Un petit groupe de députés a finalement pu interroger dans sa prison la femme au cœur de la crise politique sud-coréenne, surnommée Raspoutine par les médias, qui a de nouveau rejeté toutes les accusations. Choi Soon-Sil, vieille amie de la présidente Park Geun-Hye, est actuellement poursuivie pour extorsion et abus de pouvoir, soupçonnée d'avoir profité de ses relations pour extorquer des sommes astronomiques aux conglomérats sud-coréens. Elle concentre la colère d'une population scandalisée par cette nouvelle affaire de corruption. Chaque samedi, des manifestants exigent le départ de la présidente, menacée par ailleurs de destitution. Les membres d'une commission parlementaire menant une enquête sur ce scandale retentissant ont plusieurs fois tenté d'entendre Mme Choi. Mais celle-ci n'a pas répondu à plusieurs de leurs convocations, ce qui a poussé les élus à se rendre eux-mêmes dans la prison pour l'entendre. Une audition retransmise à la télévision était prévue hier dans le centre de détention situé en banlieue de Séoul. Rencontre à huis clos Mme Choi a dans un premier temps refusé de sortir de sa cellule. Elle a finalement accepté de rencontrer à huis clos les huit députés. L'agence sud-coréenne Yonhap a rapporté, en citant les élus, que Mme Choi avait de nouveau rejeté toutes les accusations. Celle qui attend d'être jugée pour extorsion et abus de pouvoir s'est cependant dite prête à passer le restant de ses jours en prison et a présenté des excuses à la population pour avoir provoqué le désarroi, selon Yonhap. Elle a refusé de répondre à la majorité des questions lors de cette audition qui a duré trois heures. Deux ex-conseillers de la présidente, également détenus dans cette prison dans cette enquête, ont refusé de rencontrer les députés. On ne peut légalement contraindre un témoin à se présenter devant une commission d'enquête parlementaire. Mais refuser d'honorer une telle convocation est passible de poursuites pour outrage et d'une peine de cinq ans de prison. Les plus grands patrons ont été cuisinés par cette commission. S'ils ont démenti avoir troqué de l'argent contre des faveurs, ils ont laissé entendre qu'ils étaient régulièrement l'objet de pressions des autorités. Dimanche, Mme Choi a été entendue par les magistrats menant l'enquête judiciaire sur le scandale. Dans cette affaire, Mme Park est soupçonnée de collusion. L'Assemblée nationale a voté le 9 décembre une motion de destitution de la présidente, qui doit encore être entérinée par la Cour constitutionnelle dans un délai de 180 jours. Mme Park, qui dans ce laps de temps n'a plus de présidentiel que le titre, quitterait pour de bon la Maison Bleue et une présidentielle anticipée serait organisée dans les 60 jours, c'est-à-dire peut-être dès la fin mars.