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Les désillusions d'un agriculteur
Au cœur du monde agricole
Publié dans Le Midi Libre le 06 - 08 - 2008

L'agriculture occupe les devants de la scène ces derniers temps. Rareté pour certains produits. Disponibilité ou surproduction pour d'autres. Des prix qui n'obéissent à aucune mercuriale. Tout ou presque a été dit sur les disfonctionnements et les incohérences du secteur. Il reste qu'un élément fondamental a été occulté par les analytses. Il est ainsi des hommes qui travaillent la terre de laquelle ils tirent leur subsistance. Voyage au cœur du monde agricole.
L'agriculture occupe les devants de la scène ces derniers temps. Rareté pour certains produits. Disponibilité ou surproduction pour d'autres. Des prix qui n'obéissent à aucune mercuriale. Tout ou presque a été dit sur les disfonctionnements et les incohérences du secteur. Il reste qu'un élément fondamental a été occulté par les analytses. Il est ainsi des hommes qui travaillent la terre de laquelle ils tirent leur subsistance. Voyage au cœur du monde agricole.
Monsieur Mustapha Bouchami dirige une EAI (Exploitation agricole individuelle) de quelque 20 hectares à Ain-Benian (Plateau est). Il a bénéficié de cette exploitation dans le cadre de la loi 87/19 qui a restructuré les domaines issus de l'autogestion. Bon œil, bon pied malgré quelques rides dues au poids des ans, Mustapha se souvient comme si c'était hier, du jour de la prise de possession de la parcelle de terre qu'il occupe actuellement. «J'étais en ce temps là cadre technique en agriculture et c'est tout naturellement que j'ai bénéficié des dispositions de cette loi» se rappelle-t-il.
Il se rappelle aussi les sacrifices qu'il a du consentir pour mettre en valeur cette terre qui lui donne aujourd'hui tant de satisfaction. «Les champs que vous voyez là», explique-t-il en désignant de son doigt de larges surfaces verdâtres, «étaient jouchées de pierres». Notre agriculteur a payé de sa personne et de sa poche pour défricher les 20 hectares. «J'ai évacué 480 camions de pierres», dit-il, précisant que le coût de l'investissement s'est chiffré à 1,5 million de DA de l'époque (nous sommes en 1988).
L'exploitation est devenu en peu de temps, par la force du travail et d'un savoir faire certain de son propriétaire, un immense jardin. De la vigne, des abricotiers à perte de vue et des cultures de saison. Une particularité que tient à relever Mustapha. « Toutes mes cultures sont arrosées par le goutte à goutte », souligne-t-il fièrement expliquant l'avantage de ce système. « Il n'y a pas de gaspillage du précieux liquide qu'est l'eau et je maîtrise parfaitement le mûrissement de la production ». L'agriculteur qu'il est, n'aime pas le mot fellah qui lui renvoie l'image de la pauvreté, et qui a, dans un sens, réussi dans ce qu'il a entrepris est-il pour autant satisfait de son sort ? Un geste lent de lassitude qui en dit beaucoup sur l'état d'esprit de notre bonhomme. Non pas que Bouchami est préoccupé par son avenir, mais il déplore la situation et le marasme que vit le secteur agricole dans notre pays. «L'agriculture est une question de vie ou de mort pour un peuple», assène-t-il en plissant des yeux, prédisant que l'avenir de l'après pétrole sera des plus sombres si on continue dans cette voie.
Le reproche qu'il fait aux politiques est simple. «De 1962 à nos jours aucun des gouvernements successifs ne s'est sérieusement préoccupé de l'agriculture», déplore-t-il en relevant que «les responsables de l'agriculture ont fait du fellah un simple gardien des terres». Il explique que l'agriculture comme tout autre secteur économique demande des compétences et des moyens financiers importants. «Un pauvre ne pourra jamais faire de l'agriculture», martèle-t-il, regrettant que les fellahs qui ont crée des EAI et EAC ont été marginalisés et abandonnés à leur triste sort dès qu'ils ont pris possession de leurs terres. Monsieur Mustapha Bouchami explique que l'Etat n'a jamais défini «une politique agricole bien claire».
Il se rappelle qu'il a adressé une correspondance en 1994 au Chef du Gouvernement pour attirer son attention sur les problèmes que vit le monde agricole et lui proposer certaines solutions. Il a été orienté vers le ministère de l'Agriculture. Cela, l'a fortement déçu. «S'il y avait un ministère qui s'occupe de l'agriculture, je ne me serais pas permis de m'adresser à vous, Monsieur le chef du gouvernement, a été ma réponse à sa lettre», dit-il dans un soupir de dépit en déclinant les disfonctionnement qui caractérisent le secteur agricole. «Vous savez, dit-il, il y a des directions des services agricoles au niveau de chaque wilaya et de chaque daira qui sont sensés prêter aide et assistance aux fellah». Eh bien, souligne-t-il «ces fonctionnaires attendent sagement dans leurs bureaux l'heure de la retraite, faute de moyens de locomotion». Ils ne se déplacent jamais, déplore-t-il «chez les fellahs pour les sensibiliser sur les actions à mener ou tout au moins les faire bénéficier de leur savoir-faire». Par contre, se plaint-il «ils sont toujours dans une délégation conduite par le wali ou le chef de daïra pour choisir les meilleures terres pour implanter une infrastructure d'utilité publique». Cet état de fait, a pour conséquence la perte d'une bande de littoral à haut rendement agricole comprise entre Ain-Benian et Cherchell qui se trouve avalée par le béton. «Nous n'aurons jamais de la tomate Mélisa, cultivée en hiver dans cette région», se désole-t-il.
Une des autres conséquences de l'absence de politique agricole de l'Etat est, résume Mustapha, la perte de confiance des agriculteurs. Sans aide et sans soutien de l'Etat, les agriculteurs sont soumis à divers aléas dont les plus importants sont d'ordre naturel, inondation ou sécheresse. Sur ce registre, Mustapha Bouchami estime que les exploitants agricoles sont livrés à eux-mêmes. «Imaginez qu'il y ait une sécheresse sur une saison agricole, c'est la ruine pour eux». Selon lui, plusieurs de ces agriculteurs se sont trouvés dans ce cas». Les fellah n'avaient d'autre choix que d'abandonner les terres, d'où explique-t-il «le phénomène des désistements».Il faut incriminer, déclare-t-il, «l'Etat qui ne fait rien pour aider les agriculteurs pour sortir de cette mauvaise passe». Ce qui explique, dit-il «les pénuries récurrentes de certains produits de la terre».
Les problèmes de l'agriculture aussi sont à chercher dans l'absence de coordination avec les autres secteurs, souligne-t-il en faisant référence à l'obligation d'une autorisation pour pouvoir avoir un quota d'engrais ou le goutte à goutte NPK 3x20. «Si vous voulez démobiliser les fellah, demandez leur de fournir des documents administratifs» avance-t-il. Il semble que cete démarche des autorités a rafraîchi les ardeurs de nombreux agriculteurs qui voient dans cette manière de faire, une autre entrave au développement de l'agriculture. Il faut savoir, dit-il que «l'engrais est ce qu'est l'essence pour un véhicule». Point d'engrais, le rendement des cultures est aléatoire, se désole-t-il en soulignant que «les gens qui ont pris cette décision ont agi d'une manière irréfléchie».
Il ne comprend pas le sens de cette mesure. «Si on a pris cette décision pour limiter l'accès à ce produit aux terroristes, il n'en demeure pas moins qu'on va créer des milliers de bombes (les agriculteurs) prêtes à exploser, et pour ne pas parler des pénuries des produits alimentaires qui risquent d'être engendrées et qui seront autant de menaces pour la stabilité du pays et la cohésion sociale», déclare-t-il sûr de son analyse. Pour autant, Mustapha Bouchami ne compte pas rester bras croisés devant ce nouvel obstacle rencontré par ses pairs. J'ai saisi, affirme-t-il «le président de la République pour attirer son attention sur ce fait qui», selon lui, «s'il n'est résolu à temps, sera le coup de grâce aux 5% d'agriculteurs qui se donnent encore la peine de travailler leurs terres». Sur sa lancée, notre bonhomme qui en a gros sur le cœur, ne manque pas d'aborder les crédits bancaires. «Ces institutions ne jouent pas le jeu» remarque-t-il en affirmant qu' «à sa connaissance, la BADR (banque algérienne de développement agricole) de Chéraga n'a accordé que deux ou trois crédits à des agriculteurs».
Sa connaissance du monde agricole le pousse à faire des comparaisons avec nos voisins de l'Est et de l'Ouest. «Dans ces pays, l'agriculteur n'a pas tous ces ennuis, il se contente seulement de produire», dit-il avec un certain air de jalousie, soulignant que «les structures mises en place par le Maroc et la Tunisie vont auprès des agriculteurs pour s'enquérir de leurs préoccupations. «Les producteurs de ces deux pays voisins ne perdent pas leur temps à chercher à écouler leurs marchandises, ni à attendre qu'on veuille bien les payer, des organismes bien rodés se chargent de ces questions», confie-t-il en notant que «grâce à ces mécanismes, les deux pays arrivent à s'autosuffire et à exporter une partie non négligeable de leurs productions ». La solution existe pour dépasser tous ces problèmes qui freinent le décollage du monde agricole, dit-il. Il faut, souligne-t-il « rendre confiance aux travailleurs de la terre. Comment ? C'est simple pour lui. Il faut abandonner le système des concessions et établir des actes de propriété pour les parcelles que les agriculteurs occupent déjà. Il estime que la relance du secteur agricole est à ce prix. S. B.
Monsieur Mustapha Bouchami dirige une EAI (Exploitation agricole individuelle) de quelque 20 hectares à Ain-Benian (Plateau est). Il a bénéficié de cette exploitation dans le cadre de la loi 87/19 qui a restructuré les domaines issus de l'autogestion. Bon œil, bon pied malgré quelques rides dues au poids des ans, Mustapha se souvient comme si c'était hier, du jour de la prise de possession de la parcelle de terre qu'il occupe actuellement. «J'étais en ce temps là cadre technique en agriculture et c'est tout naturellement que j'ai bénéficié des dispositions de cette loi» se rappelle-t-il.
Il se rappelle aussi les sacrifices qu'il a du consentir pour mettre en valeur cette terre qui lui donne aujourd'hui tant de satisfaction. «Les champs que vous voyez là», explique-t-il en désignant de son doigt de larges surfaces verdâtres, «étaient jouchées de pierres». Notre agriculteur a payé de sa personne et de sa poche pour défricher les 20 hectares. «J'ai évacué 480 camions de pierres», dit-il, précisant que le coût de l'investissement s'est chiffré à 1,5 million de DA de l'époque (nous sommes en 1988).
L'exploitation est devenu en peu de temps, par la force du travail et d'un savoir faire certain de son propriétaire, un immense jardin. De la vigne, des abricotiers à perte de vue et des cultures de saison. Une particularité que tient à relever Mustapha. « Toutes mes cultures sont arrosées par le goutte à goutte », souligne-t-il fièrement expliquant l'avantage de ce système. « Il n'y a pas de gaspillage du précieux liquide qu'est l'eau et je maîtrise parfaitement le mûrissement de la production ». L'agriculteur qu'il est, n'aime pas le mot fellah qui lui renvoie l'image de la pauvreté, et qui a, dans un sens, réussi dans ce qu'il a entrepris est-il pour autant satisfait de son sort ? Un geste lent de lassitude qui en dit beaucoup sur l'état d'esprit de notre bonhomme. Non pas que Bouchami est préoccupé par son avenir, mais il déplore la situation et le marasme que vit le secteur agricole dans notre pays. «L'agriculture est une question de vie ou de mort pour un peuple», assène-t-il en plissant des yeux, prédisant que l'avenir de l'après pétrole sera des plus sombres si on continue dans cette voie.
Le reproche qu'il fait aux politiques est simple. «De 1962 à nos jours aucun des gouvernements successifs ne s'est sérieusement préoccupé de l'agriculture», déplore-t-il en relevant que «les responsables de l'agriculture ont fait du fellah un simple gardien des terres». Il explique que l'agriculture comme tout autre secteur économique demande des compétences et des moyens financiers importants. «Un pauvre ne pourra jamais faire de l'agriculture», martèle-t-il, regrettant que les fellahs qui ont crée des EAI et EAC ont été marginalisés et abandonnés à leur triste sort dès qu'ils ont pris possession de leurs terres. Monsieur Mustapha Bouchami explique que l'Etat n'a jamais défini «une politique agricole bien claire».
Il se rappelle qu'il a adressé une correspondance en 1994 au Chef du Gouvernement pour attirer son attention sur les problèmes que vit le monde agricole et lui proposer certaines solutions. Il a été orienté vers le ministère de l'Agriculture. Cela, l'a fortement déçu. «S'il y avait un ministère qui s'occupe de l'agriculture, je ne me serais pas permis de m'adresser à vous, Monsieur le chef du gouvernement, a été ma réponse à sa lettre», dit-il dans un soupir de dépit en déclinant les disfonctionnement qui caractérisent le secteur agricole. «Vous savez, dit-il, il y a des directions des services agricoles au niveau de chaque wilaya et de chaque daira qui sont sensés prêter aide et assistance aux fellah». Eh bien, souligne-t-il «ces fonctionnaires attendent sagement dans leurs bureaux l'heure de la retraite, faute de moyens de locomotion». Ils ne se déplacent jamais, déplore-t-il «chez les fellahs pour les sensibiliser sur les actions à mener ou tout au moins les faire bénéficier de leur savoir-faire». Par contre, se plaint-il «ils sont toujours dans une délégation conduite par le wali ou le chef de daïra pour choisir les meilleures terres pour implanter une infrastructure d'utilité publique». Cet état de fait, a pour conséquence la perte d'une bande de littoral à haut rendement agricole comprise entre Ain-Benian et Cherchell qui se trouve avalée par le béton. «Nous n'aurons jamais de la tomate Mélisa, cultivée en hiver dans cette région», se désole-t-il.
Une des autres conséquences de l'absence de politique agricole de l'Etat est, résume Mustapha, la perte de confiance des agriculteurs. Sans aide et sans soutien de l'Etat, les agriculteurs sont soumis à divers aléas dont les plus importants sont d'ordre naturel, inondation ou sécheresse. Sur ce registre, Mustapha Bouchami estime que les exploitants agricoles sont livrés à eux-mêmes. «Imaginez qu'il y ait une sécheresse sur une saison agricole, c'est la ruine pour eux». Selon lui, plusieurs de ces agriculteurs se sont trouvés dans ce cas». Les fellah n'avaient d'autre choix que d'abandonner les terres, d'où explique-t-il «le phénomène des désistements».Il faut incriminer, déclare-t-il, «l'Etat qui ne fait rien pour aider les agriculteurs pour sortir de cette mauvaise passe». Ce qui explique, dit-il «les pénuries récurrentes de certains produits de la terre».
Les problèmes de l'agriculture aussi sont à chercher dans l'absence de coordination avec les autres secteurs, souligne-t-il en faisant référence à l'obligation d'une autorisation pour pouvoir avoir un quota d'engrais ou le goutte à goutte NPK 3x20. «Si vous voulez démobiliser les fellah, demandez leur de fournir des documents administratifs» avance-t-il. Il semble que cete démarche des autorités a rafraîchi les ardeurs de nombreux agriculteurs qui voient dans cette manière de faire, une autre entrave au développement de l'agriculture. Il faut savoir, dit-il que «l'engrais est ce qu'est l'essence pour un véhicule». Point d'engrais, le rendement des cultures est aléatoire, se désole-t-il en soulignant que «les gens qui ont pris cette décision ont agi d'une manière irréfléchie».
Il ne comprend pas le sens de cette mesure. «Si on a pris cette décision pour limiter l'accès à ce produit aux terroristes, il n'en demeure pas moins qu'on va créer des milliers de bombes (les agriculteurs) prêtes à exploser, et pour ne pas parler des pénuries des produits alimentaires qui risquent d'être engendrées et qui seront autant de menaces pour la stabilité du pays et la cohésion sociale», déclare-t-il sûr de son analyse. Pour autant, Mustapha Bouchami ne compte pas rester bras croisés devant ce nouvel obstacle rencontré par ses pairs. J'ai saisi, affirme-t-il «le président de la République pour attirer son attention sur ce fait qui», selon lui, «s'il n'est résolu à temps, sera le coup de grâce aux 5% d'agriculteurs qui se donnent encore la peine de travailler leurs terres». Sur sa lancée, notre bonhomme qui en a gros sur le cœur, ne manque pas d'aborder les crédits bancaires. «Ces institutions ne jouent pas le jeu» remarque-t-il en affirmant qu' «à sa connaissance, la BADR (banque algérienne de développement agricole) de Chéraga n'a accordé que deux ou trois crédits à des agriculteurs».
Sa connaissance du monde agricole le pousse à faire des comparaisons avec nos voisins de l'Est et de l'Ouest. «Dans ces pays, l'agriculteur n'a pas tous ces ennuis, il se contente seulement de produire», dit-il avec un certain air de jalousie, soulignant que «les structures mises en place par le Maroc et la Tunisie vont auprès des agriculteurs pour s'enquérir de leurs préoccupations. «Les producteurs de ces deux pays voisins ne perdent pas leur temps à chercher à écouler leurs marchandises, ni à attendre qu'on veuille bien les payer, des organismes bien rodés se chargent de ces questions», confie-t-il en notant que «grâce à ces mécanismes, les deux pays arrivent à s'autosuffire et à exporter une partie non négligeable de leurs productions ». La solution existe pour dépasser tous ces problèmes qui freinent le décollage du monde agricole, dit-il. Il faut, souligne-t-il « rendre confiance aux travailleurs de la terre. Comment ? C'est simple pour lui. Il faut abandonner le système des concessions et établir des actes de propriété pour les parcelles que les agriculteurs occupent déjà. Il estime que la relance du secteur agricole est à ce prix. S. B.


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