«La France de Platini était une grande équipe, celle de Zidane aussi, mais pas celle de Benzema». «Les Hollandais ont voulu vivre sur leur passé». Le premier tour de l'Euro-2012 est terminé. Les quarts de finale débutent aujourd'hui. Mahieddine Khalef, présent en Pologne et en Ukraine en tant que consultant de télévision, nous dresse un bilan technique du premier tour qui enregistre un point positif : il n'y a eu aucun 0-0 dans les 24 matchs qui se sont déroulés jusque-là : «Sincèrement, nous sommes en train d'assister à une très belle Coupe d'Europe des nations. On n'a pas vu de match médiocre. Il y a eu des matches d'un très haut niveau. Là où on a vu moins de spectacle, c'est dans les matches qui ont opposé de très bonnes équipes à d'autres qui étaient là beaucoup plus pour la participation, car n'ayant pas les moyens humains pour rivaliser. Dans l'ensemble, il y a eu un bon niveau, avec des matches plutôt ouverts. Il n'y a pas eu d'équipes qui ont beaucoup joué en défense, parce que tout le monde cherchait à faire un bon résultat. Ce qu'on remarque aussi, c'est le succès populaire de cet Euro. Que ce soit en Ukraine ou en Pologne, même si ces deux nations ne jouent pas, le public est présent dans les stades. Les gradins sont presque tous pleins, ce qui pousse toutes les équipes à donner le meilleur d'elles-mêmes. Pour les quarts de finale, on retrouve les sélections qui ont un passé, un bon championnat national et de bonnes individualités. Ces sélections viennent toujours pour gagner. Outre l'Espagne, le tenant du titre et champion du monde, l'Italie est toujours là, l'Angleterre a revu ses ambitions à la hausse, le Portugal a des individualités et a joué ses deux derniers matchs en affichant une grande envie de se qualifier. La Grèce a fait valoir son jeu collectif, beaucoup de cran et une ou deux individualités, à l'image de Karagounis.» «Les Hollandais ont voulu vivre sur leur passé» «Une équipe qui n'a pas démérité et qui pouvait se qualifier pour les quarts de finale : la Croatie qui a posé beaucoup de problèmes à tous ses adversaires et plus particulièrement à l'Espagne. Au chapitre des surprises, il y en a une qui ne l'est pas tout à fait : la non-qualification des sélections des pays organisateurs, la Pologne et l'Ukraine. C'est dû, à mon avis, au manque de préparation et d'individualités. La Pologne avait trois ou quatre individualités qui évoluent en Allemagne, mais ce n'était pas suffisant, car le reste de l'équipe était d'un niveau tout juste moyen. Il ne suffit pas d'être le pays hôte pour gagner une compétition. Il faut en avoir les moyens humains et techniques. Quand on voit que le meilleur joueur ukrainien est Shevchenko qui est en fin de carrière, en âge de prendre sa retraite, ça prouve tout. Il y a une autre «surprise» qui n'en est pas une pour moi : l'élimination des Pays-Bas. En tant que technicien, j'avais prévu ça. J'avais bien dit, il y a quelques jours dans vos colonnes, que cette équipe était finie. Son élimination est logique. On ne doit pas vivre sur son passé. Il faut voir devant. Il faut laisser sa place à d'autres joueurs plus jeunes. Certes, cette équipe était performante il y a deux ans, mais elle était déjà vieillissante.» «La France de Platini était une grande équipe, celle de Zidane aussi, mais pas celle de Benzema» «Tout le monde, au départ, croyait que la France allait casser la baraque. Or, ce n'est pas une grande équipe. La France de Platini était une grande équipe, celle de Zidane également, mais pas celle d'aujourd'hui qui ne s'impose pas et qui ne fait pas peur. C'est peut-être une équipe en devenir, mais elle n'a pas d'individualités marquantes qui peuvent changer le cours d'un match. Certes, il y a Benzema, mais le Benzema du Real Madrid n'est pas le même que celui qui joue en sélection, car il n'a pas les mêmes joueurs autour de lui. On a beaucoup parlé de la faiblesse de Cristiano Ronaldo avec le Portugal, avant le dernier match où il a inscrit deux buts, mais c'est le même cas que Benzema : ce ne sont pas les mêmes joueurs qui sont autour de lui. La France n'est pas favorite dans cet Euro, car c'est presque une nouvelle équipe depuis 2010.» «Son axe central est catastrophique avec un Mexès qui a 10 kilos à perdre» «Son axe central est catastrophique. J'ai vu le geste de dépit de Laurent Blanc lorsque Mexès a pris le carton jaune qui le prive des quarts de finale, mais je ne pense pas que ce soit une perte. Déjà, il a 10 kilos à perdre. De plus, il ne s'entend pas avec Rami. Il peut jouer comme libéro, mais ce n'est pas un stoppeur. Quant à Rami, il est bon de la tête, mais il est faible en un contre un. Et puis, je ne comprends pas le jeu des Français avec des passes latérales, avant de se regrouper et faire tourner le ballon pour rien. L'Espagne joue également avec des passes, mais c'est toujours pour préparer des attaques vers l'avant.» «Je vois une demi-finale Portugal-Espagne» «S'agissant des quarts de finale, pour moi, l'Espagne n'est pas au mieux de sa forme, mais elle s'améliore de match en match. Elle n'aura aucun problème avec la France qui est passée hier à côté d'une catastrophe et elle jouera contre la France pour gagner. Je suis convaincu qu'elle ira en finale. Dans Portugal-République tchèque, les individualités peuvent jouer un rôle et je pense là à Ronaldo. La sélection tchèque est homogène, bien préparée et efficace devant, mais je pense que les Portugais sont mieux armés. Déjà, je vois une demi-finale Portugal-Espagne. Les Allemands se présenteront face à la Grèce bien préparés, avec un effectif solide et très efficace. C'est une équipe qui joue toujours vers l'avant sans se poser de questions et je la vois en demi-finale.» «Les Anglais ont leur chance face à des Italiens qui ont un problème en défense» «Pour ce qui concerne le quatrième quart de finale entre l'Italie et l'Angleterre, sur le plan de l'expérience et de la ruse, ce sont les Italiens qui sont favoris, car ce sont des compétiteurs, mais ils ont un problème en défense. C'était les seuls qui jouaient avec trois défenseurs centraux. A présent, ils sont repassés à la défense dite plate, mais ils ont des blessés. L'Angleterre a récupéré Rooney. Même s'il n'est pas au sommet de sa forme, il est quand même là. Elle a aussi en Gerrard l'un des meilleurs joueurs de ce tournoi. Elle a ses chances. Les deux équipes partent à chances égales, mais je pense que celui qui marquera le premier va passer.» «On se dirige vers une finale Allemagne-Espagne» «Ce qui est sûr, c'est que nous allons nous régaler dans ces quarts de finale. Nous avons un plateau très relevé à ce niveau de la compétition. Je pense que les demi-finales seront encore meilleures. On se dirige vers un bonne finale Allemagne-Espagne, ce qui serait le meilleur de ce que peut nous réserver cet Euro.» «L'arbitrage est une question de concentration, pas de nombre» Mahieddine Khalef n'a pas manqué, en marge de la synthèse qu'il nous a faite à propos du premier tour, d'évoquer les erreurs d'arbitrage dans cet Euro, plus précisément celle qui a privé l'Ukraine d'un but valable contre l'Angleterre. «Il y a deux ans, l'Angleterre avait inscrit un but valable contre l'Allemagne, mais les arbitres ne l'avaient pas vu. Ils étaient trois. Là, lors du match Angleterre-Ukraine, ils étaient cinq. Donc, un bon arbitrage ne dépend pas du nombre. C'est plutôt une question de compétence et de concentration», a-t-il soulevé.
