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Les chants séculaires dans tous leurs états
"Wakfa d'Ahellil" à Cherouine à Adrar
Publié dans Le Maghreb le 21 - 03 - 2010

C'est connu, il n'existe pas d'Ahellil ailleurs que dans la région de la Saoura, du côté de Timimoun, l'accueillante, la généreuse. " Ahl Ellil " veut dire les gens de la nuit. Les gens de la nuit sont ces gens qui chantent du crépuscule jusqu'à l'aurore, une poésie orale séculaire, qui a ses rites, son tempo.
Pour revoir tout ça, la wilaya d'Adrar abrite depuis jeudi dernier la seconde édition de la manifestation culturelle "Wakfa d'Ahellil". Ça se passe à Cherouine, une commune distante de 150 km au nord d'Adrar. Sous le signe "authenticité, communication et ouverture", ce rendez-vous lyrique vise selon les organisateurs l'ancrage de cet art authentique qu'est "Ahellil" réputé dans toute la région, sa pérennisation et l'ouverture sur la culture d'autrui. Regroupant plusieurs troupes folkloriques dont celles de "Rekka" de l'association "Kawkeb Sahara" de Cherouine, "Kawkeb du sud" de Taouriret, la troupe féminine "Azelouane", celle d'"El Katekit" et la troupe du folklore populaire de la ville de Timimoun, cette manifestation prévoit également une expo de produits de l'artisanat, à l'initiative de la chambre d'artisanat et des métiers d'Adrar (CAM), avec le concours du centre d'artisanat de la commune de Cherouine et l'association d'alphabétisation "Iqra". Il s'agira donc pour la population locale d'aller à la rencontre non seulement des troupes qui ont repris le chant séculaire de l'Ahellil menacé d'ailleurs de disparition, mais aussi des rares produits qui se fabriquent aux moyens de ce que la terre sèche du Sud peut apporter. L'Ahellil est une invention entre autres des Zénètes, les berbères du Sud. A travers ces chants qui glorifient Dieu, lors de cérémonies qui touchent parfois au paganisme, les Zénètes du Gourara, fraternisent. L'Ahellil, plus précisément localisé dans la zone berbérophone du Gourara, est régulièrement exécuté lors de fêtes religieuses ou de pèlerinages, mais également à l'occasion de réjouissances profanes tels les mariages ou les foires locales. Étroitement lié au mode de vie des Zénètes, dont l'essentiel des activités est associé à l'agriculture oasienne, l'Ahellil symbolise la cohésion du groupe dans un environnement difficile et véhicule les valeurs et l'histoire des Zénètes dans une langue aujourd'hui menacée de disparition.
Quelques ouvrages sur l'Ahellil
C'est grâce à l'écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, auteur de quatre romans dont La colline oubliée, porté à l'écran en 1996 par Abderahamane Bouguermouh, que ces rites ancestraux berbères ont été découverts, lors d'un voyage qu'il a effectué à Timimoun, la ville aux cents oasis. L'auteur de La traversée, a senti de l'or à travers ce patrimoine encore méconnu dans le pays. Il décida alors en tant qu'anthropologue de lui consacrer " une page scientifique". Un travail rigoureux, et artistique, qui sauvera de l'oubli ce rituel païen, que l'organisation onusienne décidera de porter sur la liste des chefs-d'œuvre du patrimoine mondial immatériel. Après les premiers travaux de l'auteur du " Sommeil du juste", d'autres après lui, à l'image du journaliste Saïd Bouterfa, du sociologue Rachid Bellil, se consacreront à approfondir, cette étude amorcée par Da L'Mouloud Nath Maâmar. Le sociologue est allé plus loin en découvrant que l'Ahellil n'était pas seulement un rite, mais un langage poétique traduisant des contes, des devinettes du peuple du Gourara. Tout ce qu'il a comme tradition orale. Saïd Bouterfa a, quant à lui, signé après son remarquable Yennayer un autre ouvrage (Edition Colorset, 2200 DA), intitulé, Ahellil ou les louanges de Gourara, accompagné d'un CD de musique et chant Ahellil. "Il y a deux sortes de pratiques. L'une se fait en public et l'autre se fait en privé. La séance en public est pratiquée en position debout tandis que la séance privée est en position assise. Le maître chante ou récite les vers et le groupe reprend en chœur en claquant les mains. Comme instrument de musique, el Benguir, (sorte de guimbri), Tendj (Flûte) et l'adgha (percussion) " racontait Bouferfa en ajoutant que le maître ou le goual est tenu de connaître toute la poésie d'Ahellil, de mémoire.
" Dans une séance privée, les poésies chantées ne dépassent pas la vingtaine. Mais en privé, c'est autre chose. Il y récite même des compositions poétiques rares comme le "traa" observe-t-il. Comme contenu, la poésie d'Ahellil aborde des sujets liés à la vie quotidienne du peuple de Gourara, glorifiant les anciennes générations qui ont créé, entre autres, le système d'irrigation de foggara. "Les textes Zénètes regroupent aussi des vers soufis. La poésie était également utilisée comme moyen pour interpréter et expliquer les versets coraniques", explique Bouterfa. Cette tradition musicale est menacée de disparition dans la mesure où la transmission aux jeunes générations n'est plus assurée. La raréfaction des occasions, le manque de disponibilité pour les fêtes traditionnelles exigeant de longs préparatifs, la migration des jeunes vers les villes du nord et leur attirance pour des musiques plus contemporaines, aggravent également cette menace. D'où la nécessité d'institutionnaliser un rendez-vous Ahellil, qui permettra non seulement de faire connaître ce rite, mais aussi de le sauver de l'oubli.


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