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Independance
Ya radjel ! Ya mra !
Publié dans Le Midi Libre le 18 - 12 - 2007

Il arrive souvent à Messaoud de faire, au crépuscule de sa vie, une rétrospective sur les évènements qui ont laissé quelque trace dans sa mémoire si encombrée que des faits commencent à se superposer comme des surimpressions au cinéma. Et pour démêler tous les palimpsestes empilés ça et là dans un désordre apparent, il ne se gêne pas de faire appel à ses proches, parents, amis ou anciens collègues pour confronter avec eux les souvenirs et conjurer ainsi les effets du temps. Heureusement pour lui, la dernière séquence de sa vie, il l'a passée avec Aïcha et il n'a besoin ni de la questionner sur le tiers de siècle qu'il a vécu avec ni de répondre à des questions embarrassantes qui préoccuperaient sa compagne.
D'ailleurs, elle ne pose pas trop de questions sachant que son conjugo assez futé pour esquiver une interrogation gênante, une réponse évasive, imprécise ou pour déguiser sa réponse par une question encore plus embarrassante pour Aïcha. Fort heureusement aussi, Aïcha n'avait pas de préoccupations philosophiques ni d'angoisses métaphysiques : Aïcha était profondément croyante sans acharnement ni fanatisme ; elle était même superstitieuse sans être bigote. Les seules choses qui la tracassent sont communes à une foule de gens : l'avenir de ses enfants, l'état de sa maison et évidemment la santé des membres de sa famille. Elle demandait souvent des renseignements sur les démarches à accomplir pour émigrer : elle rêve sans cesse de voir ses enfants s'installer en Europe ou au Canada comme ceux de sa voisine qui la snobe en recevant chaque été, à tour de rôle, ses enfants mariés là-bas à des étrangères. Cela la rendait folle de jalousie. Mais à côté de cela, la chose politique ne l'intéressait point. Elle n'a jamais voté et n'avait pas besoin qu'on lui prenne la main pour cela. Elle ignorait les noms des ministres sauf s'ils présentent une quelconque homonymie avec une de ses connaissances. Pourtant, il lui arrive de poser des questions désarçonnantes qui laissent Messaoud perplexe. Comme celle-là, par exemple : « Pourquoi « cela » ne s'arrange pas dans notre pays ? ». Elle, elle disait « bled » comme pour marquer une certaine distance entre le pays qui l'avait vue naître et ce qu'il est devenu plus d'un demi-siècle après. Messaoud ne put s'empêcher de répondre après quelques instants de réflexion profonde suivie d'un soupir éloquent : «Cela revient à expliquer qui de l'œuf ou de la poule a été créé le premier. Est-ce que je suis bien placé pour donner une réponse claire, nette et complète. Chacun voit midi à sa porte. Il y a des choses qui s'améliorent certainement mais que nous ne sentons pas parce que nous sommes prisonniers de points de vue égoïstes. Ce n'est pas parce que les prix des légumes flambent à la veille de l'Aïd que nous pouvons conclure que les carottes sont cuites ! Ce n'est pas la fin du monde si pendant quelques jours encore, nous rencontrons des difficultés pour avoir notre sachet de lait à 25 dinars. Il n'y a vraiment là pas de quoi fouetter un chat. La seule question qui me turlupine vraiment, c'est de savoir pourquoi le mouton de nos voisins du septième a préféré se suicider en se jetant du balcon pour atterrir sur la voiture du quatrième ? »
Il arrive souvent à Messaoud de faire, au crépuscule de sa vie, une rétrospective sur les évènements qui ont laissé quelque trace dans sa mémoire si encombrée que des faits commencent à se superposer comme des surimpressions au cinéma. Et pour démêler tous les palimpsestes empilés ça et là dans un désordre apparent, il ne se gêne pas de faire appel à ses proches, parents, amis ou anciens collègues pour confronter avec eux les souvenirs et conjurer ainsi les effets du temps. Heureusement pour lui, la dernière séquence de sa vie, il l'a passée avec Aïcha et il n'a besoin ni de la questionner sur le tiers de siècle qu'il a vécu avec ni de répondre à des questions embarrassantes qui préoccuperaient sa compagne.
D'ailleurs, elle ne pose pas trop de questions sachant que son conjugo assez futé pour esquiver une interrogation gênante, une réponse évasive, imprécise ou pour déguiser sa réponse par une question encore plus embarrassante pour Aïcha. Fort heureusement aussi, Aïcha n'avait pas de préoccupations philosophiques ni d'angoisses métaphysiques : Aïcha était profondément croyante sans acharnement ni fanatisme ; elle était même superstitieuse sans être bigote. Les seules choses qui la tracassent sont communes à une foule de gens : l'avenir de ses enfants, l'état de sa maison et évidemment la santé des membres de sa famille. Elle demandait souvent des renseignements sur les démarches à accomplir pour émigrer : elle rêve sans cesse de voir ses enfants s'installer en Europe ou au Canada comme ceux de sa voisine qui la snobe en recevant chaque été, à tour de rôle, ses enfants mariés là-bas à des étrangères. Cela la rendait folle de jalousie. Mais à côté de cela, la chose politique ne l'intéressait point. Elle n'a jamais voté et n'avait pas besoin qu'on lui prenne la main pour cela. Elle ignorait les noms des ministres sauf s'ils présentent une quelconque homonymie avec une de ses connaissances. Pourtant, il lui arrive de poser des questions désarçonnantes qui laissent Messaoud perplexe. Comme celle-là, par exemple : « Pourquoi « cela » ne s'arrange pas dans notre pays ? ». Elle, elle disait « bled » comme pour marquer une certaine distance entre le pays qui l'avait vue naître et ce qu'il est devenu plus d'un demi-siècle après. Messaoud ne put s'empêcher de répondre après quelques instants de réflexion profonde suivie d'un soupir éloquent : «Cela revient à expliquer qui de l'œuf ou de la poule a été créé le premier. Est-ce que je suis bien placé pour donner une réponse claire, nette et complète. Chacun voit midi à sa porte. Il y a des choses qui s'améliorent certainement mais que nous ne sentons pas parce que nous sommes prisonniers de points de vue égoïstes. Ce n'est pas parce que les prix des légumes flambent à la veille de l'Aïd que nous pouvons conclure que les carottes sont cuites ! Ce n'est pas la fin du monde si pendant quelques jours encore, nous rencontrons des difficultés pour avoir notre sachet de lait à 25 dinars. Il n'y a vraiment là pas de quoi fouetter un chat. La seule question qui me turlupine vraiment, c'est de savoir pourquoi le mouton de nos voisins du septième a préféré se suicider en se jetant du balcon pour atterrir sur la voiture du quatrième ? »


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