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Vendeuses : les nouvelles «esclaves» ?
Payées 12.000DA, non-déclarées aux assurances et travaillant 10 heures/jour
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 06 - 2012

Elles travaillent 10 heures par jour, dans les boutiques de luxe. Elles perçoivent, en contrepartie, une somme rudimentaire de 12.000 DA/mois. Le pire, c'est qu'elles ne sont même pas déclarées aux assurances, privées donc de leurs droits les plus élémentaires, mais le plus grave c'est qu'elles sont, souvent, traitées par des mots éculés. Elles sont âgées entre 18 et 30 ans. Qui sont ces jeunes filles ? Des vendeuses. Au cœur des nouvelles esclaves du 21ème siècle.
Elles travaillent 10 heures par jour, dans les boutiques de luxe. Elles perçoivent, en contrepartie, une somme rudimentaire de 12.000 DA/mois. Le pire, c'est qu'elles ne sont même pas déclarées aux assurances, privées donc de leurs droits les plus élémentaires, mais le plus grave c'est qu'elles sont, souvent, traitées par des mots éculés. Elles sont âgées entre 18 et 30 ans. Qui sont ces jeunes filles ? Des vendeuses. Au cœur des nouvelles esclaves du 21ème siècle.
Etudiantes en guise d'un
« boulot» pour subvenir à leurs besoins, chômeuses à la recherche d'un emploi quel que soit le salaire à gagner et, parfois, jeune maman cherchant du travail pour nourrir son enfant. Autant de jeunes filles qui sont du jour au lendemain,
devenues, par la force de leur situation, vendeuses. Comment travaillent-elles ? Pourquoi ont-elles accepté un tel salaire ? Et pourquoi les pouvoirs publics ne sont-ils pas intervenus pour « libérer » ces jeunes vendeuses des esclavagismes dictés par leurs employeurs ? Nous allons vous parler, dans ce petit reportage, mené au bout de trois jours, d'un phénomène de société qui, malheureusement, s'est étendu en Algérie et dont les jeunes filles, sont les véritables victimes.
Les jeunes vendeuses, celles que l'on trouve dans les boutiques luxueuses, dans les restaurants chics, dans les pizzérias et même, parfois, dans les magasins de vente de meubles et d'électroménager. Notre reportage a ciblé une poignée de magasins, implantés à Alger, suffisamment révélateurs d'une triste situation, d'un véritable esclavagisme. Nous avons pu avoir, au cours de notre enquête, cinq jeunes filles, dont chacune exerce dans une boutique. Linda, une étudiante de 24 ans travaillant dans une boutique de vente de vêtements pour femmes, à la rue Didouche Mourad, à Alger. Bachira, une serveuse dans une pizzéria, située en plein cœur d'Alger, dont l'âge est de 28 ans, originaire d'Oum Bouaghi. Narimane, une jeune maman de 26 ans, divorcée il y a quelque temps d'avec son conjoint ; aujourd'hui, elle travaille au sein d'un magasin de vente d'électroménager à Kouba. En face de ces trois jeunes filles, la jeune Karima, résidant à Aïn Bénian, aujourd'hui âgée de 30 ans, cette dernière a exercé pendant 7 ans dans un dégraissage. Durant sept ans, la malheureuse Karima avait été payée de seulement 8.000 DA par son employeur, cela bien sûr sans qu'elle ne soit déclarée aux assurances, avant qu'elle ne décide de s'arrêter, depuis qu'elle est tombée malade. Enfin, la jeune Samira, âgée de 28 ans, aujourd'hui, vendeuse dans une boutique de vente de vêtements ; toutefois elle est rémunérée selon ses compétences. En d'autres termes, chaque pièce vendue à un client avec lequel elle a négocié, elle tire sa marge bénéficiaire fixée par l'employeur à seulement 5%. Selon Samira, la moyenne de sa «paye» tourne autour des 10.000 à 12.000 DA/mois. Voici donc la liste de cinq filles que nous avons ciblées au cours de notre reportage. Une liste témoignant de plusieurs milliers d'autres cas.
« Cherche vendeuses qualifiées », des affiches partout à Alger
Notre périple a commencé à Alger-Centre, au plein cœur de la capitale. Ici, les grands boulevards sont bourrés de monde. Qui dit boulevard dit grands magasins. Dans ce grand espace, des va-et- vient incessants de gens. Des milliers de clients sillonnent les rues d'Alger-Centre à la recherche de boutiques qui proposent de grandes marques de parfums, de vêtements, d'électroménager, de bijoux, de montres et de cosmétiques. Il y en a même qui veulent s'arrêter pour une petite pause, question de prendre un hamburger avec une bouteille de limonade fraîche entre amis, en solo, en famille ou en couple. En face d'eux, des affiches sont placardées sur les murs et les vitrines des magasins, sur lesquelles on peut lire : « Cherche vendeuses qualifiées ». En effet, les propriétaires des magasins cherchent de jeunes vendeuses, jeunes, dynamiques, belles et capables de travailler de longues heures sans dire un mot, tout ça pour un salaire ne dépassant pas les 12.000 DA/mois. Face à ce rush et à cette forte demande, les propriétaires des boutiques, certains fanatiques, ont eu l'idée « diabolique » de recruter des jeunes filles de 18 ans pour devenir, soit serveuses ou vendeuses et ce, à bas prix.
Et c'est à partir de là que notre enquête a commencé. Première boutique à visiter, la chaîne Zara. Ici, dès qu'on y a mis les pieds, la première image qui vous vient c'est bel et bien la présence, en force, des jeunes vendeuses. Elles vous accueillent chaleureusement avec un sourire qui montre leurs dents, mais tout ça a un prix, bien sûr. Comment ça un prix ? La réponse est simple. Les jeunes vendeuses doivent à tout prix se montrer très accueillantes, d'ailleurs il s'agit là de consignes du propriétaire. Une fois que l'accueil est fait, place aux choses sérieuses. Le client sera gâté. Il sera « accompagné » par une vendeuse ou s'il le faut, lorsque le client se montre intéressé d'acheter un ou plusieurs articles dont les prix sont très chers, par deux vendeuses. C'était le cas lorsque nous avons demandé à une vendeuse de nous livrer un pantalon turc de couleur rouge avec un pull de la même couleur, dont les prix tournaient autour de 3.500 et 3.700 DA chacun. Une fois l'essai effectué, nous nous sommes dirigés vers la caisse pour payer les deux vêtements. C'est à ce moment-là que les deux vendeuses se sont disputées pour avoir leurs « marges bénéficiaires ». Comment ça ? Une marge bénéficiaire ? Au fait, ici, dans cette boutique de vêtements, les vendeuses perçoivent leurs gains à partir des ventes qu'elles ont réalisées, auprès des clients avec lesquels elles ont négocié Et combien gagnent-elles ? Une question que nous avons posée auprès des deux vendeuses qui ont refusé de répondre, car craignant les représailles de leur patron.
« Elles risquent d'être renvoyées », nous murmurent quelques clientes. Toutefois, certains nous ont dit qu'il s'agissait, souvent, de 5% de marge bénéficiaire qui revient à chaque vendeuse ayant traité avec un client pour lui vendre un article.
Des serveuses et vendeuses maltraitées par leurs employeurs
Non loin de cette boutique, cette fois aux magasins « Nova Moda ». Ici, les vendeuses paraissent très jeunes, certaines ont l'air d'avoir à peine 18 ans. Linda, une jeune étudiante à l'ITFC de Ben Aknoun, a accepté à répondre à nos questions. Elle, qui est venue tout droit de Guelma, âgée de 23 ans, s'est retrouvée seule pour subvenir à ses besoins, étant donné que son pére est mort voilà déjà plus de trois ans. Et pour ce faire, elle est devenue vendeuse dans cette boutique, malgré un salaire minable de 12.000 DA. Le plus grave c'est que depuis qu'elle s'est retrouvée vendeuse, malgré elle, elle n'est même pas déclarée aux assurances, comme tout le monde. Et en plus de toutes ces peines, elle est forcée de travailler de 8h jusqu'à 18h, soit 10 heures de « corvée ». Elle n'a droit qu'à une demi-heure de pause, le temps pour elle de prendre un sandwich, très rapidement. « Ecoutez mon frère c'est ça el kmach, adi wla khali » (C'est ça le tissu, soit vous le prenez soit vous le laissez), explique-t-elle. Avant d'ajouter,
« avec ces 12.000 DA, ajoutez aussi ma bourse je peux au moins respirer un peu, question de manger ce que je veux et parfois d'acheter quelques vêtements, du maquillage, bien entendu, toutefois les moins chers dans le marché ».
Elles nous livrent leurs peines. La jeune Linda était accablée de tristesse, d'ailleurs, ses yeux de couleur ciel cachent ses larmes. « Donc, vous vous sentez esclave quelque part ? », lui avons-nous posé la question. « Oui, bien sûr. Parfois, je sens que je suis différente des autres filles. Différente, surtout lorsque mon employeur me traite comme une esclave devant les clients », répond la demoiselle. Nous avons quitté Linda, mais nous lui avons promis de revenir. En descendant le long de la rue Victor-Hugo pour aller vers le boulevard Hassiba-Ben-Bouali, nous avons fait une halte dans une pizzéria, là où plusieurs serveuses travaillent sans relâche devant une foule nombreuse de clients. Ici, quatre serveuses, toutes des jeunes, paraissent fatiguées, mais cela ne les a pas empêché de garder leur second souffle, car la journée est encore très longue. C'est le cas de Bachira, âgée de 28 ans, originaire d'Oum el-Bouaghi ; cette dernière a défié la vie, avec courage, pour s'installer à Alger et devenir serveuse dans cette pizzéria. Elle a été contrainte d'abandonner ses études et de se consacrer au
« boulot », surtout qu'elle est la fille aînée de sa petite famille. Aujourd'hui, elles sont plus de 5.000 filles, soit vendeuses ou serveuses, à affronter l'esclavagisme, dicté par les employeurs.
Etudiantes en guise d'un
« boulot» pour subvenir à leurs besoins, chômeuses à la recherche d'un emploi quel que soit le salaire à gagner et, parfois, jeune maman cherchant du travail pour nourrir son enfant. Autant de jeunes filles qui sont du jour au lendemain,
devenues, par la force de leur situation, vendeuses. Comment travaillent-elles ? Pourquoi ont-elles accepté un tel salaire ? Et pourquoi les pouvoirs publics ne sont-ils pas intervenus pour « libérer » ces jeunes vendeuses des esclavagismes dictés par leurs employeurs ? Nous allons vous parler, dans ce petit reportage, mené au bout de trois jours, d'un phénomène de société qui, malheureusement, s'est étendu en Algérie et dont les jeunes filles, sont les véritables victimes.
Les jeunes vendeuses, celles que l'on trouve dans les boutiques luxueuses, dans les restaurants chics, dans les pizzérias et même, parfois, dans les magasins de vente de meubles et d'électroménager. Notre reportage a ciblé une poignée de magasins, implantés à Alger, suffisamment révélateurs d'une triste situation, d'un véritable esclavagisme. Nous avons pu avoir, au cours de notre enquête, cinq jeunes filles, dont chacune exerce dans une boutique. Linda, une étudiante de 24 ans travaillant dans une boutique de vente de vêtements pour femmes, à la rue Didouche Mourad, à Alger. Bachira, une serveuse dans une pizzéria, située en plein cœur d'Alger, dont l'âge est de 28 ans, originaire d'Oum Bouaghi. Narimane, une jeune maman de 26 ans, divorcée il y a quelque temps d'avec son conjoint ; aujourd'hui, elle travaille au sein d'un magasin de vente d'électroménager à Kouba. En face de ces trois jeunes filles, la jeune Karima, résidant à Aïn Bénian, aujourd'hui âgée de 30 ans, cette dernière a exercé pendant 7 ans dans un dégraissage. Durant sept ans, la malheureuse Karima avait été payée de seulement 8.000 DA par son employeur, cela bien sûr sans qu'elle ne soit déclarée aux assurances, avant qu'elle ne décide de s'arrêter, depuis qu'elle est tombée malade. Enfin, la jeune Samira, âgée de 28 ans, aujourd'hui, vendeuse dans une boutique de vente de vêtements ; toutefois elle est rémunérée selon ses compétences. En d'autres termes, chaque pièce vendue à un client avec lequel elle a négocié, elle tire sa marge bénéficiaire fixée par l'employeur à seulement 5%. Selon Samira, la moyenne de sa «paye» tourne autour des 10.000 à 12.000 DA/mois. Voici donc la liste de cinq filles que nous avons ciblées au cours de notre reportage. Une liste témoignant de plusieurs milliers d'autres cas.
« Cherche vendeuses qualifiées », des affiches partout à Alger
Notre périple a commencé à Alger-Centre, au plein cœur de la capitale. Ici, les grands boulevards sont bourrés de monde. Qui dit boulevard dit grands magasins. Dans ce grand espace, des va-et- vient incessants de gens. Des milliers de clients sillonnent les rues d'Alger-Centre à la recherche de boutiques qui proposent de grandes marques de parfums, de vêtements, d'électroménager, de bijoux, de montres et de cosmétiques. Il y en a même qui veulent s'arrêter pour une petite pause, question de prendre un hamburger avec une bouteille de limonade fraîche entre amis, en solo, en famille ou en couple. En face d'eux, des affiches sont placardées sur les murs et les vitrines des magasins, sur lesquelles on peut lire : « Cherche vendeuses qualifiées ». En effet, les propriétaires des magasins cherchent de jeunes vendeuses, jeunes, dynamiques, belles et capables de travailler de longues heures sans dire un mot, tout ça pour un salaire ne dépassant pas les 12.000 DA/mois. Face à ce rush et à cette forte demande, les propriétaires des boutiques, certains fanatiques, ont eu l'idée « diabolique » de recruter des jeunes filles de 18 ans pour devenir, soit serveuses ou vendeuses et ce, à bas prix.
Et c'est à partir de là que notre enquête a commencé. Première boutique à visiter, la chaîne Zara. Ici, dès qu'on y a mis les pieds, la première image qui vous vient c'est bel et bien la présence, en force, des jeunes vendeuses. Elles vous accueillent chaleureusement avec un sourire qui montre leurs dents, mais tout ça a un prix, bien sûr. Comment ça un prix ? La réponse est simple. Les jeunes vendeuses doivent à tout prix se montrer très accueillantes, d'ailleurs il s'agit là de consignes du propriétaire. Une fois que l'accueil est fait, place aux choses sérieuses. Le client sera gâté. Il sera « accompagné » par une vendeuse ou s'il le faut, lorsque le client se montre intéressé d'acheter un ou plusieurs articles dont les prix sont très chers, par deux vendeuses. C'était le cas lorsque nous avons demandé à une vendeuse de nous livrer un pantalon turc de couleur rouge avec un pull de la même couleur, dont les prix tournaient autour de 3.500 et 3.700 DA chacun. Une fois l'essai effectué, nous nous sommes dirigés vers la caisse pour payer les deux vêtements. C'est à ce moment-là que les deux vendeuses se sont disputées pour avoir leurs « marges bénéficiaires ». Comment ça ? Une marge bénéficiaire ? Au fait, ici, dans cette boutique de vêtements, les vendeuses perçoivent leurs gains à partir des ventes qu'elles ont réalisées, auprès des clients avec lesquels elles ont négocié Et combien gagnent-elles ? Une question que nous avons posée auprès des deux vendeuses qui ont refusé de répondre, car craignant les représailles de leur patron.
« Elles risquent d'être renvoyées », nous murmurent quelques clientes. Toutefois, certains nous ont dit qu'il s'agissait, souvent, de 5% de marge bénéficiaire qui revient à chaque vendeuse ayant traité avec un client pour lui vendre un article.
Des serveuses et vendeuses maltraitées par leurs employeurs
Non loin de cette boutique, cette fois aux magasins « Nova Moda ». Ici, les vendeuses paraissent très jeunes, certaines ont l'air d'avoir à peine 18 ans. Linda, une jeune étudiante à l'ITFC de Ben Aknoun, a accepté à répondre à nos questions. Elle, qui est venue tout droit de Guelma, âgée de 23 ans, s'est retrouvée seule pour subvenir à ses besoins, étant donné que son pére est mort voilà déjà plus de trois ans. Et pour ce faire, elle est devenue vendeuse dans cette boutique, malgré un salaire minable de 12.000 DA. Le plus grave c'est que depuis qu'elle s'est retrouvée vendeuse, malgré elle, elle n'est même pas déclarée aux assurances, comme tout le monde. Et en plus de toutes ces peines, elle est forcée de travailler de 8h jusqu'à 18h, soit 10 heures de « corvée ». Elle n'a droit qu'à une demi-heure de pause, le temps pour elle de prendre un sandwich, très rapidement. « Ecoutez mon frère c'est ça el kmach, adi wla khali » (C'est ça le tissu, soit vous le prenez soit vous le laissez), explique-t-elle. Avant d'ajouter,
« avec ces 12.000 DA, ajoutez aussi ma bourse je peux au moins respirer un peu, question de manger ce que je veux et parfois d'acheter quelques vêtements, du maquillage, bien entendu, toutefois les moins chers dans le marché ».
Elles nous livrent leurs peines. La jeune Linda était accablée de tristesse, d'ailleurs, ses yeux de couleur ciel cachent ses larmes. « Donc, vous vous sentez esclave quelque part ? », lui avons-nous posé la question. « Oui, bien sûr. Parfois, je sens que je suis différente des autres filles. Différente, surtout lorsque mon employeur me traite comme une esclave devant les clients », répond la demoiselle. Nous avons quitté Linda, mais nous lui avons promis de revenir. En descendant le long de la rue Victor-Hugo pour aller vers le boulevard Hassiba-Ben-Bouali, nous avons fait une halte dans une pizzéria, là où plusieurs serveuses travaillent sans relâche devant une foule nombreuse de clients. Ici, quatre serveuses, toutes des jeunes, paraissent fatiguées, mais cela ne les a pas empêché de garder leur second souffle, car la journée est encore très longue. C'est le cas de Bachira, âgée de 28 ans, originaire d'Oum el-Bouaghi ; cette dernière a défié la vie, avec courage, pour s'installer à Alger et devenir serveuse dans cette pizzéria. Elle a été contrainte d'abandonner ses études et de se consacrer au
« boulot », surtout qu'elle est la fille aînée de sa petite famille. Aujourd'hui, elles sont plus de 5.000 filles, soit vendeuses ou serveuses, à affronter l'esclavagisme, dicté par les employeurs.


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