Depuis la fin de l'Etat-providence et le plan d'ajustement structurel, l'Algérie essaie d'imaginer de nouvelles recettes à l'effet de booster l'emploi. Depuis la fin de l'Etat-providence et le plan d'ajustement structurel, l'Algérie essaie d'imaginer de nouvelles recettes à l'effet de booster l'emploi. La politique de l'emploi en Algérie a connu plusieurs périodes. Pendant longtemps, c'est le secteur public — industriel, l'administration et l'agriculture — qui était pourvoyeur d'emplois. Suite à la déréglementation et au plan d'ajustement structurel au milieu des années 1990, il a fallu trouver d'autres gisements d'emplois. On a privilégié des démarches visant la création de microentreprises et l'adoption d'un nouveau code des investissements pour booster le secteur privé et faciliter l'entrée dans l'économie de marché. Cela dit, quelle est la situation de l'emploi en Algérie ? Selon les enquêtes menées par l'Agence nationale de l'emploi (Anem), il faut compter 85 % de chômeurs âgés de 16 à 39 ans, parmi lesquels les femmes représentent une part importante. L'analyse fait ressortir que parmi les demandeurs d'emploi, une bonne majorité sont diplômés, dont 33% de personnel qualifié, 8% de techniciens supérieurs et 2% de personnel hautement qualifié. Quant aux chiffres publiés par l'Office national des statistiques (ONS), ils indiquent que le taux de chômage en Algérie en 2006 est tombé à 12,3% contre 15,3%, l'année précédente, et contre 17,7% en 2004. Ces chiffres sont-ils vrais ? La plupart des commentateurs les ont contestés, au vu de la situation de l'emploi sur le terrain, marquée par la précarité. Il suffit de jeter un coup d'œil autour de soi pour se rendre compte que le nombre de "hittistes" et de jeunes désœuvrés a plus tendance à augmenter. Enfin ! Faiblesse du système d'information statistique Pour le consultant K. Benmoufo, de Global Policy Network, plusieurs travaux réalisés depuis les années 2000-2002, tant par les organismes publics que par des bureaux d'études — et encore tout récemment par le BIT —, s'accordent tous sur un point : la difficulté de saisir la mesure de l'emploi et son corollaire, le chômage, du fait de la faiblesse du système d'information statistique et de le discordance et de la dispersion des données. K. Benmofok signale entre autres que le cadre macroéconomique a fortement pesé depuis 20 ans sur l'état dans lequel se trouve le marché du travail aujourd'hui, notamment suite au plan d'ajustement structurel initié en 1994-1995 et qui continue de produire ses effets sur la compression des dépenses sociales et sur l'extension de la pauvreté, bien que l'amélioration des ressources financières à la faveur du bond des prix des hydrocarbures a permis de renouer avec la croissance de l'emploi. On constate une nette évolution de la structure de la population active entre 1996, période d'ajustement structurel, et 2003, coïncidant avec l'amorce de la stabilisation, se traduisant, pour reprendre K. Benmoufok, par une libéralisation du commerce, soutenue par les programmes d'aide gouvernementaux à la création d'entreprises, les facilités et les avantages octroyés à l'investissement privé, la contractualisation des relations de travail, introduite par la législation du travail de 1990, la généralisation de la précarité, y compris par les dispositifs d'emploi temporaires (Esil, Tig, Tuphimo…). Les administrations publiques, le plus gros employeur Ce qui frappe le plus les esprits, c'est le fait que la structure de l'emploi (année de référence 2003) soit totalement transformée, la part des secteurs directement productifs accusant un très fort recul au profit des services. Sur un total de 8 762 000 emplois, les administrations publiques sont le plus gros employeur occupant 1,5 million d'effectifs. En revanche, le secteur économique public, qui comptait 1,2 million de salariés en 1985, a vu ses effectifs réduits à 420 000. Cela s'est fait bien sûr au profit du secteur privé, qui a connu une véritable impulsion durant la décennie 1990-2000 ; occupant quelque 635 000 salariés, constitué dans la quasi-totalité de PME, concentrées autour des BTP, du commerce, des transports et communication, des services aux ménages, de l'agroalimentaire et de microentreprises de services. Quant au commerce proprement dit, avec un million de personnes (toujours en 2003), il est devenu le second secteur d'activité, suivi des transports, les communications, les banques et assurances, le tourisme et les services marchands. Différentes formules ont été testées depuis les années 90 à l'effet de booster l'emploi. On peut citer outre les facilités accordées dans le cadre du code de l'investissement, des formules prévues à l'adresse des jeunes comme l'Ansej ou le microcrédit pour les chômeurs âgés de 35 à 50 ans. Il y a également tous les emplois créés dans le cadre du plan de consolidation de la relance économique. Les chiffres en notre possession font ressortir que plus de 81 000 petites et moyennes entreprises ont été créées par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), créant plus de 231 000 emplois dans l'ensemble du pays. En termes d'investissement, M. Tayeb Louh, ministre du Travail, a déclaré que le programme de soutien à la relance économique a permis de créer 2 400 000 postes d'emplois entre 2001 et 2005. «Ces réalisations, a-t-il ajouté, ont permis d'absorber la demande annuelle croissante en matière d'emploi et de réduire le nombre de chômeurs qui tombent ainsi de 2 611 000 en 2000, soit un taux de chômage de 29,5 % à 1 475 000 en 2005, ce qui représente 15,3 % de la population active.» Or, l'objectif aujourd'hui est de parvenir à la création de 2 000 000 d'emplois d'ici à l'horizon 2009. Pénurie de main-d'œuvre qualifiée Deux phénomènes plutôt négatifs sont à signaler. D'un côté, il y a cette importance prise par le secteur informel et du travail au noir. Qui empêche de connaître le nombre réel de personnes qui activent dans ce circuit dans des conditions souvent précaires, puisqu'elles ne sont pas déclarées à la Sécurité sociale. Et d'un autre côté, il y a cette pénurie en main-d'œuvre qualifiée, qui fait que l'Algérie est obligée, pour les besoins de certains chantiers, de la faire venir de Chine. Il s'agit bien entendu de réhabiliter le volet de la formation professionnelle, pour former des ouvriers spécialisés pour les chantiers de la République : électriciens, plombiers et tous les autres corps de métiers. C'est également un changement de mentalité qu'il faut opérer, les gens méconnaissant l'importance de ces métiers pour le développement économique d'un pays, choisissant à tort des études qui ne préparent pas au monde du travail. D'où un nombre de plus en plus croissant de chômeurs diplômés, dont beaucoup d'universitaires. La mondialisation ne nous apprend-elle pas que les pays qui ont réussi un tant soit peu à dompter le chômage ont commencé par adopter des lois de flexibilité dans le travail et un cadre permettant de recycler les personnes pour les orienter vers des filières performantes en termes d'emploi. Et c'est sans doute cette dernière approche qui permettra de décongestionner le monde du travail. M. Tayeb Louh ne vient-il pas de déclarer que les nouveaux textes visent à prendre en charge les préoccupations des employeurs, consistant essentiellement en l'allégement des charges sociales pour réduire le coût de la création de nouveaux emplois ? En résumé, il reste beaucoup à faire pour vraiment mettre la législation du travail au diapason de ce qui se fait de mieux en la matière dans le monde. La politique de l'emploi en Algérie a connu plusieurs périodes. Pendant longtemps, c'est le secteur public — industriel, l'administration et l'agriculture — qui était pourvoyeur d'emplois. Suite à la déréglementation et au plan d'ajustement structurel au milieu des années 1990, il a fallu trouver d'autres gisements d'emplois. On a privilégié des démarches visant la création de microentreprises et l'adoption d'un nouveau code des investissements pour booster le secteur privé et faciliter l'entrée dans l'économie de marché. Cela dit, quelle est la situation de l'emploi en Algérie ? Selon les enquêtes menées par l'Agence nationale de l'emploi (Anem), il faut compter 85 % de chômeurs âgés de 16 à 39 ans, parmi lesquels les femmes représentent une part importante. L'analyse fait ressortir que parmi les demandeurs d'emploi, une bonne majorité sont diplômés, dont 33% de personnel qualifié, 8% de techniciens supérieurs et 2% de personnel hautement qualifié. Quant aux chiffres publiés par l'Office national des statistiques (ONS), ils indiquent que le taux de chômage en Algérie en 2006 est tombé à 12,3% contre 15,3%, l'année précédente, et contre 17,7% en 2004. Ces chiffres sont-ils vrais ? La plupart des commentateurs les ont contestés, au vu de la situation de l'emploi sur le terrain, marquée par la précarité. Il suffit de jeter un coup d'œil autour de soi pour se rendre compte que le nombre de "hittistes" et de jeunes désœuvrés a plus tendance à augmenter. Enfin ! Faiblesse du système d'information statistique Pour le consultant K. Benmoufo, de Global Policy Network, plusieurs travaux réalisés depuis les années 2000-2002, tant par les organismes publics que par des bureaux d'études — et encore tout récemment par le BIT —, s'accordent tous sur un point : la difficulté de saisir la mesure de l'emploi et son corollaire, le chômage, du fait de la faiblesse du système d'information statistique et de le discordance et de la dispersion des données. K. Benmofok signale entre autres que le cadre macroéconomique a fortement pesé depuis 20 ans sur l'état dans lequel se trouve le marché du travail aujourd'hui, notamment suite au plan d'ajustement structurel initié en 1994-1995 et qui continue de produire ses effets sur la compression des dépenses sociales et sur l'extension de la pauvreté, bien que l'amélioration des ressources financières à la faveur du bond des prix des hydrocarbures a permis de renouer avec la croissance de l'emploi. On constate une nette évolution de la structure de la population active entre 1996, période d'ajustement structurel, et 2003, coïncidant avec l'amorce de la stabilisation, se traduisant, pour reprendre K. Benmoufok, par une libéralisation du commerce, soutenue par les programmes d'aide gouvernementaux à la création d'entreprises, les facilités et les avantages octroyés à l'investissement privé, la contractualisation des relations de travail, introduite par la législation du travail de 1990, la généralisation de la précarité, y compris par les dispositifs d'emploi temporaires (Esil, Tig, Tuphimo…). Les administrations publiques, le plus gros employeur Ce qui frappe le plus les esprits, c'est le fait que la structure de l'emploi (année de référence 2003) soit totalement transformée, la part des secteurs directement productifs accusant un très fort recul au profit des services. Sur un total de 8 762 000 emplois, les administrations publiques sont le plus gros employeur occupant 1,5 million d'effectifs. En revanche, le secteur économique public, qui comptait 1,2 million de salariés en 1985, a vu ses effectifs réduits à 420 000. Cela s'est fait bien sûr au profit du secteur privé, qui a connu une véritable impulsion durant la décennie 1990-2000 ; occupant quelque 635 000 salariés, constitué dans la quasi-totalité de PME, concentrées autour des BTP, du commerce, des transports et communication, des services aux ménages, de l'agroalimentaire et de microentreprises de services. Quant au commerce proprement dit, avec un million de personnes (toujours en 2003), il est devenu le second secteur d'activité, suivi des transports, les communications, les banques et assurances, le tourisme et les services marchands. Différentes formules ont été testées depuis les années 90 à l'effet de booster l'emploi. On peut citer outre les facilités accordées dans le cadre du code de l'investissement, des formules prévues à l'adresse des jeunes comme l'Ansej ou le microcrédit pour les chômeurs âgés de 35 à 50 ans. Il y a également tous les emplois créés dans le cadre du plan de consolidation de la relance économique. Les chiffres en notre possession font ressortir que plus de 81 000 petites et moyennes entreprises ont été créées par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), créant plus de 231 000 emplois dans l'ensemble du pays. En termes d'investissement, M. Tayeb Louh, ministre du Travail, a déclaré que le programme de soutien à la relance économique a permis de créer 2 400 000 postes d'emplois entre 2001 et 2005. «Ces réalisations, a-t-il ajouté, ont permis d'absorber la demande annuelle croissante en matière d'emploi et de réduire le nombre de chômeurs qui tombent ainsi de 2 611 000 en 2000, soit un taux de chômage de 29,5 % à 1 475 000 en 2005, ce qui représente 15,3 % de la population active.» Or, l'objectif aujourd'hui est de parvenir à la création de 2 000 000 d'emplois d'ici à l'horizon 2009. Pénurie de main-d'œuvre qualifiée Deux phénomènes plutôt négatifs sont à signaler. D'un côté, il y a cette importance prise par le secteur informel et du travail au noir. Qui empêche de connaître le nombre réel de personnes qui activent dans ce circuit dans des conditions souvent précaires, puisqu'elles ne sont pas déclarées à la Sécurité sociale. Et d'un autre côté, il y a cette pénurie en main-d'œuvre qualifiée, qui fait que l'Algérie est obligée, pour les besoins de certains chantiers, de la faire venir de Chine. Il s'agit bien entendu de réhabiliter le volet de la formation professionnelle, pour former des ouvriers spécialisés pour les chantiers de la République : électriciens, plombiers et tous les autres corps de métiers. C'est également un changement de mentalité qu'il faut opérer, les gens méconnaissant l'importance de ces métiers pour le développement économique d'un pays, choisissant à tort des études qui ne préparent pas au monde du travail. D'où un nombre de plus en plus croissant de chômeurs diplômés, dont beaucoup d'universitaires. La mondialisation ne nous apprend-elle pas que les pays qui ont réussi un tant soit peu à dompter le chômage ont commencé par adopter des lois de flexibilité dans le travail et un cadre permettant de recycler les personnes pour les orienter vers des filières performantes en termes d'emploi. Et c'est sans doute cette dernière approche qui permettra de décongestionner le monde du travail. M. Tayeb Louh ne vient-il pas de déclarer que les nouveaux textes visent à prendre en charge les préoccupations des employeurs, consistant essentiellement en l'allégement des charges sociales pour réduire le coût de la création de nouveaux emplois ? En résumé, il reste beaucoup à faire pour vraiment mettre la législation du travail au diapason de ce qui se fait de mieux en la matière dans le monde.