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Commémoration du double anniversaire des printemps Berbère et noir
Publié dans Le Midi Libre le 20 - 04 - 2017

37 ans après le Printemps berbère et 16 ans après le Printemps noir qu'a connus la Kabylie, que reste-t-il aujourd'hui du combat pour tamazigh et pour la démocratie ? Après tant de sacrifices et après avoir défriché le terrain avec trop de sang versé et beaucoup de vies sacrifiées, la jeune génération poursuit-elle le combat entamé par ses aïeuls ?
37 ans après le Printemps berbère et 16 ans après le Printemps noir qu'a connus la Kabylie, que reste-t-il aujourd'hui du combat pour tamazigh et pour la démocratie ? Après tant de sacrifices et après avoir défriché le terrain avec trop de sang versé et beaucoup de vies sacrifiées, la jeune génération poursuit-elle le combat entamé par ses aïeuls ?
Le Printemps berbère de 1980, premier mouvement populaire d'opposition en Algérie depuis 1962, suivi quelques années plus tard, de l'épisode sanglant du Printemps noir de 2001 toujours en Kabylie, résultaient des mécontentements qui s'amoncellent des années durant.
Ces printemps visaient fondamentalement à arracher au pouvoir en place la reconnaissance officielle de l'identité, de la culture et de la langue amazighes. Ils ont brisé le tabou linguistique et culturel en remettant en cause l'arabisation intensive du pays au détriment de l'amazighité.
C'est notamment grâce au Printemps amazigh de 1980 que la conscience a été élargie en dehors de la Kabylie pour arracher le droit au multilinguisme et ouvrir largement la voie à la remise en cause du régime en place. Avec la commémoration, aujourd'hui, de ces deux dates, plusieurs manifestations sont prévues dans quelques régions de Kabylie, mais beaucoup moins que les années précédentes, pour rendre hommage aux femmes et hommes ayant oeuvré pour la revendication berbériste, à l'instar de Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Matoub Lounes et bien d'autres encore.
La commémoration du Printemps berbère nous fait remonter le temps pour nous souvenir qu'un certain 10 mars 1980 de hauts fonctionnaires de l'Etat algérien de la wilaya de Tizi-Ouzou annulent une conférence de l'écrivain Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne. Les personnes à l'origine de cette décision refusent de s'expliquer — il s'agirait « d'un ordre émanant d'Alger ».
Par la suite plusieurs manifestations ont eu lieu en Kabylie et à Alger. La répression a été féroce et s'est soldée par une centaine d'arrestations, de nombreux blessés et « peut-être » un mort. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de Kabylie. La nuit du 19 au 20 avril a été la plus horrible et la plus sanglante.
Cette nuit-là l'université de Tizi-Ouzou est prise d'assaut par les forces de l'ordre au cours de l'opération Mizrana. Le lendemain, le 20 avril, suite à une répression sur tous les lieux occupés (université, hôpital, usines) de Tizi-Ouzou, une grève générale spontanée est déclenchée par la population de la ville : plus aucune enseigne en arabe ne subsiste, ni plaque de rues.
La Kabylie est désormais coupée du monde. Le mouvement se poursuit alors en faveur des 24 détenus comme Arezki Abboute, Mokrane Chemim, Saïd Saadi, Mouloud Lounaouci, Ali Brahimi, Saïd Khellil, Djamal Zenati, Arezki Ait Larbi, Ourabah Ali Chikh...
Le mouvement parvient à faire libérer au mois de juin les militants berbéristes. Dès lors, le mouvement berbère tient des assises au mois d'août lors du Séminaire de Yakouren. Il décide de capitaliser l'avancée de ses idées dans le corps social en multipliant les activités de terrain par la voie pacifique. Sur le plan social, le mouvement traduit l'émergence d'une génération d'intellectuels engagés dans le combat démocratique (Tahar Djaout, Ferhat Mehenni,...).
Sur le plan culturel, le Printemps berbère brise le tabou linguistique et culturel : il est la traduction d'une remise en cause de l'arabisation intensive de l'administration au détriment du berbère. Cette prise de conscience identitaire a également touché le Maroc voisin, où ces événements sont commémorés chaque année par les étudiants berbérophones. A partir de cette date il y a eu naissance du Mouvement culturel berbère et naissance de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme.
Lors du Printemps noir, la tragédie de l'assassinat du jeune Massinissa reste celle qui a marqué toute l'Algérie. Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, un jeune lycéen, est tué d'une rafale d'arme automatique par les gendarmes dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala à Tizi-Ouzou. Cet événement — qui s'inscrit dans une série de manifestations hostiles à la jeunesse de la part des forces de l'ordre — sera l'élément déclencheur de l'insurrection kabyle.
Des manifestations sont observées dans la région où le drame a eu lieu mais les sages continuèrent à appeler au calme afin d'éviter un bain de sang. De violentes émeutes ont lieu pour dénoncer les injustices et les abus d'autorité. De nombreux bâtiments officiels sont détruits par le feu ou pris d'assaut par les jeunes émeutiers.
Ces manifestations sont réprimées par les forces de l'ordre, notamment la Gendarmerie nationale, qui tire à balles réelles sur les manifestants qui sont, pour la plupart, des collégiens ou des lycéens. On décompte plus d'une quarantaine de morts et des centaines de blessés, rien que pour les journées du 25 au 28 avril 2001.
Le nombre de morts, parmi les manifestants, s'élève jusqu'à la fin du drame à 126 et le nombre de blessés à plus de 5.000. Le 14 juin, une imposante marche converge vers Alger pour remettre au président Abdelaziz Bouteflika un texte de revendications : la « Plate-forme d'El Kseur ». Les manifestants ne sont pas reçus et sont stoppés par les forces de l'ordre.
La répression fait 8 victimes, et 130 personnes sont portées disparues — elles seront, retrouvées soit mortes, soit hospitalisées dans les alentours, soit placées en garde à vue. De nombreux affrontements vont succéder à cette manifestation, entraînant des dizaines de morts, des centaines de blessés et de multiples arrestations. Après ce combat intellectuel, qui a duré plus de 20 ans, la langue berbère est maintenant reconnue comme langue nationale et « officielle au second degré » en l'Algérie.
Bien que la langue tamazight est étudiée dans les établissements scolaires primaires et secondaires, et sera même en examen de Bac dans la Kabylie, et qu'une chaîne de télévision a été lancée, dans la foulée de l'élection présidentielle d'avril 2009, le gouvernement refuse de céder à la revendication politique la plus importante, à savoir l'officialisation de tamazight... le combat continue.
Le Printemps berbère de 1980, premier mouvement populaire d'opposition en Algérie depuis 1962, suivi quelques années plus tard, de l'épisode sanglant du Printemps noir de 2001 toujours en Kabylie, résultaient des mécontentements qui s'amoncellent des années durant.
Ces printemps visaient fondamentalement à arracher au pouvoir en place la reconnaissance officielle de l'identité, de la culture et de la langue amazighes. Ils ont brisé le tabou linguistique et culturel en remettant en cause l'arabisation intensive du pays au détriment de l'amazighité.
C'est notamment grâce au Printemps amazigh de 1980 que la conscience a été élargie en dehors de la Kabylie pour arracher le droit au multilinguisme et ouvrir largement la voie à la remise en cause du régime en place. Avec la commémoration, aujourd'hui, de ces deux dates, plusieurs manifestations sont prévues dans quelques régions de Kabylie, mais beaucoup moins que les années précédentes, pour rendre hommage aux femmes et hommes ayant oeuvré pour la revendication berbériste, à l'instar de Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Matoub Lounes et bien d'autres encore.
La commémoration du Printemps berbère nous fait remonter le temps pour nous souvenir qu'un certain 10 mars 1980 de hauts fonctionnaires de l'Etat algérien de la wilaya de Tizi-Ouzou annulent une conférence de l'écrivain Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne. Les personnes à l'origine de cette décision refusent de s'expliquer — il s'agirait « d'un ordre émanant d'Alger ».
Par la suite plusieurs manifestations ont eu lieu en Kabylie et à Alger. La répression a été féroce et s'est soldée par une centaine d'arrestations, de nombreux blessés et « peut-être » un mort. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de Kabylie. La nuit du 19 au 20 avril a été la plus horrible et la plus sanglante.
Cette nuit-là l'université de Tizi-Ouzou est prise d'assaut par les forces de l'ordre au cours de l'opération Mizrana. Le lendemain, le 20 avril, suite à une répression sur tous les lieux occupés (université, hôpital, usines) de Tizi-Ouzou, une grève générale spontanée est déclenchée par la population de la ville : plus aucune enseigne en arabe ne subsiste, ni plaque de rues.
La Kabylie est désormais coupée du monde. Le mouvement se poursuit alors en faveur des 24 détenus comme Arezki Abboute, Mokrane Chemim, Saïd Saadi, Mouloud Lounaouci, Ali Brahimi, Saïd Khellil, Djamal Zenati, Arezki Ait Larbi, Ourabah Ali Chikh...
Le mouvement parvient à faire libérer au mois de juin les militants berbéristes. Dès lors, le mouvement berbère tient des assises au mois d'août lors du Séminaire de Yakouren. Il décide de capitaliser l'avancée de ses idées dans le corps social en multipliant les activités de terrain par la voie pacifique. Sur le plan social, le mouvement traduit l'émergence d'une génération d'intellectuels engagés dans le combat démocratique (Tahar Djaout, Ferhat Mehenni,...).
Sur le plan culturel, le Printemps berbère brise le tabou linguistique et culturel : il est la traduction d'une remise en cause de l'arabisation intensive de l'administration au détriment du berbère. Cette prise de conscience identitaire a également touché le Maroc voisin, où ces événements sont commémorés chaque année par les étudiants berbérophones. A partir de cette date il y a eu naissance du Mouvement culturel berbère et naissance de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme.
Lors du Printemps noir, la tragédie de l'assassinat du jeune Massinissa reste celle qui a marqué toute l'Algérie. Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, un jeune lycéen, est tué d'une rafale d'arme automatique par les gendarmes dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala à Tizi-Ouzou. Cet événement — qui s'inscrit dans une série de manifestations hostiles à la jeunesse de la part des forces de l'ordre — sera l'élément déclencheur de l'insurrection kabyle.
Des manifestations sont observées dans la région où le drame a eu lieu mais les sages continuèrent à appeler au calme afin d'éviter un bain de sang. De violentes émeutes ont lieu pour dénoncer les injustices et les abus d'autorité. De nombreux bâtiments officiels sont détruits par le feu ou pris d'assaut par les jeunes émeutiers.
Ces manifestations sont réprimées par les forces de l'ordre, notamment la Gendarmerie nationale, qui tire à balles réelles sur les manifestants qui sont, pour la plupart, des collégiens ou des lycéens. On décompte plus d'une quarantaine de morts et des centaines de blessés, rien que pour les journées du 25 au 28 avril 2001.
Le nombre de morts, parmi les manifestants, s'élève jusqu'à la fin du drame à 126 et le nombre de blessés à plus de 5.000. Le 14 juin, une imposante marche converge vers Alger pour remettre au président Abdelaziz Bouteflika un texte de revendications : la « Plate-forme d'El Kseur ». Les manifestants ne sont pas reçus et sont stoppés par les forces de l'ordre.
La répression fait 8 victimes, et 130 personnes sont portées disparues — elles seront, retrouvées soit mortes, soit hospitalisées dans les alentours, soit placées en garde à vue. De nombreux affrontements vont succéder à cette manifestation, entraînant des dizaines de morts, des centaines de blessés et de multiples arrestations. Après ce combat intellectuel, qui a duré plus de 20 ans, la langue berbère est maintenant reconnue comme langue nationale et « officielle au second degré » en l'Algérie.
Bien que la langue tamazight est étudiée dans les établissements scolaires primaires et secondaires, et sera même en examen de Bac dans la Kabylie, et qu'une chaîne de télévision a été lancée, dans la foulée de l'élection présidentielle d'avril 2009, le gouvernement refuse de céder à la revendication politique la plus importante, à savoir l'officialisation de tamazight... le combat continue.


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