«Je le dis : là, je suis complètement guéri» Arrivé jeudi à Alger pour les besoins d'une action caritative et d'un spot commercial, Mourad Meghni a rendu visite au Buteur et à El Heddaf, hier en milieu de journée, juste après son passage en direct à la Chaîne III, dans l'émission Football Magazine. Accompagné de son frère Saïd, de son agent d'image, de deux représentants de l'entreprise Soummam et d'une représentante de l'agence de communication qui gère l'image de la laiterie, il était souriant et détendu, comme à son habitude, conscient certainement qu'il est en train de tourner une page de sa vie, celle de la longue blessure au tendon rotulien de son genou qui l'aura tenu éloigné des terrains durant un an et demi. Candide, comme s'il s'excusaitde nous avoir dérangés ! Affable et disponible, il a échangé quelques mots avec l'ensemble du personnel du Buteur et d'El Heddaf présents au moment de son arrivée, serrant la main à tout le monde avec sa candeur habituelle. A le voir réservé, c'est comme s'il s'excusait de nous avoir dérangés. Il a suffit que quelques minutes passent pour qu'il se sente parfaitement à l'aise, discutant à bâtons rompus avec les responsables de la rédaction et les journalistes. Plusieurs sujets ont été évoqués au cours de cette discussion informelle : sa convalescence, les difficultés d'un retour avec la Lazio, la sélection nationale… Il a insisté sur le fait que tout ce qui s'écrit sur Le Buteur est repris par les médias étrangers, notamment en Italie. Mourad Meghni, l'homme, est tout aussi agréable à entendre que le joueur est agréable à regarder jouer. La photo d'Oum Dourman l'a ému,la baie d'Alger l'a émerveillé Avant de prendre congé pour continuer une journée qui était riche en escales et en actions, le futur joueur d'Umm Salal a accepté gracieusement de répondre à quelques questions, histoire d'éclairer davantage l'opinion publique sur son actualité, puis a fait le tour des bureaux du journal. Il a été très ému de revoir les photos immortelles du bonheur de la qualification pour le Mondial acquise à Oum Dourman, avec l'emblème national ostentatoirement déployé à la face du monde. De même, la vue de la baie d'Alger et de son port, visibles du balcon, l'ont enchanté, lui qui a toujours été fasciné par la mer et le littoral. Meghni et ses accompagnateurs sont repartis avec le sourire, celui de l'optimisme pour une nouvelle saison synonyme de renouveau. _________________________ «Je le dis : là, je suis complètement guéri» Vous semblez enjoué et de bonne humeur. C'est apparemment le cas à chaque fois que vous êtes en Algérie… C'est naturel. C'est le pays de mon père et c'est un plaisir renouvelé à chaque fois que je peux venir ici. Dès que j'ai l'occasion de venir, je viens. Je suis d'autant plus heureux que je suis venu cette fois-ci pour une action caritative en faveur d'enfants malades avec lesquels je vais passer une journée entière. C'est donc une façon de joindre l'utile à l'agréable. Cela fait un an et demi que vous êtes blessé et que vous ne jouez plus. Vous avez donc eu le temps de réfléchir longuement à cette question et ça a dû longuement gamberger dans votre tête. Avec du recul, c'était quoi l'erreur ? Est-ce de ne pas avoir subi l'intervention chirurgicale dès le départ ? Est-ce le fait d'avoir joué la CAN en Angola ? La plus grosse erreur a été d'avoir joué la CAN, même si je ne pouvais pas savoir que cela était si risqué de le faire. Je pense que si je m'étais arrêté avant, j'aurais pu bien me soigner. J'aurais dû m'arrêter bien avant la CAN car même à la Lazio, je jouais en étant blessé. Etait-ce le coach qui avait insisté pour que vous jouiez la CAN ou bien vous ? En vérité, c'est moi qui voulais jouer la Coupe d'Afrique des nations. Même avec des piqûres ? Oui, je l'avais accepté. Je pensais qu'après la CAN, je pourrais me soigner et, après un ou deux mois, guérir et me remettre à jouer. Je me disais que, puisque j'avais joué avec la Lazio en étant blessé, il n'y avait pas de raison que je ne joue pour la sélection de mon pays. Je me sentais capable de faire quelques matches. Le fait de ne pas avoir pu participer à la Coupe du monde vous est-il resté en travers de la gorge ? C'est vrai que cela n'a pas été facile, surtout que, pendant tout ce temps-là, j'avais essayé de me soigner pour arriver à faire le Mondial. Cela n'avait pas marché et cela avait accru ma déception. Il y a un vrai «phénomène Meghni» en Algérie dans la mesure où vous n'avez joué que quelques matches officiels avec les Verts, mais vous avez une cote de popularité importante, même un an et demi après votre dernier match. Comment expliquez-vous cette relation particulière qui vous lie au public algérien ? Comment l'expliquer ? Je ne sais pas moi… Je joue au foot, tout simplement. Je n'ai rien de spécial. Peut-être est-ce en raison de votre style de jeu très technique avec beaucoup de fantaisie qui plaît aux Algériens… Je sais que les Algériens aiment bien ça. Je suis comme ça, je ne peux pas changer. De plus, je suis quelqu'un de simple, qui ne se prend pas la tête. Ce n'est pas calculé. C'est mon comportement naturel. C'est peut-être ça que les Algériens aiment en moi. En tout cas, je ne compte pas changer. Je reste comme ça. Vous vous êtes engagé avec Umm Salal, un club qatari qui ne joue pas les premiers rôles dans le championnat du Qatar. Pourquoi ne pas avoir choisi un club comme Al Gharafa ou Al Sadd qui sont de plus grande envergure ? Umm Salal est une équipe qui a envie de se refaire, puisqu'elle n'a pas fait une grande saison. De plus, dans le championnat qatari, il faut s'attendre à tout puisque Lakhouiya, qui était un nouveau promu, a remporté le championnat, alors que Al Sadd, censé être un grand club, n'a pas fait une grande saison. Moi, j'espère bien faire avec Umm Salal. Beaucoup de joueurs sont partis jouer dans les pays du Golfe à l'aventure, presque à l'aveuglette, sans rien savoir du pays dans lequel ils allaient jouer. Vous, par contre, vous êtes parti plusieurs fois au Qatar pour vous faire soigner. Cette connaissance du pays vous a-t-elle servi pour mûrir votre réflexion ? Au Qatar, j'avais eu une offre il y a trois ou quatre ans, mais je l'avais refusée. Je ne me rappelle même pas du nom de ce club. J'avais refusé parce que, d'une part, j'étais jeune, et, d'autre part, et je ne me voyais pas jouer dans un pays que je ne connaissais pas. Maintenant que je suis allé plusieurs fois au Qatar et que j'ai vu comment on vit là-bas, cela m'a donné plus d'envie. La présence de Djamel Belmadi et de Nadir Belhadj là-bas est-elle un facteur motivant pour vous ? Ce n'est pas cette donnée qui m'a fait choisir le Qatar. Je l'ai fait parce que je n'ai pas eu beaucoup de propositions après un an et demi d'arrêt. Certes, nous en étions seulement au début du marché des transferts et peut-être que j'aurais eu des propositions de France ou d'un autre pays si j'avais attendu, mais il y avait risque que l'offre concrète que j'avais d'Umm Salal n'attende pas. J'ai saisi donc l'opportunité qui se présentait à moi. En tout, je suis resté au Qatar presque trois mois et j'ai vraiment bien apprécié la vie que les gens mènent là-bas. Quand avez-vous pris la décision d'opter pour Umm Salal ? Est-ce avant ou après le match contre le Maroc ? J'étais en contact avec la direction d'Umm Salal par téléphone, mais c'est après le match du Maroc que je me suis engagé officiellement. Est-ce vrai ce qu'on a dit à propos de supposées tractations secrètes avec Al Djeich du Qatar ? Non, ce n'est pas vrai. Je n'ai jamais négocié avec ce club. Peut-on dire au jour d'aujourd'hui que vous êtes définitivement guéri, sans risque de rechute ? Oui, je le suis complètement, el hamdoullah. C'est cela le plus important. Demain (aujourd'hui, ndlr), il y aura un derby chaud à Alger entre le MC Alger et l'USM El Harrach, avec comme enjeu pour le Mouloudia d'éviter la relégation. Sachant que vous êtes proche de Rafik Saïfi et, donc, plutôt fan du MCA, allez-vous être présent au stade pour regarder le match ? Malheureusement, je ne pourrai pas être au stade, car j'aurai une journée très chargée. Mais je suivrai cela de loin. Cela dit, je n'aimerais pas que le Mouloudia rétrograde. Par ailleurs, je suis content pour mon ami Zaoui qui est sacré champion d'Algérie. Nous observons un marché des transferts plutôt morose pour les joueurs algériens puisqu'il y a peu d'offres pour ceux qui veulent changer de club. Pensez-vous que ça pourra se débloquer pour eux dans les prochaines semaines ? Il faudra leur poser la question à eux. L'été dernier, après la Coupe du monde, on parlait beaucoup de transferts, mais il y en a eu très peu. Vous, qui connaissez bien les internationaux algériens, pensez-vous que ce qu'ils ont montré à Marrakech contre le Maroc reflète leur réel niveau ? Non, ils valent beaucoup mieux que ça. C'est sûr que là, ils sont dans une phase un peu délicate. Quand ça va mal, ça va mal. C'est deux fois plus difficile de faire de bons matches. Cela dit, il suffit d'un match référence pour bien revenir. Pour vous, Umm Salal est-il juste une étape, voire même un tremplin pour mieux revenir en Europe, comme l'avaient fait Djamel Belmadi et Kader Keita ? Ce ne serait pas correct de dire que je vais là-bas pour en repartir. Il est vrai, quand même, qu'il y a des joueurs qui n'ont fait qu'une année au Qatar. J'espère juste bien faire cette saison, relancer ma carrière, puis on verra. Le vrai retour pour vous, c'est un jour en sélection nationale ? Inch'Allah. J'espère que ce sera pour bientôt.
