Les Bourses européennes ont ouvert en net recul, hier, l'enthousiasme suscité vendredi par les bons chiffres de l'emploi aux Etats-Unis ayant fait long feu. À Paris, le CAC 40 chute de 1,34% à 3 410,67 points dans les premières cotations. À Francfort, le Dax plonge de 1,38% et à Londres, le FTSE recule de 0,84%. L'Eurostoxx 50 cède 1,27%. La Bourse de Tokyo était fermée, hier. Les incertitudes pesant sur la croissance mondiale sont dans tous les esprits avant le début de la saison des résultats trimestriels des entreprises. "L'euphorie provoquée par les chiffres de l'emploi américain n'a pas duré", constate un trader basé à Paris. "La situation s'améliore peut-être un peu aux Etats-Unis, mais notre principale source d'inquiétude en ce moment est la Chine." La Banque mondiale vient de réduire ses prévisions de croissance pour la région Asie-Pacifique en prévenant que le ralentissement économique chinois pourrait s'aggraver et durer plus longtemps que prévu. L'Espagne est également sous les projecteurs après de nouvelles manifestations la veille contre la politique d'austérité et les menaces d'appel à la grève générale lancées par les syndicats si le gouvernement de Mariano Rajoy, n'organise pas un référendum sur les nouvelles coupes budgétaires. En attendant une éventuelle demande d'aide de l'Espagne, les ministres des Finances de la zone euro lanceront formellement ce lundi le nouveau fonds de sauvetage permanent, le Mécanisme européen de stabilité (MES) de 500 milliards d'euros. Les rendements de la dette espagnole restent pour l'instant soutenables, mais les analystes s'attendent à ce qu'ils remontent si la Banque centrale européenne (BCE) n'active pas son plan de rachat d'obligations. Les futures sur Bunds, qui avaient chuté vendredi, ont ouvert en hausse de 40 "ticks" à 141,27, autre signe que l'appétit pour le risque est retombé. Si la prudence est de mise, les investisseurs trouveront un peu de réconfort dans l'annonce d'une nette hausse des exportations allemandes en août, alors que les économistes s'attendaient à les voir baisser sous l'effet de la crise. Reste qu'après le rally estival et une nouvelle progression de 3,1% de l'indice paneuropéen Eurostoxx 50 la semaine dernière, la tendance est plutôt à la baisse. "Nous sommes arrivés à un niveau où les marchés ont besoin d'un peu plus d'éléments concrets de visibilité à moyen terme pour que les prix montent encore", estime Ric Spooner, analyste boursier chez CMC Markets. Paris: le CAC en baisse soumise à des prises de bénéfices La Bourse de Paris était dans le rouge, hier matin (-1,35%), soumise à des prises de bénéfices après sa hausse de vendredi, et dans un marché toujours suspendu au sort de l'Espagne, avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro. Dans les premiers échanges, l'indice CAC 40 perdait 46,75 points pour s'inscrire à 3 408,76 points. "Le sort des marchés européens reste intimement lié aux interrogations sur l'Espagne" et cette incertitude sur la demande d'aide financière de Madrid pèse sur la cote, écrivent les économistes du courtier IG Market dans leur note quotidienne. La Banque de France (BdF) a confirmé, hier, son estimation d'un recul de 0,1% du Produit intérieur brut (PIB) de la France au troisième trimestre, après trois trimestres consécutifs de stagnation de l'activité économique du pays. Parmi les rares hausses, on note PPR (+1,56% à 123,6 euros) dopé par un éventuel projet d'introduction en Bourse de sa filiale la Fnac. Air France - KLM était également bien orienté (+1,33% à 5,47 euros) alors que la compagnie aérienne a annoncé avoir signé des accords de partage de codes avec Etihad et Air Berlin pour proposer à compter du 28 octobre "un choix plus vaste de destinations" à leurs clients. EADS cédait 0,83% à 26,28 euros, dans un marché préoccupé par les perspectives de fusion avec le britannique BAE après que l'actionnaire principal de ce dernier, Invesco, a émis des réserves. Lagardère cédait 1,63% à 21,44 euros. Le groupe n'a pas obtenu les droits de diffusion, de sponsoring et de "licensing" pour l'Euro 2016. Vivendi était quasi stable (+0,06% à 15,45 euros). Le groupe envisage de céder sa participation de 53% dans l'opérateur de téléphonie mobile Maroc Telecom, dont la valeur atteindrait 4 milliards d'euros, écrit le Financial Times. Metex cédait 4,18% à 2,98 euros. L'entreprise française de chimie du végétal Metabolic Explorer (MetEx) va supprimer 37% de ses effectifs. Enfin, le titre Europacorp était en forte hausse (+7,59% à 3,40 euros) dopée par le succès du film Taken 2 dont il est le distributeur. Londres: le Footsie en baisse, les principales valeurs dans le rouge La Bourse de Londres évoluait en baisse, hier matin, dans un mouvement de baisse généralisée entraîné par les minières et les banques, alors que les investisseurs s'interrogeaient sur la situation en zone euro. L'indice FTSE-100 des principales valeurs perdait 51,69 points peu après l'ouverture, soit une baisse de 0,88% par rapport à la clôture de vendredi, à 5 819,33 points. "Les données économiques et les divers indicateurs de confiance ont décliné récemment, ce qui n'aide pas le moral du marché", a commenté Simon Furlong, courtier chez Spreadex. Toutes les valeurs vedettes étaient dans le rouge lundi matin, à commencer par les minières comme Fresnillo (-2,87% à 1 910,6 pence), Vedanta (-2,36% à 1 075 pence), ENRC (-2,05% à 326,4 pence). Les banques reculaient également, à l'image de Lloyds Banking Group (-1,55% à 37,2 pence) ou Royal Bank of Scotland (RBS) (-1,48% à 259,6 pence). Le groupe de défense BAE Systems perdait pour sa part 1,34% à 323,7 pence. Son premier actionnaire, la société d'investissements Invesco Perpetual, a fait part lundi de "réserves significatives" concernant son projet de fusion avec le groupe européen EADS. Francfort: le Dax en net repli, prudence généralisée Après l'enthousiasme des investisseurs, vendredi, grâce aux bons chiffres de l'emploi américain, le soufflé était retombé, hier matin, à la Bourse de Francfort qui partait en forte baisse. L'indice vedette Dax était en recul de 1,43% à 7 291,72 points dans les premiers échanges. Vendredi il avait terminé sur un gain de 1,27%. Le MDax perdait 1,13% à 11 221,32 points. Comme déjà sur les Bourses asiatiques, les investisseurs se montraient prudents à Francfort avant le coup d'envoi aujourd'hui, avec le géant américain de l'aluminium Alcoa, de la saison des résultats du troisième trimestre dans un contexte économique mondial morose. Toutes les valeurs du Dax étaient dans le rouge. Selon le Handelsblatt, Deutsche Telekom (-1,79% à 9,32 euros) pourrait accuser une perte nette comprise entre 4,4 et 5,5 milliards d'euros cette année, à cause d'énormes dépréciations liées à la vente prévue de sa filiale T-Mobile USA au concurrent MetroPCS. Les valeurs financières allemandes étaient aussi en difficulté, comme à chaque fois que la crise de la zone euro occupe les esprits: Deutsche Bank lâchait 1,9% à 32,2 euros, Commerzbank 2,27% à 1,42 euro, l'assureur Allianz 1,58% à 91,48 euros. Sur l'indice des petites valeurs SDax (-0,13%), la compagnie aérienne Air Berlin surnageait (+0,58% à 1,57 euro) grâce à l'annonce d'un accord de partages de codes avec Air France-KLM. Suisse : pertes sur un large front avant le sommet européen La Bourse suisse a ouvert en baisse, hier, sur un large front. Après avoir engrangé près de 3% la semaine dernière, le SMI entre dans une phase de consolidation, indiquent des intervenants. Les indications préalables sont globalement négatives. Dans les premières cotations, le SMI cédait 0,56% à 6 637,26 points, le SLI 0,81% à 987,39 points et le SPI 0,54% à 6 129,26 points. Le gérant de fortune Julius Bär (action -1,1%) a précisé les modalités de son augmentation de capital liée à l'achat des activités internationales Wealth Management de Merrill Lynch. Les actionnaires auront droit à 3 nouvelles actions pour 29 anciennes, au prix de 24,20 francs suisse. La banque prévoit des revenus bruts de l'ordre de 492 millions de francs suisse. Mi-août Julius Bär avait annoncé que l'opération lui coûtait 860 millions de francs suisse. Aux financières, CS lâchait 1,8% et UBS 1,7%, et ce sans nouvelle particulière. Les deux titres avaient fortement progressé vendredi. Bâloise affichait également une perte significative de 1,4%. Les cycliques faisaient aussi nettement moins bien que l'indice. Adecco s'enfonçait de 2,1%, Clariant se repliant pour sa part de 1,9%, Swatch de 1,6%, Sulzer de 1,5% et ABB de 1,2%. Holcim tirait son épingle du jeu et montait de 0,1%, là aussi sans nouvelle particulière. Givaudan perdait 0,2%. Le fabricant de parfums et d'arômes ouvre demain la saison des résultats sur neuf mois, avec la publication de son chiffre d'affaires. Les ventes devraient être nettement supérieures à celles de l'an dernier sur la même période, selon des analystes. Vendredi, l'action a pris près de 2% après son intégration dans la "European Chemicals Most Preferred List" d'UBS. Les valeurs défensives offraient une image contrastée. Roche et Novartis reculaient de 0,4% chacun, alors que Nestlé (+0,1%) freinait la baisse de l'indice. Le CEO Joe Jimenez a indiqué dans la presse que le groupe s'attendait à trois trimestres difficiles suite à l'expiration du brevet du médicament contre l'hypertension Diovan aux Etats-Unis, mais que tout devrait revenir dans l'ordre dans la deuxième moitié de 2013. Pour les intervenants, il n'y a rien de vraiment nouveau. Sur le marché élargi, EFG International (-1,7%) procède au lancement en Bourse définitif de sa filiale EFG Financial Products (EFG FP). Le groupe bancaire zurichois estime que la capitalisation en résultant sera comprise entre 267 millions et 333 millions de francs suisse. Charles Vögele (+16%) serait en vente. La presse dominicale alémanique a fait état d'investisseurs étrangers ayant déposé une offre de reprise. Il ne s'agirait pas d'investisseurs financiers, mais d'une chaîne internationale de vêtements. Bossard (action +2,4%) vend sa filiale nord-américaine Bossard Metrics à Lindstrom Metric, société du groupe Harbour. En 2011, Bossard Metrics a généré un chiffre d'affaires de 9,5 millions de dollars. Elle emploie 23 personnes. Aucune information n'a été divulguée quant au prix de la transaction.