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La mauvaise mère (1re partie)
Dépravation
Publié dans Le Midi Libre le 03 - 04 - 2012

Djamel, 28 ans, entra dans un café de Rouiba et il sentit plusieurs paires d'yeux se diriger vers lui, ponctuées de chuchotements imperceptibles. S'il était paranoïaque, il penserait qu'on était en train de parler de lui. Mais ce n'était pas le cas… Il était loin d'être un «parano», mais on parlait vraiment de… lui !
Djamel, 28 ans, entra dans un café de Rouiba et il sentit plusieurs paires d'yeux se diriger vers lui, ponctuées de chuchotements imperceptibles. S'il était paranoïaque, il penserait qu'on était en train de parler de lui. Mais ce n'était pas le cas… Il était loin d'être un «parano», mais on parlait vraiment de… lui !
Dès que Djamel eut fini sa tasse de café qu'il avait bue accoudé au comptoir, il se dirigea vers la sortie. Au moment où il allait en franchir le seuil, il eut l'étrange impression que les consommateurs qui se trouvaient là s'étaient mis soudain à parler à haute voix. En se dirigeant vers la gare ferroviaire d'où il comptait prendre le train pour Alger, il se dit qu'il devrait voir moins de films Westerns. Ce sont les nombreux films qu'il avait vus pendant ses séjours dans le Sud du pays où il avait trouvé du travail qui avaient dû influer sur son imagination.
Depuis deux ans, le jeune homme, mécanicien de profession, avait trouvé un emploi assez bien rémunéré au Sud au sein d'une entreprise publique.
Pour ne pas s'ennuyer, il s'était acheté un lecteur DVIX qu'il utilisait pour voir des films qu'il se procurait à Alger. Et c'était précisément pour acheter d'autres films qu'il avait l'intention de s'y rendre ce jour-là.
Tous les 45 jours, il revenait passer une semaine en famille. Après le mariage de ses trois sœurs, il ne reste plus à la maison que son père et sa mère. Et comme son père travaillait comme conducteur de poids lourds et qu'il lui arrivait de s'absenter de la maison plusieurs jours par mois, il était fréquent de ne trouver que sa mère à la maison. Ce fut le cas cette fois-ci. Et comme c'était le deuxième séjour consécutif où il ne le trouvait pas, il décida de ne retourner à son travail qu'une fois que son père serait revenu. Et c'est à la faveur de ce long séjour qu'il avait pu remarquer certaines anomalies auxquelles il n'avait ni le temps ni le loisir d'accorder de l''importance auparavant. Il avait, par exemple, téléphoné à deux amis qu'il avait envie de voir mais aucun d'entre ne lui avait répondu. Il s'était inquiété pendant un moment puis il s'est dit qu'ils avaient dû changer leurs numéros de téléphone. Et puis, avec l'âge, Djamel avait mûri et a appris que la vie était pénible et que les gens avaient de moins en moins de temps à consacrer aux discussions et aux séances de thé et café comme au temps de l'insouciance.
Alors qu'il était en train d'acheter un ticket de train, il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna et vit Abdallah, un copain d'enfance… C'était plus qu'un copain. Ils avaient fréquenté les mêmes bancs d'école du primaire au lycée. Ce n'était qu'après le bac que leurs chemins s'étaient séparés. Abdallah avait suivi des études universitaires et lui avait préféré se lancer dans une formation de mécanicien. Les deux amis, qui ne s'étaient pas vus depuis plus de deux ans, tombèrent dans les bras l'un de l'autre.
- C'est à Alger que tu te rends, Abdallah ? s'enquit Djamal.
- Oui.
- Tu as l'habitude de prendre la voiture de ton père… Au fait comment va-t-il ?
- Il va bien… Il est un peu fatigué. Il ne sort presque plus de la maison. Heureusement que nous avons une petite cour avec quelques arbres au- dessous desquels il aime s'asseoir… Sa voiture je ne la prends plus, surtout pas pour aller à Alger. La circulation est devenue carrément infernale. Il n'y a pas mieux le train. Et puis quand on prend le train, on a la chance de rencontrer de vieux copains.
- Ah ! Oui, c'est vrai, Abdallah… Au fait il y a quelque chose qui m'intrigue.
Abdallah sourit jaune.
- Il y a seulement quelque chose qui t'intrigue, Djamel ? Je t'envie parce que moi, depuis quelques mois, c'est tout ce que je vois qui m'intrigue.
- Ah ! Bon…
- Oui, mon ami… Allez dis-moi d'abord ce qui t'intrigue peut-être que nos appréhensions se ressemblent.
- Montons d'abord dans le train qui vient d'arriver… Une fois assis nous pourrons discuter plus à l'aise.
- D'accord.
Une fois installés dans un wagon, Djamel dit à son ami.
- Tiens, tout à l'heure, par exemple, je suis entré dans un café et j'ai eu l'impression que tous les regards étaient posés sur moi et que les gens chuchotaient à mon sujet… Tu me connais, je ne suis pas «parano». Je ne sais pas d'où m'est venue cette impression. Est-ce en raison de mes séjours dans le Sud où règne un calme quasi mortel ou…
- Tu veux que je te dise, Djamel ?
- Oui.
- Tu n'es pas paranoïaque… Et tu n'as pas eu l'impression que tout le monde te regardait et tu n'as pas eu non plus l'impression que les gens chuchotaient à ton sujet. C'est la réalité. Les gens t'ont vraiment bien regardé et ils ont vraiment parlé de toi à voix basse.
- Ah bon ? fit Djamel en souriant. Et pourquoi parleraient-ils de moi à voix basse ? J'ai volé la caisse d'une mosquée de Rouiba ? J'ai… j'ai…
- Djamel, mon ami… En réalité, aujourd'hui, je n'avais pas l'intention de me rendre à Alger… Si je suis avec toi, c'est pour pouvoir te parler… Et te dire des choses très graves…
- Oh ! là ! là ! Abdallah… tu sais que tu me fais peur, là…
- Et je ne t'ai encore rien dit.
- A propos de quoi ?
- A propos de ce qui se passe chez toi…
Le visage de Djamel s'assombrit.
- A propos de ce qui se passe chez moi ? Que veux-tu dire par là, Abdallah ?
Abdallah regarda à travers la vitre.
- Ecoute, Djamel, le train a démarré… je suggère que nous descendions à la première station. Je ne peux pas te parler dans le train…
- Mais qu'est-ce que tu racontes, Abdallah ? Tu veux me rendre fou ou quoi ?
- Djamel, si tu ne retrouves pas ton calme, je ne te dirai rien… et tu apprendras tout une fois qu'il sera trop tard.
(à suivre)
Dès que Djamel eut fini sa tasse de café qu'il avait bue accoudé au comptoir, il se dirigea vers la sortie. Au moment où il allait en franchir le seuil, il eut l'étrange impression que les consommateurs qui se trouvaient là s'étaient mis soudain à parler à haute voix. En se dirigeant vers la gare ferroviaire d'où il comptait prendre le train pour Alger, il se dit qu'il devrait voir moins de films Westerns. Ce sont les nombreux films qu'il avait vus pendant ses séjours dans le Sud du pays où il avait trouvé du travail qui avaient dû influer sur son imagination.
Depuis deux ans, le jeune homme, mécanicien de profession, avait trouvé un emploi assez bien rémunéré au Sud au sein d'une entreprise publique.
Pour ne pas s'ennuyer, il s'était acheté un lecteur DVIX qu'il utilisait pour voir des films qu'il se procurait à Alger. Et c'était précisément pour acheter d'autres films qu'il avait l'intention de s'y rendre ce jour-là.
Tous les 45 jours, il revenait passer une semaine en famille. Après le mariage de ses trois sœurs, il ne reste plus à la maison que son père et sa mère. Et comme son père travaillait comme conducteur de poids lourds et qu'il lui arrivait de s'absenter de la maison plusieurs jours par mois, il était fréquent de ne trouver que sa mère à la maison. Ce fut le cas cette fois-ci. Et comme c'était le deuxième séjour consécutif où il ne le trouvait pas, il décida de ne retourner à son travail qu'une fois que son père serait revenu. Et c'est à la faveur de ce long séjour qu'il avait pu remarquer certaines anomalies auxquelles il n'avait ni le temps ni le loisir d'accorder de l''importance auparavant. Il avait, par exemple, téléphoné à deux amis qu'il avait envie de voir mais aucun d'entre ne lui avait répondu. Il s'était inquiété pendant un moment puis il s'est dit qu'ils avaient dû changer leurs numéros de téléphone. Et puis, avec l'âge, Djamel avait mûri et a appris que la vie était pénible et que les gens avaient de moins en moins de temps à consacrer aux discussions et aux séances de thé et café comme au temps de l'insouciance.
Alors qu'il était en train d'acheter un ticket de train, il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna et vit Abdallah, un copain d'enfance… C'était plus qu'un copain. Ils avaient fréquenté les mêmes bancs d'école du primaire au lycée. Ce n'était qu'après le bac que leurs chemins s'étaient séparés. Abdallah avait suivi des études universitaires et lui avait préféré se lancer dans une formation de mécanicien. Les deux amis, qui ne s'étaient pas vus depuis plus de deux ans, tombèrent dans les bras l'un de l'autre.
- C'est à Alger que tu te rends, Abdallah ? s'enquit Djamal.
- Oui.
- Tu as l'habitude de prendre la voiture de ton père… Au fait comment va-t-il ?
- Il va bien… Il est un peu fatigué. Il ne sort presque plus de la maison. Heureusement que nous avons une petite cour avec quelques arbres au- dessous desquels il aime s'asseoir… Sa voiture je ne la prends plus, surtout pas pour aller à Alger. La circulation est devenue carrément infernale. Il n'y a pas mieux le train. Et puis quand on prend le train, on a la chance de rencontrer de vieux copains.
- Ah ! Oui, c'est vrai, Abdallah… Au fait il y a quelque chose qui m'intrigue.
Abdallah sourit jaune.
- Il y a seulement quelque chose qui t'intrigue, Djamel ? Je t'envie parce que moi, depuis quelques mois, c'est tout ce que je vois qui m'intrigue.
- Ah ! Bon…
- Oui, mon ami… Allez dis-moi d'abord ce qui t'intrigue peut-être que nos appréhensions se ressemblent.
- Montons d'abord dans le train qui vient d'arriver… Une fois assis nous pourrons discuter plus à l'aise.
- D'accord.
Une fois installés dans un wagon, Djamel dit à son ami.
- Tiens, tout à l'heure, par exemple, je suis entré dans un café et j'ai eu l'impression que tous les regards étaient posés sur moi et que les gens chuchotaient à mon sujet… Tu me connais, je ne suis pas «parano». Je ne sais pas d'où m'est venue cette impression. Est-ce en raison de mes séjours dans le Sud où règne un calme quasi mortel ou…
- Tu veux que je te dise, Djamel ?
- Oui.
- Tu n'es pas paranoïaque… Et tu n'as pas eu l'impression que tout le monde te regardait et tu n'as pas eu non plus l'impression que les gens chuchotaient à ton sujet. C'est la réalité. Les gens t'ont vraiment bien regardé et ils ont vraiment parlé de toi à voix basse.
- Ah bon ? fit Djamel en souriant. Et pourquoi parleraient-ils de moi à voix basse ? J'ai volé la caisse d'une mosquée de Rouiba ? J'ai… j'ai…
- Djamel, mon ami… En réalité, aujourd'hui, je n'avais pas l'intention de me rendre à Alger… Si je suis avec toi, c'est pour pouvoir te parler… Et te dire des choses très graves…
- Oh ! là ! là ! Abdallah… tu sais que tu me fais peur, là…
- Et je ne t'ai encore rien dit.
- A propos de quoi ?
- A propos de ce qui se passe chez toi…
Le visage de Djamel s'assombrit.
- A propos de ce qui se passe chez moi ? Que veux-tu dire par là, Abdallah ?
Abdallah regarda à travers la vitre.
- Ecoute, Djamel, le train a démarré… je suggère que nous descendions à la première station. Je ne peux pas te parler dans le train…
- Mais qu'est-ce que tu racontes, Abdallah ? Tu veux me rendre fou ou quoi ?
- Djamel, si tu ne retrouves pas ton calme, je ne te dirai rien… et tu apprendras tout une fois qu'il sera trop tard.
(à suivre)


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