, fonctionnaire et père de quatre enfants, pour lequel il est beaucoup plus simple de profiter des joies multiples qu'offre Oran plutôt que de se prendre la tête à vouloir se rendre ailleurs : «D'ailleurs, une entreprise pareille coûte les yeux de la tête et doit générer des désagréments à n'en plus finir : entre le transport, l'hébergement et la nourriture, il faudra probablement le salaire d'une année», poursuit notre interlocuteur avec beaucoup de mesure. «Non, je suis d'avis d'économiser le transport et l'hébergement pour une meilleure alimentation et pour assurer une bonne rentrée des classes. Et puis, quelle est cette autre wilaya qui offrirait davantage qu'Oran ?». Il est vrai que depuis quelques années, Oran est devenue la destination numéro un des touristes nationaux et étrangers et, selon les chiffres officiels, trois millions de visiteurs auraient déjà franchi les frontières de la wilaya, depuis l'ouverture de la saison estivale. D'ailleurs, pendant les soirées du mois de Ramadhan, des milliers d'estivants déferlaient sur les plages pour jouir des bienfaits de la mer, déambulaient sur les fronts de mer une glace à la main ou profitaient des nombreuses manifestations culturelles organisées par les pouvoirs publics un peu partout à travers le territoire de la wilaya. Assurément, aucune autre wilaya n'offre davantage que la capitale de l'ouest, mais les prix restent prohibitifs parce que calculés selon les capacités financières des émigrés et non pas sur le pouvoir d'achat des autochtones. Il suffit pour s'en convaincre de savoir qu'au mois d'août, un appartement 3 pièces dans l'une des communes balnéaires de la corniche ouest se loue à une moyenne de 100 000 DA alors que le tarif mensuel pour une villa varie de 150 000 à 300 000 DA…. Pour autant, certains oranais préfèrent laisser Oran et son joyeux brouhaha aux touristes et partir à la recherche de changement, de dépaysement : «Chaque été, il faut que je me rende en Kabylie pour me ressourcer et recharger les batteries, affirme Messaoud, enseignant universitaire. Seul un séjour en pleine montagne est en mesure de dissiper les effets du stress généré par la vie citadine.» L'étranger ? Messaoud fait la moue : au-delà du souci financier qui reste important (même si l'homme est loin d'être aux abois), les tracas administratifs sont très souvent décourageants : «Il n'y a quand même pas mieux que la Kabylie pour se remettre des fatigues de l'année.» Comme Messaoud, de nombreux oranais privilégient des séjours «au bled» pour se reposer et préparer la rentrée sociale: certains partent à Aïn Témouchent, magnifique région que Yasmina Khadra a chantée dans Ce que le jour doit à la nuit, à Tlemcen qui reste l'une des plus belles régions du pays, ou encore dans les wilayas de l'est ou du sud du pays pour se régénérer sur la terre des aïeux : «J'aimerais bien partir à l'étranger pour y passer mes vacances, glisse Amine, commerçant, les yeux brillants. Mais ce n'est pas dans mes moyens !» Donc, une semaine, voire dix jours au «bled», la Kabylie en l'occurrence, feront très bien l'affaire : «Et ce n'est pas un pis-aller, prévient-il. On s'y repose vraiment, la nourriture y est naturelle et l'eau si fraîche. On y revit…». Reste une troisième catégorie d'Oranais pour lesquels il est aussi facile de se rendre à Paris ou Barcelone que de rallier n'importe quelle wilaya d'Algérie. N'étant pas confrontés aux mêmes problèmes financiers ou de visas que le commun des mortels, ils passent naturellement leurs vacances à l'étranger, dans leurs propres propriétés et sans s'inquiéter de devoir payer en devises. Mais pour tout le monde, le lieu des vacances importe peu pourvu qu'on se ressource… S. O. A.