La Banque du Japon (BoJ) devrait annoncer la semaine prochaine que l'inflation restera sans doute inférieure à son objectif de 2% jusqu'à la fin de l'exercice budgétaire clos le 31 mars 2022, ont déclaré des sources jeudi, ce qui implique que la banque centrale restera ultra-accommodante durant tout ce temps. Cette faiblesse de l'inflation oblige la banque centrale à garder des taux proches de zéro, avec tout ce que cela implique pour les marges des banques, en particulier les banques régionales, confrontées au vieillissement de la population et à un exode des clients vers les grandes villes. Dans un rapport semestriel sur le secteur bancaire publié mercredi, l'institut d'émission observe que près de 60% des banques régionales risquent d'être en déficit dans une dizaine d'années si le crédit aux entreprises continue de diminuer. Dans ses nouvelles prévisions trimestrielles, qui paraîtront la semaine prochaine, la BoJ pourrait légèrement réduire ses projections de croissance et de prix sur l'exercice en cours, qui sera clos le 31 mars 2020, en raison du ralentissement de la croissance externe, ont ajouté les sources au fait de ses délibérations. La BoJ donnera également ses premières projections pour l'exercice budgétaire 2021, avec une inflation qui dépasserait 1,5% sans pour autant atteindre son objectif. "L'inflation tient mais n'accélère pas beaucoup", a dit l'une des sources. "L'inflation évoluera peu à peu vers les 2% mais la cadence sera au mieux modérée." Avec un objectif d'inflation hors de portée et une conjoncture mondiale morose, la BoJ, à l'instar des autres grandes banques centrales, doit remettre à plus tard la normalisation de sa politique monétaire. Au terme de sa réunion de politique monétaire de deux jours le 25 avril, la BoJ confirmera sans doute sa politique de pilotage des taux courts vers le seuil de -0,1% et des taux longs autour de zéro, politique dite de contrôle de la courbe des rendements. Elle devrait également répéter que l'économie japonaise renouera avec une expansion modérée au second semestre 2019. "Tant que l'économie est en bonne forme et qu'il n'y a pas de choc extérieur de grande ampleur, la BoJ peut rester sans rien faire même si l'inflation n'est pas à 2%", a expliqué l'une des sources. Au vu des prévisions publiées en janvier, la BoJ prévoit une inflation de base de 1,1% sur l'exercice en cours et de 1,5% sur le prochain, avec des taux de croissance respectifs de 0,9% et 1,0%.
Contraction du PMI manufacturier L'activité du secteur manufacturier au Japon s'est contractée en avril pour le troisième mois consécutif, sous l'effet d'un ralentissement des nouvelles commandes à l'exportation dont dépend fortement l'économie nippone, montrent les résultats préliminaires publiés jeudi de l'enquête réalisée par Markit/Nikkei auprès des directeurs d'achats. La version "flash" de l'indice PMI manufacturier s'est établi à 49,5 en avril en données corrigées des variations saisonnières, marquant un léger rebond par rapport à mars (49,2 en lecture définitive) mais restant pour un troisième mois consécutif sous le seuil de 50 qui sépare contraction et expansion de l'activité. "Le secteur manufacturier japonais s'est enlisé au début du deuxième trimestre à cause de facteurs ayant empêché toute croissance, tels que les relations sino-américaines et les inquiétudes liées à la croissance en Chine", souligne Joe Hayes, économiste chez IHS Markit, le cabinet d'études qui réalise l'enquête. Symbole des dangers qui menacent l'économie japonaise, le déclin des nouvelles commandes à l'exportation, tombées à un plus bas depuis juillet 2016, à 47,1 après 48,1 en lecture définitive en mars. Aux yeux de nombreux analystes, il est nécessaire que les Etats-Unis et la Chine parviennent à conclure enfin un accord commercial pour alléger les pressions qui pèsent sur l'économie japonaises. Les deux pays sont les deux premiers marchés du Japon à l'exportation.
Baisse des exportations Les exportations japonaises ont connu en mars un déclin pour le quatrième mois consécutif, sous l'effet d'un ralentissement de la demande extérieure dans un contexte de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux marchés du Japon à l'exportation. Les statistiques officielles publiées mercredi alimentent les inquiétudes autour de l'impact que pourrait avoir le recul de la demande extérieure sur les bénéfices des entreprises et leurs investissements, avec des conséquences néfastes pour les salaires et la consommation. D'après les données du ministère des Finances, les exportations du Japon ont diminué le mois dernier de 2,4% en rythme annuel, après une chute de 1,2% en lecture définitive en février. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une diminution de 2,7%. En mars, les exportations du Japon vers la Chine - son principal partenaire commercial - ont diminué de 9,4% sur un an, alors qu'elles avaient progressé de 5,6% le mois précédent. Les exportations japonaises à destination des Etats-Unis ont pour leur part augmenté de 4,4% en mars en rythme annuel, portées par les livraisons d'automobiles. Les importations en provenance des Etats-Unis ont reculé de 0,2%. En conséquence, l'excédent commercial du Japon avec les Etats-Unis s'est creusé, progressant de 9,8% pour s'établir à 683,6 milliards de yens (5,4 milliards d'euros environ). Ces données ont été publiées à la conclusion d'un premier cycle de discussions commerciales entre représentants américains et japonais, lundi et mardi à Washington. Donald Trump dénonce les pratiques commerciales du Japon, estimant que Tokyo agit de manière déloyale à l'égard des Etats-Unis en exportant des millions d'automobiles sur le territoire américain tout en bloquant les importations de voitures américaines. Le président américain a menacé à plusieurs reprises d'instaurer des droits de douane de 25% aux automobiles importées aux Etats-Unis, notamment en provenance du Japon. Selon les statistiques du ministère japonais des Finances, les exportations de voitures vers les Etats-Unis - qui comptent pour près des deux-tiers de l'excédent commercial annuel du Japon avec les Etats-Unis - ont augmenté de 5,1% en mars en rythme annuel.