Les ambitions du groupe pharmaceutique public Saidal semblent déranger. Le groupe pharmaceutique qui a lancé un important programme de modernisation entend bien se réapproprier le marché national du médicament dominé actuellement par les importateurs et autres conditionneurs. Des objectifs qui "n'arrangent pas" les affaires de certains intervenants sur le marché, d'autant plus que le groupe public, qui constitue le fer de lance du programme du gouvernement pour la modernisation de l'industrie pharmaceutique locale, a bénéficié de tous les avantages susceptibles de l'aider à conquérir de nouvelles parts de marché. Or, Saidal semble être aujourd'hui la victime d'une campagne de "dénigrement déloyale". Les "instigateurs" de cette campagne sont passés, et de manière anonyme, par le biais de SMS et de blogs et autres forums Internet afin de lancer une rumeur concernant le danger que pourrait constituer la prise du Rhumafed fabriqué par Saidal. Une rumeur qui ne pouvait pas mieux tomber en cette période de propagation des grippes et autres rhumes. De rumeur, la situation a vite généré une véritable psychose au sein de la population, d'autant plus que cette dernière a reçu le même message. "J'ai appris ce matin que Saidal avait fait une erreur de fabrication concernant certains lots de Rhumafed. Ils ont conditionné un cardiotonique à la place du Rhumafed. Des gens en sont morts", lançait l'avertissement avant d'insister sur la nécessité de relier le message autour de soi. S'en est, ensuite, suivie une série de réactions sur le net de la part de citoyens pris de panique, évoquant "des sensations bizarres et des palpitations cardiaques". Néanmoins, et mis à part la panique et l'effet psychosomatique, aucun décès survenu à la suite de la prise de Rhumafed n'a été signalé jusqu'à présent. Mais, comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Contacté par nos soins, le chargé de la communication du groupe pharmaceutique public, M. Naïli, nous a expliqué, hier, qu'"un lot de 500 boîtes de Rhumafed a effectivement été retiré de la vente suite à une erreur d'impression sur le papier aluminium". Il a, dans ce sens tenu à préciser que "mis à part le papier aluminium sur lequel a été imprimé Cardital au lieu de Rhumafed, tous les composants du médicament sont bien les mêmes. Ce qui veut dire que le patient qui a pris le médicament en question a bien consommé du Rhumafed et qu'il n'y a aucun danger sur la santé des consommateurs. D'ailleurs la programmation de l'appareillage mis en place pour le conditionnement du Rhmafed rejettera automatiquement tout autre produit, et stoppera le processus". Il a aussi précisé que l'anomalie en question "ne concerne que 500 boites sur le lot n° 1/14 comprenant 10 000 boites Rhumafed qui avait été livré en totalité au seul centre de distribution de Batna". Aussi, et dans un communiqué rendu public hier, Saidal indique avoir "procédé au rappel du lot et informé les autorités compétentes (MSPRH), conformément à la réglementation pharmaceutique algérienne en vigueur". Le groupe public a tenu, dans ce contexte, à dénoncer une campagne et une tentative de "déstabilisation" menée par des "groupes d'intérêt" contre lui et contre un de ses produits "phares", en l'occurrence le Rhumafed, ajoutant qu'il a "décidé de porter cette affaire devant les juridictions compétentes". Il faut rappeler, dans ce sens, que Saidal ambitionne d'acquérir 35% du marché national du médicament à la fin 2013 et cela sera possible grâce au plan de développement axé sur la modernisation des unités existantes comme celles d'Alger, El Harrach et de Dar El-Beida notamment, ainsi que la réalisation de deux nouvelles unités à Oued Smar. Le plan est soutenu par l'Etat qui accorde ainsi à Saidal un prêt de 16 milliards de dinars sans intérêt sur 20 ans. Saidal s'inscrit, grâce à tous ces projets, dans la nouvelle dynamique du gouvernement qui veut impulser un nouveau départ au produit local, et dans ce registre, le groupe se fixe comme objectif de réduire la facture d'importation dans une échéance de 3 ans. Notons, enfin, que les mesures prises par le gouvernement afin de réduire les importations et encourager la production locale de médicaments ont permis de baisser la factures des importations à hauteur de 6,53% (-12 millions de dollars), passant ainsi de 1,86 milliard de dollars en 2008 à 1,74 milliard à la fin de l'année 2009.