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La decennie noire revisitée
Parution : «La mort de l'entomologiste» de Mohamed Balhi
Publié dans Le Midi Libre le 13 - 11 - 2007

Les Editions Barzakh viennent de publier «La mort de l'entomologiste» de Mohamed Balhi. C'est la première œuvre de fiction de ce journaliste, et sa formation de sociologue n'est pas sans intérêt, pour parler du romancier qui a déjà publié Chroniques infernales, Algérie 1990-1995 (Marinoor, Alger, 1998) et «Tibhirine, l'enlèvement des moines (Dar El Farabi, Beyrouth 2002).
L'action de «La mort de l'entomologiste» se déroule au cours des années noires, au cœur de la Mitidja où les prédicateurs multipliaient des intrusions dans les lieux de cultes « contrôlés» par l'Etat et finissaient par faire fuir les imams officiels. Les faits sont mis en relation et reconstruits pour organiser la trame du roman. Noir, ce roman l'est, dans le sens où il met aux prises des personnes qui n'ont, à priori, aucune raison de se trouver mêlées à un drame qui est un signe avant-coureur de malheurs plus collectifs. Fatalité ?
Donc, premier mouvement : «Fatima se précipita vers l'extérieur. Son chemisier frôla le bananier du jardin, dont les larges feuilles vertes se mêlaient au bougainvillier. Elle lâcha le magazine, courut vers l'endroit indiqué. Elle trébucha à la vue de ce que lui montrait fébrilement le jeune homme. Le corps sans vie d'un homme âgé gisait sous le pressoir à huile, les pieds et les mains ligotés avec une corde de chanvre.» Un spécialiste trouverait là tous les éléments d'un récit christien dans un environnement agrarien et exotique avec les trois protagonistes de base. Des détails éveillent la curiosité, comme ce chemisier frôlant le bananier ; et le magazine lâché, pour dire que la dame n'est pas sans instruction. La description de l'entomologiste pourrait être «définitive» : âgé, il gisait sous un pressoir à huile. L'accroche est dans «Chantage, enlèvement, trahison ; à mesure que progresse l'enquête, des personnages se croisent, se menacent, se séduisent, maintenant le suspense jusqu'au bout. «En définitive, Mohamed Balhi nous propose ici, une sombre radiographie de l'Algérie des années 90 : ce sont les prémices du chaos qui s'annonce.» Le myrmécologiste dont l'assassinat constitue la trame de l'histoire, étudie les fourmis rouges aux derniers jours de l'automne, alors qu'il pleut et que la campagne est boueuse, ce qui ne facilite pas l'arrivée des gendarmes dans deux véhicules, pour ne constater que le décès et la déclaration de Fatima et du jeune homme Ali, engagé pour travailler à la ferme, léguée par héritage au mari de Fatima, Malek.
Malek qui va mener, par ses propres méthodes, une enquête parallèle, tandis que Fatima n'est plus dans l'action mais dans la représentation (elle est peintre et doit préparer le vernissage d'une exposition à l'Hôtel El Djezair, haut lieu de mondanités. Sur les hauteurs d'Alger, Fatima et ses amis débattent de choses «futiles» comme si leurs vies en dépendaient ; dans les orangeraies et les marchés de fruits et légumes Malek et Ali sont au contact de la boue, de la terre, des rapports marchands «vrais». C'est en se rapprochant du réel, du concret que Malek, l'enquêteur, décèle les ressorts de la violence qui s'annonce.
Parti à la recherche de Ali, disparu avec le véhicule qu'il lui avait confié, Malek se retrouve dans un hameau, abordé par un inconnu qui lui remet une lettre de Ali et lui intime l'ordre de ne pas aller plus loin. Ali demandait la somme de 50 millions de centimes «à titre de contribution ; à remettre sous huitaine .. ; Malek subirait les représailles au cas où il se plaindrait à la brigade de gendarmerie.»
C'est grâce au mandataire, à qui il vendait les produits de la ferme, que Malek retrouvera Ali qu'il récupéra et qui lui révéra qui sont les assassins de l'entomologiste. Balhi traverse les professions, comme celles qui se rencontrent dans un hôpital, pour signaler qu'ils sont des lieux d'alarme : ainsi, on évoque la diminution de médicaments et autres jetables destinés aux malades. Le lien est vite fait et, l'auteur, par petites touches, accumule les faits qui deviendront des preuves. Même une aventure amoureuse est mise sous l'éclairage de ces temps changeants et incertains. Le roman de Balhi est pessimiste ; il invite à rester vigilant et inquiet, sans alarmisme ni catastrophisme démesurés. «La mort de l'entomologiste» est un roman qui invite à tourner la page d'une période qui n'a pas fait naître une société nouvelle. De cela le romancier n'est que le témoin, impuissant.
Les Editions Barzakh viennent de publier «La mort de l'entomologiste» de Mohamed Balhi. C'est la première œuvre de fiction de ce journaliste, et sa formation de sociologue n'est pas sans intérêt, pour parler du romancier qui a déjà publié Chroniques infernales, Algérie 1990-1995 (Marinoor, Alger, 1998) et «Tibhirine, l'enlèvement des moines (Dar El Farabi, Beyrouth 2002).
L'action de «La mort de l'entomologiste» se déroule au cours des années noires, au cœur de la Mitidja où les prédicateurs multipliaient des intrusions dans les lieux de cultes « contrôlés» par l'Etat et finissaient par faire fuir les imams officiels. Les faits sont mis en relation et reconstruits pour organiser la trame du roman. Noir, ce roman l'est, dans le sens où il met aux prises des personnes qui n'ont, à priori, aucune raison de se trouver mêlées à un drame qui est un signe avant-coureur de malheurs plus collectifs. Fatalité ?
Donc, premier mouvement : «Fatima se précipita vers l'extérieur. Son chemisier frôla le bananier du jardin, dont les larges feuilles vertes se mêlaient au bougainvillier. Elle lâcha le magazine, courut vers l'endroit indiqué. Elle trébucha à la vue de ce que lui montrait fébrilement le jeune homme. Le corps sans vie d'un homme âgé gisait sous le pressoir à huile, les pieds et les mains ligotés avec une corde de chanvre.» Un spécialiste trouverait là tous les éléments d'un récit christien dans un environnement agrarien et exotique avec les trois protagonistes de base. Des détails éveillent la curiosité, comme ce chemisier frôlant le bananier ; et le magazine lâché, pour dire que la dame n'est pas sans instruction. La description de l'entomologiste pourrait être «définitive» : âgé, il gisait sous un pressoir à huile. L'accroche est dans «Chantage, enlèvement, trahison ; à mesure que progresse l'enquête, des personnages se croisent, se menacent, se séduisent, maintenant le suspense jusqu'au bout. «En définitive, Mohamed Balhi nous propose ici, une sombre radiographie de l'Algérie des années 90 : ce sont les prémices du chaos qui s'annonce.» Le myrmécologiste dont l'assassinat constitue la trame de l'histoire, étudie les fourmis rouges aux derniers jours de l'automne, alors qu'il pleut et que la campagne est boueuse, ce qui ne facilite pas l'arrivée des gendarmes dans deux véhicules, pour ne constater que le décès et la déclaration de Fatima et du jeune homme Ali, engagé pour travailler à la ferme, léguée par héritage au mari de Fatima, Malek.
Malek qui va mener, par ses propres méthodes, une enquête parallèle, tandis que Fatima n'est plus dans l'action mais dans la représentation (elle est peintre et doit préparer le vernissage d'une exposition à l'Hôtel El Djezair, haut lieu de mondanités. Sur les hauteurs d'Alger, Fatima et ses amis débattent de choses «futiles» comme si leurs vies en dépendaient ; dans les orangeraies et les marchés de fruits et légumes Malek et Ali sont au contact de la boue, de la terre, des rapports marchands «vrais». C'est en se rapprochant du réel, du concret que Malek, l'enquêteur, décèle les ressorts de la violence qui s'annonce.
Parti à la recherche de Ali, disparu avec le véhicule qu'il lui avait confié, Malek se retrouve dans un hameau, abordé par un inconnu qui lui remet une lettre de Ali et lui intime l'ordre de ne pas aller plus loin. Ali demandait la somme de 50 millions de centimes «à titre de contribution ; à remettre sous huitaine .. ; Malek subirait les représailles au cas où il se plaindrait à la brigade de gendarmerie.»
C'est grâce au mandataire, à qui il vendait les produits de la ferme, que Malek retrouvera Ali qu'il récupéra et qui lui révéra qui sont les assassins de l'entomologiste. Balhi traverse les professions, comme celles qui se rencontrent dans un hôpital, pour signaler qu'ils sont des lieux d'alarme : ainsi, on évoque la diminution de médicaments et autres jetables destinés aux malades. Le lien est vite fait et, l'auteur, par petites touches, accumule les faits qui deviendront des preuves. Même une aventure amoureuse est mise sous l'éclairage de ces temps changeants et incertains. Le roman de Balhi est pessimiste ; il invite à rester vigilant et inquiet, sans alarmisme ni catastrophisme démesurés. «La mort de l'entomologiste» est un roman qui invite à tourner la page d'une période qui n'a pas fait naître une société nouvelle. De cela le romancier n'est que le témoin, impuissant.


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