Le chef du groupe pétrolier ExxonMobil au Nigeria a mis en garde les autorités de ce pays contre l'adoption d'une nouvelle loi portant réorganisation du secteur pétrolier qui, selon lui, porterait un coup d'arrêt à l'investissement en raison d'une fiscalité trop forte. Mark Ward, également à la tête d'un groupe représentant les principales compagnies pétrolière opérant au Nigeria, plus grand pays producteur d'Afrique, a estimé que la nouvelle législation, si elle était adoptée, compromettrait les efforts du gouvernement tendant à accroître les investissements pour augmenter la production pétrolière. Le Nigeria tire quelque 80% de ses revenus du pétrole. Les nouveaux investissements dans le secteur pétrolier ont été limités ces dernières années en raison de l'incertitude entourant l'adoption ou pas de la nouvelle législation. Très franchement, les investissements énormes dont a besoin l'industrie pétrolière sont sérieusement menacés par le contenu de la PIB (Petroleum Industry Bill), la loi sur l'industrie pétrolière, a déclaré M. Ward dans le cadre d'un forum qui s'est tenu dans la capitale économique Lagos. Si le texte est adopté sans amendements majeurs, les aspirations du gouvernement de renforcer l'industrie pétrolière n'aboutiront pas, a souligné M. Ward. Le ministre du Pétrole, Diezani Alison-Madueke, a quant à lui qualifié la proposition de loi de juste tant pour le gouvernement que pour les compagnies pétrolières et les Nigérians qui ont toujours réclamé une refonte de la législation de cette industrie qui a fortement pollué la région pétrolière du Delta du Niger, dans le sud du pays. Selon M. Ward, la nouvelle loi prévoit de faire passer les prélèvements du gouvernement à plus de 90% du revenu net. Selon une source proche du dossier, les prélèvements actuels avoisinent les 86%. Le Nigeria possède déjà l'un des régimes fiscaux les plus onéreux et maintenant le gouvernement voudrait le rendre encore plus dur ?... C'est difficile à comprendre, a relevé le responsable pétrolier. Tout espoir de développer la production lucrative en eaux profondes serait compromise si la proposition de loi passait en l'état, a-t-il encore souligné. S'agissant des eaux profondes, c'est fini. Aucun investissement ne pourra être rentable aux termes de la loi PIB, a précisé M. Ward. Le Parlement nigérian vient d'achever sa session. Selon les députés, la nouvelle loi sera une des premières à l'ordre du jour de la nouvelle session.