Comme chaque année, les prix alimentaires, à l'approche du mois sacré, connaissent des hausses impressionnantes. Mais, si la hausse du couffin de Ramadhan inquiète les Algériens dont le pouvoir d'achat a été soumis aux pressions des dépenses estivales, la consommation ne dégringole pas. Elle flambe au mois de carême. Ce qui nécessite plus d'efforts de la part des pouvoirs publics afin de mieux surveiller les marchés, contrôler la qualité et maîtriser les prix et la disponibilité des produits. M. Yahiaoui Ouali, directeur de la réglementation au ministère du Commerce, invité, hier, de l'émission "Les débats de l'été" de la Chaîne II de la Radio algérienne, est revenu sur les dispositions prises en prévision du mois de Ramadhan dans le cadre de la lutte contre la spéculation. D'emblée, le représentant du département ministériel a tenu à rassurer les citoyens quant à la disponibilité des produits sur le marché national. Pour les produits d'épicerie (sucre, huile, café, concentré de tomate, semoule…), M. Yahiaoui fait remarquer que le marché est bien approvisionné et qu'il n'y a aucune pénurie dans ces rayons. "Actuellement, l'Algérie a des stocks entièrement suffisants et pour certains produits les stocks peuvent approvisionner les marchés pour une période dépassant les deux mois", rassure-t-il. En ce qui concerne les fruits et légumes, l'invité écarte également toute pénurie. Il estime, par ailleurs, qu'il n'y aura aucun problème pour les viandes rouges, les œufs et les viandes blanches. Concernant la flambée des prix du poulet, M. Yahiaoui impute cette hausse aux fortes chaleurs qu'a connues le pays ces derniers jours. Ce qui fait que l'activité a été freinée. Toutefois, il rassure qu'au mois de Ramadhan les prix vont baisser. Le marché de la viande blanche sera approvisionné d'une manière régulière durant le mois de Ramadhan grâce à la disponibilité du produit. Pour lui, l'origine de la flambée des prix, à l'heure actuelle, est à mettre à l'actif de la liberté des prix et de la prolifération des intermédiaires qui contrôlent le marché. Par ailleurs, le représentant du ministère du Commerce a indiqué qu'un programme spécial Ramadhan a été tracé, regroupant les services de sécurité, les bureaux d'hygiène communaux ainsi que le ministère du Commerce. Ce programme, selon M. Yahiaoui, a pour mission principale de lutter contre les pratiques commerciales illégales telles que le changement illégal d'activité, l'abattage clandestin, la non-conformité des produits, le non-respect de la chaîne de froid, etc. D'autant plus que le programme prévoit des opérations de surveillance des marchés de jour comme de nuit. Sur ce point, M. Yahiaoui dira que "les agents des directions de commerce de wilaya seront affectés pour assurer cette mission et ce, en se constituant en deux brigades. Cela nous permettra de suivre l'évolution des prix, contrôler la qualité et la disponibilité des produits sur les étals et apporter les mesures correctives adéquates en cas d'un dysfonctionnement". Cependant, l'invité de la radio a appelé les consommateurs et les associations de protection du consommateur à assumer leurs responsabilités et contribuer au bon déroulement de ces opérations. La seule garantie pour les citoyens c'est la vigilance et la résignation. Ils doivent, selon M. Yahiaoui, réclamer des produits conservés dans de bonnes conditions et se priver de ceux dont les prix sont exagérés. "Nous devons intensifier les actions de contrôle et les sorties sur le terrain pour inspecter les prix et la qualité des produits de large consommation pouvant être à l'origine d'intoxications alimentaires et autres maladies. Le citoyen doit faire preuve de vigilance car le Ramadhan coïncide avec une période relativement chaude nécessitant une prise en charge adéquate en matière de conservation et d'exposition des produits périssables et sensibles", a-t-il dit. M Yahiaoui a tenu à rappeler l'arsenal de lois portant sur la protection du consommateur. La dernière en date est la loi n°09-03 du 25 février 2009, relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes. Les sanctions prévues sont draconiennes. A titre d'exemple, le législateur algérien prévoit une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour les cas d'intoxications, notamment celles provoquant le décès du consommateur. Le même responsable a tenu à signaler le renforcement du dispositif de protection du consommateur. Selon lui, le ministère prévoit la réalisation d'une série d'actions et de structures. Il s'agit du recrutement, durant les 3 ans à venir, de quelque 7.000 agents universitaires pour renforcer la couverture de quelque 1 300.000 commerces que compte le pays. Pour améliorer les conditions de mise en vente des produits de consommation, il est fait état de la programmation, pour le prochain quinquennat, de la réalisation de 50 marchés de gros de fruits et légumes, dont 4 de dimension nationale. A ces unités s'ajouteront 1.830 marchés couverts de détail et de proximité. S'agissant de l'encadrement du commerce du poisson et de la viande, il est prévu, selon M Yahiaoui, pour la même échéance, la réalisation de 13 pêcheries et 72 abattoirs à travers le pays.