Le 25 septembre dernier, l'ancien président de la France Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs par le tribunal correctionnel de Paris, qui a considéré qu'il avait tenu un rôle actif dans la mise en place d'un dispositif de financement de sa campagne électorale de 2007 par les dirigeants libyens. Les faits sont d'une indéniable gravité : organisation de financement occulte d'une campagne électorale avec des fonds provenant du régime de Kadhafi, en contrepartie d'une intervention pour favoriser son retour sur la scène internationale et d'un engagement à absoudre Abdallah Senoussi, condamné à la perpétuité pour son rôle dans un attentat. La justice a condamné l'ancien Président pour avoir cherché «de l'argent auprès d'un régime responsable d'un des attentats les plus meurtriers jamais commis contre des civils français». Le jugement se fonde sur le défaut de devoir d'exemplarité dont a fait preuve Sarkozy. C'est bien l'exemplarité qu'invoque le jugement : «Il s'agit donc de faits d'une gravité exceptionnelle, de nature à altérer la confiance des citoyens dans ceux qui les représentent et sont censés agir dans le sens de l'intérêt général, mais aussi dans les institutions de la République.» Le délit dont l'ancien Président est déclaré coupable porte, selon la justice, gravement atteinte à la confiance publique, à l'Etat de droit. En effet, selon les attendus du jugement les faits dont s'est rendu coupable Sarkozy sont d'une particulière gravité s'agissant d'actes délictueux commis par un Président dont la mission est de servir avec honnêteté, loyauté et dignité le pays. Nicolas Sarkozy a manqué à la probité dans le cadre de ses fonctions. Donc, l'ancien Président a été condamné surtout au nom de l'exigence de probité et d'exemplarité. Il a été reconnu coupable pour avoir utilisé son statut de ministre et en tant que candidat à la présidence de la République pour conclure, selon le verdict, «un accord clandestin pour obtenir de l'argent d'un dictateur libyen criminel». Dans les anciennes sociétés, quand un patriarche ou un sage commettait un crime, il était immédiatement excommunié de la tribu, banni de la communauté. La peine était sévère et irrévocable du fait du devoir d'exemplarité attendu du chef de clan, du dirigeant de la communauté, du chef du village. C'était une stigmatisation à vie. Pendant des milliers d'années, le bannissement fut l'une des sanctions pénales les plus courantes infligées à un membre de la communauté détenteur de l'autorité. Ce bannissement s'accompagnait de confiscation des biens du condamné excommunié, de la d'échéance de ses droits, de la perte de son honneur, de la privation de toutes ressources, tant matérielles que sociales, puisque tous les membres de la communauté refusaient tout contact avec leur ancien dignitaire frappé dorénavant d'indignité. Dans un univers antarctique où tout étranger était considéré comme suspect et exclu, le banni, dans l'impossibilité d'intégrer une nouvelle communauté, était donc condamné au vagabondage. Le bannissement était une véritable mort sociale pour lui. En France, en 2025, sous le capitalisme décadent, un gouvernant ou un capitaliste condamné par la justice est, au contraire, auréolé de toutes les vertus, couvert d'affection. Et, surtout, la condamnation du dirigeant est sévèrement critiquée. Comme on pouvait s'y attendre avec la condamnation de Nicolas Sarkozy, cette décision a immédiatement suscité le courroux d'une large partie de la classe dominante française. La bourgeoisie, la classe politique et les médias, occultant la gravité des faits, crient tous à l'injustice, à la violation de l'Etat de droit. D'aucuns ont relancé le procès du supposé «gouvernement des juges gauchistes» qui condamneraient injustement des représentants de la nation pour leur appartenance politique droitière. Nicolas Sarkozy a fustigé une «injustice» et «la haine» dont le poursuivraient certains magistrats. Il s'est aussi comparé à Alfred Dreyfus car, selon lui, il serait victime d'un complot. Sarkozy n'est pas la victime d'un complot. La France, elle, est victime de Sarkozy, telle est la réalité.Dans une interview accordée au Journal du dimanche, l'ancien Président a déclaré : «Ce n'est pas moi qui suis humilié, mais la France.» Au contraire, rarement un ancien Président aura autant avili la France.Pourtant, au lieu d'être banni de la société comme un pestiféré pour ses crimes, au contraire il est reçu à l'Elysée par Emmanuel Macron. Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a même annoncé qu'il irait voir Nicolas Sarkozy en prison. «Le fait de recevoir à l'Elysée et d'aller visiter en prison Nicolas Sarkozy, condamné pour des faits extrêmement graves, ne correspond pas au respect des institutions», a dénoncé Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Cette affaire de justice aura permis de dévoiler le vrai visage hideux de la classe dominante française, en particulier celui de la classe politique et des journalistes.Par réflexe de classe, en France, du seul fait d'appartenir à la classe dominante, on peut être condamné pour des crimes graves et continuer à bénéficier du soutien indéfectible de la caste politique et médiatique, d'un traitement de faveur, de privilèges.Pour rappel, c'est cette même engeance oligarchique qui, lors de la condamnation par la CPI des deux bouchers de Gaza, Netanyahou et Gallant, pour crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, est aussitôt montée au créneau pour dénoncer le bien-fondé du jugement de la Cour pénale internationale. Cette frange de la caste politique et culturelle française sioniste avait appelé le gouvernement Macron à ne pas exécuter le mandat de la CPI à l'encontre des deux bouchers de Gaza, quitte à déroger au droit international. Les criminels se soutiennent même dans les pires abjections.Pour la France d'en bas, celle du peuple travailleur intègre, le verdict qu'elle s'apprête à appliquer à la France d'en haut, par son ultime lutte émancipatrice, est le bannissement définitif de toute la classe dominante, de tous les politiciens corrompus, de tous les journalistes stipendiés.