Cheikha Semrour, une femme sémillante de la région d'Arris (Batna), dont les 63 ans ne sont trahis que par les sillons burinant son visage, voue une passion sans limites pour le travail de la terre. Lorsque la furie de l'oued Labiod, localement nommé Ighzar Amellal, avait transformé les exploitations agricoles des environs d'Arris en marécages chargés de boues, de pierres et de troncs d'arbres, son enthousiasme à reconstruire ce que la nature a détruit lui fit oublier sa condition de femme et son âge. Avec une ardeur insoupçonnée, à faire pâlir d'envie le plus costaud des fellahs chaouis, elle entreprit, patiemment, avec détermination, à faire renaître son lopin de 4,5 hectares, submergé par les eaux en 2006. Rencontrée par l'APS sur sa parcelle, le long de la berge de l'oued Labiod, au lieu dit Lemrafag Nayma, au pied du mont Zouaï non loin d'Arris, elle s'employait à enlever les mauvaises herbes sur le carré qu'elle a réservé aux fèves. C'est une journée de mars, d'un froid si vif que peu de personnes, encore moins des femmes, se hasardent à sortir vers leurs champs, même dans cette région du cœur des Aurès où les gens sont connus pour leur pugnacité et leur endurance.Mais pour Cheikha, attachée viscéralement à sa terre, il en faudrait bien plus pour l'empêcher de descendre vers son champ, d'entretenir amoureusement les différents carrés consacrés aux cultures maraîchères, et de surveiller son verger planté de pommiers, de poiriers et d'abricotiers. Cheikha dont le port altier contraste avec la bonté du regard, accomplit régulièrement, en dépit de son âge, les travaux des champs avec un dynamisme inégalé. Elle n'a rien à envier aux agriculteurs hommes lorsqu'il s'agit de retourner la terre, d'entretenir les arbres ou de cueillir ses récoltes. Pour regagner sa terre, elle traverse quotidiennement le cours Ighzar Amellal dont l'évocation lui fait brièvement interrompre la pulvérisation de terreau autour du tronc d'un pommier. Jetant un regard perdu sur le courant incessant de cet oued impétueux, elle se rappelle que ce fut "un choc", ce jour-là, pour elle mais également pour toute sa famille. L'effort de toute une vie était perdu, submergé d'eaux et de pierrailles, en ce jour fatidique. «L'amour de la terre m'a fait oublier la catastrophe» Tout en souriant, elle montre fièrement son champ qui a repris vie grâce à ses efforts inlassables et au soutien de sa belle- mère âgée de 88 ans. "Mon amour pour la terre m'a fait oublier la catastrophe et m'a donné la force nécessaire pour tout recommencer à zéro. J'ai replanté des pommiers, des poiriers et des abricotiers après avoir nettoyé le sol des pierres et des troncs charriés par les flots. Ce fut un labeur de plusieurs jours. Je descendais au champ aux premières lueurs de l'aube et ne rentrais que le soir tombant'', raconte-elle. Travailler la terre lui procure un bonheur qu'elle éprouve du mal à décrire : "je le fais non pas par besoin, car j'ai de quoi vivre une retraite paisible et oisive, mais j'adore la nature, j'éprouve un plaisir indescriptible à retourner la terre et à faire paître mon petit troupeau d'ovins et de caprins. Même ma fille unique, chirurgien-dentiste de profession, a fini par comprendre ma passion et se contente aujourd'hui de me demander de me faire assister pour les gros travaux", dit-elle. Cheikha Semrour, une femme sémillante de la région d'Arris (Batna), dont les 63 ans ne sont trahis que par les sillons burinant son visage, voue une passion sans limites pour le travail de la terre. Lorsque la furie de l'oued Labiod, localement nommé Ighzar Amellal, avait transformé les exploitations agricoles des environs d'Arris en marécages chargés de boues, de pierres et de troncs d'arbres, son enthousiasme à reconstruire ce que la nature a détruit lui fit oublier sa condition de femme et son âge. Avec une ardeur insoupçonnée, à faire pâlir d'envie le plus costaud des fellahs chaouis, elle entreprit, patiemment, avec détermination, à faire renaître son lopin de 4,5 hectares, submergé par les eaux en 2006. Rencontrée par l'APS sur sa parcelle, le long de la berge de l'oued Labiod, au lieu dit Lemrafag Nayma, au pied du mont Zouaï non loin d'Arris, elle s'employait à enlever les mauvaises herbes sur le carré qu'elle a réservé aux fèves. C'est une journée de mars, d'un froid si vif que peu de personnes, encore moins des femmes, se hasardent à sortir vers leurs champs, même dans cette région du cœur des Aurès où les gens sont connus pour leur pugnacité et leur endurance.Mais pour Cheikha, attachée viscéralement à sa terre, il en faudrait bien plus pour l'empêcher de descendre vers son champ, d'entretenir amoureusement les différents carrés consacrés aux cultures maraîchères, et de surveiller son verger planté de pommiers, de poiriers et d'abricotiers. Cheikha dont le port altier contraste avec la bonté du regard, accomplit régulièrement, en dépit de son âge, les travaux des champs avec un dynamisme inégalé. Elle n'a rien à envier aux agriculteurs hommes lorsqu'il s'agit de retourner la terre, d'entretenir les arbres ou de cueillir ses récoltes. Pour regagner sa terre, elle traverse quotidiennement le cours Ighzar Amellal dont l'évocation lui fait brièvement interrompre la pulvérisation de terreau autour du tronc d'un pommier. Jetant un regard perdu sur le courant incessant de cet oued impétueux, elle se rappelle que ce fut "un choc", ce jour-là, pour elle mais également pour toute sa famille. L'effort de toute une vie était perdu, submergé d'eaux et de pierrailles, en ce jour fatidique. «L'amour de la terre m'a fait oublier la catastrophe» Tout en souriant, elle montre fièrement son champ qui a repris vie grâce à ses efforts inlassables et au soutien de sa belle- mère âgée de 88 ans. "Mon amour pour la terre m'a fait oublier la catastrophe et m'a donné la force nécessaire pour tout recommencer à zéro. J'ai replanté des pommiers, des poiriers et des abricotiers après avoir nettoyé le sol des pierres et des troncs charriés par les flots. Ce fut un labeur de plusieurs jours. Je descendais au champ aux premières lueurs de l'aube et ne rentrais que le soir tombant'', raconte-elle. Travailler la terre lui procure un bonheur qu'elle éprouve du mal à décrire : "je le fais non pas par besoin, car j'ai de quoi vivre une retraite paisible et oisive, mais j'adore la nature, j'éprouve un plaisir indescriptible à retourner la terre et à faire paître mon petit troupeau d'ovins et de caprins. Même ma fille unique, chirurgien-dentiste de profession, a fini par comprendre ma passion et se contente aujourd'hui de me demander de me faire assister pour les gros travaux", dit-elle.