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Tristesse et joie des candidats au bac
Virée nocturne dans les cybercafés
Publié dans Le Midi Libre le 07 - 07 - 2007

Cette nuit-là, tous les candidats aux épreuves du baccalauréat attendaient le résultat avec beaucoup d'impatience. L'attente et l'angoisse furent le quotidien, durant des semaines entières, de ces élèves dont le rêve de décrocher le bac pourrait bien se réaliser dès ce soir.
Cette nuit-là, tous les candidats aux épreuves du baccalauréat attendaient le résultat avec beaucoup d'impatience. L'attente et l'angoisse furent le quotidien, durant des semaines entières, de ces élèves dont le rêve de décrocher le bac pourrait bien se réaliser dès ce soir.
Il est environ dix huit heures. Nous sommes dans un cybercafé de la petite ville de Birtouta. L'atmosphère qui y règne préfigure déjà une ambiance bien particulière pour le reste de la soirée. «Que voulez-vous que je vous dise ? C'est la première fois dans ma vie que je me sens comme ça. C'est très étrange ce qui me traverse. On nous a dit que les résultats du baccalauréat seront affichés cette nuit sur le site de l'Onec (Office national des examens et des concours), mais là au cyber où je me trouve depuis plus d'une heure le site ne s'ouvre même pas. Il ne me reste donc que Mobilis pour être délivré», nous confie d'emblée Isshak, qui a tenté sa chance aux épreuves du baccalauréat pour la première fois. «C'est toujours la même chanson. On nous donne des sites et des adresses qui ne fonctionnent jamais. Minuit ou midi, il faut attendre au moins une journée après l'affichage final des listes des lauréats dans les lycées pour voir enfin le site opérationnel sur le net. On est vraiment très en retard dans ce domaine…», relève Khaled, propriétaire du cyber, qui ne perd pas un instant pour s'en prendre à l'«amateurisme» des responsables du ministère de l'Education nationale. Cependant, pour le business, le boss a prévu un plan B pour cette soirée ô combien prometteuse en termes d'affaires. «Je me suis armé de deux puces Mobilis pour l'occasion. Dès que les lycéens commenceront à affluer au cyber, nous leur proposerons ce service. Le message nous coûtera 50 DA. Mais nous, nous allons fixer les prix à 80 DA pour ceux ou celles qui ont obtenu leur bac et 60 DA pour ceux ou celles qui ont échoué. De toute façon, tout le monde y trouvera son compte», explique le patron des lieux qui se frotte déjà les mains à l'idée du rush très important ce soir sur son cyber.
Stress et inquiétude
Quelques minutes plus tard, une véritable queue commence à se former dans l'antre du web. Elèves, parents, amis, voisins, cousins, ils sont de plus en plus nombreux à venir s'enquérir des fameux résultats du bac. «Ma fille est plus que stressée. Elle est au bord de la crise de nerfs. En plus, elle n'a guère eu le courage de m'accompagner pour vérifier son résultat. Peu importe le prix qu'il faut payer, on doit à tout prix connaître son sort», nous déclare un père dont l'inquiétude se lit sur les traits de son visage. La rumeur qui s'est répandue dans la ville a ameuté tous les habitants.
Jeunes ou moins jeunes, concernés ou pas, un seul mot et deux syllabes revenaient à chaque fois sur les lèvres des habitants de Birtouta : bac. Comme si le baccalauréat devait déterminer le destin de toute la ville.«ça y est. C'est confirmé. Mobilis a commencé à donner les résultats. Il faut que je trouve quelqu'un qui possède une puce Mobilis. Sinon, je vais carrément en acheter une pour moi…», clame un candidat qui déambulait dans la rue. Dans le cyber de notre ami Khaled, l'ambiance est aussi électrique.
Le patron a même mobilisé deux employés pour répondre aux demandes des clients qui, ce soir-là, se font légion à l'entrée. «Il suffit que le client nous donne une feuille où il est noté le numéro d'inscription du candidat. Ensuite, on envoie nous-mêmes un message contenant ce numéro au 62 62 et quelques instants plus tard on a le résultat», explique Moncef, un des employés du cyber, qui semble toutefois débordé par les sollicitations des clients de plus en plus nerveux. «Patientez SVP ! Le réseau est certainement surchargé. C'est pourquoi la réponse se fait lente», rétorque Moncef.
Quant au patron, il se trouve à l'extérieur pour démarcher les candidats. «Sur le net, les résultats ne sont pas encore disponibles. Mais, il ne faut pas y compter. Je peux vous donner votre résultat dès maintenant grâce à Mobilis. Il suffit seulement de demander », affirme-t-il en répondant aux interrogations des candidats qui n'opposent plus aucune résistance aux offres alléchantes des rabatteurs du moment.
«Je m'en fous du prix à payer. Je suis prêt à tout pour savoir si j'ai eu mon bac ou pas. Il est m'est impossible d'attendre jusqu'à demain. C'est trop dur et intenable en même temps. Ce soir, je passerais certainement une nuit blanche», nous révèle Amine, 18 ans, qui espère bien fêter dès ce soir sa réussite aux épreuves du baccalauréat. «Moi aussi, je ne peux pas patienter jusqu'à l'affichage des listes demain au lycée. Comment pourrais-je dormir dans ces conditions. Je suis tellement stressé que je risque de m'évanouir à tout instant. C'est pas que je ne suis pas confiant, mais ces moments-là sont si importants pour mon avenir que j'ai du mal à supporter leur intensité», nous confie Mohamed, 17 ans, dont le bonheur ce soir dépendra d'un simple SMS.
«Le premier numéro, il est admis avec une moyenne de 10.78. Le deuxième aussi avec une moyenne de 11.54. Mabrouk aâlihoum», décrète Moncef qui n'hésite pas à afficher le sourire et à partager le bonheur de ces lauréats. «Super, magnifique, je l'ai eu. Merci beaucoup ! Gardez la monnaie, je m'en fiche maintenant», s'écrie dès lors un tout nouveau bachelier.
Bonheur et tristesse
Les bonnes nouvelles tombent certes, mais les mauvaises aussi. «Malheureusement, ce numéro a eu un 9.18. Il n'est pas admis. Celui-là un 8.75. Il est recalé aussi. Je suis désolé», murmure encore Moncef. «C'est pas grave, elle retentera sa chance l'année prochaine. Elle déprimera certainement ces jours-ci, mais ça lui passera. Elle doit se remettre au travail et l'année prochaine inchallah, elle l'aura… », nous dit, certes avec une tristesse palpable, un parent dont la fille vient d'échouer aux examens du bac. «Je suis abattu. Tout simplement abattu. Je l'ai raté de peu. 9 virgule. Et pourtant j'étais très optimiste. Un simple SMS a foutu mon moral en l'air. J'irais quand même vérifier mon résultat demain au lycée. Sinon, je ne sais pas quoi faire pour les jours à venir», nous déclare, les larmes aux yeux, un autre candidat recalé que les amis essaient de consoler ; en vain.
De la joie à la tristesse, le voyage s'effectue souvent sans escale. Extraordinaire est toutefois l'image que nous offre cette nuit-là les valeureux candidats au bac. Dans le même cyber, les heureux côtoient les malheureux et chacun d'entre eux vit mal le suspense de ces moments. Un simple SMS scelle leur destin et sépare leurs destinées. Néanmoins, ces moments riches en émotions et en rebondissements ne laissent guère indifférent le plus froid des spectateurs. «C'est comme si j'étais à leur place. Je me mets dans leur peau. ça ne doit pas être facile ce qu'ils sont en train d'endurer en ce moment. C'est pourquoi on essaie de les consoler un peu», nous fait savoir Moncef qui ne s'est jamais imaginé jouer les premiers rôles dans le scénario de cette soirée. «Tous les regards sont rivés sur nous. On dirait que c'est nous qui détenons la clé du bonheur ou du… malheur. Même si on y est pour rien dans les résultats communiqués, je me sens personnellement très impliqué dans le dénouement. C'est pourquoi j'essaie d'être compréhensif», nous relate encore Anis, compagnon de galère de Moncef dans le cyber.
A l'extérieur, on peut d'ores et déjà assister au spectacle des défilés de voitures donnant des coups de klaxons tous azimuts. Même les fumigènes sont de la partie pour pimenter encore plus l'ambiance. «Non, ce n'est pas un mariage, mais ça en a tout l'air. Mon petit frère vient de décrocher son bac avec mention. On est fier de lui. Thoug roublouha hatâa lesbah», nous annonce un des fêtards qui crée à tue-tête sa joie et sa fierté. «Le bac ça se fête quand même car ça n'arrive qu'une fois dans la vie. Mon fils m'a rendu heureuse, c'est à mon tour de le féliciter et de le récompenser», nous révèle également une mère qui, de sa voiture, remue toute la rue avec ses énergiques youyous de joie.
Il est pratiquement 23h, le cyber de Khaled ne désemplit toujours pas même si le site de l'Onec n'est pas encore fonctionnel ! Les taxiphones ne cessent de vendre des cartes de recharge Mobilis. «J'en ai jamais vendu autant», témoigne le patron d'un taxiphone. Les «gazouzette», boissons gazeuses indétournables aux yeux des Algériens pour faire la fête, circulent à volontiers dans la rue. «C'est le fils d'un voisin qui vient de décrocher le précieux sésame. Il a tenté sa chance pour la deuxième fois. Et c'est heureusement la bonne. On est vraiment heureux pour lui», nous dit un jeune homme qui sirote calmement sa boisson. Le bac a visiblement sorti la ville de sa torpeur après une journée de grande chaleur. Dans quelques minutes, ce sera le 5 juillet. «Date de l'indépendance et de la délivrance», ironise un ami, faisant allusion aux listes des lauréats qui seront affichées le lendemain au lycée. Peu importe, certains fêtent déjà leur triomphe et d'autres se consolent de leur désillusion…
Il est environ dix huit heures. Nous sommes dans un cybercafé de la petite ville de Birtouta. L'atmosphère qui y règne préfigure déjà une ambiance bien particulière pour le reste de la soirée. «Que voulez-vous que je vous dise ? C'est la première fois dans ma vie que je me sens comme ça. C'est très étrange ce qui me traverse. On nous a dit que les résultats du baccalauréat seront affichés cette nuit sur le site de l'Onec (Office national des examens et des concours), mais là au cyber où je me trouve depuis plus d'une heure le site ne s'ouvre même pas. Il ne me reste donc que Mobilis pour être délivré», nous confie d'emblée Isshak, qui a tenté sa chance aux épreuves du baccalauréat pour la première fois. «C'est toujours la même chanson. On nous donne des sites et des adresses qui ne fonctionnent jamais. Minuit ou midi, il faut attendre au moins une journée après l'affichage final des listes des lauréats dans les lycées pour voir enfin le site opérationnel sur le net. On est vraiment très en retard dans ce domaine…», relève Khaled, propriétaire du cyber, qui ne perd pas un instant pour s'en prendre à l'«amateurisme» des responsables du ministère de l'Education nationale. Cependant, pour le business, le boss a prévu un plan B pour cette soirée ô combien prometteuse en termes d'affaires. «Je me suis armé de deux puces Mobilis pour l'occasion. Dès que les lycéens commenceront à affluer au cyber, nous leur proposerons ce service. Le message nous coûtera 50 DA. Mais nous, nous allons fixer les prix à 80 DA pour ceux ou celles qui ont obtenu leur bac et 60 DA pour ceux ou celles qui ont échoué. De toute façon, tout le monde y trouvera son compte», explique le patron des lieux qui se frotte déjà les mains à l'idée du rush très important ce soir sur son cyber.
Stress et inquiétude
Quelques minutes plus tard, une véritable queue commence à se former dans l'antre du web. Elèves, parents, amis, voisins, cousins, ils sont de plus en plus nombreux à venir s'enquérir des fameux résultats du bac. «Ma fille est plus que stressée. Elle est au bord de la crise de nerfs. En plus, elle n'a guère eu le courage de m'accompagner pour vérifier son résultat. Peu importe le prix qu'il faut payer, on doit à tout prix connaître son sort», nous déclare un père dont l'inquiétude se lit sur les traits de son visage. La rumeur qui s'est répandue dans la ville a ameuté tous les habitants.
Jeunes ou moins jeunes, concernés ou pas, un seul mot et deux syllabes revenaient à chaque fois sur les lèvres des habitants de Birtouta : bac. Comme si le baccalauréat devait déterminer le destin de toute la ville.«ça y est. C'est confirmé. Mobilis a commencé à donner les résultats. Il faut que je trouve quelqu'un qui possède une puce Mobilis. Sinon, je vais carrément en acheter une pour moi…», clame un candidat qui déambulait dans la rue. Dans le cyber de notre ami Khaled, l'ambiance est aussi électrique.
Le patron a même mobilisé deux employés pour répondre aux demandes des clients qui, ce soir-là, se font légion à l'entrée. «Il suffit que le client nous donne une feuille où il est noté le numéro d'inscription du candidat. Ensuite, on envoie nous-mêmes un message contenant ce numéro au 62 62 et quelques instants plus tard on a le résultat», explique Moncef, un des employés du cyber, qui semble toutefois débordé par les sollicitations des clients de plus en plus nerveux. «Patientez SVP ! Le réseau est certainement surchargé. C'est pourquoi la réponse se fait lente», rétorque Moncef.
Quant au patron, il se trouve à l'extérieur pour démarcher les candidats. «Sur le net, les résultats ne sont pas encore disponibles. Mais, il ne faut pas y compter. Je peux vous donner votre résultat dès maintenant grâce à Mobilis. Il suffit seulement de demander », affirme-t-il en répondant aux interrogations des candidats qui n'opposent plus aucune résistance aux offres alléchantes des rabatteurs du moment.
«Je m'en fous du prix à payer. Je suis prêt à tout pour savoir si j'ai eu mon bac ou pas. Il est m'est impossible d'attendre jusqu'à demain. C'est trop dur et intenable en même temps. Ce soir, je passerais certainement une nuit blanche», nous révèle Amine, 18 ans, qui espère bien fêter dès ce soir sa réussite aux épreuves du baccalauréat. «Moi aussi, je ne peux pas patienter jusqu'à l'affichage des listes demain au lycée. Comment pourrais-je dormir dans ces conditions. Je suis tellement stressé que je risque de m'évanouir à tout instant. C'est pas que je ne suis pas confiant, mais ces moments-là sont si importants pour mon avenir que j'ai du mal à supporter leur intensité», nous confie Mohamed, 17 ans, dont le bonheur ce soir dépendra d'un simple SMS.
«Le premier numéro, il est admis avec une moyenne de 10.78. Le deuxième aussi avec une moyenne de 11.54. Mabrouk aâlihoum», décrète Moncef qui n'hésite pas à afficher le sourire et à partager le bonheur de ces lauréats. «Super, magnifique, je l'ai eu. Merci beaucoup ! Gardez la monnaie, je m'en fiche maintenant», s'écrie dès lors un tout nouveau bachelier.
Bonheur et tristesse
Les bonnes nouvelles tombent certes, mais les mauvaises aussi. «Malheureusement, ce numéro a eu un 9.18. Il n'est pas admis. Celui-là un 8.75. Il est recalé aussi. Je suis désolé», murmure encore Moncef. «C'est pas grave, elle retentera sa chance l'année prochaine. Elle déprimera certainement ces jours-ci, mais ça lui passera. Elle doit se remettre au travail et l'année prochaine inchallah, elle l'aura… », nous dit, certes avec une tristesse palpable, un parent dont la fille vient d'échouer aux examens du bac. «Je suis abattu. Tout simplement abattu. Je l'ai raté de peu. 9 virgule. Et pourtant j'étais très optimiste. Un simple SMS a foutu mon moral en l'air. J'irais quand même vérifier mon résultat demain au lycée. Sinon, je ne sais pas quoi faire pour les jours à venir», nous déclare, les larmes aux yeux, un autre candidat recalé que les amis essaient de consoler ; en vain.
De la joie à la tristesse, le voyage s'effectue souvent sans escale. Extraordinaire est toutefois l'image que nous offre cette nuit-là les valeureux candidats au bac. Dans le même cyber, les heureux côtoient les malheureux et chacun d'entre eux vit mal le suspense de ces moments. Un simple SMS scelle leur destin et sépare leurs destinées. Néanmoins, ces moments riches en émotions et en rebondissements ne laissent guère indifférent le plus froid des spectateurs. «C'est comme si j'étais à leur place. Je me mets dans leur peau. ça ne doit pas être facile ce qu'ils sont en train d'endurer en ce moment. C'est pourquoi on essaie de les consoler un peu», nous fait savoir Moncef qui ne s'est jamais imaginé jouer les premiers rôles dans le scénario de cette soirée. «Tous les regards sont rivés sur nous. On dirait que c'est nous qui détenons la clé du bonheur ou du… malheur. Même si on y est pour rien dans les résultats communiqués, je me sens personnellement très impliqué dans le dénouement. C'est pourquoi j'essaie d'être compréhensif», nous relate encore Anis, compagnon de galère de Moncef dans le cyber.
A l'extérieur, on peut d'ores et déjà assister au spectacle des défilés de voitures donnant des coups de klaxons tous azimuts. Même les fumigènes sont de la partie pour pimenter encore plus l'ambiance. «Non, ce n'est pas un mariage, mais ça en a tout l'air. Mon petit frère vient de décrocher son bac avec mention. On est fier de lui. Thoug roublouha hatâa lesbah», nous annonce un des fêtards qui crée à tue-tête sa joie et sa fierté. «Le bac ça se fête quand même car ça n'arrive qu'une fois dans la vie. Mon fils m'a rendu heureuse, c'est à mon tour de le féliciter et de le récompenser», nous révèle également une mère qui, de sa voiture, remue toute la rue avec ses énergiques youyous de joie.
Il est pratiquement 23h, le cyber de Khaled ne désemplit toujours pas même si le site de l'Onec n'est pas encore fonctionnel ! Les taxiphones ne cessent de vendre des cartes de recharge Mobilis. «J'en ai jamais vendu autant», témoigne le patron d'un taxiphone. Les «gazouzette», boissons gazeuses indétournables aux yeux des Algériens pour faire la fête, circulent à volontiers dans la rue. «C'est le fils d'un voisin qui vient de décrocher le précieux sésame. Il a tenté sa chance pour la deuxième fois. Et c'est heureusement la bonne. On est vraiment heureux pour lui», nous dit un jeune homme qui sirote calmement sa boisson. Le bac a visiblement sorti la ville de sa torpeur après une journée de grande chaleur. Dans quelques minutes, ce sera le 5 juillet. «Date de l'indépendance et de la délivrance», ironise un ami, faisant allusion aux listes des lauréats qui seront affichées le lendemain au lycée. Peu importe, certains fêtent déjà leur triomphe et d'autres se consolent de leur désillusion…


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