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Les artistes vivent-ils de leur art ?
leur statut est incertain
Publié dans Le Midi Libre le 26 - 08 - 2008

Combien compte l'Algérie d'artistes ? Qui sont-ils? comment se font-ils connaître ? Comment opèrent-ils ? Font-ils de leur passion un show-biz? Combien gagnent-ils ? Sont-ils des contribuables ? Autant de questions qui nous renvoient à nous interroger sur cette catégorie dont le statut est, faut-il souligner, chargé d'incertitudes. En revanche, bien que l'art ait beau avoir du mal à nourrir son homme, cela n'empêche pas les jeunes de s'y consacrer. Zoom.
Combien compte l'Algérie d'artistes ? Qui sont-ils? comment se font-ils connaître ? Comment opèrent-ils ? Font-ils de leur passion un show-biz? Combien gagnent-ils ? Sont-ils des contribuables ? Autant de questions qui nous renvoient à nous interroger sur cette catégorie dont le statut est, faut-il souligner, chargé d'incertitudes. En revanche, bien que l'art ait beau avoir du mal à nourrir son homme, cela n'empêche pas les jeunes de s'y consacrer. Zoom.
Difficile en tout cas de cerner l‘état des lieux du marché de l‘art qui, sommes-nous tenus de constater, est précaire pour les uns et ouvert pour les autres et ce, à travers une corporation dont le statut n‘est pas encore défini sur le plan professionnel.
Chacun a sa source d‘inspiration en fonction de la passion à laquelle il reste rivé. Du plasticien au comédien des planches ou du 7e art en passant par l‘interprète chanteur et autres hommes de lettres, les avis divergent sur la question relative aux gains que peut récolter un artiste de son métier. Si certains tirent exclusivement leurs revenus de la pratique de leur art, d‘autres font de leur passion artistique un violon d‘Ingres alors qu‘une autre catégorie tente de boucler les fins de mois grâce à des subsides liés à des jobs occasionnels.
Peu nombreux sont les beaux-aristes et les musiciens, qui une fois la formation académique terminée, obtiennent un poste pédagogique au sein d‘une institution. Il n‘est pas aisé aux récipiendaires de dénicher un exercice au sein des établissements scolaires, les centres culturels et autres structures artistiques. Les plasticiens se retranchent chez eux, se prennent en charge pour exercer leur talent, loin des feux de la rampe. Ils travaillent selon la demande des clients. Là aussi, les interrogations qui sont suscitées nous édifient sur l‘existence d‘un marché de l‘art. Autrement dit, comment est coté le produit sollicité ? Existe-t-il une catégorie de preneurs ? L‘œuvre est-elle refilée au collectionneur où aux magasins spécialisés dans la vente des œuvres d‘art ? Une chose est sûre, les sept ou huit galeristes qui organisent des expositions une, deux, voire trois fois l‘an, ont aussi bien leurs plasticiens assidus qu‘une clientèle attitrée. Il serait malvenu, le moins que l‘on puisse dire, de demander à un peintre artiste combien il gagne : la réponse est éludée, sinon évasive. Cela va de soi, dans la mesure où toutes les œuvres accrochées aux cimaises ne sont pas automatiquement vendues. Les plasticiens eux, concèdent que le marché de l‘art est rarement peuplé de certitudes. Les ventes enregistrées par les galeriste lors des vernissages restent en dents de scie. S‘il est des artistes peintres qui ramassent un pactole conséquent pour une, deux ou trois œuvres lors d‘une exposition, il n‘est pas le cas pour d‘autres. La valeur de l‘œuvre peut varier d‘un artiste peintre à un autre. Elle est tributaire de la cote de l‘artiste sur le marché. Il y a les plasticiens affirmés qui bénéficient d‘une célébrité et les frais émoulus qui, parfois, réussissent le coup de maître en se frayant une place dans la cour des grands. Une peinture dans la tendance réaliste peut osciller entre 40 et 80.000 DA, voire plus. Une miniature réalisée dans le moule ‘‘racimien‘‘ peut être refilée à 250.000, voire 300.000 DA. C‘est ce que nous avons pu noter dans l‘argutie des galeristes lors des vernissages. Les compositions qui collent avec l‘école de l‘expressionnisme abstrait ne font grande recette chez le grand public, mais elles restent, toutefois, prisées par des collectionneurs, notamment les étrangers de passage, note-on. Ainsi, l‘on ne pas arguer si l‘artiste se porte mieux sur le plan financier, de surcroît lorsque la collection d‘œuvres ‘‘pondue‘‘ lui a coûté en termes de temps deux ou trois années, selon l‘inspiration. L‘artiste miniaturiste et décorateur sur bois, M. Abderrazak Mezouane, fera remarquer à notre adresse qu‘il travaille pour son compte. ‘‘Je ne suis pas salarié, et je ne suis pas astreint aux cotisations de l‘assurance sociale ni au régime de la retraite. «ll y a des mois où je transpire pour vendre une ou deux œuvres et d‘autres mois où je ne bénéficie d‘aucun sou», renchérit-il. Autrement dit, il s‘attelle à tenir le coup avec le résultat d‘une seule vente pendant un, deux, voire trois mois parfois.
Interrogée sur la situation du marché de l‘art en Algérie et la tendance picturale qui a pignon sur rue, la galeriste, Mme Ouahiba Adjali, nous explique, non sans un brin d‘hésitation qu‘ «il existe des artistes qui s‘en sortent assez bien financièrement, d‘autres ne vivent pas vraiment de leur art, sinon la peinture constitue un plus eux». Ce que j‘ai constaté, soutient-elle, est qu‘il existe un public qui nourrit une grande propension pour l‘art du figuratif, l‘expression du réalisme, celui qui préfère l‘image d‘Epinal.
Par ailleurs, il y a une autre catégorie de collectionneurs qui tient à acquérir des œuvres contemporaines qui présentent des voies nouvelles dans la création. Difficile en tout cas pour les artistes contemporains de céder leurs œuvres lors d‘une exposition vente, résume la galeriste, commentant dans la foulée que ‘‘ceux qui peignent ne sont pas forcément des artistes‘‘.
Aisance financière pour les uns, maigre pactole pour les autres
Le corps des métiers de comédiens du cinéma et des planches n‘est guère lui aussi reluisant. La carrière des promos d‘étudiants fraîchement sorties de l‘Institut supérieur de l‘audiovisuel et des arts du spectacle (Ismaas) - ex-Inadc (Institut national d‘art dramatique et chorégraphique) - reste tributaire de l‘activité artistique (théâtrale et cinématographique s‘entend), qui, on n‘en disconvient, est loin d‘être florissante. Autrement dit, l‘emploi systématique n‘est guère garanti dans les différentes structures pour les récipiendaires, en quête d‘un quelconque rôle dans une production, ou, à défaut dénicher un job dans une administration. Nombre d‘entre eux demeurent à la merci des opportunités offertes par les producteurs. C‘est ce que nous affirme le comédien Djamel Bounab pour qui des réalisateurs ont confié des rôles dans maints téléfilms et feuilletons. ‘‘Le comédien professionnel en Algérie est mal loti, car l‘activité qu‘ il exerce dans le domaine cinématographique ou celui des tréteaux reste aléatoire‘‘, martèle le comédien qui regrette, par ailleurs, ‘‘l‘absence d‘un statut pour l‘artiste, susceptible de prendre en charge les talents naissants qui continuent, à leur corps défendant, à végéter dans l‘anonymat‘‘. En effet, les exemples sont légion. C‘est le cas de Nesrine Belhadj. Ce pur talent de l‘ex-INADC qui monte comme le blé, surtout après s‘être illustré dans la pièce ‘‘le Suicidé‘‘ et ‘‘Fatma‘‘ (une interprétation qui a fait parler les planches, ndlr), reste, selon un critique du quatrième art, une artiste peu sollicitée dans les productions cinématographiques ou télévisuelles. Aussi, si certains réussissent à tirer leur épingle du jeu en campant des rôles principaux ou secondaires (c‘est selon) occasionnels, leur permettant de ‘‘récolter‘‘ quelque dividende, d‘autres, en revanche estiment que le métier qu‘ils exercent les met à l‘abri du besoin financier. C‘est le cas du comédien Djamel Guermi qui, dit-il, a été recruté au sein de la troupe d‘artistes du TNA. Faisant partie de la promo sortante de l‘ex-Inad en 1999, le comédien n‘a pas tardé à rejoindre la structure Mohieddine Bachtarzi à plein temps. ‘‘Je ne me plains pas, je gagne bien ma vie, en plus, j‘assure des cours en tant que professeur assistant au sein de l‘Ismaas dans la filière actorat‘‘, confie le comédien des planches, citant au passage le rôle qu‘il a campé dans la production théâtrale, intitulée ‘‘le Dernier conteur‘‘(El Hakawati el Akhir) du metteur en scène tunisien Mounji Benbrahim. Une œuvre qui a été présentée en ouverture de l‘événement Alger, capitale de la culture arabe 2007. Il y a une autre catégorie de comédiens célèbres. C‘est ce qu‘on appelle les stars, ces grosses pointures qui jouissent d‘une notoriété dans le milieu du 7e art, notamment. ‘‘Je m‘abstiens de citer les noms, mais cette catégorie de comédiens peu nombreux, dont le nom demeure un label, a été propulsée au-devant de la scène, grâce à leur génie‘‘, reconnaît un comédien qui tient à garder l‘anonymat. Une autre frange d‘artistes ambitieux, pour qui la chance sourit, assure des rôles de personnages protagonistes ou campe des personnages de second rôle dans un téléfilm ou un long métrage. ‘‘Là, le cachet peut osciller dans une fourchette allant de 600.000 à 1.000.000 DA pour le premier rôle‘‘, nous affirme un comédien qui s‘est gardé de nous mettre au parfum du ‘‘pactole‘‘ ramassé pour le rôle principal que le producteur exécutif et réalisateur Boualem Aissaoui lui a confié dans un téléfilm, diffusé sur le petit écran. Quant aux comédiens du quatrième art, leur rémunération est subordonnée aux recettes générées lors des représentations. Une rétribution qui, toutefois, reste liée, aussi, à la qualité de l‘œuvre et au facteur marketing qui entoure le produit culturel.
Dans la foulée, nous nous sommes interrogé sur le type de rapports qui lie les artistes à l‘administration fiscale. Pas de zone d‘ombre qui plane pour l‘unique et simple raison que cette catégorie ‘‘d‘actifs occasionnels‘‘ n‘est pas astreinte à verser la thune lors d‘une soirée conviviale. Ainsi, à l‘image des artistes évoluant dans d‘autres créneaux du milieu artistique, les interprètes andalous ou chaabis (en dehors des spectacles organisés dans les établissements publics), ne sont pas contribuables au Trésor public, car pratiquant leur art au gré des qaâdate familiales et cercles fermés. Les spectacles ‘‘mondains‘‘ ne sont pas assujettis à une quelconque charge fiscale. ‘‘Leurs prestations qui revêtent le caractère festif, sont exonérées d‘impôt‘‘, tient à nous rappeler Ouali Bouchakour, directeur de la perception au niveau de l‘Onda. Si certains interprètes ont une bonne cote et peuvent aller ‘‘ratisser large‘‘ en agrémentant les soirées de la communauté d‘émigrés algériens dans les mégalopoles comme Paris, Marseille, Londres Bruxelles, Genève, Lausanne, Québec... d‘autres, en revanche, sont loin du show-biz. Ils prétendent à un pécule qui leur permet tout juste de boucler les fins de mois, un subside en sus de leur revenu salarial. Ceux là sont forcés, disent-ils, d‘avoir des boulots en parallèle. Les récitals qu‘ils animent constituent, au demeurant, une aubaine leur permettant de mettre du beurre dans …leurs épinards. Tout compte fait, «pour une soirée familiale, un orchestre chaabi accompagnant un maître interprète peut récolter entre 25 et 30 bâtons, contre 30 à 50.000 DA pour un chanteur de classe moyenne», assure un mélomane et auxiliaire à l‘Onda, au fait des cours pratiqués dans le domaine.
La littérature, parent faible
Si la littérature est l‘expression de la société, elle demeure une passion qui ne nourrit pas ses auteurs. ‘‘L‘auteur ne vit pas de son art (…). On a une profession et une vocation‘‘, tient à souligner M. Amar Belkhodja, l‘auteur de l‘ouvrage ‘‘Colonisation, les crimes impunis‘‘, poursuivant qu‘‘‘il ne compte pas sur le produit de la vente de sa publication pour subvenir à ses besoins‘‘. Belkacem Rouache abonde dans le même sens. Journaliste de profession, écrivain et scénariste, l‘auteur du long métrage ‘‘Cri des mouettes‘‘ - qui met en exergue la vocation et les conditions de l‘artiste -, brosse en diagonale un état des lieux global. ‘‘Bien qu‘on constate l‘aisance financière chez certains comédiens ou romanciers réputés, il serait faux de dire que l‘artiste ou l‘écrivain vit de son art chez nous‘‘. Même son de cloche chez les poètes ou les nouvellistes qui publient leurs recueils : pas grand-chose à mettre sous la dent a fortiori lorsque le produit ne fait pas l‘objet d‘une médiatisation ou est mal diffusé. En fait, l‘art a beau avoir du mal à nourrir son homme ou sa femme, cela n‘empêche pas les jeunes de s‘y consacrer.
Difficile en tout cas de cerner l‘état des lieux du marché de l‘art qui, sommes-nous tenus de constater, est précaire pour les uns et ouvert pour les autres et ce, à travers une corporation dont le statut n‘est pas encore défini sur le plan professionnel.
Chacun a sa source d‘inspiration en fonction de la passion à laquelle il reste rivé. Du plasticien au comédien des planches ou du 7e art en passant par l‘interprète chanteur et autres hommes de lettres, les avis divergent sur la question relative aux gains que peut récolter un artiste de son métier. Si certains tirent exclusivement leurs revenus de la pratique de leur art, d‘autres font de leur passion artistique un violon d‘Ingres alors qu‘une autre catégorie tente de boucler les fins de mois grâce à des subsides liés à des jobs occasionnels.
Peu nombreux sont les beaux-aristes et les musiciens, qui une fois la formation académique terminée, obtiennent un poste pédagogique au sein d‘une institution. Il n‘est pas aisé aux récipiendaires de dénicher un exercice au sein des établissements scolaires, les centres culturels et autres structures artistiques. Les plasticiens se retranchent chez eux, se prennent en charge pour exercer leur talent, loin des feux de la rampe. Ils travaillent selon la demande des clients. Là aussi, les interrogations qui sont suscitées nous édifient sur l‘existence d‘un marché de l‘art. Autrement dit, comment est coté le produit sollicité ? Existe-t-il une catégorie de preneurs ? L‘œuvre est-elle refilée au collectionneur où aux magasins spécialisés dans la vente des œuvres d‘art ? Une chose est sûre, les sept ou huit galeristes qui organisent des expositions une, deux, voire trois fois l‘an, ont aussi bien leurs plasticiens assidus qu‘une clientèle attitrée. Il serait malvenu, le moins que l‘on puisse dire, de demander à un peintre artiste combien il gagne : la réponse est éludée, sinon évasive. Cela va de soi, dans la mesure où toutes les œuvres accrochées aux cimaises ne sont pas automatiquement vendues. Les plasticiens eux, concèdent que le marché de l‘art est rarement peuplé de certitudes. Les ventes enregistrées par les galeriste lors des vernissages restent en dents de scie. S‘il est des artistes peintres qui ramassent un pactole conséquent pour une, deux ou trois œuvres lors d‘une exposition, il n‘est pas le cas pour d‘autres. La valeur de l‘œuvre peut varier d‘un artiste peintre à un autre. Elle est tributaire de la cote de l‘artiste sur le marché. Il y a les plasticiens affirmés qui bénéficient d‘une célébrité et les frais émoulus qui, parfois, réussissent le coup de maître en se frayant une place dans la cour des grands. Une peinture dans la tendance réaliste peut osciller entre 40 et 80.000 DA, voire plus. Une miniature réalisée dans le moule ‘‘racimien‘‘ peut être refilée à 250.000, voire 300.000 DA. C‘est ce que nous avons pu noter dans l‘argutie des galeristes lors des vernissages. Les compositions qui collent avec l‘école de l‘expressionnisme abstrait ne font grande recette chez le grand public, mais elles restent, toutefois, prisées par des collectionneurs, notamment les étrangers de passage, note-on. Ainsi, l‘on ne pas arguer si l‘artiste se porte mieux sur le plan financier, de surcroît lorsque la collection d‘œuvres ‘‘pondue‘‘ lui a coûté en termes de temps deux ou trois années, selon l‘inspiration. L‘artiste miniaturiste et décorateur sur bois, M. Abderrazak Mezouane, fera remarquer à notre adresse qu‘il travaille pour son compte. ‘‘Je ne suis pas salarié, et je ne suis pas astreint aux cotisations de l‘assurance sociale ni au régime de la retraite. «ll y a des mois où je transpire pour vendre une ou deux œuvres et d‘autres mois où je ne bénéficie d‘aucun sou», renchérit-il. Autrement dit, il s‘attelle à tenir le coup avec le résultat d‘une seule vente pendant un, deux, voire trois mois parfois.
Interrogée sur la situation du marché de l‘art en Algérie et la tendance picturale qui a pignon sur rue, la galeriste, Mme Ouahiba Adjali, nous explique, non sans un brin d‘hésitation qu‘ «il existe des artistes qui s‘en sortent assez bien financièrement, d‘autres ne vivent pas vraiment de leur art, sinon la peinture constitue un plus eux». Ce que j‘ai constaté, soutient-elle, est qu‘il existe un public qui nourrit une grande propension pour l‘art du figuratif, l‘expression du réalisme, celui qui préfère l‘image d‘Epinal.
Par ailleurs, il y a une autre catégorie de collectionneurs qui tient à acquérir des œuvres contemporaines qui présentent des voies nouvelles dans la création. Difficile en tout cas pour les artistes contemporains de céder leurs œuvres lors d‘une exposition vente, résume la galeriste, commentant dans la foulée que ‘‘ceux qui peignent ne sont pas forcément des artistes‘‘.
Aisance financière pour les uns, maigre pactole pour les autres
Le corps des métiers de comédiens du cinéma et des planches n‘est guère lui aussi reluisant. La carrière des promos d‘étudiants fraîchement sorties de l‘Institut supérieur de l‘audiovisuel et des arts du spectacle (Ismaas) - ex-Inadc (Institut national d‘art dramatique et chorégraphique) - reste tributaire de l‘activité artistique (théâtrale et cinématographique s‘entend), qui, on n‘en disconvient, est loin d‘être florissante. Autrement dit, l‘emploi systématique n‘est guère garanti dans les différentes structures pour les récipiendaires, en quête d‘un quelconque rôle dans une production, ou, à défaut dénicher un job dans une administration. Nombre d‘entre eux demeurent à la merci des opportunités offertes par les producteurs. C‘est ce que nous affirme le comédien Djamel Bounab pour qui des réalisateurs ont confié des rôles dans maints téléfilms et feuilletons. ‘‘Le comédien professionnel en Algérie est mal loti, car l‘activité qu‘ il exerce dans le domaine cinématographique ou celui des tréteaux reste aléatoire‘‘, martèle le comédien qui regrette, par ailleurs, ‘‘l‘absence d‘un statut pour l‘artiste, susceptible de prendre en charge les talents naissants qui continuent, à leur corps défendant, à végéter dans l‘anonymat‘‘. En effet, les exemples sont légion. C‘est le cas de Nesrine Belhadj. Ce pur talent de l‘ex-INADC qui monte comme le blé, surtout après s‘être illustré dans la pièce ‘‘le Suicidé‘‘ et ‘‘Fatma‘‘ (une interprétation qui a fait parler les planches, ndlr), reste, selon un critique du quatrième art, une artiste peu sollicitée dans les productions cinématographiques ou télévisuelles. Aussi, si certains réussissent à tirer leur épingle du jeu en campant des rôles principaux ou secondaires (c‘est selon) occasionnels, leur permettant de ‘‘récolter‘‘ quelque dividende, d‘autres, en revanche estiment que le métier qu‘ils exercent les met à l‘abri du besoin financier. C‘est le cas du comédien Djamel Guermi qui, dit-il, a été recruté au sein de la troupe d‘artistes du TNA. Faisant partie de la promo sortante de l‘ex-Inad en 1999, le comédien n‘a pas tardé à rejoindre la structure Mohieddine Bachtarzi à plein temps. ‘‘Je ne me plains pas, je gagne bien ma vie, en plus, j‘assure des cours en tant que professeur assistant au sein de l‘Ismaas dans la filière actorat‘‘, confie le comédien des planches, citant au passage le rôle qu‘il a campé dans la production théâtrale, intitulée ‘‘le Dernier conteur‘‘(El Hakawati el Akhir) du metteur en scène tunisien Mounji Benbrahim. Une œuvre qui a été présentée en ouverture de l‘événement Alger, capitale de la culture arabe 2007. Il y a une autre catégorie de comédiens célèbres. C‘est ce qu‘on appelle les stars, ces grosses pointures qui jouissent d‘une notoriété dans le milieu du 7e art, notamment. ‘‘Je m‘abstiens de citer les noms, mais cette catégorie de comédiens peu nombreux, dont le nom demeure un label, a été propulsée au-devant de la scène, grâce à leur génie‘‘, reconnaît un comédien qui tient à garder l‘anonymat. Une autre frange d‘artistes ambitieux, pour qui la chance sourit, assure des rôles de personnages protagonistes ou campe des personnages de second rôle dans un téléfilm ou un long métrage. ‘‘Là, le cachet peut osciller dans une fourchette allant de 600.000 à 1.000.000 DA pour le premier rôle‘‘, nous affirme un comédien qui s‘est gardé de nous mettre au parfum du ‘‘pactole‘‘ ramassé pour le rôle principal que le producteur exécutif et réalisateur Boualem Aissaoui lui a confié dans un téléfilm, diffusé sur le petit écran. Quant aux comédiens du quatrième art, leur rémunération est subordonnée aux recettes générées lors des représentations. Une rétribution qui, toutefois, reste liée, aussi, à la qualité de l‘œuvre et au facteur marketing qui entoure le produit culturel.
Dans la foulée, nous nous sommes interrogé sur le type de rapports qui lie les artistes à l‘administration fiscale. Pas de zone d‘ombre qui plane pour l‘unique et simple raison que cette catégorie ‘‘d‘actifs occasionnels‘‘ n‘est pas astreinte à verser la thune lors d‘une soirée conviviale. Ainsi, à l‘image des artistes évoluant dans d‘autres créneaux du milieu artistique, les interprètes andalous ou chaabis (en dehors des spectacles organisés dans les établissements publics), ne sont pas contribuables au Trésor public, car pratiquant leur art au gré des qaâdate familiales et cercles fermés. Les spectacles ‘‘mondains‘‘ ne sont pas assujettis à une quelconque charge fiscale. ‘‘Leurs prestations qui revêtent le caractère festif, sont exonérées d‘impôt‘‘, tient à nous rappeler Ouali Bouchakour, directeur de la perception au niveau de l‘Onda. Si certains interprètes ont une bonne cote et peuvent aller ‘‘ratisser large‘‘ en agrémentant les soirées de la communauté d‘émigrés algériens dans les mégalopoles comme Paris, Marseille, Londres Bruxelles, Genève, Lausanne, Québec... d‘autres, en revanche, sont loin du show-biz. Ils prétendent à un pécule qui leur permet tout juste de boucler les fins de mois, un subside en sus de leur revenu salarial. Ceux là sont forcés, disent-ils, d‘avoir des boulots en parallèle. Les récitals qu‘ils animent constituent, au demeurant, une aubaine leur permettant de mettre du beurre dans …leurs épinards. Tout compte fait, «pour une soirée familiale, un orchestre chaabi accompagnant un maître interprète peut récolter entre 25 et 30 bâtons, contre 30 à 50.000 DA pour un chanteur de classe moyenne», assure un mélomane et auxiliaire à l‘Onda, au fait des cours pratiqués dans le domaine.
La littérature, parent faible
Si la littérature est l‘expression de la société, elle demeure une passion qui ne nourrit pas ses auteurs. ‘‘L‘auteur ne vit pas de son art (…). On a une profession et une vocation‘‘, tient à souligner M. Amar Belkhodja, l‘auteur de l‘ouvrage ‘‘Colonisation, les crimes impunis‘‘, poursuivant qu‘‘‘il ne compte pas sur le produit de la vente de sa publication pour subvenir à ses besoins‘‘. Belkacem Rouache abonde dans le même sens. Journaliste de profession, écrivain et scénariste, l‘auteur du long métrage ‘‘Cri des mouettes‘‘ - qui met en exergue la vocation et les conditions de l‘artiste -, brosse en diagonale un état des lieux global. ‘‘Bien qu‘on constate l‘aisance financière chez certains comédiens ou romanciers réputés, il serait faux de dire que l‘artiste ou l‘écrivain vit de son art chez nous‘‘. Même son de cloche chez les poètes ou les nouvellistes qui publient leurs recueils : pas grand-chose à mettre sous la dent a fortiori lorsque le produit ne fait pas l‘objet d‘une médiatisation ou est mal diffusé. En fait, l‘art a beau avoir du mal à nourrir son homme ou sa femme, cela n‘empêche pas les jeunes de s‘y consacrer.


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