Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi Fihri, a appelé à l'extension de l'initiative d'Agadir, pour faire de la région non seulement un espace de libre-échange, mais aussi un cadre participatif et d'intégration élargie englobant toutes les questions stratégiques, politiques et de droits de l'Homme. L'accord d'Agadir, signé en 2004 pour la création d'une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, permet aux quatre pays d'importer une matière première d'Europe, de la transformer et d'exporter vers les pays signataires un produit fini exonéré des droits de douane. S'exprimant vendredi, à Rabat, à l'ouverture du Forum international sur la transition démocratique et les processus constitutionnels dans le monde arabe, le ministre a rappelé que le Maroc était à l'origine, en 2001, de cette initiative qui demeure ouverte aux autres pays arabes méditerranéens. Le Liban avait entamé des consultations en vue de son adhésion à l'accord d'Agadir auquel sont, en principe, éligibles, tous les pays arabes riverains de la Méditerranée et liés à l'UE par un accord d'association. Mais l'Algérie a opposé un net refus aux sollicitations de l'UE et de ses voisins maghrébins, préférant, officiellement, une intégration économique chapeautée par l'UMA ( Union du Maghreb Arabe), qui regroupe l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. L'appel du diplomate marocain répond à cet objectif de contribuer à l'édification d'une économie maghrébine compétitive et intégrée, à réaliser des projets mixtes, à promouvoir les échanges commerciaux intermaghrébins et à renforcer les investissements et la circulation des biens et des capitaux entre les pays du Maghreb. Sachant que le niveau de ce commerce ne dépasse guère 5 à 6% du volume total du commerce extérieur des cinq pays membres. Fort d'une économie de plus de 224 milliards de dollars de PNB, ce groupement, qui recèle d'importantes ressources naturelles et énergétiques, est en droit de se targuer de sa proximité géographique de l'UE, un marché de 450 millions de consommateurs. En s'unissant, le Maghreb est capable de s'imposer face aux autres ensembles plus puissants dont l'Union européenne. L'édification de telle structure régionale permet d'aplanir les difficultés et de mettre sur pied un marché maghrébin pour plus de 100 millions de consommateurs potentiels dans les cinq pays membres de l'UMA, qui sera appelé à s'élargir pour englober un marché arabe de libre-échange. L'Accord d'Agadir reste un modèle de la dynamisation de la coopération économique entre les pays arabes qui disposent de plusieurs potentialités matérielles et humaines capables de leur assurer un degré élevé d'intégration. Selon des observateurs, la plate-forme est adéquate pour le renforcement de l'intégration entre eux et avec l'Union européenne grâce à l'ouverture économique, aux politiques économiques suivies et aux taux de croissance enregistrés. Les secteurs de l'automobile et du textile peuvent servir de modèle d'intégration économique pour les pays signataires, selon les spécialistes. Le nombre de sociétés spécialisées dans le secteur du textile dans les quatre pays s'élève à 7 000 (3270 en Egypte, 2128 en Tunisie, 1 612 au Maroc et 52 en Jordanie), alors que le nombre des employés atteint 850.000 personnes et la valeur des exportations est de l'ordre de 9 milliards d'euros. Pour ce qui est du secteur automobile, il est relativement neuf mais prometteur. Il emploie plus de 70 000 personnes, alors que la valeur de ses exportations est estimée à 1,5 milliard d'euros.