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Empreinte
La poésie : un élément essentiel de la vie ordinaire (2)
Publié dans El Watan le 07 - 04 - 2005

Parce que poser là le poème, c'est créer une alchimie gestuelle, une logomachie maîtrisée, un fatras charnel :
« Sache, que Dieu te préserve, qu'entre le kalame et le papier s'opère une relation sexuelle de l'ordre du Divin. C'est ainsi que la plume qui incise le papier et l'encre qui l'imprègne jouent le même rôle que la semence mâle qui éclabousse les entrailles de la femelle et les pénètre profondément pour y laisser, donc, les marques du divin »,
écrivait au XIIe siècle Ibn Arabi, le plus grand soufiste qu'ait connu l'Islam. La poésie est une forme d'insolence comme le préconisait Sophocle, déjà ! Elle est un palimpseste signalétique et charnel à la fois, où on trouve, constamment, la trace littérale mais dans un corpus signifiant dont le socle n'est pas le politique mais l'historique que Saint-John Perse a si bien mis en évidence.
« Toujours il y eut cette clameur, Toujours il y eut cette splendeur, Et comme un haut fait d'armes en marche par le monde, Comme un dénombrement de peuples en exode, comme une Fondation d'empire par tumulte prétorien, ha ! Comme Un gonflement de lèvres sur la naissance des grands livres, Cette grande chose sourde par le monde Et qui s'accroît soudain comme une ébriété A la poursuite sur les sables de mon âme numide. »(in Exil)
« Plaise au sage d'épier la naissance des shismes ! Le ciel est un Sahel où va l'azalaï en quête de sel gemme. Plus d'un siècle se voile aux défaillances de l'Histoire. » (in Exil)
Et le cosmologique (exotisme élégant prestigieux et noble dans le sens de l'érotisme, de l'errance et la curiosité du monde.
« Et debout sur la tranche éclatante du jour, au seuil D'un grand pays plus chaste que la mort, Les filles urinaient en écartant la toile peinte de leur robe. » (in Anabase)
Et cela, encore :
« Lavez, lavez l'Histoire des peuples aux Hautes tables : les grandes annales officielles, Les grandes chroniques du clergé..., lavez Ô pluies ! Les hautes tables de mémoire. » (in Exil)
Mais « parler sur la parole », même si le poétique et l'historique se mêlent d'une façon inextricable, « fait presque inévitablement d'elle un objet, et son déploiement alors s'évanouit. » (Heidegger). En effet, la poésie n'a pas de lieu et n'a pas de temps, parce qu'elle est un mouvement dans sa naissance et son élargissement final. Elle est donc inexorable et interminable. Et c'est ce qui est intéressant dans la poésie d'aujourd'hui, dans la mesure où elle a balayé l'idée romantique du poète rêveur et englué dans son absinthe, pour se recentrer vers l'ailleurs et le soi. En même temps, la trace littérale dans la poésie contemporaine s'installe dans le corps signifiant du texte devenu chair ample, galbée, arrondie et d'une vaste disponibilité, d'un ego pas du tout égoïste mais ontologique et disséminé à travers l'organisation du poème jusqu'à la trame du papier sur lequel s'écrit l'« inécrit », parce que la poésie est un lieu de la complexité propre, de l'instabilité active et de l'efferverscence mobile/immobile et que Genette dégageait dans FigureI , au sujet de Proust, par rapport à l'écriture / palimpseste : « Où se fondent et s'enchevêtrent plusieurs figures et plusieurs sens, toujours présents tous à la fois, et qui ne se laissent déchiffrer que tous ensemble, dans leur inextricable totalité. » Mais en même temps, la signification positive se trouve non pas trahie, mais renversée, d'abord, puis absorbée par un contrepoint de mouvements contraires : celui qui porte un message en clair et celui qui reconduit ce message jusqu'au point où il s'obscurcit pour laisser place à une question sans réponse. C'est la notion même du brouillage poétique que j'ai évoqué plus haut. Le poème a sa texture qui laisse en nous cette impression de choses anciennes, voire antiques et donc nostalgiques, quelque peu effacées par le temps, comme gommées, comme raturées. Flouées. Ce parcheminage voulu, à la limite de l'obsession, c'est cette part d'enfance restée en nous, quelque part dans notre corps, notre peau et notre mémoire. C'est aussi cette part de perfectionnement jamais assouvie, toujours ouverte, voire béante chez le poète authentique parce que le palimpseste permet de refaire et de défaire les formes poétiques, jusqu'au dégoût de soi, la saturation des êtres et des choses ; c'est-à-dire jusqu'à la perfection et jusqu'au vertige. « Mais le vertige, j'aime bien cela moi, j'y tiens à tout prix, en grand ! », écrivait le peintre Nicolas De Staël devant ce néant qui nous hante et qu'il faut constamment bourrer de sens, mais aussi de contresens. Ainsi se fait la ligature textuelle, parce que chez le poète le thème est récurrent, obsessionnel et digressif ; mais cette thématique du réel est quasiment inutile dans la poétique créatrice car, selon Lacan, « le réel ne saurait s'inscrire que d'une impasse de la formalisation ». En effet, l'acte poétique est voué à l'échec parce que l'aventure du langage n'en est pas une... Même pas ! En fait, le créateur voit toutes ses tentatives ratées car toute tentation, tout projet est voué à l'échec.
(A suivre)


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