Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi, les craintes commerciales ayant succédé au risque italien sur les marchés après l'annonce par les Etats-Unis de l'instauration de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium en provenance de l'Union européenne, du Mexique et du Canada. À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,53% à 5.398,4 points et le Footsie britannique a perdu 0,15%. Le Dax allemand, plus exposé aux tensions commerciales en raison de sa forte pondération en valeurs exportatrices, a lâché 1,4%. L'indice EuroStoxx 50 s'est replié de 1%, le FTSEurofirst 300 de 0,55% et le Stoxx 600 de 0,63%. Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a confirmé jeudi l'instauration de droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium importés aux Etats-Unis par l'Union européenne, le Canada et le Mexique à compter du 1er juin. Donald Trump avait accordé une exemption à ses partenaires, qui courait jusqu'à vendredi, afin d'encourager des négociations commerciales sur d'autres dossiers. Mais Wilbur Ross a indiqué jeudi que les discussions avec l'UE notamment n'avaient pas assez progressé pour justifier une prolongation de cette exemption. Bruxelles, qui réclamait des Etats-Unis une exemption permanente, a promis de prendre des mesures de rétorsion. Ce nouvel accès de tensions sur le dossier du commerce international a notamment pénalisé les valeurs automobiles européennes, d'autant que le président américain envisagerait par ailleurs d'interdire les voitures de luxe allemandes aux Etats-Unis. Ainsi, Volkswagen a reculé de 1,95%, Daimler de 1,89% et BMW de 0,95%. L'indice Stoxx du compartiment automobile a abandonné 1,04%. A Wall Street, le Dow Jones cède 0,6%, pénalisé par le repli des grandes valeurs industrielles comme Caterpillar (-1,38%), et le S&P 500 perd 0,16%.
Deutsche Bank décroche La baisse du compartiment bancaire a aussi pénalisé les indices actions en Europe. La faute à Deutsche Bank, dont le titre a chuté de 7,15% pour finir à un plus bas historique en clôture de 9,157 euros. Selon le Wall Street Journal, la Réserve fédérale américaine a estimé il y a un an que les activités de Deutsche Bank aux Etats-Unis étaient "en difficulté". Cet abaissement de statut - l'un des plus bas dans l'échelle d'évaluation de la Fed - n'avait jamais été rendu public jusqu'à présent. Dans la foulée, l'indice Stoxx des banques a chuté de 1,33%. A l'inverse de Deutsche Bank, d'autres valeurs se sont distinguées à la hausse comme Dassault Systèmes (+4,84%) qui a fini sur un record et en tête du Stoxx 600 à la faveur d'un avis positif de Goldman Sachs qui a intégré le titre dans sa "conviction list". En tête du CAC 40, Atos a bondi de 3,7%, porté par une note favorable de Kepler Cheuvreux. Les analystes de l'intermédiaire s'attendent à ce que la prochaine acquisition du groupe se fasse aux Etats-Unis où la société de services numériques doit diversifier son activité. Ils tablent également sur une amélioration du chiffre d'affaires au second semestre. La filiale Worldline a grimpé de 3,92%.
Bientôt un gouvernement en Italie ? Du côté de l'Italie, les investisseurs restent dans l'attente de savoir si le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue parviendront finalement à former un gouvernement ou si de nouvelles élections seront organisées, peut-être dès juillet. Selon des sources proches du M5S, les deux formations discuteraient de la possibilité de nommer l'économiste Giovanni Tria comme ministre de l'Economie. Cette information a favorisé un rebond de l'euro en toute fin de séance des marchés européens. La devise unique gagne 0,1% à 1,1675 dollar, après être tombée mardi jusqu'à 1,1506. Parallèlement, le rendement à 10 ans des emprunts d'Etat italiens est retombé à 2,753% après un pic à 3,388% mardi et la Bourse de Milan a cédé seulement 0,06%, portant à 2% son rebond en deux séances après un plongeon de 13% depuis le plus haut annuel touché le 7 mai. De son côté, le dollar recule de 0,1% face à un panier de devises de référence, les tensions commerciales ayant contrebalancé des statistiques américaines meilleures qu'attendu. Sur le marché pétrolier, les cours du brut évoluent en ordre dispersé, le baril de Brent avançant vers les 78 dollars quand le baril de brut léger américain (WTI) recule de plus de 1%, vers 67 dollars. Les stocks américains de pétrole brut ont diminué plus fortement que prévu la semaine dernière alors que les stocks d'essence et de produits distillés ont augmenté, a annoncé jeudi l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Wall Street finit en baisse La Bourse de New York a fini en baisse jeudi après la décision des Etats-Unis de taxer les importations d'acier et d'aluminium du Canada, du Mexique et de l'Union européenne, qui relance les craintes de guerre commerciale entre Washington et ses principaux alliés. L'indice Dow Jones a chuté de 251,94 points, soit 1,02%, à 24.415,84 avec 29 de ses 30 composantes dans le rouge. Le S&P-500, plus large, a perdu 18,74 points ou 0,69% à 2.705,27 alors que le Nasdaq Composite a limité son recul à 20,34 points (0,27%) pour finir à 7.442,18. Sur le mois, le Dow Jones n'en a pas moins gagné 1,1%, le S&P 2,2% et le Nasdaq 5,3%, soit leur meilleure performance mensuelle depuis janvier. Pour le Russell 2000, qui regroupe des valeurs plus petites et tournées pour la plupart vers le marché américain, la hausse a même atteint 5,9%, la meilleure performance depuis septembre 2017. Le secrétaire américain Wilbur Ross a annoncé l'instauration ce vendredi de droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium en provenance de l'Union européenne, du Canada et le Mexique, mettant fin à deux à deux mois d'exemptions accordées par le président Donald Trump. Le Mexique et le Canada ont immédiatement annoncé des taxes équivalentes sur les importations américaines et l'UE a promis des "contre-mesures" rapides, tout en décidant de saisir l'Organisation mondiale du Commerce. "Le marché craint des représailles et attend de voir surtout ce qui va venir de l'UE", déclare Zhiwei Ren, gérant chez Penn Mutual Asset Management à Horsham, en Pennsylvanie. "Mais plus généralement c'est encore une manoeuvre tactique des Etats-Unis qui utilisent les tarifs douaniers comme un levier pour d'autres négociations." "C'est de l'incertitude en plus", juge de son côté Shawn Cruz, stratège chez TD Ameritrade à Chicago. "Les tarifs ne concernent plus seulement la Chine mais aussi l'Amérique du Nord et la zone euro. Le marché est encore plus sensible à cela." Les frictions entre Washington et ses partenaires commerciaux ont agité les marchés financiers depuis l'annonce en mars des projets de tarifs sur l'acier et l'aluminium. Le président Trump a aussi lancé la semaine dernière une enquête sur les importations automobiles et, selon un journal allemand, il serait décidé à bannir les grosses berlines allemandes sur le sol américain. Caterpillar et Boeing, sensibles aux tensions commerciales, ont reculé de respectivement 2,28% et 1,68%, contribuant à la forte baisse du Dow Jones. Les représailles mexicaines sur les ventes américaines de cuisses de porc, de certains fruits et de fromages ont pesé sur les groupes agroalimentaires Tyson Foods (-3,92%), Kraft Heinz (-2,31%) et Mondelez (-1,03%). L'indice S&P des produits alimentaires transformés et de la viande a perdu 2,03% avec ses 11 composantes dans le rouge. A l'inverse, le sidérurgiste US Steel a gagné 1,71% mais son indice sectoriel S&P 1500 Steel (-0,12%) a cédé ses gains après l'annonce des contre-mesures mexicaines qui concernent aussi l'acier.
Les Techs font de la résistance Neuf des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en repli, les seules hausses - modestes - étant pour les services aux collectivités (+0,11%), aidés par leur profil défensif, et les technologiques (+0,02%). Alphabet et Facebook, en hausse de respectivement 2,09% et 2,19%, ont permis au Nasdaq de résister, profitant selon des analystes de premiers retours selon lesquels l'entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la protection des données ne leur fait aucun tort. La plus forte hausse du S&P-500 a été pour General Motors, qui a bondi de 12,87% après d'un investissement de 2,25 milliards de dollars (1,92 milliard d'euros) du japonais Softbank dans sa division consacrée au développement de véhicules autonomes, GM Cruise. La seule hausse, symbolique, du Dow a été pour le géant des cartes de crédit Visa qui a grignoté 0,06%. A la baisse, les distributeurs discount Dollar General (-9,37%) et Dollar Tree (-14,28%) ont été lourdement sanctionnés après l'annonce de ventes trimestrielles qui ont déçu les investisseurs. La chaîne d'habillement Guess a plongé de 19,44% après ses résultats publiés mercredi soir, sa plus mauvaise séance depuis août 2012, et Abercrombie & Fitch a lâché 7,34% dans la crainte d'une mauvaise surprise lors de sa publication trimestrielle vendredi.
L'euro poursuit son rebond Les volumes d'échange ont été étoffés avec 8,09 milliards de titres échangés contre 6,83 milliards la veille et une moyenne de 6,63 milliards sur les 20 dernières séances. Sur le marché des changes, le dollar a progressé face au dollar canadien et au peso mexicain mais il a reculé contre l'euro après l'annonce de formation d'un gouvernement en Italie, qui évite la convocation d'élections anticipées. La monnaie unique, déjà en hausse de 1,1% mercredi, a encore gagné 0,3% pour revenir juste sous 1,17 dollar alors qu'elle avait touché un plus bas de 10 mois de 1,1510 mardi. "L'Italie est redevenue un problème mais un problème qui semble contenu et représente moins un risque pour l'économie mondiale", explique Daniel Katzive, responsable de la stratégie changes de BNP Paribas à New York. Les annonces en Italie ont aussi entraîné une détente des rendements obligataires qui avaient auparavant monté. L'or a cédé 0,02% à 1.298,73 dollars. Sur le mois, il a perdu environ 1%, son deuxième mois consécutif de baisse. Ilyas A.