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En Provence profonde
«L'enfant et la rivière» de Henri Bosco
Publié dans Le Midi Libre le 14 - 08 - 2008

Ce roman de Henri Bosco est pétri de nature sauvage et de douce humanité. De souche provençale et italienne, l'écrivain, natif d'Avignon, y peint l'arrière-pays méditerranéen avec la plume délicate et nuancée qui caractérise l'ensemble de son œuvre. De la même veine que «La Mare au diable» de Georges Sand, «Lettres de mon moulin» d'Alphonse Daudet ou «Regain» de Giono, ce roman est idéal pour mettre l'esprit en vacances.
Ce roman de Henri Bosco est pétri de nature sauvage et de douce humanité. De souche provençale et italienne, l'écrivain, natif d'Avignon, y peint l'arrière-pays méditerranéen avec la plume délicate et nuancée qui caractérise l'ensemble de son œuvre. De la même veine que «La Mare au diable» de Georges Sand, «Lettres de mon moulin» d'Alphonse Daudet ou «Regain» de Giono, ce roman est idéal pour mettre l'esprit en vacances.
La prose picturale de Bosco invite le lecteur à une promenade pleine de langueur sur les eaux vives ou dormantes d'une rivière de Provence. De l'infiniment grand à l'infiniment petit, l'univers des rives et des ondes y est exploré. Les nuits surpeuplées d'étoiles, les fonds transparents visités par toutes les espèces de poissons d'eau douce, l'air traversé d'insectes et de chants d'oiseaux, les îles secrètes où se cachent les Bohémiens et les enfants fugueurs… C'est dans ce monde végétal, aquatique et aérien que le lecteur est transporté par une écriture réellement magique. C'est également dans cet âge, où l'on est assez fort pour piloter une barque mais où l'on craint encore plus le monde des créatures surnaturelles que celui des cruautés humaines que l'imaginaire du lecteur est replongé.
Fils unique d'un couple de métayers, Pascalet est un enfant rêveur et aventurier. Libre de ses faits et gestes, il convoite le seul domaine que ses parents lui interdisent : la rivière.
C'est lorsque ses parents s'absentent en le confiant à Tante Martine, une grand-tante paternelle, que l'enfant succombe à la tentation qui le ronge depuis que sa mère lui a déclaré : «A la rivière, mon enfant, il y a des trous morts où l'on se noie, des serpents parmi les roseaux et des Bohémiens sur les rives.»
Il profite de l'adoration discrète que lui voue la vieille Martine, «une femme à l'antique avec la coiffe de piqué, la robe à plis et les ciseaux d'argent pendus à la ceinture» qui régente tout le monde «les gens, le chien, les canards et les poules» et trotte du haut en bas de la maison. «Elle trottait le jour; elle trottait la nuit; elle trottait à l'aube; elle trottait au crépuscule», écrit l'auteur sur le ton pince sans rire dont il ne se départit pas un seul instant.
Seul et désœuvré, Pascalet part à travers champs par une belle journée d'avril. L'œuvre prend des accents bucoliques pour décrire la fugue du jeune garçon. Comme Blanchette, la chèvre rebelle, l'enfant est happé par le printemps. «Je partis à travers champs. Ah ! le cœur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d'herbes, d'arbres, d'écorce fraîche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu'au boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l'air, où flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes.» L'enfant est littéralement envoûté par l'appel des chemins. «Viens ! Que t'importent quelques pas de plus ? Le premier tournant n'est pas loin. Tu t'arrêteras devant l'aubépine. Ces appels me faisaient perdre la tête. Une fois lancé sur ses sentes qui serpentent entre deux haies chargées d'oiseaux et de baies bleues, pouvais-je m'arrêter ?» Après cette première escapade d'une journée au bord de la rivière, Pascalet qui y a pris goût repart à l'aube pour beaucoup plus longtemps. Perdu sur une île où le courant a fait échouer sa barque, Pascalet n'a pas trop le temps de pleurer sur lui-même. Il découvre un campement de Bohémiens qui maltraitent un enfant de son âge qu'ils viennent d'enlever. Prenant son courage à deux mains, il tranche les liens qui entravent Gatzo. Fuyant et se cachant jour et nuit, les deux enfants deviennent les meilleurs amis du monde. Lorsque Gatzo, qui est recherché par son grand-père qui habite un village du voisinage, retourne chez lui, Pascalet ressent le plus grand chagrin de sa vie. Même la rivière ne présente plus le moindre attrait pour lui. Lorsqu'il est lui-même retrouvé et ramené par Bargabot, un braconnier ami de sa famille, ce n'est plus le même enfant. Malgré le pardon et la protection de Tante Martine qui passe sa fugue sous silence, la vie sans son nouvel ami, «plus courageux et plus fort que lui», n'a plus de sens. Il se met alors à espérer le retour du camarade qui l'a quitté sans même lui dire au revoir. Et un jour, ce retour a lieu. Gatzo qui a perdu Savinien, son grand-père, vient frapper à la porte de Pascalet. Grâce à l'intervention de tante Martine qui est décidément la bonne fée de ce conte moderne, les parents de Pascalet adoptent Gatzo et les deux enfants deviennent pour la vie ce qu'ils étaient déjà lors de leur rencontre : deux frères.
Ce charmant récit recèle des faits qui demeurent mystérieux et un suspense qui le relient à une série d'œuvres, comme l'épisode d'un long feuilleton qui aurait comme personnage principal l'arrière-pays provençal. En effet, Henri Bosco a écrit une trentaine d'œuvres publiées chez Gallimard. La petite Hyacinthe, l'âne Culotte, Tante Martine, Bargabot et le grand-père Savinien que l'on croise dans «L'enfant et la rivière» s'y rencontrent de nouveau. Parfumé d'herbes et d'accents locaux, le roman est à mi-chemin entre le conte et le récit hagiographique. Comme pour rappeler que Henri Bosco, né en 1888, est un descendant de Saint Jean Bosco fondateur des Salésiens. Agrégé d'italien à l'institut de Florence, le professeur de littérature n'a jamais quitté les rivages méditerranéens. En 1924, il écrit son premier livre intitulé «Pierre Lampedouze». L'écrivain a passé une grande partie de sa vie au Maroc où il a enseigné dans un lycée de Rabat. Mort en 1976, il a reçu de nombreuses distinctions littéraires pour son œuvre. K.T.
La prose picturale de Bosco invite le lecteur à une promenade pleine de langueur sur les eaux vives ou dormantes d'une rivière de Provence. De l'infiniment grand à l'infiniment petit, l'univers des rives et des ondes y est exploré. Les nuits surpeuplées d'étoiles, les fonds transparents visités par toutes les espèces de poissons d'eau douce, l'air traversé d'insectes et de chants d'oiseaux, les îles secrètes où se cachent les Bohémiens et les enfants fugueurs… C'est dans ce monde végétal, aquatique et aérien que le lecteur est transporté par une écriture réellement magique. C'est également dans cet âge, où l'on est assez fort pour piloter une barque mais où l'on craint encore plus le monde des créatures surnaturelles que celui des cruautés humaines que l'imaginaire du lecteur est replongé.
Fils unique d'un couple de métayers, Pascalet est un enfant rêveur et aventurier. Libre de ses faits et gestes, il convoite le seul domaine que ses parents lui interdisent : la rivière.
C'est lorsque ses parents s'absentent en le confiant à Tante Martine, une grand-tante paternelle, que l'enfant succombe à la tentation qui le ronge depuis que sa mère lui a déclaré : «A la rivière, mon enfant, il y a des trous morts où l'on se noie, des serpents parmi les roseaux et des Bohémiens sur les rives.»
Il profite de l'adoration discrète que lui voue la vieille Martine, «une femme à l'antique avec la coiffe de piqué, la robe à plis et les ciseaux d'argent pendus à la ceinture» qui régente tout le monde «les gens, le chien, les canards et les poules» et trotte du haut en bas de la maison. «Elle trottait le jour; elle trottait la nuit; elle trottait à l'aube; elle trottait au crépuscule», écrit l'auteur sur le ton pince sans rire dont il ne se départit pas un seul instant.
Seul et désœuvré, Pascalet part à travers champs par une belle journée d'avril. L'œuvre prend des accents bucoliques pour décrire la fugue du jeune garçon. Comme Blanchette, la chèvre rebelle, l'enfant est happé par le printemps. «Je partis à travers champs. Ah ! le cœur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d'herbes, d'arbres, d'écorce fraîche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu'au boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l'air, où flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes.» L'enfant est littéralement envoûté par l'appel des chemins. «Viens ! Que t'importent quelques pas de plus ? Le premier tournant n'est pas loin. Tu t'arrêteras devant l'aubépine. Ces appels me faisaient perdre la tête. Une fois lancé sur ses sentes qui serpentent entre deux haies chargées d'oiseaux et de baies bleues, pouvais-je m'arrêter ?» Après cette première escapade d'une journée au bord de la rivière, Pascalet qui y a pris goût repart à l'aube pour beaucoup plus longtemps. Perdu sur une île où le courant a fait échouer sa barque, Pascalet n'a pas trop le temps de pleurer sur lui-même. Il découvre un campement de Bohémiens qui maltraitent un enfant de son âge qu'ils viennent d'enlever. Prenant son courage à deux mains, il tranche les liens qui entravent Gatzo. Fuyant et se cachant jour et nuit, les deux enfants deviennent les meilleurs amis du monde. Lorsque Gatzo, qui est recherché par son grand-père qui habite un village du voisinage, retourne chez lui, Pascalet ressent le plus grand chagrin de sa vie. Même la rivière ne présente plus le moindre attrait pour lui. Lorsqu'il est lui-même retrouvé et ramené par Bargabot, un braconnier ami de sa famille, ce n'est plus le même enfant. Malgré le pardon et la protection de Tante Martine qui passe sa fugue sous silence, la vie sans son nouvel ami, «plus courageux et plus fort que lui», n'a plus de sens. Il se met alors à espérer le retour du camarade qui l'a quitté sans même lui dire au revoir. Et un jour, ce retour a lieu. Gatzo qui a perdu Savinien, son grand-père, vient frapper à la porte de Pascalet. Grâce à l'intervention de tante Martine qui est décidément la bonne fée de ce conte moderne, les parents de Pascalet adoptent Gatzo et les deux enfants deviennent pour la vie ce qu'ils étaient déjà lors de leur rencontre : deux frères.
Ce charmant récit recèle des faits qui demeurent mystérieux et un suspense qui le relient à une série d'œuvres, comme l'épisode d'un long feuilleton qui aurait comme personnage principal l'arrière-pays provençal. En effet, Henri Bosco a écrit une trentaine d'œuvres publiées chez Gallimard. La petite Hyacinthe, l'âne Culotte, Tante Martine, Bargabot et le grand-père Savinien que l'on croise dans «L'enfant et la rivière» s'y rencontrent de nouveau. Parfumé d'herbes et d'accents locaux, le roman est à mi-chemin entre le conte et le récit hagiographique. Comme pour rappeler que Henri Bosco, né en 1888, est un descendant de Saint Jean Bosco fondateur des Salésiens. Agrégé d'italien à l'institut de Florence, le professeur de littérature n'a jamais quitté les rivages méditerranéens. En 1924, il écrit son premier livre intitulé «Pierre Lampedouze». L'écrivain a passé une grande partie de sa vie au Maroc où il a enseigné dans un lycée de Rabat. Mort en 1976, il a reçu de nombreuses distinctions littéraires pour son œuvre. K.T.


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