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“Le développement des investissements français compense le fléchissement de notre position commerciale”
Pierre Mourlevat, chef de la mission économique de l'ambassade de France en Algérie
Publié dans Le Maghreb le 10 - 03 - 2007

A quelques jours de la fin de son mandat en Algérie, M. Pierre Mourlevat, chef de la mission économique en Algérie, dresse dans cet entretien, une évaluation des relations algéro-françaises et leur évolution sur le plan économique et commercial.

Si M. Mourelevat insiste sur l'implication des entreprises françaises dans le marché algérien, notamment celles versées dans les services et l'agroalimentaire, il relèvera, néanmoins, un fléchissement de la position de la France sur le plan commercial.

Le Maghreb : Vous avez participé au séminaire sur le climat d'investissement en Algérie. Pourriez vous nous donner votre appréciation à ce sujet?

Pierre Mourlevat : J'ai participé, récemment, à Paris à deux séminaires ayant réuni chacun plus d'une centaine d'opérateurs français : le dernier séminaire Algérie d'Ubifrance, le 28 novembre, ayant pour thème " l'Algérie, une destination nouvelle pour l'investissement français : comment concrétiser des engagements sur le long terme ? " avec la participation du président du CEIMI (Club des entreprises de la Mitidja, NDLR), M. Taïeb Ezzraïmi, en tant qu'invité d'honneur, du directeur général de l'ANDI (Agence nationale de développement de l'investissement, ndlr), M. Baghdadli et de nombreuses personnalités algériennes des secteurs de l'agroalimentaire, de la pharmacie et de l'automobile. Je suis, également, intervenu le 24 janvier dernier aux côtés de M. Bernard Bajolet, ambassadeur de France à Alger, lors de la réunion du Comité Algérie du Medef portant sur le climat de l'investissement.
Il est primordial pour la mission économique de participer à ces actions de promotion du marché algérien auprès des investisseurs français mais aussi d'être à l'écoute des entrepreneurs algériens pour pouvoir construire ensemble un partenariat reposant sur des relations économiques solides, inscrites dans une dynamique de long terme. L'intérêt des opérateurs français pour le marché algérien ne se dément pas depuis plusieurs années, comme le confirment le succès de telles manifestations ou encore leur présence au cours de la FIA et des salons spécialisés organisés tout au long de l'année. A titre d'illustration, en 2006, 989 entreprises françaises ont bénéficié de la labellisation Ubifrance (permettant de bénéficier d'une subvention pour toute action collective d'entreprises partageant un intérêt commun pour le marché algérien) contre 554 en 2005 et 507 en 2004.

L'intérêt pour le marché algérien est exprimé par de nombreuses sociétés françaises. En matière d'investissement, on ne voit rien, ou en tout cas très peu, venir. Qu'est-ce qui explique, selon vous, leur réticence lorsqu'il s'agit de passer à l'acte ?
Selon moi, les entreprises françaises sont loin d'être réticentes. D'après une enquête réalisée par la mission économique, il existe plus de 200 entreprises françaises implantées en Algérie, représentant un stock d'investissements de 1,4 Milliard d'euros pour 8.00 emplois directs et 40.000 emplois indirects ; les perspectives font état de 800 millions d'euros et 3.000 emplois supplémentaires d'ici à trois ans uniquement pour les entreprises déjà présentes sur le marché. Au regard des données officielles publiées par la Banque d'Algérie, la France se situe en 2006 au second rang des sources d'IDE en Algérie avec un flux de 294,4 millions de dollars, soit un accroissement de 111% par rapport à 2005 (140 millions de dollars déjà en augmentation de 75% par rapport à 2004) pour environ 18% du total, tous secteurs confondus. Etant donné la faible diversification des investissements américains (368,7 millions de dollars, +12% par rapport à 2005), la France renforce sa position de premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie en 2006. Il convient, également de souligner que nos investissements s'inscrivent dans une logique de long terme, structurante pour l'économie algérienne à travers des transferts de savoir-faire et de technologies. Pour renforcer cette dynamique, il importe de lutter contre les obstacles qui freinent l'implantation des entreprises étrangères : non disponibilité du foncier, atteintes aux droits de la propriété intellectuelle, lourdeurs des procédures administratives. A cet égard, la création de l'agence foncière va dans le bon sens.

Des hommes d'affaires français justifient leur frilosité à venir investir en Algérie par les défaillances du système bancaire. Faut-il attendre que la réforme financière aboutisse pour qu'ils décident enfin de s'installer ou ne pensez-vous pas plutôt qu'ils pourraient sans crainte commencer avec ce qu'il y a ?
Le paysage bancaire algérien a considérablement évolué depuis la fin des années 1990. Le secteur financier fait de moins en moins figure de frein à l'investissement grâce d'une part à l'arrivée d'enseignes à renommée internationale, notamment françaises, mais aussi du fait du renforcement règlementaire insufflé par la Banque d'Algérie, accompagné d'un accroissement important des capacités de contrôle de sa Direction générale de l'Inspection Générale. La modernisation du système financier, entreprise depuis 2004, avec la mise en service du système de télécompensation et de paiement masse à travers le pays, ainsi que la généralisation progressive de la monétique, constitue un signal positif à l'égard des investisseurs étrangers et un facteur clé pour le développement du climat de confiance.

Parlons des banques justement. On remarque un regain d'intérêt des banques françaises pour le marché. C'est aussi le cas du Medef. Comment expliquez-vous cela ?
Parmi les six banques présélectionnées dans le cadre de l'appel d'offres pour la privatisation du CPA, quatre sont des banques françaises disposant d'une filiale locale : Société Générale, BNP-Paribas, Banques Populaires et le Crédit Agricole. Les banques françaises se sont impliquées en Algérie bien avant le lancement du processus de privatisation et disposent déjà, pour les trois premières, d'un réseau d'agences en plein essor. Les quatre banques françaises ont un intérêt très marqué pour le CPA. On a constaté d'une manière générale un fort intérêt des sociétés françaises pour le secteur financier en 2005 et 2006 avec les arrivées successives de Cetelem et Cardiff (filiales de BNP-Paribas), celle de Gras Savoye en tant que cabinet de conseil, ou encore celle attendue de Credal (filiale crédit à la consommation de la Société Générale). Les grands assureurs français tels qu'Axa attendent, également, le règlement d'un contentieux datant de 1966 pour pouvoir s'implanter en respectant la loi de 2006 régissant le secteur des assurances. Une délégation du Medef International se rend annuellement en Algérie. Jusqu'en 2006, cette visite avait lieu au printemps mais une délégation du Forum des chefs d'entreprises algériens a été conviée à Paris à cette même période en 2007. Le Medef prévoit donc d'organiser la venue d'une nouvelle délégation vers le mois de décembre. L'Algérie est un des rares pays accueillant tous les ans une délégation aussi importante de chefs d'entreprise, dont l'intérêt ne se dément pas au fil des années. La présidente du Medef, Mme Parisot, avait, d'ailleurs, effectué, l'an passé le déplacement dans la capitale algérienne. Ces réunions permettent de tisser des liens solides entre les opérateurs des deux pays, favorisant la création de partenariats et la négociation de nouveaux contrats.

Y a-t-il des projets d'investissement des entreprises françaises en Algérie ou d'implantations d'autres groupes économiques ?
La mission économique est sollicitée chaque jour par de nouvelles sociétés françaises s'intéressant aux perspectives du marché algérien, qu'il s'agisse de grands groupes ou de PME-PMI. Des projets sont à l'étude dans plusieurs secteurs d'activité à des stades d'avancement variables. La plupart des grands groupes sont déjà présents sur place, c'est le cas par exemple des premières banques françaises, ou encore du leader mondial du courtage en assurances, Gras Savoye, qui vient, également, de s'implanter dans le secteur des services. Dans la grande distribution, Carrefour poursuit un plan d'investissement ambitieux à travers le pays. Dans le cadre de son partenariat avec le groupe Mehri, Accor participe à la construction d'une trentaine d'hôtels Ibis et Novotel. Michelin est présent dans le secteur industriel depuis de nombreuses années et réalise aujourd'hui 50% de son chiffre d'affaires à l'export. Dans l'agroalimentaire enfin, outre la forte implication de Bel et Castel, Danone confirme sa volonté de se développer avec un investissement cumulé atteignant 200 millions d'euros : après l'ouverture d'une biscuiterie à Réghaïa fin 2006, le groupe projette de développer en Algérie l'un de ses premiers sites de production de produits frais dans le monde, à partir de son implantation actuelle déjà importante. Les entreprises françaises se montrent, également, très attentives aux opportunités relevant du programme de privatisation, qui a permis tout récemment au constructeur BTK de nouer un partenariat avec la SNVI sur sa filiale carrosserie. Actuellement, 15 sociétés françaises sont directement impliquées dans des dossiers en cours d'instruction par les SGP et le MPPI.

Comment voyez-vous l'avenir des relations bilatérales ?
Sur le plan économique, le développement des investissements français compense un léger fléchissement de notre position commerciale. Notre part de marché est passée de 22,1% à 20,6% entre 2005 et 2006. La France demeure toutefois de très loin le premier fournisseur de l'Algérie. Le solde commercial bilatéral est défavorable à la France pour la première fois en 2006 (-105 millions de dollars contre +1 Md de dollars en 2005) sous l'effet, notamment, de l'augmentation de la facture pétrolière (+600 millions de dollars). Les échanges bilatéraux demeurent dynamiques : ils sont passés de 6,5 à 8,2 milliards d'euros entre 2002 et 2006. Sur le long terme, l'accroissement des investissements français accompagne le développement de l'économie algérienne et pourra permettre de compenser, sur le plan commercial, la montée en puissance d'autres pays moins impliqués en Algérie en termes d'IDE. Au niveau institutionnel, les ministères des Finances français et algériens, poursuivent une coopération technique très active. En application du Mémorandum franco-algérien de partenariat économique et financier signé à Alger le 12 décembre 2006 par les ministres, M. Mourad Medelci et M. Thierry Breton, la mission économique coordonne avec le ministère des Finances algérien et l'Adetef (Agence de coopération technique internationale du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie français, ndlr) un vaste programme d'échanges d'expériences et de transferts de compétences. Dans ce contexte, la France apporte, également, son soutien à l'Algérie dans le développement économique hors hydrocarbures. Trois filières ont été identifiées comme stratégiques par les autorités algériennes pour donner lieu à la création en cours de trois comités de filière dans la pharmacie, les équipements automobiles et l'agroalimentaire, afin de rapprocher les acteurs privés et institutionnels de ces secteurs.
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