L'ancien patron de la Réserve fédérale Alan Greenspan a appelé mercredi les autorités américaines à nettement relever les niveaux de capitaux et de garantie exigés des institutions financières, d'après le texte d'une intervention devant une commission d'enquête parlementaire sur la crise. Il a prévenu que de nouvelles crises pourraient survenir si des mesures n'étaient pas prises pour remédier au problème des institutions de très grande taille, et traiter la question de l'incapacité des marchés et des régulateurs à prévoir l'apparition de risques majeurs. A.Greenspan a fait l'objet de vives critiques depuis le début de la crise. Des membres du Congrès ont notamment accusé la Fed, sous son mandat, de ne pas avoir fait assez pour protéger les consommateurs et de ne pas avoir identifié les risques que faisait courir à l'économie la bulle immobilière. L'ancien président de la Fed a affirmé mercredi que les prêts hypothécaires à surprime n'avaient pas été "une cause majeure" de la crise financière, et que la banque centrale, sous sa direction, avait "agi de manière à protéger les bénéficiaires de prêts hypothécaires". "J'ai toujours voté en faveur des mesures de protection des consommateurs qui étaient proposées au conseil des gouverneurs, et je soutiens les positions contenues dans les directives que nous avons publiées en ce sens au cours des dix dernières années", a-t-il déclaré. Ce n'est pas l'accès plus facile des Américains les moins fortunés au crédit immobilier qui a plongé les Etats-Unis dans la crise, mais la tendance de Wall Street à transformer les prêts en produits financiers opaquesa-t-il en outre déclaré. Le texte qu'il devait lire devant la commission d'enquête du Congrès sur les causes de la crise financière reprend les arguments qu'il utilise depuis 2008 pour défendre son action à la tête de la Fed, en réfutant la thèse selon laquelle la banque centrale a favorisé l'envolée des prix immobiliers en pratiquant des taux d'intérêt extrêmement bas. "La bulle des prix immobiliers, la plus importante bulle du monde depuis des générations, a été causée par la baisse des taux d'intérêt mais (...) ce sont les taux du crédit immobilier à long terme qui ont galvanisé les prix, et pas les taux au jour le jour des banques centrales, contrairement à une opinion désormais largement répandue", a-t-il dit. "Permettez-moi de redire respectueusement que, selon moi, l'émission des emprunts hypothécaires 'subprime' (...) n'a pas été une cause de premier plan de la crise financière", a-t-il ajouté. Il a répété que des événements géopolitiques comme la chute de l'Union soviétique et la montée en puissance de la Chine avaient contribué à augmenter la main d'oeuvre mondiale, dopant la croissance et gonflant l'épargne à investir, favorisant ainsi la montée des taux d'intérêt à long terme. Il a reconnu que les autorités avaient sous-estimé les risques liés à la montée des prix immobiliers durant les années 2000. "Dans un climat d'euphorie croissante, les dirigeants des institutions financières comme les régulateurs, qui incluent la Réserve fédérale mais pas seulement celle-ci, ne sont pas parvenues à mesurer l'ampleur sous-jacente, la longévité et l'impact potentiel" des risques pour les marchés, a-t-il expliqué.