Les Ivoiriens superstars à Linz Dans l'interview que Hubert Velud, entraîneur de l'ES Sétif et ancien sélectionneur du Togo, nous a accordée il y a quelques jours, il avait insisté sur un point : nonobstant la qualité technique de chacune des sélections du groupe D de la CAN, il était persuadé que l'Algérie va effectuer une préparation pour la Coupe d'Afrique plus sérieuse que celles que feront la Côte d'Ivoire et le Togo. Par sa qualité d'ancien sélectionneur du Togo, il est habilité à en parler, car étant certainement au fait de la mentalité qui y règne, mais voilà qu'il s'est permis d'avancer le même avis sur la sélection ivoirienne. S'il l'a fait, c'est qu'il a des échos crédibles sur le fonctionnement de cette équipe. Les Ivoiriens seraient-ils donc allergiques aux préparations rigoureuses et soutenues ? A Linz, il y a eu un stage et un match A Linz (Autriche), où elle a disputé, hier soir, un match amical contre la sélection autrichienne, la Côte d'Ivoire a laissé une impression mitigée sur ce point. Théoriquement, ce match est le couronnement d'un mini-stage de trois jours, conformément à la volonté du sélectionneur, Sabri Lamouchi, lequel désire exploiter la moindre occasion pour avoir le groupe de joueurs en main afin de le faire travailler. C'est pour cela d'ailleurs que la délégation ivoirienne est arrivée à Linz lundi en début de soirée plutôt que la veille du match. Preuve de cette volonté affichée d'en faire un stage : un agent de matches français a été chargé d'organiser le séjour des Eléphants à Linz, en réservant deux étages de l'hôtel exclusivement pour la délégation, tout en prévoyant un terrain pour un entraînement, lundi soir, et en réquisitionnant la salle de musculation et la salle de massage de l'hôtel où la délégation est hébergée. Les joueurs rechignent aux exercices physiques Dans les faits, les joueurs ivoiriens ont globalement adhéré. Déjà, dans leurs témoignages, aucun d'entre eux n'a violé la discipline de groupe. Il n'y a eu ni défections, ni sorties non autorisées, ni incidents. Cependant, cette adhésion ne veut pas dire implication. Les exercices physiques, que ce soit en salle ou en entraînements, sont faits de manière nonchalante. On dirait une corvée pour eux. En cela, les Ivoiriens ne diffèrent pas des autres joueurs africains, en général, y compris des Algériens. Ils n'aiment pas travailler le physique, quand bien même il constitue l'un de leurs principaux atouts Avec le ballon, c'est autre chose et Lamouchi l'a compris Une seule chose, un seul objet peut les voir se transcender : un ballon. Quand on les autorise, enfin, à travailler avec, c'est complètement différent. C'est avec cœur et enthousiasme qu'ils se donnent sur le terrain, comme un enfant qui retrouve son jouet après avoir été soumis à la corvée de ses devoirs. Là, avec le ballon, les Ivoiriens travaillent sans rechigner, à commencer par Didier Drogba. Lamouchi a compris cet état d'esprit de son groupe, lui qui donne la part belle au travail avec ballon lors des séances d'entraînement. Son souci consiste à préserver ses joueurs, tout en les poussant intelligemment à se surpasser lors des entraînements. C'est ce que son prédécesseur, François Zahoui, un ancien international ivoirien, qui connaît on ne peut mieux la mentalité, avait fait, ce qui avait débouché sur le parcours presque sans faute de la Côte-d'Ivoire à la CAN-2012, trahie par la chance à la séance des tirs au but, en finale contre la Zambie. Les Ivoiriens auraient aimé affronter la Libye ou l'Egypte C'est dans cet ordre d'idées que Lamouchi espère avoir deux matches amicaux durant la première moitié du mois de janvier, avant le début de la CAN. Il y en a déjà un contre la RD Congo, mais il souhaiterait un autre pour mieux préparer ses joueurs en leur évitant des séances d'entraînement. D'après certains échos, les Ivoiriens auraient été intéressés d'affronter la Libye ou l'Egypte, dont le style de jeu est jugé similaire à celui de l'Algérie et de la Tunisie, mais, faute de moyens financiers, ils se sont ravisés. De plus, ces deux sélections ne sont pas très compétitives en raison de l'arrêt de leurs championnats nationaux. Quant au Maroc, il a déjà programmé une rencontre amicale contre l'Angola pour le 19 janvier. Ainsi, il ne reste aux Ivoiriens qu'un mois et demi pour prospecter. ---------------------------------------------- Les Ivoiriens superstars à Linz La présence de la sélection de Côte d'Ivoire à Linz n'est pas passée inaperçue. Depuis leur arrivée lundi soir, des dizaines de fans ont fait quotidiennement le pied de grue devant l'hôtel où ils sont hébergés. Comme cet hôtel se trouve en plein centre-ville et donne sur la principale artère, les «visites» sont incessantes. «Nous n'avons jamais vu ça», témoignent deux employés de l'hôtel, qui n'arrivent pas à comprendre que des jeunes restent debout toute la journée à l'extérieur de l'hôtel, en ce temps glacial, juste pour apercevoir leurs idoles. Même à 22h passées, ils sont encore là ! «A cette heure-ci, ils devraient être couchés», s'étonne une réceptionniste. Il y a même des clients, des vieux en général, qui se demandaient ce qui se passait. Les chasseurs se sont transformés en... chasseurs Du coup, les chasseurs (nom des employés d'hôtels chargés d'accueillir les clients en montant leurs bagages dans les chambres) se sont transformés en vrais... chasseurs. Ils chassaient tous les intrus qui, sous un prétexte ou un autre, tentaient de pénétrer dans l'établissement. A la sortie des joueurs pour les entraînements et à leur retour, ils font office de gardes du corps, en dressant un cordon de sécurité. Certains, soupçonnés de vouloir rencontrer les joueurs, sont interdits d'accès. Même la porte d'entrée de l'hôtel est verrouillée la nuit Le personnel de cet hôtel classé, habituellement calme et discret car fréquenté généralement par des hommes d'affaires, était contraint de fermer la porte vitrée de l'entrée à partir du dîner. Quand un client se présente, le réceptionniste est obligé d'aller la lui ouvrir. «Ce n'est pas commode, et les gens ne comprennent pas se qui se passe, mais c'est le moyen le plus sûr d'éviter les débordements», nous a-t-on assuré. Un hôtel en Autriche, qui se retrouve avec des problèmes de sécurité, est vraiment rare. Il faut être grand footballeur ou fan inconditionnel pour imposer ce cas. ---------------------------------------------- Le président de la FIF n'a pas connu Halilhodzic Si la majorité des dirigeants de la Fédération ivoirienne de football ont reconnu Vahid Halilhodzic du temps où il était sélectionneur chez eux, ce n'est pas le cas pour le patron actuel, Augustin Sidy Diallo. Non seulement il n'était pas en poste à l'époque (Jacques Anouma était le président), mais il était même retiré, selon ses dires, des affaires du football ivoirien. Une manière de dire qu'il sera particulièrement motivé de voir sa sélection battre l'entraîneur bosniaque qui a marqué son passage au sein de la fédération. ---------------------------------------------- «Je n'aime pas trop la presse» Invité à répondre à quelques questions, Augustin Sidy Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football, a poliment décliné notre demande. Motif évoqué : «Je n'aime pas trop la presse. Je préfère que l'un de mes vice-présidents s'exprime.» Tout en souriant, sans aucune hostilité. Des présidents de fédération allergiques à la presse, il en existe. ---------------------------------------------- Des Tunisiens sont venus pour Lamouchi Les dizaines de fans, qui rôdent autour de l'hôtel où sont hébergés les Ivoiriens, ne sont pas tous venus que pour les Eléphants. Les quelques Tunisiens, qui résident en Autriche, se sont présentés rien que pour rencontrer Sabri Lamouchi, le sélectionneur de Côte-d'Ivoire, originaire de Tunisie. ---------------------------------------------- Drogba, toujours le dernier à monter dans le bus Avant chaque départ pour les entraînements ou matches, Didier Drogba descend toujours en dernier de sa chambre pour monter dans le bus. On n'ignore si c'est dû à sa renommée incontestée ou parce qu'il vérifie, en sa qualité de capitaine d'équipe, que tous ses coéquipiers descendent, avant de le faire lui-même. ---------------------------------------------- L'arrière du bus, sa place préférée Dans le bus de l'équipe ivoirienne, Didier Drogba préfère toujours s'asseoir à la dernière rangée. Le fait-il d'une façon machinale ou par superstition ? ---------------------------------------------- Le numéro de la chambre de Drogba fait le buzz S'il y a bien un chiffre que les employés de l'hôtel qui héberge les Ivoiriens ont appris par cœur, c'est bien celui de la chambre occupée par Didier Drogba. En effet, ils reçoivent quotidiennement des appels de personnes qui demandent sa chambre. Même ses coéquipiers et membres de la délégation transitent par le standard pour demander Drogba. Un véritable VIP !
