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Stefan Zywotko, Polonais de corps, Algérien de cœur
Publié dans Le Buteur le 14 - 07 - 2009

«On m'avait refusé Panathinaïkos, je suis allé à la JSK»
De notre envoyé spécial en Pologne
«J'ai vu le match Algérie-Egypte»
Qui est le plus kabyle des Polonais ? Stefan Zywotko sans l'ombre d'un doute. L'ancien co-entraîneur de la JS Kabylie, aux côtés de Mahieddine Khalef, a été l'un des artisans de la domination outrancière exercée par le club kabyle sur le football algérien durant les années 1980 qui se trouvent être, de surcroît, les plus belles années du football national. Celle qu'on appelait à l'époque la JET avait cette capacité – rare de nos jours – de durer au sommet de la hiérarchie et de se renouveler après de très courtes transitions, parce qu'il y avait une notion aujourd'hui perdue : le travail. Le travail que Zywotko a imposé comme premier article de la «Constitution» du club cher à la Kabylie. Et le travail paye. La preuve ? Au terme de presque 14 ans de bons et loyaux services à la JSK, l'entraîneur polonais est reparti chez lui avec pas moins de onze titres à son palmarès. Une moyenne de presque 1 titre par saison ! Lorsqu'on sait qu'il y a des entraîneurs qui ont gagné beaucoup d'argent, mais si peu de titres en 20 ans ou plus, on comprend mieux l'envergure et la compétence de l'homme. Un homme que nous nous sommes fait un devoir d'aller voir chez lui, en Pologne, où il s'est retiré pour une retraite paisible au milieu de sa femme et de ses enfants. Pour les trentenaires et plus, qui ont vécu la période du duo magique Khalef-Zywotko, nous offrons ce moment de nostalgie où l'homme dévoile des facettes méconnues. Pour les plus jeunes, c'est l'occasion de découvrir un monument qui a contribué, par ses compétences et son abnégation, aux années de gloire qu'a connues le football algérien.
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«Si je suis toujours en bonne santé, c'est parce que l'air de la Kabylie m'a fait du bien»
C'est à quelque 500 kilomètres de la capitale Varsovie, près de la mer Baltique, que réside Stefan Zywotko. Il est venu à notre rencontre au centre-ville de Szczecin (prononcez Tchetchatchine), sur les bords du fleuve Oder. Toujours droit, le regard lucide et la démarche sûre, on ne dirait pas du tout qu'il a déjà… 89 ans. «Vous êtes toujours jeune !», lui lançons-nous. «C'est parce que j'ai toujours eu l'hygiène de vie d'un sportif. Avant de montrer aux joueurs ce qu'ils doivent faire, je commence par le faire moi-même et ça continue depuis», explique-t-il non sans ajouter avec un sourire : «Et puis, si je suis toujours en bonne santé, c'est aussi parce que j'ai vécu en Kabylie et l'air des montagnes m'a fait du bien.» Même sa coiffure est la même. N'était l'âge biologique et quelques rides plus creusées, on aurait dit que c'est ce même Zywotko qui a quitté l'Algérie à l'été 1991.
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«Vous êtes le premier journaliste algérien à venir me voir»
Première belle surprise, Da Stefan (il mérite bien ce titre de respect typiquement kabyle) est venu en costume-cravate. Pourtant, il ne s'agissait pas d'une cérémonie, mais, visiblement, il était tellement heureux qu'un Algérien vienne le voir, de surcroît pour lui parler de la JSK, qu'il s'est mis sur son trente-et-un. De plus, la cravate était aux couleurs de Szczecin, le club de la ville où il a fait ses premiers pas de footballeur et dont il arbore fièrement un pin. «Vous êtes le premier journaliste algérien à venir me voir ici», nous a-t-il confié non sans réprimer une grande émotion. Son fils Miczyskaw, qui l'accompagnait, était lui aussi fier de cette rencontre tant il connaît le lien particulier que son père a nourri avec l'Algérie. Il s'est libéré pour tout un après-midi afin d'accompagner son père à cette rencontre où les souvenirs et l'émotion pullulaient. Alors que nous croyions discuter avec Zywotko autour d'un café afin de ne pas trop prendre de son temps (son épouse était convalescente et il l'a laissée seule à la maison), Miczyskaw nous a invités à un déjeuner sur un bateau-restaurant, le Rosyjska, accosté dans l'Oder.
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«J'ai Canal Algérie et j'ai regardé Algérie-Egypte»
Avec Stefan Zywotko, le contact est très facile. Son français est d'une fluidité plus qu'acceptable, son verbe est passionné et, deuxième belle surprise, sa mémoire est intacte. Au cours du trajet, il demande immanquablement des nouvelles de la préparation de la JSK. Nous avons cru lui apprendre quelque chose en lui disant que son ancien club est vice-champion d'Algérie, mais il nous a surpris en nous disant : «Oui, je le sais. Ils ont terminé derrière Sétif.» A-t-il donc un correspondant algérien qui lui donne des nouvelles ? «Non. Tout simplement, je capte Canal Algérie à la maison.» Ce n'est pas de la blague puisqu'il nous raconte même avoir suivi le match Algérie-Egypte. «ça, c'est l'Algérie comme je l'aime !», a-t-il commenté. Lorsque nous lui avons appris (il ne le savait pas) que les Verts ont battu la Zambie à l'extérieur, son visage a rayonné. «Là, je crois que c'est bien reparti.»
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«Je présume que vous aimeriez manger du poisson, n'est-ce pas ?»
Le déjeuner a duré presque deux heures, comme pour les déjeuners d'affaires. C'est que la discussion et les souvenirs évoqués étaient tellement passionnants qu'on oubliait parfois de manger. Devant notre air dubitatif en consultant la carte, entièrement rédigée en polonais, Zywotko nous a dit : «Je sais que vous ne comprenez rien, mais je présume que vous aimeriez manger du poisson, n'est-ce pas ?» Il n'a donc pas oublié que les Algériens évitent de manger de la viande à l'étranger pour des considérations religieuses et il nous a mis à l'aise de ce côté. Cependant, il n'a pas manqué, par politesse (il sait quand même que les Algériens ne sont pas tous les mêmes), de nous proposer un verre de vin rouge. Nous avons décliné l'offre. Là, nous avons eu une nouvelle preuve du grand respect de l'homme : alors qu'ils n'y étaient pas obligés, son fils et lui ont choisi de manger du poisson et de boire du jus d'orange comme nous. Cette marque de respect et de délicatesse rehausse la dimension humaine de l'homme.
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Un sanglot et des larmes à l'évocation de ses anciens joueurs
Les années de guerre, son métier d'entraîneur, l'Algérie, la JSK, les périples en Afrique, sa famille, sa vie en Pologne, tous les sujets sont passés en revue. Il n'y avait pas d'enchaînement logique. On sautait du coq à l'âne car la discussion n'était pas protocolaire. L'enregistreur était posé sur la table et les souvenirs étaient dits spontanément, comme on parlerait à un ami, comme autant de confidences d'un homme qui, même s'il était plutôt effacé durant sa période de travail en Algérie, a tant de choses à dire. Miczysklaw écoutait et souriait parfois. Il nous parlait plutôt en anglais, mais il comprenait le français pour avoir effectué quelques séjours en Algérie. A un moment, nous avons demandé à Stefan de nous faire une déclaration enregistrée à l'adresse du public algérien pour la mettre sur le site Web du Buteur. Il l'a fait avec plaisir, mais il a demandé à ajouter un message à ses anciens joueurs. C'est en citant leurs noms qu'il n'a pu contenir un sanglot. Des larmes ont perlé dans ses yeux. Il s'est ressaisi quelques instants après en buvant une gorgée d'eau citronnée. «C'est bon, c'est passé», nous a-t-il dit comme pour s'excuser.
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«Restez encore un quart d'heure»
Sachant que son épouse, qui venait de se faire opérer, était seule chez elle, nous n'avons pas voulu accaparer Zywotko tout l'après-midi et nous avons donc voulu prendre congé de lui. «Vous êtes pressé ?», nous a-t-il demandé. «Non, pas du tout», avons-nous rétorqué. «Alors, restez encore un quart d'heure.» Replongé dans de beaux souvenirs, l'homme ne voulait plus en sortir. Tant de choses sont remontées à la surface le temps d'un après-midi. Il s'est même souvenu du jubilé de Ali Benlahcène «Tchipalo» en 2003 auquel il a assisté ainsi que de la visite qu'il a effectuée, dans la foulée, au siège de notre journal. Il nous a aussi parlé de son quotidien en Pologne. «Je suis un retraité, mais je ne perds pas mon temps. Actuellement, je suis plongé dans les langues. J'ai acheté une série de manuels qui permettent d'apprendre cinq langues en même temps. J'y suis plongé à fond.» Il est comme ça, l'homme, toujours à travailler, même dans sa retraite. Le travail, c'est son unique credo.
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Les adieux comme au bled
Venu pour une demi-heure ou un peu plus, Stefan Zywotko est resté plus de trois heures avec nous. Sur le chemin pour nous raccompagner à l'hôtel, il nous a montré quelques monuments de la ville et aussi les quartiers qui avaient été rasés par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. «Toutes ces constructions n'existaient pas. Les Nazis avaient rasé presque toute la ville en la bombardant», nous a-t-il expliqué. Aujourd'hui, Szczecin renaît de ses cendres. Zywotko s'y sent bien au milieu de sa famille, même si l'air de l'Algérie lui manque. C'est avec beaucoup d'émotion qu'il nous a quittés. Il a même tenu à descendre de voiture pour nous embrasser, comme au bled. C'est aussi après avoir marqué un moment d'arrêt, comme s'il voulait que le temps soit suspendu, qu'il est remonté dans la voiture. En nous quittant, c'est comme s'il quittait un pan de sa vie. Quatorze ans, c'est à peine le sixième de ses 89 ans, mais c'est incontestablement l'une des tranches les plus marquantes de son vécu. Cela se lisait dans ses yeux. Un dernier au revoir de la main et Da Stefan Zywotko, plutôt le plus polonais de tous les Kabyles, est allé replonger dans sa retraite.
De notre envoyé spécial en Pologne :
Farid Aït Saâda
«On m'avait refusé Panathinaïkos, je suis allé à la JSK»
Comment Stefan Zywotko est-il arrivé à la JS Kabylie ? Très peu de gens se sont sans doute posé la question et encore moins de gens connaissent la réponse. On sait que le Polonais était arrivé avec la vague des techniciens envoyés comme coopérants par les pays du bloc de l'Est, dans un contexte politique et géostratégique de guerre froide qui faisait qu'à l'époque, le monde était divisé caricaturalement en trois blocs : le bloc capitaliste de l'Ouest, formé par les grandes puissances économiques de l'Occident et conduit par les Etats-Unis sous la protection de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), le bloc communiste de l'Est, mené par l'ancienne Union soviétique et composé des pays de l'Est européen regroupés dans le Pacte de Varsovie, et les pays du tiers-monde, qui se déclaraient officiellement neutres, mais qui avaient un penchant plus ou moins déclaré pour l'un des deux blocs. L'Algérie étant, à l'époque, sous régime socialiste, il était naturel que ce soit les pays du bloc de l'Est qui la pourvoient en techniciens sportifs pour encadrer les équipes algériennes dans différentes disciplines. C'est dans ce cadre que Stefan Zywotko a débarqué en Algérie en 1977.
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«Le président de Poznan voulait faire l'équipe, alors j'ai démissionné»
Tout a commencé par une… dispute. Plus même, il s'agissait d'une dispute à l'algérienne. C'était en 1977. «J'étais entraîneur d'un club de Poznan. J'avais fait accéder l'équipe de la troisième à la deuxième division, je travaillais en paix, mais voilà qu'un jour, alors qu'il ne restait qu'une journée avant la fin du championnat, le président est venu me voir et m'a dit : ‘‘Tu aligneras tels joueurs dans le prochain match.'' C'était la première fois qu'il me faisait ça. J'ai décidé que ce serait la dernière. Depuis que j'avais commencé à m'entraîner, jamais je n'avais accepté qu'on s'immisce dans mon travail. Je lui ai dit donc que, puisque c'était comme ça, il n'avait qu'à prendre ma place sur le banc. Je suis rentré à l'hôtel, j'ai fait mes bagages et je suis rentré à Szczecin», nous a-t-il raconté. Le président s'est quand même montré bon prince, il lui a envoyé son argent chez lui. Cependant, Zywotko était dégoûté par l'incident. «Là, j'ai pris la décision d'aller travailler ailleurs.»
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«Panathinaïko me voulait, mais le gouvernement avait refusé»
Ailleurs ? Pourquoi pas en Grèce ? Une offre d'emploi lui a été faite par des émissaires se disant représentants du Panathinaïkos, l'un des meilleurs clubs grecs. «J'étais intéressé par la proposition, d'autant plus qu'il s'agissait d'un club ambitieux. J'ai fait donc une demande à la Fédération polonaise de football pour avoir l'autorisation de sortie (sous le régime communiste, il fallait des autorisations de sortie pour voyager à l'étranger, ndlr). On me l'a refusée car c'était mal vu de travailler dans un pays qui n'était ni communiste ni socialiste.» Zywotko n'en démordait pas, il fallait qu'il travaille en dehors de la Pologne. Quelques jours plus tard, il est convoqué au siège de sa fédération pour se voir proposer de travailler en Algérie dans le cadre d'un échange de compétences entre les deux pays. «Je me suis dit pourquoi pas. Ce serait une bonne expérience à tenter. J'ai donné mon accord et on a préparé mes papiers.» Lorsqu'il a pris l'avion en direction d'Alger, en décembre 1977, il ne savait pas dans quel club il allait atterrir. «On m'a seulement dit que des responsables du club auquel j'ai été affecté m'attendraient à l'aéroport.»
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«A la JSK, j'ai commencé avec un dictionnaire polonais- français»
A son accueil, il trouve Mohamed Moussaoui, secrétaire général de la JSK, et un autre dirigeant du club. «C'est là qu'on m'a dit que j'allais travailler à la JSK, qui venait de remporter le doublé coupe-championnat. Je me suis dit que je n'étais pas mal tombé.» Durant un mois, il était hébergé à l'hôtel du stade du 5-Juillet à Alger car, à l'époque, le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou était en rénovation et la JSK se préparait et jouait à Alger. Les premiers jours, il se contente d'observer le travail, car il était handicapé par le fait qu'il ne connaissait ni le kabyle, ni l'arabe, ni le français. «Durant plusieurs semaines, je me présentais aux entraînements avec un dictionnaire polonais-français. Pour formuler une observation, je feuilletais pour trouver les mots adéquats. Puis, j'ai assimilé avec le temps les expressions les plus importantes et les plus usitées.»
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«J'ai eu un excellent prof de français : mon chauffeur Nasser»
Il faut dire qu'il s'est trouvé un très bon professeur de français : le chauffeur qu'on lui avait affecté. «Il s'appelait Nasser et, chaque matin, il m'apprenait quelques mots. C'est vrai que j'ai assimilé la langue à force de parler avec tout le monde, mais je lui dois beaucoup, lui tout particulièrement.» Avec le temps (et les bons résultats aidant, il faut le préciser), il est adopté par les joueurs et les supporters. Il s'est trouvé dans son élément, trouvant l'environnement adéquat pour travailler. «A la JSK, les dirigeants avaient une grande qualité : ils écoutaient. Cela m'a aidé et m'a fait oublier ma mésaventure en Pologne.» Ainsi a commencé une formidable aventure de plus de 13 ans.
F. A. S.

«J'ai arrêté Baïlèche parce qu'il ne supportait pas la charge de travail»
Le premier constat qu'a établi à son arrivée Stefan Zywotko après avoir supervisé quelques séances d'entraînement était sans concession : les joueurs de la JSK étaient bons, mais ils ne travaillaient pas assez. «Je me suis dit qu'est-ce que c'est que ça ? Mais ça ne travaille pas, ici. En fait, les joueurs croyaient qu'ils travaillaient beaucoup, mais ils étaient loin des normes internationales», se souvient-il. Les normes internationales, ça le connaît puisque, à son arrivée, la Pologne était l'une des meilleures sélections en Europe avec des participations régulières aux plus grandes compétitions et un joueur d'exception, Lato (aujourd'hui président de la Fédération polonaise de football). Donc, il a décidé d'y remédier en mettant au point un programme de mise à niveau. «Certains joueurs ne voulaient pas suivre le rythme et Khalef et moi les avons écartés. D'autres ne pouvaient pas suivre la cadence et j'ai eu des difficultés avec eux.» Il citera directement un nom : Mokrane Baïlèche.
*
«J'avais même soupçonné en lui un début de cancer»
Celui qui avait marqué les esprits des supporters de la JSK avec sa chevelure blonde au vent, à la Johan Crujff, et ses buts décisifs en si peu d'années était dans le collimateur de Zywotko. «Il ne pouvait pas supporter la charge de travail car il avait des insuffisances au plan physique. Quand je le lui faisais remarquer, il se défendait en me disant qu'il était étudiant et qu'il voulait, à ce titre, être dispensé de certaines séances. Je lui ai dit alors de choisir entre le football et les études.» En fait, l'entraîneur polonais savait que ce n'était pas la vraie raison. «Les études sont un faux prétexte. Mourad Aït Tahar n'a-t-il pas joué à un haut niveau avec la JSK tout en suivant des études de médecine ? En vérité, Baïlèche avait un organisme fragile. D'ailleurs, il se blessait souvent. J'avais même soupçonné un début de cancer chez lui en consultant des analyses médicales. Alors, je lui ai dit qu'il fallait qu'il arrête.» En effet, Baïlèche a mis un terme à sa carrière à 27 ans suite à une grave blessure. Aujourd'hui, il exerce comme dentiste à Tizi Ouzou où il mène une vie paisible. «Je suis content de savoir qu'il travaille et qu'il est en bonne santé», a commenté Zywotko.
F. A. S.
Né en… Ukraine
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Stefan Zywotko est né en… Ukraine. En effet, il a vu le jour à Lviv, aujourd'hui ville ukrainienne qui, en 1920, était polonaise et s'appelait Lwow. C'était une ville qui avait été conquise par les Polonais durant le 17e siècle, mais après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS en a profité pour récupérer ce territoire et l'annexer sous prétexte qu'il appartenait à l'Ukraine, donc à l'Union soviétique. Après le démantèlement de l'URSS, l'Ukraine a acquis son indépendance et a conservé ce territoire, si bien que lorsque Zywotko veut aller «chez lui», il faut qu'il parte en Ukraine.
Il a fait la Seconde Guerre mondiale
Pour ceux qui ne le savent pas, Stefan Zywotko a été militaire. Durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la Pologne était occupée par les Allemands à l'ouest et par les Soviétiques à l'est. Plutôt que de s'exiler comme ont été contraints de le faire de nombreux Polonais, il a préféré résister en prenant les armes et en rejoignant le front. Il était très exposé puisqu'il était affecté près des lignes de l'occupant nazi, mais il n'a jamais été blessé. En 1946, il a été démobilisé de l'armée et s'est mis au football et à la natation.
«J'ai des diplômes en football, pas en natation !»
Stefan Zywotko détient le plus haut diplôme d'entraîneur de football délivré en Pologne, le 1er degré. Il l'a acquis en 1964. «Sitôt ma carrière de footballeur terminée en 1952, à 32 ans, j'ai passé le diplôme d'instructeur de football, le plus bas des diplômes. Il m'a fallu douze ans pour avoir le diplôme le plus élevé car, à l'époque, c'était du sérieux», insiste-t-il. Il a tenu à faire cette précision pour démentir quelques informations ayant circulé en Algérie affirmant qu'il était diplômé en… natation. «C'est tout simplement une aberration ! Croyez-vous que le gouvernement polonais m'aurait autorisé à exercer dans un club de football si j'étais diplômé en natation ? Il se trouve que j'étais nageur quand j'étais jeune et j'étais, à ce titre, moniteur de natation comme bénévole, mais mes diplômes professionnels sont dans la discipline sportive qui s'appelle football.»
Demain, 2e partie des révélations de Stefan Zywotko


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