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Un paysage aux formes fantasmagoriques
Carnet de route : le grand sud
Publié dans Le Midi Libre le 28 - 01 - 2009

Le Sud fascine plus d'un, son étendue de sable à perte de vue et son silence nous émerveillent et nous font froid dans le dos, tant les risques sont grands.
Le Sud fascine plus d'un, son étendue de sable à perte de vue et son silence nous émerveillent et nous font froid dans le dos, tant les risques sont grands.
Adrar, 21 décembre 2009. Il est près de 13 heures quand nous sommes arrivés à la principale gare routière de la ville après un voyage en bus qui a duré 20 heures. Parti d'Alger, en bus, la veille à 17 heures, le groupe dans lequel je faisais partie a salué comme une délivrance notre arrivée à Adrar, première halte d'un voyage long et harassant qui devait nous amener jusqu'au fin fonds du désert, à Timiaouin, une localité distante du chef-lieu de wilaya de 800 km. Nous fûmes accueillis par nos contacts qui nous accompagnèrent aussitôt vers notre lieu d'hébergement, au centre-ville. Une chambre d'hôtes, style saharien, recouverte de tapis, de matelas posés à même le sol et les indispensables oreillers, fut mise à notre disposition pour la durée de notre séjour. Une bonne douche pour nous remettre d'aplomb et nous voilà réunis autour d'un «s'ni» où trônaient une gasaâ d'un couscous bien garni et des bols de l'ben. Il y avait à côté du maître de cérémonie, qui n'est autre que Salem Baâlal, président de la Chambre d'agriculture de la wilaya, son fils et un autre membre de sa famille. Entre deux cuillerées de couscous et une gorgée de l'ben, nos généreux et accueillants gens du Sud nous louèrent les charmes de la ville et ses nombreuses potentialités économiques et culturelles qu'elle recèle. La discussion prit un tour plus animé à l'heure du thé. Le président de la Chambre d'agriculture en profita de l'occasion pour parler en long et en large des opportunités qu'offre le secteur et surtout des problèmes dont souffre le monde agricole dans la région d'Adrar.
Des contraintes administratives
Des problèmes de bureaucratie de l'administration, des banques par trop tatillonnes sur les dossiers déposés par les agriculteurs. «Adrar est capable de fournir les 1/4 de besoins de blé de l'Algérie, pour peu que les entraves disparaissent», assure-t-il en mettant en exergue le rendement (80 à 84 qtx à l'hectare) obtenu par les fellahs l'année écoulée. Il déplore le fait que peu d'agriculteurs ont bénéficié de crédits bancaires, notamment ceux qui ont investi dans les pivots d'irrigation. «120 pivots attendent, depuis deux mois, d'être mis en place faute d'un accompagnement de la banque», souligne-t-il, regrettant que les différentes formes de soutien à l'agriculture initiées par l'Etat ne parviennent que rarement à leurs destinataires. Le crédit RFIG est critiqué par ce responsable pour son long processus et la durée de son remboursement qui va sur une année. «Les fellahs sont tributaires des aléas climatiques», justifie-t-il, arguant que «les agriculteurs peuvent être ruinés par une année de sècheresse». D'autres problèmes, qui sont autant d'obstacles pour une bonne saison agricole, sont énumérés par Salem Baâlal, dont les engrais (90 tonnes) qui sont entreposés dans un dépôt et attendent l'autorisation, alors que les exploitants agricoles en ont besoin, et le désengagement de l'Etat du circuit de la commercialisation. Il se souvient que du temps de la Cofel et de l'Enafla (deux organismes d'Etat qui s'occupaient de la commercialisation des produits agricoles), trois avions cargos d'Air Algérie s'envolaient chaque jour à destination de Marseille, Frankfort et Bruxelles avec à leur bord 80 tonnes de tomates. «Cette époque est révolue», dit-il dépité, témoignant que présentement, les fellahs font le troc, du moins pour la datte, avec les pays voisins, le Mali et le Niger. Cette discussion prend fin tard l'après-midi. Le responsable de la Chambre d'agriculture est appelé à son bureau pour préparer la mission qu'il devait effectuer le lendemain à Alger. Une rencontre qui réunira le ministre de l'Agriculture et les chefs des services agricoles des 48 wilayas du pays. Peu après, on nous fait savoir que le départ pour Timiaouin était programmé pour demain à 8 heures du matin. Trop fatigués pour sortir, nous préférâmes nous mettre au lit. Le lendemain à 7h30mn, on nous avertit que le 4x4 nous attendait. Destination Reggane, 170 km plus au sud. Le voyage se déroula sans encombres. La route était asphaltée. A quelques kilomètres avant d'arriver dans cette ville, notre guide, jusque-là peu loquace, nous montra du doigt, à notre droite, le site des essais nucléaires français. A Reggane, nous fîmes des provisions pour la suite de notre parcours. Il nous restait quelque 650 km à parcourir. Après une heure de pause, nous embarquâmes, et en route pour l'expédition ! Juste à la sortie de la ville, un poste de contrôle de la police. Présentation de nos papiers d'identité et déclaration de l'objet de notre destination. L'agent nous regarda d'un air stupéfait quand nous déclinâmes notre profession. Il se référa à son chef, au commissariat de daïra, qui lui demande à nous voir. Retour au centre-ville. Au commissariat, le chef, très courtois, s'enquit de l'objet de notre mission et nous rassura que c'était une procédure normale car, a-t-il, dit «la vie s'arrête à Reggane».
Les dangers du désert
Il nous informa des dangers que cache le désert et s'assura que nous étions bel et bien accompagnés d'un guide qui connaît parfaitement cette région. Il nous conseilla de nous munir d'un chèche et de beaucoup d'eau et de nourriture. «Il faut se méfier du désert», a-t-il insisté. Plus tard, durant notre traversée, nous comprîmes les précieuses recommandations du chef de la sûreté de Reggane. A peine sortis de la ville, c'est le grand désert. Le sable à perte de vue. Dès les premiers kilomètres dévorés, des fines particules de sable s'incrustent dans la cabine. Dans la voiture se répandent les vapeurs de l'essence que nous transportons. Pas question de fumer. Le guide, avisé, nous demande de baisser les vitres des portières. «Le courant d'air permet à ces molécules de ne pas fixer sur un obstacle», nous renseigne-t-il. «Il vaut mieux mettre le chèche», dit-il. Nous voilà enturbannés du précieux morceau de tissu, noir pour les uns, bleu pour certains ou encore blanc pour un autre. Nous nous émerveillâmes devant la beauté et le décor époustouflant qui s'offre à nous. Le désert des déserts et le pays de la soif est bien devant nous. Bien sûr, pas un arbre ou un caillou. L'horizon est plat à l'infini. Le soleil luisait sur de longues distances. Des mirages apparaissent à ce panorama. Abed, le photographe, croit distinguer au loin une chaîne de reliefs de collines. Il aperçoit les pics en aiguilles. Mais elles s'éloignent au fur et à mesure que l'on suppose s'approcher. Partout des mirages aux reflets métalliques. Mais ce qui n'est pas un mirage, c'est que nous traversons le Sahara, cette région désertique qui a joué de vilains tours à plus d'un, insouciants des dangers, comme nous le fûmes à l'entame de notre périple. Ce fut le paysage qui nous a acompagnés jusqu'au point deux cents où se dresse un poste tenu par des éléments de l'ANP. Des militaires sont en faction dans une petite guérite. Les formalités d'usage accomplies, les relevés attestant notre passage identifiés, nous poursuivîmes notre route. Non loin de là, une grande surprise nous attendait. Un grand arbre, seul au milieu de cette étendue désertique, s'élevait au ciel. Ses branches touchaient le sol. C'est plutôt inattendu.
Des photos pour immortaliser les moments
Le guide prit la décision de faire une halte tout près de l'arbre. «On ne va pas rater ce moment !», s'exclame Billal le photographe. Des photos qui resteront pour la postérité. Le guide en profita pour nous préparer un bon thé. Il sortit l'attirail du véhicule et, méthodique, il s'appliqua à ce rituel avec des gestes qui traduisent son savoir-faire. Quant à nous, nous avons apprécié, entre temps, un bon sandwich. Nous fûmes rejoints, quelques instants plus tard, par les passagers d'un autre véhicule qui se dirigeait vers Timiaouin. Un agent de Naftal et un commerçant avaient pris place à bord. Tous deux sont des habitués de cette piste. Ils nous narrent les péripéties vécues par eux sur ces pistes de l'enfer. «Il faut être patient dans ces contrées», recommandent-ils. «Une fois, se souvient le commerçant, j'ai attendu trois jours pour être dépanné d'un ennui mécanique survenu sur mon camion.» D'autres ont eu moins de chance. Ils ont passé parfois plusieurs jours pour être secourus. Certains ont perdu la vie. Il est vrai que le désert rend fou par son silence, de jour et de nuit, assourdissant. «Il faut savoir se ménager», conseille-t-il. «En été, dit-il, si on est obligé de s'arrêter quelque part à cause d'une panne mécanique, il faut s'enrouler autour d'une couverture et se mettre à l'abri sous le véhicule en attendant les secours.» Ces propos peu rassurants nous ont réveillés de notre torpeur. Il nous restait qu'à prier Dieu de nous épargner de ces sorts. Il commençait à faire nuit. Le chauffeur remit tout en place et nous repartîmes. Changement de décor. Ce n'est plus les mirages aux reflets métalliques qui s'imposent à nous. Maintenant, nous distinguons des lignées d'arbres des deux côtés de la piste. Au loin, des points lumineux nous indiquent une présence. «C'est le 400», nous informe notre guide. Un autre poste militaire. La même procédure est suivie pour pouvoir poursuivre le chemin jusqu'à Bordj Badji Mokhtar, plus de deux cents km plus loin, que nous atteindrons vers les coups de minuit. Nous passâmes le reste de la nuit dans la chambre d'hôtes de la daïra de cette ville. Au petit matin, nous repartîmes, escortés par des éléments du Darak El-Watani. Une équipe de Canal Algérie qui se rendait, elle aussi, à Timiaouin imposait cet accompagnement. Nous longeâmes la frontière algéro-malienne en divers points, un territoire qui, semble-t-il, n'offre pas une totale sécurité. De temps à autre, le long de notre trajet, nous rencontrons des familles targuies.
* Suite dans notre prochaine édition
S. B.
Adrar, 21 décembre 2009. Il est près de 13 heures quand nous sommes arrivés à la principale gare routière de la ville après un voyage en bus qui a duré 20 heures. Parti d'Alger, en bus, la veille à 17 heures, le groupe dans lequel je faisais partie a salué comme une délivrance notre arrivée à Adrar, première halte d'un voyage long et harassant qui devait nous amener jusqu'au fin fonds du désert, à Timiaouin, une localité distante du chef-lieu de wilaya de 800 km. Nous fûmes accueillis par nos contacts qui nous accompagnèrent aussitôt vers notre lieu d'hébergement, au centre-ville. Une chambre d'hôtes, style saharien, recouverte de tapis, de matelas posés à même le sol et les indispensables oreillers, fut mise à notre disposition pour la durée de notre séjour. Une bonne douche pour nous remettre d'aplomb et nous voilà réunis autour d'un «s'ni» où trônaient une gasaâ d'un couscous bien garni et des bols de l'ben. Il y avait à côté du maître de cérémonie, qui n'est autre que Salem Baâlal, président de la Chambre d'agriculture de la wilaya, son fils et un autre membre de sa famille. Entre deux cuillerées de couscous et une gorgée de l'ben, nos généreux et accueillants gens du Sud nous louèrent les charmes de la ville et ses nombreuses potentialités économiques et culturelles qu'elle recèle. La discussion prit un tour plus animé à l'heure du thé. Le président de la Chambre d'agriculture en profita de l'occasion pour parler en long et en large des opportunités qu'offre le secteur et surtout des problèmes dont souffre le monde agricole dans la région d'Adrar.
Des contraintes administratives
Des problèmes de bureaucratie de l'administration, des banques par trop tatillonnes sur les dossiers déposés par les agriculteurs. «Adrar est capable de fournir les 1/4 de besoins de blé de l'Algérie, pour peu que les entraves disparaissent», assure-t-il en mettant en exergue le rendement (80 à 84 qtx à l'hectare) obtenu par les fellahs l'année écoulée. Il déplore le fait que peu d'agriculteurs ont bénéficié de crédits bancaires, notamment ceux qui ont investi dans les pivots d'irrigation. «120 pivots attendent, depuis deux mois, d'être mis en place faute d'un accompagnement de la banque», souligne-t-il, regrettant que les différentes formes de soutien à l'agriculture initiées par l'Etat ne parviennent que rarement à leurs destinataires. Le crédit RFIG est critiqué par ce responsable pour son long processus et la durée de son remboursement qui va sur une année. «Les fellahs sont tributaires des aléas climatiques», justifie-t-il, arguant que «les agriculteurs peuvent être ruinés par une année de sècheresse». D'autres problèmes, qui sont autant d'obstacles pour une bonne saison agricole, sont énumérés par Salem Baâlal, dont les engrais (90 tonnes) qui sont entreposés dans un dépôt et attendent l'autorisation, alors que les exploitants agricoles en ont besoin, et le désengagement de l'Etat du circuit de la commercialisation. Il se souvient que du temps de la Cofel et de l'Enafla (deux organismes d'Etat qui s'occupaient de la commercialisation des produits agricoles), trois avions cargos d'Air Algérie s'envolaient chaque jour à destination de Marseille, Frankfort et Bruxelles avec à leur bord 80 tonnes de tomates. «Cette époque est révolue», dit-il dépité, témoignant que présentement, les fellahs font le troc, du moins pour la datte, avec les pays voisins, le Mali et le Niger. Cette discussion prend fin tard l'après-midi. Le responsable de la Chambre d'agriculture est appelé à son bureau pour préparer la mission qu'il devait effectuer le lendemain à Alger. Une rencontre qui réunira le ministre de l'Agriculture et les chefs des services agricoles des 48 wilayas du pays. Peu après, on nous fait savoir que le départ pour Timiaouin était programmé pour demain à 8 heures du matin. Trop fatigués pour sortir, nous préférâmes nous mettre au lit. Le lendemain à 7h30mn, on nous avertit que le 4x4 nous attendait. Destination Reggane, 170 km plus au sud. Le voyage se déroula sans encombres. La route était asphaltée. A quelques kilomètres avant d'arriver dans cette ville, notre guide, jusque-là peu loquace, nous montra du doigt, à notre droite, le site des essais nucléaires français. A Reggane, nous fîmes des provisions pour la suite de notre parcours. Il nous restait quelque 650 km à parcourir. Après une heure de pause, nous embarquâmes, et en route pour l'expédition ! Juste à la sortie de la ville, un poste de contrôle de la police. Présentation de nos papiers d'identité et déclaration de l'objet de notre destination. L'agent nous regarda d'un air stupéfait quand nous déclinâmes notre profession. Il se référa à son chef, au commissariat de daïra, qui lui demande à nous voir. Retour au centre-ville. Au commissariat, le chef, très courtois, s'enquit de l'objet de notre mission et nous rassura que c'était une procédure normale car, a-t-il, dit «la vie s'arrête à Reggane».
Les dangers du désert
Il nous informa des dangers que cache le désert et s'assura que nous étions bel et bien accompagnés d'un guide qui connaît parfaitement cette région. Il nous conseilla de nous munir d'un chèche et de beaucoup d'eau et de nourriture. «Il faut se méfier du désert», a-t-il insisté. Plus tard, durant notre traversée, nous comprîmes les précieuses recommandations du chef de la sûreté de Reggane. A peine sortis de la ville, c'est le grand désert. Le sable à perte de vue. Dès les premiers kilomètres dévorés, des fines particules de sable s'incrustent dans la cabine. Dans la voiture se répandent les vapeurs de l'essence que nous transportons. Pas question de fumer. Le guide, avisé, nous demande de baisser les vitres des portières. «Le courant d'air permet à ces molécules de ne pas fixer sur un obstacle», nous renseigne-t-il. «Il vaut mieux mettre le chèche», dit-il. Nous voilà enturbannés du précieux morceau de tissu, noir pour les uns, bleu pour certains ou encore blanc pour un autre. Nous nous émerveillâmes devant la beauté et le décor époustouflant qui s'offre à nous. Le désert des déserts et le pays de la soif est bien devant nous. Bien sûr, pas un arbre ou un caillou. L'horizon est plat à l'infini. Le soleil luisait sur de longues distances. Des mirages apparaissent à ce panorama. Abed, le photographe, croit distinguer au loin une chaîne de reliefs de collines. Il aperçoit les pics en aiguilles. Mais elles s'éloignent au fur et à mesure que l'on suppose s'approcher. Partout des mirages aux reflets métalliques. Mais ce qui n'est pas un mirage, c'est que nous traversons le Sahara, cette région désertique qui a joué de vilains tours à plus d'un, insouciants des dangers, comme nous le fûmes à l'entame de notre périple. Ce fut le paysage qui nous a acompagnés jusqu'au point deux cents où se dresse un poste tenu par des éléments de l'ANP. Des militaires sont en faction dans une petite guérite. Les formalités d'usage accomplies, les relevés attestant notre passage identifiés, nous poursuivîmes notre route. Non loin de là, une grande surprise nous attendait. Un grand arbre, seul au milieu de cette étendue désertique, s'élevait au ciel. Ses branches touchaient le sol. C'est plutôt inattendu.
Des photos pour immortaliser les moments
Le guide prit la décision de faire une halte tout près de l'arbre. «On ne va pas rater ce moment !», s'exclame Billal le photographe. Des photos qui resteront pour la postérité. Le guide en profita pour nous préparer un bon thé. Il sortit l'attirail du véhicule et, méthodique, il s'appliqua à ce rituel avec des gestes qui traduisent son savoir-faire. Quant à nous, nous avons apprécié, entre temps, un bon sandwich. Nous fûmes rejoints, quelques instants plus tard, par les passagers d'un autre véhicule qui se dirigeait vers Timiaouin. Un agent de Naftal et un commerçant avaient pris place à bord. Tous deux sont des habitués de cette piste. Ils nous narrent les péripéties vécues par eux sur ces pistes de l'enfer. «Il faut être patient dans ces contrées», recommandent-ils. «Une fois, se souvient le commerçant, j'ai attendu trois jours pour être dépanné d'un ennui mécanique survenu sur mon camion.» D'autres ont eu moins de chance. Ils ont passé parfois plusieurs jours pour être secourus. Certains ont perdu la vie. Il est vrai que le désert rend fou par son silence, de jour et de nuit, assourdissant. «Il faut savoir se ménager», conseille-t-il. «En été, dit-il, si on est obligé de s'arrêter quelque part à cause d'une panne mécanique, il faut s'enrouler autour d'une couverture et se mettre à l'abri sous le véhicule en attendant les secours.» Ces propos peu rassurants nous ont réveillés de notre torpeur. Il nous restait qu'à prier Dieu de nous épargner de ces sorts. Il commençait à faire nuit. Le chauffeur remit tout en place et nous repartîmes. Changement de décor. Ce n'est plus les mirages aux reflets métalliques qui s'imposent à nous. Maintenant, nous distinguons des lignées d'arbres des deux côtés de la piste. Au loin, des points lumineux nous indiquent une présence. «C'est le 400», nous informe notre guide. Un autre poste militaire. La même procédure est suivie pour pouvoir poursuivre le chemin jusqu'à Bordj Badji Mokhtar, plus de deux cents km plus loin, que nous atteindrons vers les coups de minuit. Nous passâmes le reste de la nuit dans la chambre d'hôtes de la daïra de cette ville. Au petit matin, nous repartîmes, escortés par des éléments du Darak El-Watani. Une équipe de Canal Algérie qui se rendait, elle aussi, à Timiaouin imposait cet accompagnement. Nous longeâmes la frontière algéro-malienne en divers points, un territoire qui, semble-t-il, n'offre pas une totale sécurité. De temps à autre, le long de notre trajet, nous rencontrons des familles targuies.
* Suite dans notre prochaine édition
S. B.


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