Les Bourses européennes ont de nouveau terminé en baisse, avant-hier, signant une quatrième séance consécutive dans le rouge, les investisseurs restant inquiets de la situation en Grèce et en Espagne. A Paris, le CAC 40 a terminé sur un repli de 1,2% à 3 011,99 points. Le Footsie britannique a cédé 1,24% et le Dax allemand 1,18%, tandis que l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 reculait de 1,05%. Les financières, fortement corrélées aux aléas de la crise de la dette, ont encore compté parmi les plus fortes baisses en Europe. L'indice Stoxx600 des valeurs bancaires européennes a chuté de 2,61% pour tomber à plus bas historique en clôture de 79,50 points. La banque espagnole Bankia a dégringolé de 14,08% après les informations de El Mundo sur des retraits massifs d'argent. A Paris, Crédit agricole cède 3,51%, BNP Paribas 3,96%, et Société générale 3,64%. Signe de ce climat morose sur les marchés, les investisseurs ont essentiellement plébiscité les valeurs européennes les plus "défensives", à savoir les moins liées à la conjoncture économique. Seules AB Inbev (+0,04%) et L'Oréal (+0,05%) ont résisté au sein de l'EuroStoxx 50. En Grèce, les inquiétudes se sont encore accrues après l'annonce de retraits massifs effectués par les citoyens de leurs comptes en banque en raison des incertitudes économiques et politiques. L'hypothèse d'une sortie de la zone euro du pays se renforce ainsi chaque jour un peu plus même si les dirigeants européens excluent pour l'instant ce scénario. Le président de la commission européenne, José Manuel Barroso a déclaré, avant-hier, aux Nations unies que l'Union européenne honorerait ses engagements à l'égard de la Grèce pour s'assurer de son maintien dans la zone euro. La tension est aussi montée d'un cran en Espagne après des informations du quotidien El Mundo (démenties par la suite par Madrid) faisant état de retraits massifs d'argent de la part des clients de la banque espagnole Bankia, nationalisée la semaine dernière. Les craintes sur la situation économique de l'Espagne sont d'autant plus fortes que l'économie espagnole est officiellement retombée en récession au premier trimestre avec une nouvelle contraction de 0,3%, selon les données définitives de l'Institut national de la statistique. Les investisseurs européens n'ont par ailleurs guère été encouragés par les statistiques américaines du jour, jugées décevantes. Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont restées stables aux Etats-Unis lors de la semaine au 12 mai, à 370 000, alors qu'une légère baisse avait été anticipée. De la même façon, l'indice des conditions d'activité manufacturière de la Réserve fédérale de Philadelphie a, contre toute attente, nettement reculé en mai, tombant même sous la barre de zéro séparant croissance et contraction de l'activité. Wall Street finit en nette baisse, se cherche un second souffle La Bourse de New York a fini en nette baisse, avant-hier, incapable de retrouver un second souffle face au chaos grec et des statistiques moins bonnes qu'attendu aux Etats-Unis: le Dow Jones a cédé 1,24% et le Nasdaq 2,10%. Selon les chiffres définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a perdu 156,06 points à 12 442,49 points, son plus bas en séance, et le Nasdaq, à dominante technologique, 60,35 points à 2 813,69 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a reculé de 1,51% (-19,94 points) à 1 304,86 points. Wall Street a ouvert en baisse et, après une rapide tentative de rebond, a creusé son repli au fil de la journée, pour accélérer les pertes en fin de séance. Je n'aime pas la clôture de ce soir: une telle accélération de fin de séance n'est jamais bonne, a déclaré Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis, soulignant que ça fait plusieurs fois (en peu de séances) que l'on finit sur des plus bas. L'indice Dow Jones a ainsi terminé à son plus bas niveau depuis le 17 janvier. Et pour la première fois en sept mois, l'indice composite des indicateurs économiques américains a baissé en avril, de 0,1% par rapport à mars, où il avait augmenté de 0,3%. Ceci est le signe que l'économie des Etats-Unis peine à gagner de l'élan, selon le Conference Board, auteur du rapport. Dans ce contexte, les chiffres stables des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis n'ont apporté aucun réconfort. Aux Etats-Unis, les principaux indicateurs sont légèrement inférieurs à ce qui était attendu et se sont ajoutés aux développements en Europe, ce qui a mis le marché sur la défensive, a dit de son côté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. Les investisseurs américains, qui avaient pu croire au début de l'année que la crise était contenue, se remettaient à suivre toutes les péripéties politiques à Athènes. Et en premier lieu, celles entourant l'organisation du prochain scrutin, le 17 juin. Le marché obligataire a fini en légère hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 1,702% contre 1,765% la veille, et celui à 30 ans à 2,805% contre 2,906%. Tokyo finit en hausse de 0,86% en raison d'achats opportunistes La Bourse de Tokyo a terminé la séance en hausse de 0,86%, de nombreux investisseurs profitant d'une pause dans la tourmente grecque pour rafler des actions récemment tombées à bas prix. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a gagné 75,42 points à 8 876,59 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau est monté plus nettement de 1,12%, grimpant de 8,28 points à 747,16 points. L'activité a été moyenne, avec 2,08 milliards d'actions échangées sur le premier marché. La cote a été tirée par des achats opportunistes réalisés à la faveur d'une légère accalmie en Grèce endettée. Après dix jours de tractations politiques infructueuses pour former un gouvernement de coalition, un exécutif "de service" a été nommé la veille à Athènes pour expédier les affaires courantes et préparer un scrutin législatif, le deuxième en moins de deux mois. La poussée des adversaires de l'austérité lors de la première élection, le 6 mai, aux dépens des partis traditionnels (socialistes et conservateurs), a semé l'effroi sur les marchés ces deux dernières semaines. Nombre d'investisseurs à travers le monde craignent une sortie de la Grèce de la zone euro, dont les conséquences sont difficiles à anticiper pour l'union monétaire du Vieux continent. La nomination d'un exécutif grec de transition a toutefois quelque peu apaisé le marché tokyoïte, qui avait terminé la séance de la veille à son plus bas niveau depuis trois mois et demi. Reste que le léger rebond observé, avant-hier, apparaissait simplement technique à certains opérateurs qui craignaient de nouveaux troubles dans les semaines à venir, prévues agitées au sein d'une zone euro au bord de la récession. "Le marché est complètement focalisé sur la Grèce en ce moment et rien, pas même d'excellents chiffres de la croissance japonaise, ne peut changer son état d'esprit", a expliqué Nicholas Smith, courtier chez CLSA, cité par Dow Jones Newswires. Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a augmenté de 1,0% au premier trimestre par rapport au précédent, a annoncé le gouvernement nippon juste avant l'ouverture de la Bourse. Cette croissance solide a été principalement due aux dépenses publiques de reconstruction du nord-est de l'archipel dévasté par le tsunami du 11 mars 2011 et aux fortes ventes de voitures peu gourmandes en carburant, encouragées par des subventions gouvernementales. M. Smith s'est étonné que le marché ne rebondisse pas davantage au vu des circonstances. "Lorsqu'on voit la récente chute des prix, le niveau ridiculement bas de nombreuses actions et les perspectives assez favorables des entreprises japonaises, on se dit que la reprise est à portée de main, mais rien n'y fait, en tous cas pas encore", a-t-il énuméré. Les géants de l'électronique, en difficulté financière et laminés ces dernières semaines à la Bourse, ont fait l'objet de chasses aux bonnes affaires. Sony, dont le titre a récemment plongé à son plus bas niveau depuis 30 ans, a bondi de 3,85% à 1161 yens, Panasonic de 3,48% à 565 yens et Sharp de 5,68% à 391 yens. Les constructeurs automobiles ont aussi bénéficié de ce phénomène, mais dans une moindre mesure car ils sont tombés moins bas, leurs perspectives d'affaires étant meilleures: Toyota a gagné 1,45% à 3145 yens, Nissan 3,32% à 777 yens et Honda 2,31% à 2660 yens. Les banques aussi ont repris quelques couleurs, après avoir chuté sur fond d'inquiétude quant au système financier: Mizuho Financial Group est monté de 2,58% à 119 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group de 2,17% à 2393 yens. Leur concurrente Mitsubishi UFJ Financial Group a aussi repris 2,03% à 351 yens, malgré l'ordre reçu d'un tribunal américain de geler quelque 2,6 milliards de dollars d'avoirs iraniens en lien avec un attentat anti-américain commis à Beyrouth en 1983. Les compagnies d'électricité ont en revanche chuté de nouveau, à cause d'inquiétudes sur leur capacité à bien franchir l'été, une période habituelle de pic de consommation au Japon en raison de l'utilisation massive des climatiseurs. Tokyo Electric Power, chargée d'alimentation de la région de Tokyo, a cédé 2,94% à 165 yens et Kansai Electric Power (centre-ouest) 0,74% à 1079 yens. Actuellement privées de tous leurs réacteurs 14 mois après l'accident de Fukushima, ces firmes doivent augmenter leurs importations d'hydrocarbures pour élever la production de leurs centrales thermiques, mais cela pourrait ne pas suffire. Les autorités envisagent de demander aux usagers de l'ouest industriel de réduire de 20% leur consommation de courant pour éviter d'avoir à couper ponctuellement l'électricité.