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La culture algérienne sous le règne Ottoman
Publié dans Le Maghreb le 03 - 08 - 2008

Sous la gouvernance des Turcs , le territoire d'Alger jouissait d'institutions administratives locales et d'un gouvernement central au sommet duquel se trouvait le Dey d'Alger, assisté par un " Diwan " ( office) composé d'un Khaznadji ( Ministre des Finances) , du Cheikh el Madina (Ministre de la Justice ), de l'Agha ( chef de l'Armée de terre), de l'Oukil el Khardj ( Ministre de la Marine ), du Khodja el Khayl (Receveur des tributs, dit Secrétaire des chevaux). L'Algérie, à cette époque, disposait d'un Etat limité à l'Ouest par la Province d'Oran (zone d'influence espagnole) et la province de Constantine à l'Est, vassal du Dey d'Alger .L' Algérie, en ces temps-là précédant la colonisation française, constate Charles -André Julien, dans son Histoire de l'Afrique du Nord, " avait son autonomie et n'était liée à la Turquie que par un lien moral et religieux : le Khalifat de l'Islam”. "( cf. Payot, Paris .) C'est au cours du XVII è siècle que la régence d'Alger (et de Tunis) se dégagent de l'autorité de la Sublime porte, l'Algérie possédant en ce moment un gouvernement exerçant, notamment, un droit de police dans les eaux méditerranéennes, droit arbitraire ou imposé, dépendant cependant, d'accords passés avec de nombreuses puissances européennes qui, soit l'acceptaient, soit le subissaient, suivant les conjonctures opportunes ou funestes. Cependant, tout au long des trois siècles de gouvernement des Deys et Beys Ottomans, - suite à l'appel à la rescousse des frères Barberousse par des notables Algériens afin de protéger le pays des razzias espagnoles notamment-, rares sont les contacts entrepris avec les citoyens autochtones, en raison de la méconnaissance des Turcs de la langue arabe ou berbère, selon diverses sources historiques. Et quoique les Ottomans partagent la même religion que les Algériens, cela ne les a nullement empêchés d'imposer à leurs coreligionnaires un joug autoritariste sévère et de lourdes charges d'impôts : insouciants des cultures et savoirs , les Turcs se préoccupaient surtout de l'atout stratégique de la flotte maritime commerciale algérienne qui guerroyait sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, alors que dans les coulisses du palais du sultanat , deys et beys se livraient une lutte sans merci, pour le pouvoir et les privilèges, faisant et défaisant des alliances , au détriment de la chose publique, en général.Dans de telles conditions et circonstances politico sociales conflictuelles d'un pays guetté également par des prédateurs de l'extérieur, notamment par la chrétienté de l'alliance occidentale d'alors, les embryons de la culture locale qui existait pourtant, ne pouvaient que dépérir ou se figer dans un long et mortel silence. Ainsi ces migrants de retour d'Andalousie avec tous leurs savoirs et artisanats, de même que nombre de turcs se présentant avec l'héritage culturel ramené d'Orient et de leurs lointaines expéditions, tout comme les chrétiens et juifs autochtones aux acquis et savoirs- faire détenus de l'Europe renaissante, tous ces facteurs conjugués ne pouvaient, s'ils étaient activés, que contribuer positivement au rehaussement du climat de culture et de prospérité locales… Malheureusement, le règne du despotisme , et ce qu'il a engendré comme violences, exploitations éhontées, corruptions , paupérisation sociale etc.…en ont décidé autrement. A titre d'exemple, c'était devenu une pratique courante pour la soldatesque turque des quartiers de rançonner partout les citoyens autochtones, rapportent des historiens, le Bey allant jusqu'à ordonner des exécutions lors des manquements au règlement des impôts destinés à l'appui du financement du corps d'armée surtout. Maintes expéditions punitives ont été ainsi menées contre les habitants récalcitrants de villes et villages entiers de l'intérieur du pays. Ce qui n'a fait que susciter davantage le courroux des Algériens et celui également des " koroghlis ", de pères turcs et de mères algériennes. Ceci pour dire que l'atmosphère ambiante générale ne pouvait permettre à aucune culture, quelle qu'elle soit, de se développer ou de favoriser les savoirs, les lettres et les arts dans un tel cadre empesté.D'autre part, avec les zaouias , apparues dans les siècles d'auparavant et qui ont proliféré un peu partout sur l'ensemble du Maghreb , et s'en tenant chacune uniquement à la voie rigoureuse de son maître,la situation déplorable de la culture et des savoirs ne pouvait que s'aggraver davantage durant cette phase d'inculture caractérisée : les savoirs, la littérature populaire de l'époque, la poésie, la prose narrative , les traités divers, médicinaux et sur la jurisprudence religieuse ( Fiqh) , et les arts en général ne pouvaient que rendre l'âme dans ce contexte bloqué de l'incommunicabilité, de l'insécurité, du manque de liberté et de stabilité sociale ou de climat propice, d'une manière générale, si indispensable à la production et épanouissement des idées et création littéraire , scientifique , artistique,etc. …En un mot, les Ottomans insouciants de la culture ne s'intéressaient exclusivement qu'à la rente, ou ce que rapportait la flotte maritime guerrière et l'apport financier des impôts périodiques, imposés de gré ou de force. Et dans pareilles conditions de pereclitement des arts et de la culture, il n' y avait que très peu de gens de savoir, de littérateurs, de poètes ou prosateurs qui parvenaient à produire quelques œuvres, comme les poètes Ben Ali et El Mandassi , par exemple, dont les poésies ont eu la chance de se répercuter largement. Cette léthargie caractéristique,- dont font état entre sociologues et historiens et non des moindres, tels les éminents Belkacem Saâdallah, Mahfoud Kaddache, Mostefa Lacheraf, Abdelkader Djaghloul, etc., - ne signifie nullement que le pays baignait dans l'ignorance et l'analphabétisme total. Il existait quand même un certain enseignement assuré par les innombrables mosquées du pays notamment , ou dans les enceintes des embryons de bibliothèques des medrassa ou zaouias qui initiaient à l'alphabet arabe , l'apprentissage coranique et à un autre niveau les voies soufies des " tourok " maghrébines essentiellement, l'exégèse musulmane,entre autres, les rites religieux et principalement le rite Malékite courant au Maghreb alors que les Turcs prônaient le rite Hanéfite. L'enseignement religieux était surtout assuré par des instructeurs, imams ou apprentis théologiens oeuvrant sous l'égide des tutelles religieuses " Aouqaf " qui supervisaient les préceptes inculqués depuis une longue tradition datant des siècles précédents. Ces derniers disposaient notamment de lots d'ouvrages anciens et de bibliothèques appréciables. Néanmoins le contenu de cet enseignement, de l'avis de nombre d'historiens, était souvent superficiel, manquant de rigueur et atteignant rarement le niveau supérieur escompté. Ce qui expliquait les croyances obscurantistes répandues, durant cette période , notamment les mythes proliférant sur la baraka des saints vénérés des zaouias ou des gourous charlatans qui se substituaient aux sages authentiques et mystiques spirituels véridiques ,aux poésies soufies souvent fort éloquentes, comme celles d'un Aboumedienne Etlemssani ou Abderrahmane Atthaâlibi … Ces paramètres négatifs concouraient naturellement à affaiblir grandement la qualité et la production ,d'une manière générale, d'une texture littéraire et artistique viable , sans évoquer les savoirs concomitants , ajouté à cela, l'emprisonnement de beaucoup d'hommes de lettres et des arts contestataires et dont nombre d'entre eux ont été contraints de prendre le chemin de l'exil , vers le Machrek, d'autres partant au Maroc voisin, ou allant ailleurs , certains retournant au "bled" après quelques temps ,d'autres n'y revenant jamais, comme l'illustre Ahmed El Maqarri , savant encyclopédiste dont l'Algérie peut en être fière. Parmi les œuvres parvenues jusqu'à nous des auteurs et penseurs de cette période difficile , citons , entre autres, " El Boustani " ( Le jardinier) de Benmeriem , " Matleb el Fawz oua El fallah " ( L'exigence de la réussite et de l'usufruit ) de El Battani, " Rihla " ( Voyage) de El Ouartillani , " Tarikh (Histoire de)Ibn El Mafti "…Peu d'historiens objectifs sont enclins à évoquer cette période en termes élogieux, et pour cause. Les Ottomans qui ont excellé dans l'ordre administratif du maintien de la loi attesté par ,entre autres, Pélissier de Reynaud mentionnant " la ville d'Alger était peut -être la ville du globe où la police était la mieux faite" (Annales Algériennes.3.vol.Tome I, p.77, Paris 1854). Et cet ordre policier servit surtout à asseoir la suprématie ottomane peu soucieuse des savoirs et arts, même si l'on signalait ça et là certains édifices ou initiatives culturelles et éducatives mais sans grand impact sur la situation socioculturelle générale ambiante. Pourtant, tout au long du XVI è et du XVII è siècle, le Maghreb recueillit un apport appréciable de l'héritage scientifique et culturel des cohortes de Maures et des Andalous réfugiés notamment à Alger, Tlemcen, Bédjaia, Oran, Constantine, etc., après avoir été chassés d'Espagne par la "Reconquista" espagnole dès 1492 et vers 1610... Ces réfugiés ont apporté avec eux un raffinement culturel incontestable mais qui malheureusement ne s'est pas perpétué, en dépit des aspirations sincères d'hommes de bonne volonté, tels Khair Eddine, et l'institution d'établissements éducatifs, d'édifices socioculturels, de mosquées ou autres zaouias, etc, dans les différents Beylics sous souveraineté de la Régence. Mais le fait est là que l'héritage andalou a été entièrement dilapidé, la culture en général réduite à une peau de chagrin et la voie ainsi ouverte à l'obscurantisme, le charlatanisme et le recul scientifico-culturel, en général. Et ce n'était guère étonnant, de la sorte, que se préparèrent dès cette phase les conditions objectives du sous-développement et partant de la colonisabilité. L'historien Belkacem
Saâdallah, aussi bien que l'historien Mahfoudh Kaddache et le Dr S.Ferkous tout autant, s'accordent tous à dire, (pour ne citer qu'eux), que la période culturelle algérienne sous l'empire Ottoman a été une calamité. Evoquant cette question dans son ouvrage " Aperçu de l'histoire de l'Algérie, des phéniciens à l'indépendance ", le Dr S. Ferkous, écrit à propos de cette période de stagnation de la vie culturelle, notamment durant les deux premiers siècles de gouvernance Ottomane " (…) avant l'arrivée des Turcs , plusieurs cités rayonnent par leur effervescence culturelle, intellectuelle et religieuse sur l'ensemble du pays et même au-delà " . Et pour étayer ses propos, il rapporte ce que Abou Ras En -Nassiri ,( contemporain du bey Mohamed El- Kébir qui gouverne vers la fin du XVIII è siècle), brosse comme tableau noir de la vie culturelle dans le récit de ses voyages , consignant notamment " (…) par un temps où les instituts du savoir ont été fermés , ses sources et ses débouchés obstrués, ses demeures vidées…l'histoire, la littérature, la généalogie ont été jetées aux oubliettes ; les araignées de l'amnésie ont depuis longtemps tissé sur elles leur toile et leur soleil a glissé vers le coucher… "( in Aperçu de l'histoire de l'Algérie, Dr S.Ferkous, p.131, traduit de l'arabe par Salah Benamor, édition Dar El -Ouloum, El-Hadjar, Annaba 2007). Cette sombre époque, un poète de la période, inconnu malheureusement, l'exprima en ces vers ci-dessous retranscrits tels qu'exprimés dans leur langage d'origine et que nous avons traduits selon l'esprit de ce qu'ils évoquent : " Hadha ez-zamane kathret fih el'bida'e**wa edhettar'bet a'lih amouwedj el khida'e " (" Cette période vit beaucoup de déviations**et que de vagues de traîtrises s'agitèrent en elle ").
N.B : Références incluses dans l'article
Mohamed Ghriss e-mail: [email protected]


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