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Le nouveau visage de la menace djihadiste dans le Sinaï
Egypte, Après l'attentat contre un car de touristes à Taba
Publié dans Le Midi Libre le 19 - 02 - 2014

Le Sinaï n'avait pas connu d'attaques contre des touristes étrangers depuis les attentats dans la station balnéaire de Dahab, en avril 2006. L'attaque, dimanche 16 février, d'un bus de touristes sud-coréens, qui a fait au moins quatre morts et 14 blessés, au passage de Taba, frontalier avec Israël, pourrait marquer une nouvelle étape dans le regain d'activité terroriste dans la péninsule depuis 2011.
Le Sinaï n'avait pas connu d'attaques contre des touristes étrangers depuis les attentats dans la station balnéaire de Dahab, en avril 2006. L'attaque, dimanche 16 février, d'un bus de touristes sud-coréens, qui a fait au moins quatre morts et 14 blessés, au passage de Taba, frontalier avec Israël, pourrait marquer une nouvelle étape dans le regain d'activité terroriste dans la péninsule depuis 2011.
Depuis la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, les heurts s'y multiplient, faisant craindre une perte de contrôle de l'Egypte sur le territoire désertique. Rien n'indique que les assaillants aient délibérément visé des ressortissants sud-coréens. Jusqu'à présent, les groupes ayant trouvé refuge dans le Sinaï s'attaquaient presque exclusivement à des cibles israéliennes et aux forces de sécurité égyptiennes.
Dans le triangle formé par les villes d'El-Arich, Rafah et Cheikh-Zoueid, à la frontière avec Israël, les forces de sécurité égyptiennes sont régulièrement la cible d'attaques meurtrières. La multiplication des tirs de roquettes sur son territoire depuis le Sinaï a décidé Israël à installer, le 19 juillet 2013, une batterie antimissiles du « Dôme de fer » dans la station balnéaire d'Eilat.
Le Sinaï au bord du chaos
L'instabilité dans cette péninsule de 60.000 km2, coincée entre le canal de Suez et Israël, n'est pas nouvelle. L'histoire du Sinaï est marquée par les rapports conflictuels entre la population, majoritairement bédouine, et le pouvoir central. La répression féroce et l'emprisonnement de milliers de Bédouins après les attentats de Taba et Nuweiba en octobre 2004, ceux de Charm El-Cheikh en juillet 2005, puis ceux de Dahab en avril 2006, ont alimenté un désir de vengeance contre les forces de sécurité.
Ce ressentiment anime des groupes aux intérêts hétéroclites, profitant du chaos sécuritaire en Egypte pour promouvoir leurs intérêts. Les groupes de trafiquants d'armes, de personnes et de biens cherchent à protéger leur commerce. Des groupes plus idéologiques, comme les takfiristes, partisans de « l'excommunication » des apostats, s'attaquent aux forces armées jugées « impies ». Des salafistes djihadistes égyptiens, qui se reconnaissent dans la mouvance Al-Qaïda, visent les intérêts égyptiens et israéliens.
Ansar Beït Al-Makdis Derrière l'attaque ?
Alors que l'attaque n'a pas encore été revendiquée, tous les yeux se tournent vers Ansar Beit Al-Makdis (« Les Partisans de Jérusalem »). Ce groupe djihadiste, qui s'est structuré et a pris pied dans le Sinaï en 2011, est le seul des groupes djihadistes égyptiens à avoir tenu dans la durée. Se revendiquant de l'idéologie d'Al-Qaida, et souvent cité par son numéro un, l'Egyptien Al-Zawahiri, sous le nom de « Lions du Sinaï », le groupe a attiré à lui des combattants djihadistes bédouins, égyptiens et dans une moindre mesure étrangers, notamment yéménites.
Des personnalités djihadistes évadées de prison — comme Ramzi Mawafi, le médecin d'Oussama Ben Laden — ou graciées par le président Morsi ont rejoint son millier de combattants.Ces combattants ont trouvé refuge dans les zones montagneuses qui s'étirent jusqu'à la mer Rouge, notamment le Djabal Al-Halal, avec l'appui de protections tribales. Après avoir mené des actions assez spectaculaires contre les forces de sécurité égyptiennes dans le Sinaï et contre Israël, le groupe s'est montré capable de frapper toute l'Egypte.
Selon un connaisseur du dossier, il a déployé des réseaux opérationnels au Caire et dans d'autres provinces, autour d'Ismailia, Suez ou Mansoura. Au Caire, il a ainsi noué un partenariat avec un autre groupe djihadiste, Ajnad Masar (« Les Soldats d'Egypte »), apparu fin janvier en revendiquant ses premiers attentats à la bombe.Le groupe tente désormais de se développer en communiquant plus largement qu'auprès de ses soutiens traditionnels.
« Depuis la chute du président islamiste Mohamed Morsi, le groupe fait des appels du pied aux Frères musulmans pour qu'ils rejoignent l'organisation, surfant sur la situation de blocage total dans le pays », indique cet expert. Mais les deux mouvements n'auraient aucun lien organique, en dépit des accusations en ce sens portées par les autorités égyptiennes.
Ses combattants, dont certains sont passés par la Syrie, ont une grande expérience militaire, comme le montrent certaines de leurs actions. « Les combattants d'Ansar Beit Al-Makdis ont du matériel et savent le faire fonctionner. Ils savent utiliser des technologies comme les Manpad [systèmes portatifs de défense aérienne] » , indique la source. Une technologie que le groupe dit avoir utilisée pour abattre un hélicoptère de l'armée égyptienne, près de Cheikh Zoueid, le 26 janvier.
La piste palestinienne
L'autre piste envisageable pour l'attaque du 16 février, quoique moins probable, est celle de groupes palestiniens, à l'instar des Comités de résistance populaire ou du Majlis Al-Choura Al-Moudjahidin (« Le Parlement des combattants »), une structure djihadiste de la bande de Gaza. Des actions impliquant des combattants palestiniens ont notamment été commises contre des postes-frontières égyptiens ou dans le Néguev israélien depuis le territoire égyptien.
Mais un accord tacite aurait été passé entre les groupes djihadistes de la bande de Gaza, composés de quelques centaines de combattants éparpillés, et le mouvement du Hamas, au pouvoir, pour ne pas mener d'attaques, en échange d'une plus grande liberté de réunion et de prêche. Affaibli, le Hamas chercherait à ne pas être poussé vers un conflit d'une plus grande intensité.
Coopération israélo-égyptienne
La multiplication des attaques pourrait aussi avoir pour objectif de dégrader les relations entre Israël et l'Egypte, qui se sont renforcées après la révolution de 2011. Les autorités égyptiennes et israéliennes ont alors accru leur coopération sécuritaire dans la péninsule du Sinaï, après la déstabilisation de l'appareil sécuritaire égyptien et l'afflux d'armes depuis la Libye et le Soudan.
Le 16 juillet 2013, Israël a donné son feu vert à l'Egypte pour le déploiement de véhicules blindés, d'hélicoptères Apache et de 5 000 hommes dans la zone démilitarisée du Sinaï, notamment la zone C frontalière d'Israël, interdite aux militaires égyptiens et placée sous le contrôle de la Force multinationale et observateurs (MFO). Cette autorisation est obligatoire selon les termes de l'accord israélo-égyptien de mars 1979, par lequel Israël a rétrocédé le Sinaï, conquis lors de la guerre des Six-Jours en juin 1967.
Depuis la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, les heurts s'y multiplient, faisant craindre une perte de contrôle de l'Egypte sur le territoire désertique. Rien n'indique que les assaillants aient délibérément visé des ressortissants sud-coréens. Jusqu'à présent, les groupes ayant trouvé refuge dans le Sinaï s'attaquaient presque exclusivement à des cibles israéliennes et aux forces de sécurité égyptiennes.
Dans le triangle formé par les villes d'El-Arich, Rafah et Cheikh-Zoueid, à la frontière avec Israël, les forces de sécurité égyptiennes sont régulièrement la cible d'attaques meurtrières. La multiplication des tirs de roquettes sur son territoire depuis le Sinaï a décidé Israël à installer, le 19 juillet 2013, une batterie antimissiles du « Dôme de fer » dans la station balnéaire d'Eilat.
Le Sinaï au bord du chaos
L'instabilité dans cette péninsule de 60.000 km2, coincée entre le canal de Suez et Israël, n'est pas nouvelle. L'histoire du Sinaï est marquée par les rapports conflictuels entre la population, majoritairement bédouine, et le pouvoir central. La répression féroce et l'emprisonnement de milliers de Bédouins après les attentats de Taba et Nuweiba en octobre 2004, ceux de Charm El-Cheikh en juillet 2005, puis ceux de Dahab en avril 2006, ont alimenté un désir de vengeance contre les forces de sécurité.
Ce ressentiment anime des groupes aux intérêts hétéroclites, profitant du chaos sécuritaire en Egypte pour promouvoir leurs intérêts. Les groupes de trafiquants d'armes, de personnes et de biens cherchent à protéger leur commerce. Des groupes plus idéologiques, comme les takfiristes, partisans de « l'excommunication » des apostats, s'attaquent aux forces armées jugées « impies ». Des salafistes djihadistes égyptiens, qui se reconnaissent dans la mouvance Al-Qaïda, visent les intérêts égyptiens et israéliens.
Ansar Beït Al-Makdis Derrière l'attaque ?
Alors que l'attaque n'a pas encore été revendiquée, tous les yeux se tournent vers Ansar Beit Al-Makdis (« Les Partisans de Jérusalem »). Ce groupe djihadiste, qui s'est structuré et a pris pied dans le Sinaï en 2011, est le seul des groupes djihadistes égyptiens à avoir tenu dans la durée. Se revendiquant de l'idéologie d'Al-Qaida, et souvent cité par son numéro un, l'Egyptien Al-Zawahiri, sous le nom de « Lions du Sinaï », le groupe a attiré à lui des combattants djihadistes bédouins, égyptiens et dans une moindre mesure étrangers, notamment yéménites.
Des personnalités djihadistes évadées de prison — comme Ramzi Mawafi, le médecin d'Oussama Ben Laden — ou graciées par le président Morsi ont rejoint son millier de combattants.Ces combattants ont trouvé refuge dans les zones montagneuses qui s'étirent jusqu'à la mer Rouge, notamment le Djabal Al-Halal, avec l'appui de protections tribales. Après avoir mené des actions assez spectaculaires contre les forces de sécurité égyptiennes dans le Sinaï et contre Israël, le groupe s'est montré capable de frapper toute l'Egypte.
Selon un connaisseur du dossier, il a déployé des réseaux opérationnels au Caire et dans d'autres provinces, autour d'Ismailia, Suez ou Mansoura. Au Caire, il a ainsi noué un partenariat avec un autre groupe djihadiste, Ajnad Masar (« Les Soldats d'Egypte »), apparu fin janvier en revendiquant ses premiers attentats à la bombe.Le groupe tente désormais de se développer en communiquant plus largement qu'auprès de ses soutiens traditionnels.
« Depuis la chute du président islamiste Mohamed Morsi, le groupe fait des appels du pied aux Frères musulmans pour qu'ils rejoignent l'organisation, surfant sur la situation de blocage total dans le pays », indique cet expert. Mais les deux mouvements n'auraient aucun lien organique, en dépit des accusations en ce sens portées par les autorités égyptiennes.
Ses combattants, dont certains sont passés par la Syrie, ont une grande expérience militaire, comme le montrent certaines de leurs actions. « Les combattants d'Ansar Beit Al-Makdis ont du matériel et savent le faire fonctionner. Ils savent utiliser des technologies comme les Manpad [systèmes portatifs de défense aérienne] » , indique la source. Une technologie que le groupe dit avoir utilisée pour abattre un hélicoptère de l'armée égyptienne, près de Cheikh Zoueid, le 26 janvier.
La piste palestinienne
L'autre piste envisageable pour l'attaque du 16 février, quoique moins probable, est celle de groupes palestiniens, à l'instar des Comités de résistance populaire ou du Majlis Al-Choura Al-Moudjahidin (« Le Parlement des combattants »), une structure djihadiste de la bande de Gaza. Des actions impliquant des combattants palestiniens ont notamment été commises contre des postes-frontières égyptiens ou dans le Néguev israélien depuis le territoire égyptien.
Mais un accord tacite aurait été passé entre les groupes djihadistes de la bande de Gaza, composés de quelques centaines de combattants éparpillés, et le mouvement du Hamas, au pouvoir, pour ne pas mener d'attaques, en échange d'une plus grande liberté de réunion et de prêche. Affaibli, le Hamas chercherait à ne pas être poussé vers un conflit d'une plus grande intensité.
Coopération israélo-égyptienne
La multiplication des attaques pourrait aussi avoir pour objectif de dégrader les relations entre Israël et l'Egypte, qui se sont renforcées après la révolution de 2011. Les autorités égyptiennes et israéliennes ont alors accru leur coopération sécuritaire dans la péninsule du Sinaï, après la déstabilisation de l'appareil sécuritaire égyptien et l'afflux d'armes depuis la Libye et le Soudan.
Le 16 juillet 2013, Israël a donné son feu vert à l'Egypte pour le déploiement de véhicules blindés, d'hélicoptères Apache et de 5 000 hommes dans la zone démilitarisée du Sinaï, notamment la zone C frontalière d'Israël, interdite aux militaires égyptiens et placée sous le contrôle de la Force multinationale et observateurs (MFO). Cette autorisation est obligatoire selon les termes de l'accord israélo-égyptien de mars 1979, par lequel Israël a rétrocédé le Sinaï, conquis lors de la guerre des Six-Jours en juin 1967.


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