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Au cœur du tragique…
‘'L'Ainé des orphelins'' de Tierno Monénembo
Publié dans Le Midi Libre le 01 - 12 - 2007

«l'Aîné des orphelins» est considéré par la critique comme l'un des romans africains les plus importants de cette dernière décennie. L'écrivain se confronte au défi le plus lourd, dire l'indicible, peindre le génocide rwandais, sa logique imprévisible et ses conséquences tragiques.
«l'Aîné des orphelins» est considéré par la critique comme l'un des romans africains les plus importants de cette dernière décennie. L'écrivain se confronte au défi le plus lourd, dire l'indicible, peindre le génocide rwandais, sa logique imprévisible et ses conséquences tragiques.
Tierno Monenembo est l'un des romanciers majeurs de langue française. Guinéeen comme Camara Laye, Alioum Fantouré et William Sassine, Tierno Monénembo. Je partage, avec ces derniers, tous condamnés à l'exil par le régime de Sékou Touré, la nostalgie des origines et ce besoin à nul autre pareil de redessiner par l'imaginaire les contours de la patrie abandonnée. Cependant, plusieurs thématiques sont au cœur des romans complexes et souvent polyphoniques que Monénembo a fait paraître à intervalles réguliers depuis la fin des années 70.
Parmi ces œuvres majeures, «l'Aîné des orphelins», publié aux éditions le Seuil en 2000, est considéré par la critique comme l'un des romans africains les plus importants durant cette dernière décennie. Il faut dire que l'écrivain se confronte dans ce roman au défi le plus lourd qu'il ait jamais tenté de relever : dire l'indicible, peindre le génocide rwandais, sa logique imprévisible et ses conséquences tragiques.
Ainsi, le roman retrace la vie d'un garçon de 15 ans, Faustin Nsenghimana, qui vient d'être condamné à mort et attend son exécution dans une des cellules surpeuplées d'une prison de Kigali, au Rwanda. Le récit se situe en 1999, tout juste cinq ans après le génocide rwandais.
Le roman est écrit à la première personne. C'est donc Faustin qui parle et livre ses souvenirs, dans le désordre, comme ils lui viennent à l'esprit, sans se soucier de la chronologie. Il raconte pêle-mêle les signes avant-coureurs du génocide, les croix rouges peintes sur les maisons des Tutsis, les massacres, les réfugiés, les soldats, le chaos dans Kigali, la prison. Et surtout, il décrit la vie de ces bandes de gamins à l'abandon, qui vivent de petits boulots, de larcins et de mendicité, ou bien de prostitution dans cette ville où les bars et les bordels se reconstruisent plus vite que le reste et sur laquelle les aventuriers, les journalistes, les envoyés des ONG se précipitent comme les mouches sur un cadavre.
Le récit est dur, presque insoutenable par moments, à l'image de l'état d'esprit de cet adolescent, à la fois cynique et désespéré et pourtant plein de vie. Le livre n'entend pas exposer les événements du Rwanda ou en donner des explications. La forme du récit ne facilite d'ailleurs pas toujours la compréhension. Selon la dédicace de l'auteur, il a été écrit «pour les Rwandais, Twas, Hutus ou Tutsis... et vivants de préférence». Et c'est en effet un témoignage poignant de ce qu'a pu voir et vivre un jeune entre dix et quinze ans, dans un pays ravagé par les massacres, la misère et la guerre civile. Bref, une véritable expédition au cœur d'une tragédie.
Il faut savoir aussi que ce roman s'inscrit le cadre d'un projet intitulé «Rwanda : écrire par devoir de mémoire». Conçue par l'association Arts et Médias d'Afrique et soutenue par la Fondation de France, cette opération a été portée par un groupe de dix écrivains africains qui se sont rendus en 1998 dans une résidence d'écriture à Kigali. En séjournant deux mois au Rwanda, la dizaine d'écrivains (Koulsy Lamko et Nocky Djedanoum du Tchad, Monique Ilboudo du Burkina Faso, Meja Mwangi du Kenya, Véronique Tadjo de Côte d'Ivoire, Abderaman Waberi de Djibouti, Tierno Monenembo de Guinée, Jean-Marie Vianney Rurangwa et Venuste Kayimahe tous deux du Rwanda et Boubacar Boris Diop du Sénégal) ont donc voulu mettre l'écriture au service de la mémoire et contribuer ainsi au travail du deuil. A ce titre, les écrivains ont visité les sites du Mémorial du génocide et discuté avec de nombreuses ONG. S'entretenant également avec des rescapés et des détenus accusés d'avoir participé aux massacres, les auteurs ont recueilli beaucoup de témoignages et rédigé d'abondantes notes. De cette expérience, dix ouvrages seront ainsi publiés et présentés au public rwandais au cours d'un colloque international à Kigali en 2000.
Retenons enfin que Tierno Monénembo, à l'instar par ailleurs les autres écrivains participant au projet «Rwanda : écrire par devoir de mémoire», ne cherche pas des responsabilités car il ne vient pas en justicier, mais il reste romancier qui est attaché à témoigner, pour l'avenir, de l'invraisemblable inhumanité de l'homme, de ce comportement de bête fauve qu'il adopte soudain, de l'imprévisibilité de la barbarie, et de la facilité déconcertante avec laquelle en une minute une victime se mue en bourreau, un juste en assassin, un voisin en ennemi mortel. En clair, ‘'l'Aîné des orphelins'' est un acte par lequel l'écrivain a cherché à montrer qu'écrire c'est déjà commencer à résister.
Tierno Monenembo est l'un des romanciers majeurs de langue française. Guinéeen comme Camara Laye, Alioum Fantouré et William Sassine, Tierno Monénembo. Je partage, avec ces derniers, tous condamnés à l'exil par le régime de Sékou Touré, la nostalgie des origines et ce besoin à nul autre pareil de redessiner par l'imaginaire les contours de la patrie abandonnée. Cependant, plusieurs thématiques sont au cœur des romans complexes et souvent polyphoniques que Monénembo a fait paraître à intervalles réguliers depuis la fin des années 70.
Parmi ces œuvres majeures, «l'Aîné des orphelins», publié aux éditions le Seuil en 2000, est considéré par la critique comme l'un des romans africains les plus importants durant cette dernière décennie. Il faut dire que l'écrivain se confronte dans ce roman au défi le plus lourd qu'il ait jamais tenté de relever : dire l'indicible, peindre le génocide rwandais, sa logique imprévisible et ses conséquences tragiques.
Ainsi, le roman retrace la vie d'un garçon de 15 ans, Faustin Nsenghimana, qui vient d'être condamné à mort et attend son exécution dans une des cellules surpeuplées d'une prison de Kigali, au Rwanda. Le récit se situe en 1999, tout juste cinq ans après le génocide rwandais.
Le roman est écrit à la première personne. C'est donc Faustin qui parle et livre ses souvenirs, dans le désordre, comme ils lui viennent à l'esprit, sans se soucier de la chronologie. Il raconte pêle-mêle les signes avant-coureurs du génocide, les croix rouges peintes sur les maisons des Tutsis, les massacres, les réfugiés, les soldats, le chaos dans Kigali, la prison. Et surtout, il décrit la vie de ces bandes de gamins à l'abandon, qui vivent de petits boulots, de larcins et de mendicité, ou bien de prostitution dans cette ville où les bars et les bordels se reconstruisent plus vite que le reste et sur laquelle les aventuriers, les journalistes, les envoyés des ONG se précipitent comme les mouches sur un cadavre.
Le récit est dur, presque insoutenable par moments, à l'image de l'état d'esprit de cet adolescent, à la fois cynique et désespéré et pourtant plein de vie. Le livre n'entend pas exposer les événements du Rwanda ou en donner des explications. La forme du récit ne facilite d'ailleurs pas toujours la compréhension. Selon la dédicace de l'auteur, il a été écrit «pour les Rwandais, Twas, Hutus ou Tutsis... et vivants de préférence». Et c'est en effet un témoignage poignant de ce qu'a pu voir et vivre un jeune entre dix et quinze ans, dans un pays ravagé par les massacres, la misère et la guerre civile. Bref, une véritable expédition au cœur d'une tragédie.
Il faut savoir aussi que ce roman s'inscrit le cadre d'un projet intitulé «Rwanda : écrire par devoir de mémoire». Conçue par l'association Arts et Médias d'Afrique et soutenue par la Fondation de France, cette opération a été portée par un groupe de dix écrivains africains qui se sont rendus en 1998 dans une résidence d'écriture à Kigali. En séjournant deux mois au Rwanda, la dizaine d'écrivains (Koulsy Lamko et Nocky Djedanoum du Tchad, Monique Ilboudo du Burkina Faso, Meja Mwangi du Kenya, Véronique Tadjo de Côte d'Ivoire, Abderaman Waberi de Djibouti, Tierno Monenembo de Guinée, Jean-Marie Vianney Rurangwa et Venuste Kayimahe tous deux du Rwanda et Boubacar Boris Diop du Sénégal) ont donc voulu mettre l'écriture au service de la mémoire et contribuer ainsi au travail du deuil. A ce titre, les écrivains ont visité les sites du Mémorial du génocide et discuté avec de nombreuses ONG. S'entretenant également avec des rescapés et des détenus accusés d'avoir participé aux massacres, les auteurs ont recueilli beaucoup de témoignages et rédigé d'abondantes notes. De cette expérience, dix ouvrages seront ainsi publiés et présentés au public rwandais au cours d'un colloque international à Kigali en 2000.
Retenons enfin que Tierno Monénembo, à l'instar par ailleurs les autres écrivains participant au projet «Rwanda : écrire par devoir de mémoire», ne cherche pas des responsabilités car il ne vient pas en justicier, mais il reste romancier qui est attaché à témoigner, pour l'avenir, de l'invraisemblable inhumanité de l'homme, de ce comportement de bête fauve qu'il adopte soudain, de l'imprévisibilité de la barbarie, et de la facilité déconcertante avec laquelle en une minute une victime se mue en bourreau, un juste en assassin, un voisin en ennemi mortel. En clair, ‘'l'Aîné des orphelins'' est un acte par lequel l'écrivain a cherché à montrer qu'écrire c'est déjà commencer à résister.


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