Les salariés du pôle frais du groupe volailler Doux seront fixés, lundi, sur leur sort. Le tribunal de commerce de Quimper (Finistère) se prononcera en effet le 10 septembre à 15h sur les offres de reprise partielles des sites de ce pôle, selon Nadine Hourmant, déléguée syndicale FO. Le pôle frais du groupe Doux a été placé en liquidation judiciaire le 1er août avec maintien de l'activité jusqu'au 10 septembre, le reste des activités bénéficiant encore d'une période d'observation jusqu'au 30 novembre. Le groupe, qui emploie un total de 3 400 personnes et croule sous une dette de plus de 430 millions d'euros, a été placé en redressement judiciaire fin juin. Le tribunal de commerce a examiné la veille à huis clos les offres de reprise partielle. L'ambiance était tendue aux abords du palais de justice, à l'image de l'arrivée chahutée du P-DG Charles Doux, accueilli par des insultes et des jets d'œufs de salariés venus manifester, selon des témoins. Environ 150 personnes, selon une estimation policière, avaient répondu à l'appel des syndicats pour manifester leur désarroi à l'occasion de l'audience, qui a duré quatre heures et demie. Une audience à laquelle ne pouvaient assister que les personnes munies d'une convocation, "sur décision du procureur de la République et du président du tribunal", a précisé une greffière. La porte d'entrée du palais de justice était couverte d'autocollants de la CGT tandis qu'une banderole plantée dans les grilles proclamait: "Groupe Doux, non à la misère". Le tribunal se prononcera, lundi, sur les offres de reprise partielles des différents sites qui constituent le pôle frais du groupe volailler. Selon un dernier pointage des syndicats, ces offres conduiraient au licenciement de 1 042 salariés sur 1 562 CDI (contrats à durée indéterminée), aucune offre n'ayant été formulée pour le site de Graincourt (Pas-de-Calais) et le sort de celui de Blancafort (Cher) restant incertain. "Le procureur a dit qu'il fallait que le plus d'emplois possibles soient préservé, sans se prononcer sur les offres elles-mêmes", a déclaré Joachim Fornes, délégué CFDT, qui a assisté aux débats à huis clos. "Aujourd'hui, le tribunal doit prendre ses responsabilités", a déclaré Nadine Hourmant, déléguée Force ouvrière. "Il va devoir statuer sur des fermetures de site et des licenciements. C'est un vrai gâchis social. C'est plus qu'un échec parce que d'autres solutions étaient possibles", a-t-elle poursuivi en citant l'offre de reprise globale du groupe formulée par le fonds français Profitéol, rejetée par le tribunal de commerce le 1er août dernier.La CGT, qui croit encore à une solution de reprise globale, a sollicité dans une lettre remise à la presse le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll pour une "nouvelle rencontre" (...) "pour prendre des décisions industrielles et économiques qui sauvegarderaient le groupe et la filière avicole française". L'avenir de Doux est l'un des dossiers sociaux épineux échus au gouvernement du socialiste Jean-Marc Ayrault. Une porte-parole du ministre délégué à l'industrie agroalimentaire Guillaume Garot avait annoncé des rencontres avec les représentants des repreneurs pour tenter d'obtenir des améliorations de leurs offres mais les syndicats affirment ne pas avoir eu de nouvelles. "On n'a reçu aucun soutien du gouvernement", expliquait Jacques Carré, un manifestant cégétiste venu de Graincourt. "Nous, on n'a plus d'espoir. On a fait dix heures de route en louant des minibus juste pour montrer qu'on existait encore, mais Charles Doux ne nous a même pas regardés. Depuis la semaine dernière, l'usine ne tourne plus. Ils ont même brisé les cadenas de nos casiers pour vider nos affaires personnelles."