Le président congolais sortant, Denis Sassou Nguesso, qui cumule 32 ans de pouvoir à la tête de son pays, a été réélu dès le premier tour lors du scrutin présidentiel de dimanche avec 60% des voix, a annoncé jeudi le ministre de l'Intérieur Raymond Zéphyrin Mboulou. M.Mboulou a fait cette annonce à la télévision nationale, après avoir égrené pendant plus de deux heures et demie les résultats locaux à l'échelle des circonscriptions du pays. Selon le décompte officiel, Guy- Brice Parfait Kolélas arrive deuxième avec un peu plus de 15% des voix, et le général Jean- Marie Michel Mokoko troisième avec environ 14%. Mercredi, ces deux candidats d'opposition avaient contesté les résultats partiels publiés la veille par la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), qui donnait M. Sassou Nguesso en tête avec 67% des voix. Comment voulez-vous qu'on accepte un tel résultat', a déclaré le général Mokoko en appelant à un recompte des voix. Je savais d'avance que les dés étaient pipés, mais nous avions accepté de jouer le jeu, a ajouté celui qui était jusqu'en février conseiller du président Sassou Nguesso pour les affaires de paix et de sécurité, déplorant que les résultats publiés par la CNEI n'aient fait qu'avérer, selon lui, ses présuppositions. Vivien Manangou, porte-parole de M. Kolélas, a estimé pour sa part que la réélection de M. Sassou Nguesso relevait d'une fraude massive et de la magie. La candidature de M. Sassou Nguesso, né en 1943, a été rendue possible après un récent changement de constitution qualifi é de coup d'Etat constitutionnel par les détracteurs du président sortant. La consultation électorale de dimanche, pour laquelle concouraient neuf candidats, s'est déroulée en l'absence de télé- communications dans l'ensemble du pays. Les autorités avaient déclaré avoir ordonné ce blackout à la veille du scrutin pour des raisons de sûreté nationale afin d'empêcher l'opposition de commettre une illégalité en publiant elle-même les résultats de l'élection. M. Sassou Nguesso a dirigé le Congo, petit pays pétrolier d'Afrique centrale, sous le régime du parti unique de 1979 à 1992. Battu cette année-là par Pascal Lissouba à l'élection pré- sidentielle organisée après l'instauration du multipartisme, il est revenu au pouvoir en 1997 à l'issue d'une violente guerre civile. Il a été élu président en 2002 puis en 2009. Une Commission de suivi sur le Soudan du Sud adoptée à Genève L'ONU renforce son suivi face aux nombreuses violations dénoncées au Soudan du Sud. Le Conseil des droits de l'homme a adopté tard mercredi à Genève le lancement d'une Commission pour un an renouvelable et a prorog é le mandat de la Commission d'enquête sur la Syrie. Il y a deux semaines, le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme avait dénoncé des abus "particulièrement choquants" en 2015 au Soudan du Sud. Plus de 1300 viols ont été observés dans un seul Etat de ce pays. La résolution du Conseil a été approuvée sans vote. La Commission sera constituée de trois membres. Ils devront être nommés par le président du Conseil des droits de l'homme au plus tard début juillet, à la fin de la prochaine session de l'enceinte. Sur la Syrie, la Commission d'enquête dirigée par Paulo Sergio Pinheiro et dont la Tessinoise Carla Del Ponte est membre pourra poursuivre ses investigations. Sa prolongation d'un an été validée par 27 Etats contre six oppositions et 14 abstentions. Même conclusion pour les rapporteurs spéciaux sur les situations en Iran et en Corée du Nord, respectivement prorogés par 20 voix contre 15 et 11 abstentions et sans vote. Le Conseil a décidé d'aider le second en demandant au Haut Commissaire aux droit de l'homme Zeid Raad al-Hussein de nommer deux experts indé- pendants pour six mois au maximum. Parmi les 18 autres résolutions déjà validées mercredi soir, la volonté suisse d'organiser en juin un débat de haut niveau pour les dix ans du Conseil des droits de l'homme a été entendue. Berne avait proposé une discussion avec la participation des dix pré- sidents du Conseil et elle comme Etat hôte. Cet élément ne figure pas dans la résolution adoptée sans vote qui encourage tous les Etats membres à s'associer à cette réunion. Une autre rencontre aura lieu également lors de la prochaine session pour célébrer les 30 ans de la Déclaration sur le droit au développement. Par ailleurs, le Conseil a renouvel é pour trois ans les mandats du rapporteur spécial sur la protection des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme et de celui sur la liberté de religion. Sur les marchés financiers, le Conseil appelle les Etats à lancer d'urgence une réforme pour pré- venir l'instabilité, le surendettement et les crises financières. Le Conseil doit encore se prononcer jeudi sur 17 résolutions avant de terminer sa session de plus de trois semaines.