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La discrimination, le vrai problème
Prise en charge medicale des sidéens et des séropositifs
Publié dans Le Midi Libre le 21 - 08 - 2007

Si certaines maladies sont associées à la pauvreté ou à la misère, le sida est, à tort, associé à la honte et au déshonneur.
Si certaines maladies sont associées à la pauvreté ou à la misère, le sida est, à tort, associé à la honte et au déshonneur.
Même si l'Algérie est considérée comme étant un pays à faible prévalence (0,7 %), néanmoins ce taux est loin de refléter la réalité. Nombreuses sont les personnes, infectées par le virus du sida sans le savoir, car il n'existe aucun symptôme spécifique à cette maladie et par conséquent l'intérêt du dépistage.
Fort d'une expérience de plus de dix ans dans le mouvement associatif, un bénévole a résumé en un seul mot les problèmes des sidéens et des séropositifs en Algérie : la discrimination.
«Les malades sont d'abord victimes d'une discrimination de la part du corps médical. Les femmes enceintes infectées par le VIH ne sont pas admises dans la plupart des structures sanitaires pour accoucher. La majorité des dentistes, chirurgiens, néphrologues, réanimateurs et autres praticiens et praticiens spécialistes refusent catégoriquement de prendre en charge ces malades, pourtant les règles d'hygiènes doivent être toujours respectées. Un médecin doit considèrer toute personne potentiellement infectée et partant prendre toujours les mêmes précautions. Ainsi, interventions chirurgicales, séances d'hémodialyse, soins dentaires, explorations endoscopiques (fibroscopie bronchique ou gastrique, coloscopie,…) sont refusés quotidiennement aux malades qui finissent par cacher leur infection. Cette attitude irresponsable n'encourage guère le dépistage.»
Dans ce même sillage, Mme Zaheira Merah, présidente de l'Association El-Hayet (association des personnes vivant avec le VIH), a tenu à porter son témoignage. «Des médecins qui refusent de prendre en charge un sidéen ou un séropositif, ça existe en Algérie, et ce, en dépit de la promulgation d'un décret ministériel qui stipule que toute personne, quelle que soit sa maladie, à le droit à une prise en charge médicale. Il reste beaucoup à faire dans ce sens.» Cette situation est le résultat direct, estime Mme Merah, du problème du manque de communication et d'information sur cette maladie.
En guise d'appel, la présidente de cette association a lancé : «Nous (PVVIH, ndlr) vivons en société. Nous avons le droit, comme tout le monde, aux soins, au travail et à la sécurité sociale.»
Doublement marginalisés, les toxicomanes sidéens vivent un véritable calvaire. En plus de leur dépendance à la drogue (dure ou douce), le VIH vient ajouter son lot de problèmes.
«Un patient, hospitalisé dans un établissement psychiatrique pour suivre une cure de désintoxication a été mis à la porte dès que ses analyses ont révélé une infection au VIH», a attesté notre source.
Dans ce même contexte, une autre anomalie règlementaire a été soulevée par ce jeune bénévole.
De plus en plus, des chirurgiens demandent une sérologie VIH avant de procéder à une intervention chirurgicale.
«Certains services de chirurgie vont même jusqu'à pratiquer le test à l'insu du patient, alors que la loi est claire sur ce point : le dépistage doit être volontaire et anonyme. Nous avons même assisté à des cas où le médecin a refusé d'opérer parce que le malade a refusé de pratiquer ce test», a ajouté notre interlocuteur.
Victime d'une discrimination «médicale», le sidéen et le séropositif sont rejetés, voir bannis par leur propre famille et la société.
Une personne vivant avec le VIH (PVVIH) a toutes les chances de perdre son travail, sa famille, ses amis, une fois sa maladie connue.
«La société n'est vraiment pas indulgente avec ces malades. Elle ne pardonne pas et ne laisse pas le bénéfice du doute. Le sidéen ou le séropositif est condamné même par sa propre famille. «Jebtha lrouhek» (tu l'a cherché) dit-on par exemple», nous a-t-il dit sur un ton amer.
Qualifié de véritable tabou, le sida est relié directement à l'acte sexuel, nous a précisé Mme Zaheira Merah.
«C'est pour cela que cette maladie est mal considérée. Les sidéens et les personnes vivant avec le VIH craignent le regard et le dur jugement de la société. Certains malades auraient préféré avoir le cancer et non le sida, alors que le cancer, en tant que maladie, est plus grave que le sida. D'autres refusent d'admettre leur maladie, ce qui se répercute négativement sur leur état psychologique et même physique. Quand ils refusent d'accepter leur maladie, ils refusent automatiquement de suivre le traitement.»
A cause de l'incompréhension et des idées «mal» reçues, souvent le sidéen ou la PVVIH se retrouve sans domicile fixe (SDF) et sans revenu.
Pis encore, ce regard, injustifié et injustifiable, de la société créée chez le malade un état d'angoisse du «qu'en dira-t-on», qui peut le plonger dans la dépression et le rejet de sa maladie. «Certains patients confient que la première chose à laquelle ils pensent après l'annonce du diagnostic est : «Comment je vais le dire à mes proches ? Qu'est ce qu'ils vont penser de moi ?»
Lorsque le malade décide de cacher sa maladie, là encore toute une vie va changer.
«Il faut prendre les médicaments en cachette, inventer une excuse pour annuler des projets de mariage, mentir pour se rendre chez le médecin, etc. Un stress supplémentaire et inutile, qui rend la maladie encore plus lourde qu'elle ne l'est déjà.
Plusieurs personnes pensent au suicide comme une délivrance, mais, heureusement, elles finissent par s'accrocher à la vie et s'armer de patience en attendant un traitement curatif», nous a-t-il encore expliqué.
Par ailleurs, notre jeune bénévole a tenu a aborder le problème des cas sociaux sidéens.
«Nombreux sont les sidéens et les séropositifs qui n'ont même pas de quoi acheter une savonnette, d'autres n'ont pas de quoi payer le ticket de bus pour se rendre à la structure sanitaire ou encore de quoi calmer l'appel du ventre».
En vue d'aider financièrement les PVVIH chômeurs, les responsables de l'association El-Hayet ont lancé le projet de l'activité génératrice de revenus. Quatre formations (textile, pâtisserie traditionnelle, peinture sur verre et décoration) sont assurées. Les personnes intéressées suivront une formation de 6 mois, qui sera sanctionnée par une attestation. Grâce à une convention signée avec l'Agence nationale du micro-crédit, elles peuvent bénéficier d'un crédit bancaire pour la création d'une micro-entreprise.
Le VIH/sida est un thème qui interpelle sur l'intimité et la sexualité de l'individu.
Dans une société bordée de tabous comme la notre, il est plus facile d'ignorer que de parler de cette maladie.
Opter pour la politique du silence n'«éradique» sûrement pas cette maladie, notamment si on sait que les dernières statistiques révèlent que les sidéens sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes.
Selon une source hospitalière, il est enregistré, en moyenne, deux nouveaux cas chaque semaine. A ce rythme, chaque mois, l'Algérie compte, au moins, huit nouveaux sidéens dépistés. Avec un petit calcul mental, une centaine de nouveaux cas doit être prise en charge annuellement.
A Alger, seulement, il est dénombré 500 personnes traitées, dont 19 enfants, nous a indiqué Mme Zaheira Merah.
Unanimes, les spécialistes estiment que l'information, la communication et la sensibilisation restent des moyens de protection sûrs.
«Actuellement, le seul moyen de prévention efficace à cent pour cent, mais à condition qu'il soit correctement utilisé, est le préservatif. Seulement, ce moyen est toujours considéré comme sujet tabou et on continue à en parler timidement et furtivement.
Il n'y a pas de campagne pour promouvoir l'utilisation du préservatif, pourtant c'est le seul moyen de freiner l'épidémie actuellement.»
Interrogée sur cette question, Mme Zaheira Merah, présidente de l'association El-Hayet (association des personnes vivant avec le VIH), a soulevé le rôle des médias (presse écrite, télévision et radio) dans la sensibilisation de la population par rapport à cette maladie.
«Nous demandons que les média contribuent un peu plus dans la sensibilisation, notamment les moyens de prévention de cette maladie. Il ne faut pas attendre le 1er décembre, Journée mondiale du sida, pour parler de cette maladie. Nous, nous sommes là durant toute l'année», a-t-elle affirmé.
Dans le cadre des ses activités, cette association organise régulièrement des journées de sensibilisation dans les centres de prise en charge des malades à Alger (El-Kettar), Oran et Annaba, notamment.
Des dépliants concernant l'association, la nutrition et le traitement thérapeutique sont distribués aux personnes vivant avec le VIH. Au cours de ces journées, un médecin traitant explique aux séropositifs leur maladie, le traitement à suivre, les règles d'hygiène, comment il faut utiliser un préservatif,… A ce sujet, le représentant permanent de l'Unicef en Algérie, Raymond Janssen, avait indiqué : «Il reste beaucoup à faire en matière de prévention et d'accès universels aux soins. La couverture sanitaire pour les malades du sida est «faible» dans la région du Nord de l'Afrique et au Moyen-Orient.
De son côté, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, le docteur Ouahdi, avait souligné, lors d'un séminaire, que l'Algérie s'est mobilisée dès le début pour «riposter à l'épidémie», en préconisant une politique de lutte adéquate.
Dans le cadre de cette politique, il a été créé 54 centres de épistage volontaires et anonymes, «opérationnels et fonctionnels» à travers le territoire national.
Courant 2007, il est également prévu l'ouverture de centres de prise en charge thérapeutique à Bechar, Ouargla, Tiaret, Sidi Bel Abbès et Tlemcen.
Le ministère de la Santé examine, a-t-il ajouté, la mise en place de «mécanismes nouveaux» afin de mettre un terme aux ruptures des anti-rétroviraux et permettre aux «malades de prendre leur traitement sans problème».
L'Algérie compte actuellement 15 .000 mosquées réparties à travers le territoire national. Chaque semaine, 17 millions de fidèles pratiquent la prière du vendredi.
A la lumière de ces données, la mosquée est considérée comme étant le plus gros moyen de communication directe, a estimé M. Tamine, chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. «La mosquée est un moyen de communication de masse par excellence. Son influence et sa pénétration dépassent celles de la télévision et de la radio. Le discours religieux peut changer et peut contribuer à la correction de certains préjugés. Le sida est un sujet tabou. L'implication des imams dans les opérations de sensibilisation et de prévention vise à démystifier le sida. Il faut parler de cette maladie sans complexe», a averti le chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses.
Conscient du rôle important des mosquées dans la sensibilisation, l'organisation onusienne a alloué une enveloppe financière de l'ordre de 90.000 dollars en 2006 au ministère des Affaires religieuses pour la concrétisation de son plan d'action de la campagne de lutte contre la sida.
Dans le cadre de ce programme onusien, soixante guides ont été formés en 2006 à travers 14 wilayas. Une formation similaire a concerné cette année 50 guides.
Pour lutter efficacement contre le mal du siècle, le représentant du ministère des Affaires religieuses estime qu'il est impératif de corriger certains concepts. L'éducation sexuelle n'est pas synonyme de prostitution.
«Appeler à l'élaboration d'une éducation sexuelle ne signifie nullement encourager la prostitution. Parler de l'éducation sexuelle, c'est parler de mesures de prévention et d'hygiène. Informer et sensibiliser les jeunes, les mineurs notamment, relève aussi de l'éducation sexuelle.»
Rappelons que le rôle des religieux dans la lutte contre le VIH/sida a fait l'objet d'un atelier régional portant sur la mission des leaders religieux dans la sensibilisation des populations contre cette maladie, organisé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakf en collaboration avec le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD).
Cet atelier a réuni quelque 80 leaders religieux, musulmans, imams et morchidate ainsi que des chrétiens de l'église orthodoxe.
Lors de cette rencontre, des hommes de culte, des médecins, sociologues et psychologues ont suivi des formations en matière de communication notamment.
A ce sujet, M. Mohamed Laribi, directeur des études et du projet de lutte contre le sida au ministère des Affaires religieuses et des Wakf, a signalé que «le discours des imams et des religieux est davantage persuasif sur la lutte contre la maladie du sida».
Dans un message aux participants, lu par le directeur de l'orientation religieuse au ministère, M. Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses et des Waqf, M. Bouabdellah Ghlamallah, a insisté sur le rôle de la mosquée en matière de sensibilisation contre cette maladie.
«Les mosquées qui réunissent chaque vendredi des milliers de fidèles en Algérie ont une mission d'ordre social, celle de sensibiliser le citoyen comme cela a été fait lorsqu'il fallait sensibiliser la population contre le virus H5N1 (grippe aviaire). Le Sida est à présent évoqué dans la mosquée et n'est plus un sujet tabou. Contrairement à certains discours prêchés par le passé, cette maladie est loin d'être un châtiment divin.»
Il a ajouté que «la mosquée a pu convaincre la population à respecter les porteurs du virus et que la mosquée va investir, grâce à ses imams et morchidate, les centres de rééducation et prendre en charge les personnes atteintes».
De son côté, M. Aïssa a relevé qu'il s'agit «d'un discours permettant d'éviter de saper le moral des personnes atteintes par ce virus et d'éviter tous les dérapages moral et matériel».
M. Aïssa a ainsi lancé un appel aux imams, parents et toutes les parties concernées «à prodiguer aux enfants une éducation sexuelle», car, a-t-il souligné, «cela est une tradition du Prophète que la salut soit sur Lui».
En s'adressant aux imams et morchidate, le représentant résident du PNUD à Alger, M. Marc Destanne de Bernis, a souligné qu'ils sont «porteurs du message d'amour et d'espérance. Vous avez la capacité de faire tomber les peurs et les incompréhensions et promouvoir à leur place compassion, solidarité et respect».
Même si l'Algérie est considérée comme étant un pays à faible prévalence (0,7 %), néanmoins ce taux est loin de refléter la réalité. Nombreuses sont les personnes, infectées par le virus du sida sans le savoir, car il n'existe aucun symptôme spécifique à cette maladie et par conséquent l'intérêt du dépistage.
Fort d'une expérience de plus de dix ans dans le mouvement associatif, un bénévole a résumé en un seul mot les problèmes des sidéens et des séropositifs en Algérie : la discrimination.
«Les malades sont d'abord victimes d'une discrimination de la part du corps médical. Les femmes enceintes infectées par le VIH ne sont pas admises dans la plupart des structures sanitaires pour accoucher. La majorité des dentistes, chirurgiens, néphrologues, réanimateurs et autres praticiens et praticiens spécialistes refusent catégoriquement de prendre en charge ces malades, pourtant les règles d'hygiènes doivent être toujours respectées. Un médecin doit considèrer toute personne potentiellement infectée et partant prendre toujours les mêmes précautions. Ainsi, interventions chirurgicales, séances d'hémodialyse, soins dentaires, explorations endoscopiques (fibroscopie bronchique ou gastrique, coloscopie,…) sont refusés quotidiennement aux malades qui finissent par cacher leur infection. Cette attitude irresponsable n'encourage guère le dépistage.»
Dans ce même sillage, Mme Zaheira Merah, présidente de l'Association El-Hayet (association des personnes vivant avec le VIH), a tenu à porter son témoignage. «Des médecins qui refusent de prendre en charge un sidéen ou un séropositif, ça existe en Algérie, et ce, en dépit de la promulgation d'un décret ministériel qui stipule que toute personne, quelle que soit sa maladie, à le droit à une prise en charge médicale. Il reste beaucoup à faire dans ce sens.» Cette situation est le résultat direct, estime Mme Merah, du problème du manque de communication et d'information sur cette maladie.
En guise d'appel, la présidente de cette association a lancé : «Nous (PVVIH, ndlr) vivons en société. Nous avons le droit, comme tout le monde, aux soins, au travail et à la sécurité sociale.»
Doublement marginalisés, les toxicomanes sidéens vivent un véritable calvaire. En plus de leur dépendance à la drogue (dure ou douce), le VIH vient ajouter son lot de problèmes.
«Un patient, hospitalisé dans un établissement psychiatrique pour suivre une cure de désintoxication a été mis à la porte dès que ses analyses ont révélé une infection au VIH», a attesté notre source.
Dans ce même contexte, une autre anomalie règlementaire a été soulevée par ce jeune bénévole.
De plus en plus, des chirurgiens demandent une sérologie VIH avant de procéder à une intervention chirurgicale.
«Certains services de chirurgie vont même jusqu'à pratiquer le test à l'insu du patient, alors que la loi est claire sur ce point : le dépistage doit être volontaire et anonyme. Nous avons même assisté à des cas où le médecin a refusé d'opérer parce que le malade a refusé de pratiquer ce test», a ajouté notre interlocuteur.
Victime d'une discrimination «médicale», le sidéen et le séropositif sont rejetés, voir bannis par leur propre famille et la société.
Une personne vivant avec le VIH (PVVIH) a toutes les chances de perdre son travail, sa famille, ses amis, une fois sa maladie connue.
«La société n'est vraiment pas indulgente avec ces malades. Elle ne pardonne pas et ne laisse pas le bénéfice du doute. Le sidéen ou le séropositif est condamné même par sa propre famille. «Jebtha lrouhek» (tu l'a cherché) dit-on par exemple», nous a-t-il dit sur un ton amer.
Qualifié de véritable tabou, le sida est relié directement à l'acte sexuel, nous a précisé Mme Zaheira Merah.
«C'est pour cela que cette maladie est mal considérée. Les sidéens et les personnes vivant avec le VIH craignent le regard et le dur jugement de la société. Certains malades auraient préféré avoir le cancer et non le sida, alors que le cancer, en tant que maladie, est plus grave que le sida. D'autres refusent d'admettre leur maladie, ce qui se répercute négativement sur leur état psychologique et même physique. Quand ils refusent d'accepter leur maladie, ils refusent automatiquement de suivre le traitement.»
A cause de l'incompréhension et des idées «mal» reçues, souvent le sidéen ou la PVVIH se retrouve sans domicile fixe (SDF) et sans revenu.
Pis encore, ce regard, injustifié et injustifiable, de la société créée chez le malade un état d'angoisse du «qu'en dira-t-on», qui peut le plonger dans la dépression et le rejet de sa maladie. «Certains patients confient que la première chose à laquelle ils pensent après l'annonce du diagnostic est : «Comment je vais le dire à mes proches ? Qu'est ce qu'ils vont penser de moi ?»
Lorsque le malade décide de cacher sa maladie, là encore toute une vie va changer.
«Il faut prendre les médicaments en cachette, inventer une excuse pour annuler des projets de mariage, mentir pour se rendre chez le médecin, etc. Un stress supplémentaire et inutile, qui rend la maladie encore plus lourde qu'elle ne l'est déjà.
Plusieurs personnes pensent au suicide comme une délivrance, mais, heureusement, elles finissent par s'accrocher à la vie et s'armer de patience en attendant un traitement curatif», nous a-t-il encore expliqué.
Par ailleurs, notre jeune bénévole a tenu a aborder le problème des cas sociaux sidéens.
«Nombreux sont les sidéens et les séropositifs qui n'ont même pas de quoi acheter une savonnette, d'autres n'ont pas de quoi payer le ticket de bus pour se rendre à la structure sanitaire ou encore de quoi calmer l'appel du ventre».
En vue d'aider financièrement les PVVIH chômeurs, les responsables de l'association El-Hayet ont lancé le projet de l'activité génératrice de revenus. Quatre formations (textile, pâtisserie traditionnelle, peinture sur verre et décoration) sont assurées. Les personnes intéressées suivront une formation de 6 mois, qui sera sanctionnée par une attestation. Grâce à une convention signée avec l'Agence nationale du micro-crédit, elles peuvent bénéficier d'un crédit bancaire pour la création d'une micro-entreprise.
Le VIH/sida est un thème qui interpelle sur l'intimité et la sexualité de l'individu.
Dans une société bordée de tabous comme la notre, il est plus facile d'ignorer que de parler de cette maladie.
Opter pour la politique du silence n'«éradique» sûrement pas cette maladie, notamment si on sait que les dernières statistiques révèlent que les sidéens sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes.
Selon une source hospitalière, il est enregistré, en moyenne, deux nouveaux cas chaque semaine. A ce rythme, chaque mois, l'Algérie compte, au moins, huit nouveaux sidéens dépistés. Avec un petit calcul mental, une centaine de nouveaux cas doit être prise en charge annuellement.
A Alger, seulement, il est dénombré 500 personnes traitées, dont 19 enfants, nous a indiqué Mme Zaheira Merah.
Unanimes, les spécialistes estiment que l'information, la communication et la sensibilisation restent des moyens de protection sûrs.
«Actuellement, le seul moyen de prévention efficace à cent pour cent, mais à condition qu'il soit correctement utilisé, est le préservatif. Seulement, ce moyen est toujours considéré comme sujet tabou et on continue à en parler timidement et furtivement.
Il n'y a pas de campagne pour promouvoir l'utilisation du préservatif, pourtant c'est le seul moyen de freiner l'épidémie actuellement.»
Interrogée sur cette question, Mme Zaheira Merah, présidente de l'association El-Hayet (association des personnes vivant avec le VIH), a soulevé le rôle des médias (presse écrite, télévision et radio) dans la sensibilisation de la population par rapport à cette maladie.
«Nous demandons que les média contribuent un peu plus dans la sensibilisation, notamment les moyens de prévention de cette maladie. Il ne faut pas attendre le 1er décembre, Journée mondiale du sida, pour parler de cette maladie. Nous, nous sommes là durant toute l'année», a-t-elle affirmé.
Dans le cadre des ses activités, cette association organise régulièrement des journées de sensibilisation dans les centres de prise en charge des malades à Alger (El-Kettar), Oran et Annaba, notamment.
Des dépliants concernant l'association, la nutrition et le traitement thérapeutique sont distribués aux personnes vivant avec le VIH. Au cours de ces journées, un médecin traitant explique aux séropositifs leur maladie, le traitement à suivre, les règles d'hygiène, comment il faut utiliser un préservatif,… A ce sujet, le représentant permanent de l'Unicef en Algérie, Raymond Janssen, avait indiqué : «Il reste beaucoup à faire en matière de prévention et d'accès universels aux soins. La couverture sanitaire pour les malades du sida est «faible» dans la région du Nord de l'Afrique et au Moyen-Orient.
De son côté, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, le docteur Ouahdi, avait souligné, lors d'un séminaire, que l'Algérie s'est mobilisée dès le début pour «riposter à l'épidémie», en préconisant une politique de lutte adéquate.
Dans le cadre de cette politique, il a été créé 54 centres de épistage volontaires et anonymes, «opérationnels et fonctionnels» à travers le territoire national.
Courant 2007, il est également prévu l'ouverture de centres de prise en charge thérapeutique à Bechar, Ouargla, Tiaret, Sidi Bel Abbès et Tlemcen.
Le ministère de la Santé examine, a-t-il ajouté, la mise en place de «mécanismes nouveaux» afin de mettre un terme aux ruptures des anti-rétroviraux et permettre aux «malades de prendre leur traitement sans problème».
L'Algérie compte actuellement 15 .000 mosquées réparties à travers le territoire national. Chaque semaine, 17 millions de fidèles pratiquent la prière du vendredi.
A la lumière de ces données, la mosquée est considérée comme étant le plus gros moyen de communication directe, a estimé M. Tamine, chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. «La mosquée est un moyen de communication de masse par excellence. Son influence et sa pénétration dépassent celles de la télévision et de la radio. Le discours religieux peut changer et peut contribuer à la correction de certains préjugés. Le sida est un sujet tabou. L'implication des imams dans les opérations de sensibilisation et de prévention vise à démystifier le sida. Il faut parler de cette maladie sans complexe», a averti le chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses.
Conscient du rôle important des mosquées dans la sensibilisation, l'organisation onusienne a alloué une enveloppe financière de l'ordre de 90.000 dollars en 2006 au ministère des Affaires religieuses pour la concrétisation de son plan d'action de la campagne de lutte contre la sida.
Dans le cadre de ce programme onusien, soixante guides ont été formés en 2006 à travers 14 wilayas. Une formation similaire a concerné cette année 50 guides.
Pour lutter efficacement contre le mal du siècle, le représentant du ministère des Affaires religieuses estime qu'il est impératif de corriger certains concepts. L'éducation sexuelle n'est pas synonyme de prostitution.
«Appeler à l'élaboration d'une éducation sexuelle ne signifie nullement encourager la prostitution. Parler de l'éducation sexuelle, c'est parler de mesures de prévention et d'hygiène. Informer et sensibiliser les jeunes, les mineurs notamment, relève aussi de l'éducation sexuelle.»
Rappelons que le rôle des religieux dans la lutte contre le VIH/sida a fait l'objet d'un atelier régional portant sur la mission des leaders religieux dans la sensibilisation des populations contre cette maladie, organisé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakf en collaboration avec le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD).
Cet atelier a réuni quelque 80 leaders religieux, musulmans, imams et morchidate ainsi que des chrétiens de l'église orthodoxe.
Lors de cette rencontre, des hommes de culte, des médecins, sociologues et psychologues ont suivi des formations en matière de communication notamment.
A ce sujet, M. Mohamed Laribi, directeur des études et du projet de lutte contre le sida au ministère des Affaires religieuses et des Wakf, a signalé que «le discours des imams et des religieux est davantage persuasif sur la lutte contre la maladie du sida».
Dans un message aux participants, lu par le directeur de l'orientation religieuse au ministère, M. Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses et des Waqf, M. Bouabdellah Ghlamallah, a insisté sur le rôle de la mosquée en matière de sensibilisation contre cette maladie.
«Les mosquées qui réunissent chaque vendredi des milliers de fidèles en Algérie ont une mission d'ordre social, celle de sensibiliser le citoyen comme cela a été fait lorsqu'il fallait sensibiliser la population contre le virus H5N1 (grippe aviaire). Le Sida est à présent évoqué dans la mosquée et n'est plus un sujet tabou. Contrairement à certains discours prêchés par le passé, cette maladie est loin d'être un châtiment divin.»
Il a ajouté que «la mosquée a pu convaincre la population à respecter les porteurs du virus et que la mosquée va investir, grâce à ses imams et morchidate, les centres de rééducation et prendre en charge les personnes atteintes».
De son côté, M. Aïssa a relevé qu'il s'agit «d'un discours permettant d'éviter de saper le moral des personnes atteintes par ce virus et d'éviter tous les dérapages moral et matériel».
M. Aïssa a ainsi lancé un appel aux imams, parents et toutes les parties concernées «à prodiguer aux enfants une éducation sexuelle», car, a-t-il souligné, «cela est une tradition du Prophète que la salut soit sur Lui».
En s'adressant aux imams et morchidate, le représentant résident du PNUD à Alger, M. Marc Destanne de Bernis, a souligné qu'ils sont «porteurs du message d'amour et d'espérance. Vous avez la capacité de faire tomber les peurs et les incompréhensions et promouvoir à leur place compassion, solidarité et respect».


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