Lors d'une séance tenue entre le 22 et le 25 octobre 2025, le GAFI (Groupe d'action financière) de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme a maintenu l'Algérie dans la «liste grise». Le GAFI (Groupe d'action financière) est une organisation internationale qui lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il compte de nombreux pays membres, parmi lesquels on retrouve l'Afrique du Sud, l'Algérie, l'Allemagne, l'Argentine, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, Brésil, Canada, Chine, Corée, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Fédération de Russie, Finlande, France, Grèce, Hong Kong, Inde, Indonésie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Malaisie, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Singapour, Suède, Suisse, Turquie, etc. Le GAFI identifie les juridictions dont les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) sont faibles dans deux documents publics du GAFI qui sont publiés trois fois par an. Nous avons les Juridictions à haut risque visées par un appel à action, la «liste noire». Cette déclaration identifie les pays ou juridictions présentant de graves lacunes stratégiques dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération. Nous avons les Juridictions soumises à une surveillance renforcée, la «liste grise». Cette déclaration identifie les pays qui travaillent activement avec le GAFI pour remédier aux déficiences stratégiques de leur régime de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération. Lorsque le GAFI place une juridiction sous surveillance renforcée, cela signifie que le pays s'est engagé à résoudre rapidement les déficiences stratégiques identifiées dans les délais convenus et qu'il est soumis à une surveillance renforcée. Dans sa note du 21 février 2025, le GAFI a mis les pays suivants au contrôle renforcé : Afrique du Sud – Algérie – Angola – Bulgarie – Burkina Faso – Cameroun – d'Ivoire – Croatie -Haïti – Kenya – Liban – Mali – Monaco -Mozambique – Namibie – Nepal – Nigeria – République démocratique du Congo – Laos -Soudan du Sud – Syrie -Tanzanie – Venezuela – Vietnam -Yémen. La Commission européenne a annoncé le 10 juin 2025, sa décision de s'aligner sur la liste grise du GAFI, qui évalue l'action des Etats en matière de lutte contre le blanchiment. La commission a ainsi ajouté l'Algérie, Monaco, l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Kenya, le Laos, le Liban, la Namibie, le Népal et le Venezuela à sa liste de pays « à haut risque », qui font l'objet d'une surveillance accrue. L'identification et la liste des juridictions à haut risque demeurent un outil essentiel pour préserver l'intégrité du système financier de l'UE », a expliqué la commissaire européenne chargée des services financiers, Maria Luís Albuquerque. La commission avait en revanche retiré de la liste Barbade, Gibraltar, la Jamaïque, le Panama, les Philippines, le Sénégal, l'Ouganda et les Emirats arabes unis. Le communiqué du GAFI (Groupe d'action financière) est une organisation internationale qui lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme relatif à la session s'étant déroulé du 22 au 25 octobre 2025 ne mentionne pas l'Algérie, ce qui implique donc son maintien dans la liste grise : alors que le gouvernement avait affirmé que la prochaine cession verrait son retrait pour le 25 octobre 2025. Qu'en sera-t-il où l'UE a mis en arbitrage l'Algérie devant son déficit commercial avant la fin 2025 ? L'Algérie qui a élaboré une série de textes juridiques de lutte contre le blanchiment d'argent qui a été placée en octobre 2024 dans la liste grise n'a pas su convaincre et donc pas été retiré de la liste lors de la réunion tenue par le GAFI entre les 20 et 25 octobre 2025, qui demande plusieurs actions concrètes, un texte juridique pouvant être contredit par les pratiques sociales sans mécanismes de régulation et de contrôle transparent : – renforcer l'identification des bénéficiaires effectifs des sociétés, – améliorer la supervision du secteur non financier, -assurer la transparence sur les flux transfrontaliers et les transferts informels – renforcer les sanctions et le suivi effectif des entités à risque. –améliorer la supervision fondée sur les risques ainsi que les déclarations de transactions suspectes. Le rapport diffusée par le GAFI note qu'aucun nouveau pays n'a été intégré, ce qui signifie une amélioration de la situation globale, mais qu'il a retiré quatre pays africains de «la liste grise», alors qu'aucun pays n'a été intégré à cette liste, s'agissant « de l'Afrique du Sud qui a renforcé ses outils de détection du blanchiment et du financement du terrorisme, du Nigeria qui s'est doté d'une coordination inter-institutions renforcée, du Mozambique qui a amélioré le partage de renseignements financiers et du Burkina Faso qui a renforcé la surveillance des institutions financières et des organismes de contrôle ». Cela démontre que bon nombre de pays africains sont sur la bonne voie dans la transparence et une gestion rigoureuse des finances publiques atténuant les flux illicites et le financement d'activités criminelles souvent liés à l'importance de la sphère informelle marchande spéculative, donnant une image négative aux investisseurs nationaux qu'étrangers créateur de richesses et d'emplois durables dont la rentabilité est à moyen terme. En conclusion, malgré cette décision qui ne doit pas étonner, étant peu probable qu'un pays sorte en un an (il n'y a pas de précédent, la plus rapide, l'île Maurice, a pu sortir en 18 mois), certaines recommandations visant l'adoption de législations, décrets mais aussi d'avoir un certain retour opérationnel sur ceux ci ce qui nécessite un délai technique. Dans ce contexte, l'Algérie entend suivre les recommandations du GAFI par la modernisation du système national de prévention et de lutte contre les risques de blanchiment d'argent et l'amélioration de son efficacité. L'Algérie a réalisé des progrès dans la lutte contre ces phénomènes, notamment en renforçant ses outils de détection et de répression et en renforçant sa coopération avec les organisations internationales pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. L'Algérie doit poursuivre ses efforts pour améliorer son système de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme pour sortir de la liste grise du GAFI, où malgré des progrès réalisés encourageants, les défis à relever sont importants. Mais pour une efficacité réelle s'impose une étroite coordination entre les différentes institutions y compris les services de sécurité car l'élaboration de lois ne suffit pas devant s'attaquer aux dysfonctionnement de l'écosystème intimement liés à la rente des hydrocarbures. Aussi, le retrait devient urgent face à cette décision récente qui pourrait avoir un impact sur la venue des investisseurs étrangers créateurs de valeur ajoutée et non des spéculateurs. Sans préjuger des dessous politiques de cette décision, un sursaut s'impose pour la crédibilité de l'Etat algérien en mettant en place des mécanismes démocratiques transparents. La réhabilitation de la Cour des comptes gelée depuis de longues décennies, institution indépendante suprême, selon la constitution, du contrôle des deniers publics, les autres institutions relevant de l'exécutif étant juge et partie serait un signe de la volonté politique de transparence. Dans ce contexte, dans la Muqaddima d'Ibn Khaldoun, lorsque l'immoralité gangrène la société, c'est sa décadence, et du fondateur de l'économie politique, l'Anglais Adam Smith sur la morale. Il ne peut y avoir de développement sans la morale à tous les niveaux dirigeants et citoyens, ce qui renvoie à la bonne gouvernance mondiale et locale du fait des interactions complexes entre l'intérieur et l'extérieur. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités