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Ben Msâyeb, aux sources du dialectal
Evocation
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 09 - 2010

Ben Abdellah Mohamed Ben Ahmed Ben Msâyeb est né vers la fin du XVIIe siècle et est mort vers 1768 à Tlemcen. Il est l'un des premiers poètes à avoir fondé le genre haouzi aux côtés d'Ahmed Bentriki, Saïd Benabdellah Mandassi, dit Benzengli, Mohamed Bendebbah, Fqih Bensahla et son fils Boumédiène. L'usage de la poésie genre «haouzi» inaugure l'introduction de la langue dialectale arabe dans la musique andalouse chantée jusque-là en arabe littéraire sous forme de «mouwachah» et de «zedjal», perçus à l'époque comme les expressions les plus abouties de l'art poétique. Le haouzi, donc, subvertit les lois de la versification classique. Les historiens s'accordent à dire que cette poésie était apparue avec l'arrivée des Ottomans et le déclin, en 1554, de la dynastie zianide. Ben Msâyeb est issu d'une famille originaire d'Andalousie qui avait rejoint Tlemcen après la prise de Grenade en 1492. Comme tous les enfants de son époque, Ben Msâyeb fit ses études à l'école coranique. Contraint d'aider sa famille, il dut les interrompre pour aller travailler dans un atelier de tissage. Il tomba amoureux d'une jeune fille du nom d'Aïcha qui y venait souvent. Il lui écrivait alors à ses heures perdues des poèmes d'une rare intensité. Le geste est bien sûr réprouvé par la société car le poète n'hésite pas à désigner nommément sa bien-aimée. Si le fait va asseoir définitivement sa célébrité, il n'en demeure pas moins qu'il lui attirera les foudres de la famille de la jeune fille, qui ne peut du reste supporter ses aveux publics : «Men Aïcha la îcha wa la fi dhanni n'îch rani bel hedjra rachi» ce qui donne cette traduction approximative (Après Aicha, point de vie/ je ne pense pas pouvoir vivre/je me suis retrouvé seul, abattu). Le poète est rejeté pour sa pauvreté, et la famille d'Aïcha le persécute en allant se plaindre aux autorités. Ben Msâyeb finit par s'enfuir au Maroc. «Men la ândou flous meskine b'hali yebqua bin'houm dhlil» (celui qui n'a pas d'argent comme moi/ restera auprès d'eux un lâche), déclamera-t-il dans l'un de ses poèmes. Mais, semble-t-il, on reproche au poète autre chose que cette mésaventure amoureuse, car il a pris fait et cause pour les souverains du Maroc dans la guerre qu'ils mènent contre les Dey ottomans de la Régence d'Alger. Cette prise de position en faveur des princes chérifiens est attestée du reste par de nombreux poèmes que Ben Msâyeb a écrits à ce sujet. Son déplacement en terre marocaine signera la conversion du poète. Il n'écrira plus alors de poèmes d'amour profanes, se consacrant exclusivement à l'invocation de la clémence de Dieu et l'éloge du Prophète (QSSSL). «Chose remarquable, c'est dans l'expression de l'amour religieux, de l'amour mystique que les poètes se laissent davantage aller à se complaire dans le langage érotique», écrit Mohamed Belhalfaoui dans son remarquable livre «La poésie arabe maghrébine d'expression populaire» (Paris : Maspéro, 1973). Il est, en effet, difficile de démêler l'écheveau des liens noués entre poésie profane et poésie religieuse. C'est Ben Msâyeb qui tient ce discours passionné pour le Prophète (QSSSL) : "Cette fois mon ami me néglige depuis vraiment trop longtemps / Comme son comportement me trouble / Mais il est dans son droit / Mon lot est de le supplier / Et si mon ami me néglige, de lui pardonner / Jusqu'à ce qu'il daigne revenir à moi / A l'heure qu'il aura lui-même choisie / Comme son comportement me trouble ! / Je contemplerai alors celui qui est la joie de mon cœur / Et mes yeux se délecteront à voir sa démarche ravissante". Outre leur beauté émotionnelle, les poèmes de Ben Msâyeb constituent un document précieux pour les historiens. L'œuvre expose aussi une somme de connaissances liées à des domaines variés. Pris de remords après son retour du pèlerinage à la Mecque, Ben Msâyeb se livra à une entreprise d'épuration de son répertoire poétique, en doublant ses poèmes profanes de poèmes religieux, ce qui porta à 2 mille le nombre de poèmes qu'il écrivit. Mais de ce corpus, seuls 65 poèmes nous sont parvenus, dont la moitié a été publiée dans "Dîwân Ben Msâyeb" par Mohammed Belkhoucha. L. G.
Ben Abdellah Mohamed Ben Ahmed Ben Msâyeb est né vers la fin du XVIIe siècle et est mort vers 1768 à Tlemcen. Il est l'un des premiers poètes à avoir fondé le genre haouzi aux côtés d'Ahmed Bentriki, Saïd Benabdellah Mandassi, dit Benzengli, Mohamed Bendebbah, Fqih Bensahla et son fils Boumédiène. L'usage de la poésie genre «haouzi» inaugure l'introduction de la langue dialectale arabe dans la musique andalouse chantée jusque-là en arabe littéraire sous forme de «mouwachah» et de «zedjal», perçus à l'époque comme les expressions les plus abouties de l'art poétique. Le haouzi, donc, subvertit les lois de la versification classique. Les historiens s'accordent à dire que cette poésie était apparue avec l'arrivée des Ottomans et le déclin, en 1554, de la dynastie zianide. Ben Msâyeb est issu d'une famille originaire d'Andalousie qui avait rejoint Tlemcen après la prise de Grenade en 1492. Comme tous les enfants de son époque, Ben Msâyeb fit ses études à l'école coranique. Contraint d'aider sa famille, il dut les interrompre pour aller travailler dans un atelier de tissage. Il tomba amoureux d'une jeune fille du nom d'Aïcha qui y venait souvent. Il lui écrivait alors à ses heures perdues des poèmes d'une rare intensité. Le geste est bien sûr réprouvé par la société car le poète n'hésite pas à désigner nommément sa bien-aimée. Si le fait va asseoir définitivement sa célébrité, il n'en demeure pas moins qu'il lui attirera les foudres de la famille de la jeune fille, qui ne peut du reste supporter ses aveux publics : «Men Aïcha la îcha wa la fi dhanni n'îch rani bel hedjra rachi» ce qui donne cette traduction approximative (Après Aicha, point de vie/ je ne pense pas pouvoir vivre/je me suis retrouvé seul, abattu). Le poète est rejeté pour sa pauvreté, et la famille d'Aïcha le persécute en allant se plaindre aux autorités. Ben Msâyeb finit par s'enfuir au Maroc. «Men la ândou flous meskine b'hali yebqua bin'houm dhlil» (celui qui n'a pas d'argent comme moi/ restera auprès d'eux un lâche), déclamera-t-il dans l'un de ses poèmes. Mais, semble-t-il, on reproche au poète autre chose que cette mésaventure amoureuse, car il a pris fait et cause pour les souverains du Maroc dans la guerre qu'ils mènent contre les Dey ottomans de la Régence d'Alger. Cette prise de position en faveur des princes chérifiens est attestée du reste par de nombreux poèmes que Ben Msâyeb a écrits à ce sujet. Son déplacement en terre marocaine signera la conversion du poète. Il n'écrira plus alors de poèmes d'amour profanes, se consacrant exclusivement à l'invocation de la clémence de Dieu et l'éloge du Prophète (QSSSL). «Chose remarquable, c'est dans l'expression de l'amour religieux, de l'amour mystique que les poètes se laissent davantage aller à se complaire dans le langage érotique», écrit Mohamed Belhalfaoui dans son remarquable livre «La poésie arabe maghrébine d'expression populaire» (Paris : Maspéro, 1973). Il est, en effet, difficile de démêler l'écheveau des liens noués entre poésie profane et poésie religieuse. C'est Ben Msâyeb qui tient ce discours passionné pour le Prophète (QSSSL) : "Cette fois mon ami me néglige depuis vraiment trop longtemps / Comme son comportement me trouble / Mais il est dans son droit / Mon lot est de le supplier / Et si mon ami me néglige, de lui pardonner / Jusqu'à ce qu'il daigne revenir à moi / A l'heure qu'il aura lui-même choisie / Comme son comportement me trouble ! / Je contemplerai alors celui qui est la joie de mon cœur / Et mes yeux se délecteront à voir sa démarche ravissante". Outre leur beauté émotionnelle, les poèmes de Ben Msâyeb constituent un document précieux pour les historiens. L'œuvre expose aussi une somme de connaissances liées à des domaines variés. Pris de remords après son retour du pèlerinage à la Mecque, Ben Msâyeb se livra à une entreprise d'épuration de son répertoire poétique, en doublant ses poèmes profanes de poèmes religieux, ce qui porta à 2 mille le nombre de poèmes qu'il écrivit. Mais de ce corpus, seuls 65 poèmes nous sont parvenus, dont la moitié a été publiée dans "Dîwân Ben Msâyeb" par Mohammed Belkhoucha. L. G.

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