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L'université de tous les maux…
Elle s'enfonce dans une crise inextricable
Publié dans La Tribune le 17 - 12 - 2008


Photo : Riad
Par Abderrahmane Semmar
Insécurité, harcèlement sexuel, baisse de niveau, trafic de diplômes, népotisme et favoritisme, on ne compte plus aujourd'hui les maux qui caractérisent toutes les universités de notre pays. Pataugeant encore dans les déboires administratifs et bureaucratiques, si ce n'est pas les scandales de mœurs ou financiers, les établissements universitaires ne vivent plus qu'au rythme des grèves et des protestations orchestrées, bon gré ou mal gré, par des universitaires victimes et coupables à la fois. L'assassinat d'un enseignant à l'université de Mostaganem, en octobre dernier, a relancé dès lors le débat sur une réalité amère que les pouvoirs publics n'ont jamais cherché à prendre à bras-le-corps. N'effectuant que des toilettages superficiels, toutes les mesures prises par les gouvernements successifs pour sortir le secteur universitaire de l'ornière ont été sans lendemain. C'est dans ce contexte que celle qui fut naguère le centre de rayonnement d'un pays respecté et admiré sur la scène internationale, devint, malheureusement, en l'espace de quelques années seulement, l'ombre d'elle-même. A ce sujet, les chiffres sont plus qu'éloquents et renseignent à eux seuls sur l'étendue de la déliquescence au sein de la «pépinière des cadres du pays». Et pour cause, seulement 0,03% des publications universitaires internationales sont algériennes, loin derrière le Maroc (0,92 %) et la Tunisie (0,57%). Au niveau mondial, notre université est tout simplement inexistante. Aucun de nos établissements ne figure sur la liste des 1 000 ou même des 5 000 meilleures universités au monde. Pis, même dans le classement africain, l'Algérie est à la traîne. Parmi les 100 universités classées au niveau africain dans le domaine de la production de recherches, ainsi que de leur rentabilité et de leur efficacité dans les différents domaines scientifiques, on retrouve difficilement l'université de Tlemcen dans l'ouest de l'Algérie, qui occupe la 39e place, suivie de celle de Batna à la 48e. Ainsi, l'université de Mogadiscio (Somalie) est beaucoup mieux cotée que tous les centres universitaires de l'Algérie ! Au-delà de cette décadence «intellectuelle et scientifique», l'université algérienne accuse un retard considérable en matière d'infrastructures et d'équipements. Pour preuve, l´université d´Alger conçue pour 5 000 étudiants en est à plus de 100 000 cette année ! La vérité est que les infrastructures sont inadaptées et les moyens pédagogiques sont, de loin, insuffisants. Avec un enseignant pour 30 à 35 étudiants, de nombreux spécialistes reconnaissent que la qualité de l´enseignement supérieur algérien laisse encore à désirer. Parmi toutes les anomalies du système d'enseignement supérieur national, on peut citer l´exemple de l´USTHB de Bab Ezzouar. Cette université, qui a démarré en 1974 sur un campus de 130 ha,nettement plus structurée que l´université d´Alger atomisée en 10 endroits, accueille moins de 20 000 étudiants avec près de 2 000 enseignants ! D'autres petits centres universitaires construits dans le courant des années 90 ont autant d´étudiants que l´USTHB, à l'instar de Mascara, de Jijel ou de Skikda, avec un ratio enseignants, étudiants de 40 et naturellement très peu d´enseignants de corps professoral. Force est également de constater que certaines universités ont un nombre de professeurs qui se comptent sur les doigts d´une main. Sur un autre chapitre, plusieurs autres facteurs, notamment de nature politique et idéologique, ont favorisé la régression de l'enseignement supérieur. Il faut savoir que, depuis 1971, trois plans de réforme de l'enseignement supérieur ont été mis en application sans évaluation objective du système, ni implication réelle des spécialistes, ni encore de prise en considération des mutations structurelles qui allaient bouleverser le monde.
Le processus d'arabisation a été instauré sans prendre en charge l'encadrement existant, qui était en majorité francophone, notamment dans les filières scientifiques et techniques. Du coup, l'étudiant qui a fait totalement ses études en langue arabe se retrouve à l'université obligé de se mettre au français avec toutes les difficultés et les incohérences que le passage d'un système linguistique vers un autre implique. En conséquence, une récente enquête a prouvé que près de 80 % des étudiants en filière technologie abandonnent en chemin leur cursus à cause de la non-maîtrise du français.
Cette misère «pédagogique» n'a fait que provoquer la descente aux enfers de toutes les composantes de l'université algérienne. D'aucuns ne peuvent nier que tous les fléaux de la société ont investi, dans des proportions alarmantes, les campus. La dernière étude élaborée par le Centre de recherche en déontologie sociale et culturelle (CRDSC) d'Oran prouve à juste titre que 27% des étudiants sont victimes de harcèlement sexuel. L'étude a démontré également que la violence verbale commise par l'enseignant envers ses étudiants est en première position avec 44,6%, suivie du harcèlement moral (33,2%). Et si 66% des étudiants considèrent qu'ils sont respectés par leurs enseignants, 26% d'entre eux disent subir l'indifférence ou le mépris (6%), alors que 2% d'entre eux disent être victimes même de violences et de brutalités.
Commandée par le département de Harraoubia, cette enquête a jeté à elle seule la lumière sur l'étendue de la dégénérescence qui ronge profondément notre université. Les témoignages des uns et des autres étayent davantage ce constat amer. Une vérité qui donne froid dans le dos. Etudiants comme enseignants, personne ne cache à présent son malaise. Le quotidien des universitaires sur les campus s'assimile même à un calvaire. Des conditions pédagogiques déplorables, des salles de cours et des amphithéâtres surchargés, une insécurité ambiante, des cités universitaires inconfortables etc., plus rien ne se prête à l'épanouissement de la réflexion critique et de la recherche scientifique.
Que faire, alors, pour remettre l'université sur rails ? Au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, on a procédé officiellement à l'installation de quatre commissions mixtes composées des cadres du ministère et des partenaires sociaux. Ces commissions, qui auront pour mission de constituer des canaux de dialogue, seront, par ailleurs, chargées de confectionner des rapports sur les régimes indemnitaires, les parcours et l'évolution des carrières professionnelles des enseignants et des chercheurs, ainsi que sur l'habitat et la charte universitaire.
Par le biais de cette dernière, le ministre espère pouvoir préserver l'enceinte universitaire de toutes formes d'agressions et ce «à travers la consécration du strict respect du règlement intérieur des établissements universitaires et l'obligation de travailler dans l'esprit du pardon en acceptant le débat contradictoire à travers le dialogue entre les universités».
«La charte -comprendre des textes de lois- obligera les enseignants et les organisations estudiantines à rendre des comptes. La charte déterminera avec exactitude les prérogatives des uns et des autres», a martelé encore à ce sujet M. Harraoubia. Tout le monde a deviné qui se retrouve dans le viseur du ministre. Le bras de fer avec les organisations estudiantines reprend de plus belle. «Ces dernières sont nées pour appuyer et soutenir les étudiants, mais sur le terrain, c'est l'inverse. Ils menacent presque les étudiants qui ne suivent pas leurs instructions ou leur mot d'ordre de grève», souligne encore le ministre. Mais ces organisations sont-elles les seules coupables ? Rien n'est moins sûr… En tout cas, cette guerre de mots cache mal les maux dans lesquels se débat, comme un corps qui agonise, l'université algérienne. Une seule question reste, enfin, en suspens : comment peut-on sauver notre université de cette crise inextricable ?


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