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Les hésitations et les incertitudes du régime politique algérien face au tremblement politique du monde arabe
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 06 - 03 - 2011

Les concessions faites par le président de la République : levée d'état d'urgence, ouverture de la télévision publique, exonération du service national en faveur des jeunes de plus de 30 ans, reconnaissance de la légitimité des revendications des enseignants de l'enseignement supérieur, et des demandes sociales en matière d'emploi et du logement, sont des gestes louables et peuvent être saluées comme des mesures positives annonciatrices de changements en profondeur dans l'approche du pouvoir quant à la gestion saine et transparentes des affaires publiques. Pourtant, l'analyse des faits démontrent que ces concessions ne sont pas dictées par une sincère volonté politique de changement ou de rupture radicale avec les représentations autoritaires de la gestion des affaires de l'Etat, mais par la pression des circonstances suscitées tant par les contraintes exercées de l'intérieur du pays par les forces sociales frustrées et marginalisées, telles les jeunes et tous les exclus sociaux de la rente pétrolière, que par les chamboulements que connaît une série de régimes arabes dont certains se sont déjà écroulés, tels des châteaux de cartes, pendant que d'autres, comme les régimes tribaux de Ghaddafi et d'Ali Abdallah Salah du Yémen sont aux prises en ce moment même avec des soulèvements populaires décidés à en découdre et qui ne manqueraient certainement pas de les balayer de la surface de l'Histoire. Il s'agit une véritable lame de fond, d'un tremblement de terre, dont l'épicentre a eu lieu en Tunisie et dont les répliques foudroyantes ont frappé de plein fouet le cœur de l'Egypte, dont le cerveau et système nerveux n'était rien d'autre que le régime autoritaire, corrompu et vénal de Mohamed Hosni Moubarek. Les ondes de ces chocs imprévus se sont propagées comme une traînée de poudre au Yémen, en Libye, au Bahreïn, et dans une moindre mesure, en Jordanie , au Kuweit, au Maroc et en Algérie, pays dont le destin politique reste suspendu à des incertitudes absolues. Mais il n'est guère exclu, au vu des indices politiques nombreux, de voir les régimes de tous ces pays s'effondrer tôt ou tard sous le poids de leur propre pesanteur bureaucratique fondée sur l'arbitraire, la morgue hautaine et l'amnésie.
Le changement dans la continuité du système politique algérien ?
Cette lame de fond qui s'est produite de manière presque synchronisée par je ne sais quelle « force divine » ou mystérieuse, et qui traverse de part en part maints pays arabes longtemps soumis à des régimes de fer, de privations fondamentales et de violations des droits élémentaires de l'homme et du citoyen, a de quoi susciter les inquiétudes de notre régime politique cramponné sur ses « certitudes » absurdes d'être « démocratique et populaire » en dépit de toutes les preuves du contraire. Les concessions que notre régime politique vient de faire, mais à son corps défendant ne sont rien moins qu'une « ruse » politique destinée à endormir la vigilance des acteurs sociaux et politiques indépendants qui en appellent à un changement radical du système, et non à des réformes de surface. Ces concessions, si « généreuses » et si louables qu'elles puissent paraître à première vue, ne sont en fait qu'un moyen de gagner du temps en donnant l'impression que le régime est réceptif au souffle respiratoire de son peuple privé d'oxygène, de justice sociale et de liberté. En concédant à faire ces concessions, son but n'est pas la refonte radicale du système politique « clos », opaque, et obstinément imperméable à la transparence ; son objectif est de sauver « sa peau » en affectant une volonté de changement tout en veillant soigneusement, mais en cachette, à la continuité du système fondé sur l'incurie, l'incompétence et la corruption exubérantes, toutes choses élevées au rang de la vertu et de la « normalité ».
Les raisons de la non transparence…
Notre régime politique est « coincé » ; sa constipation se reflète à travers une foule de signes et d'indices qui n'échappent à personne, pas même au profane en matière politique ; le problème de la communication constitue un de ses points aveugles. Bourré d'interdits et de tabous, il s'enferme dans une posture faite censure et d autocensure qui lui interdit de communiquer de manière limpide et d'être en phase avec ses administrés auxquels il ne confie ses intentions réelles que par des silences et des non -dits qui s'apparentent aux métaphores et gestes discrets dont usent les mystiques des confréries religieuses et des zaouïas. Son silence actuel envers le soulèvement du peuple libyen contre son dictateur fou et sanguinaire, dénote justement son goût complaisant pour la mystique ou le secret bien gardé. Sur la Tunisie comme sur l'Egypte, le silence reste de rigueur, comme si les révolutions produites dans ces pays ne concernaient pas l'Algérie et que le peuple algérien n'avait pas le droit de savoir ce qu'en pensent ses dirigeants qui demeurent tous murés dans un silence étonnant.
Le changement politique chez les autres suscite-t-il la panique d'une contamination de l'Algérie ?
Cela ne fait pas de doute. Tous les indices matériels militent en faveur de cette hypothèse de « la panique ». Le silence observé par nos dirigeants est le signe tangible de cette peur refoulée, et de cette parole qui se fait aphasie. La preuve en est que nul, parmi nos concitoyens, ne sait encore si notre gouvernement est pour ou contre ces révolutions qui ont mis à bas les régimes autoritaires imposés à ces peuples « frères » et voisins. C'est encore l'opacité érigée en un système de gouvernement. On en est encore à supputer, à conjecturer sur ses intentions réelles. Redoute-il, comme les USA et l'Europe, la perte de ces régimes impopulaires, certes, mais dont le maintient est indispensable pour garantir la sécurité de leurs débouchés et approvisionnements en énergie et matières premières ? Mais pour l'Algérie, quel intérêt a -t- elle de voir subsister dans son environnement géo- politique des régimes faisant peu de cas, comme celui de Ghaddafi, de la liberté de leurs peuples, et qui, à la moindre contestation de leur pouvoir, ils recourent à des armes sophistiquées pour les réduire en cendres ? Alors que les Occidentaux, à commencer par les nord américains, menacent de sanctions le régime libyen et feignent d'être émus devant le génocide dont est victime un peuple aux mains nues, l'Algérie officielle ne s'est même pas donnée la peine d'élever la moindre protestation, ne serait-ce que sur le plan purement « humanitaire » contre l'entreprise criminelle conduite par Ghaddafi et ses mercenaires, Noirs et Blancs, contre son peuple dont il ne serait, selon ses propres dires, qu'un « symbole » et guère un « président » investi depuis quarante deux ans de tous les pouvoirs de vie et de mort sur tous ceux qui seraient tenter de s'opposer à sa volonté de puissance, et à ses délires démesurées de grandeur, de « chef charismatique » et de Messie.
Pourquoi l'Algérie « officielle » garde-t-elle le silence sur ces crimes abominables ? Outre ses devoirs purement humanitaires, qui lui imposent l'obligation d'assistance à des populations en danger, il y a aussi l'intérêt national qui devrait lui recommander de dire son mot, d'élever sa voix, et de ne pas laisser le champ libre à des puissances étrangères pour s'ingérer, au nom d'on ne sait quel principe ou droit, dans les affaires d'un pays voisin et dont les frontières quasi poreuses se chevauchent avec les nôtres. Ce silence ne reflète-t-il pas une attitude complice ? Quel crédit, par exemple, accorder aux déclarations des révolutionnaires libyens reprochant à l'Algérie de pactiser secrètement avec le régime aux bois de Ghaddafi ? Difficile en effet de révoquer en doute de telles déclarations émanant des assiégés eux-mêmes, comme il est difficile de saisir l intérêt, politique ou économique, qu'aurait l'Algérie à soutenir ou à sympathiser en sous -main avec un dictateur exécré par son peuple.
Le deuil du régime politique algérien….
Je n'exagère nullement en disant que le régime algérien est en deuil face à l'incroyable. Il perd des amis et des soutiens dans le monde arabe. Tous les membre ou presque de notre gouvernement tremblotent d'effroi à la vue de l'écroulement des édifices en apparence graniteux sur lesquels reposaient ces régimes dictatoriaux avec le soutien de l'Occident impérialiste, expansif et intéressé. La perte de ces régimes impopulaires lui inspire peur et inquiétude quant à son propre sort. Il craint la suggestion contagieuse de ces révolutions qui ont mis en pièce en l'espace de quelques semaines seulement d'intervalles des régimes que l'on croyait jusqu'ici indéboulonnables. Il est certain en effet que notre système politique qui partage avec ces régimes déchus un certain nombre de traits de conduite politique ( autoritarisme, gabegie, incurie, corruption…) ne peut pas se réjouir tellement de leur perdition, tant ils pouvaient lui servir d'alibi, de points de comparaison, d'appui, voire même de « repoussoir ». De « repoussoir », en effet, dans la mesure où l'Algérie avait toujours été et le reste encore l'un des rares pays arabes où la liberté d'expression ( écrite et orale surtout) n'avait pas été bannie en dépit des entraves et des limitations imposées par ailleurs aux manifestations et aux réunions publiques, et qui avaient connues pourtant leur apogée au début de la décennie 1990. C'est cette liberté d'expression arrachée de haute lutte par le peuple et ses élites marginalisées que le régime politique s'en était servi et se sert encore pour offrir au monde extérieur l'image d'un pays respectueux de « la démocratie » et des « droits de l'homme ». Cette image pourtant trompeuse est partiellement accréditée dans l'esprit de bon nombre d'hommes politiques occidentaux ( surtout de droite) qui pensent que l'Algérie est bien moins « mauvaise » que ses consorts arabes. En effet, comparé aux régimes déchus de Zine El Abidine Ben Ali et de Hosni Moubarek, notre régime politique apparaît, avec tous les vices et les défauts qui lui sont consubstantiels, sous la forme d'une « dictature édulcorée », voire même « éclairée », dans certains cas. Et c'est justement ce mélange déconcertant d'autoritarisme fait de coercition et d'élasticité relative, de répression suivie aussitôt d'ouverture et d'apaisement « tactiques », qui donne à tous l'illusion que notre régime est relativement « clément » par rapport aux régimes d'enfer situés sous d'autres latitudes. Le qualificatif de « régime atypique » que lui collent certains experts politiques, lui convient peut-être mieux, sauf que ce terme d' « atypique » fonctionne en fait comme un « fourre-tout », qui nous dispense de disséquer au mieux son anatomie interne…
Un bateau à la dérive mais qui résiste vaillamment encore aux tempêtes
Notre régime politique chavire tel une barque à la dérive, mais ne coule pas encore au fond des eaux. Du moins, pas dans l'immédiat. Il dispose encore de ressources qui lui permettent de bondir, de franchir les obstacles qui se dressent devant lui, grâce aux rafistolage politique, aux replâtrage, dont il s'est fait une depuis spécialité, une sorte de gymnastique pour gérer en fonction de la conjoncture les tensions sociales et politique. La manne pétrolière qui coule à flot, jointe à l'augmentation des prix du baril qui a atteint des sommets historiques sans précédent, a fini par remplir à ras le bord les caisses de l'Etat. Ce gonflement du Trésor Public lui offre certaine « sécurité » doublée d'une longévité plus ou moins longue. Mais elle ne lui garantit pas une tranquillité durable, ni assurance « tous risques ». Momentanément, ces sommes astronomiques lui permettent d'allouer une partie au « social » ( logement, emploi des jeunes…), et l'autre aux infrastructures. Même en défalquant la part d'argent qui revient de facto à la corruption fleurissante, il reste quand bien même des sommes importantes d'argent dans les caisses et qui pourraient être immédiatement redistribuées de manière ciblée pour acheter la « paix sociale ». Il n'y a pas seulement des cadres qui s'achètent et qui se vendent comme de vulgaires marchandises ; des couches humbles pourraient également l'être, comme ces travailleurs permanents de l'UGTA et de ceux de certains syndicats de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur qui n'hésitent pas à monnayer leurs services et savoir-faire en matière de travail de dépolitisation et de temporisation des ardeurs « combattantes » de leurs pairs moyennant des avantages en argent, en nature et en « prestige ». Cette manne pétrolière, cette aubaine bénit du Ciel, donne encore un certain sursis à notre régime politique, une petite prolongation dans la poursuite de sa carrière, mais ne le mettra pas sur le long terme à l'abri des secousses telluriques…
Car si séisme il y aurait, il ne sera pas forcément provoqué par les seules frustrations sociales strictement économiques, mais par la soif de liberté politique et de justice sociale. Des satisfactions matérielles non accompagnées de ces demandes sociales pressantes ( une justice impartiale et non corrompue ; des droits et des libertés garanties par la Constitution, reconnaissance des compétences et leurs valorisations…), seront sans objet et ne pourront jamais assurer la paix et la stabilité sociale et politique. Le croire, c'est miser naïvement, comme on l'a toujours fait, sur cette culture absurde de la force et de la peur censées prévenir les révolte ou les contenir dans des limites étroites, circonscrites dans le temps et l'espace. C'est ainsi que pensent nos experts « en sécurité ». Ils croient que l'alternance de la carotte et du bâton suffit à tenir longtemps en respect « le troupeau » de mouton et à assuré durablement l'ordre et la sécurité publiques. C'est faire preuve d'aveuglement et de déficit d'anticipation politique….
Quand les instincts de survie et de conservation du régime poussent ses membres à se serrer les coudes
Avec les tremblements du monde arabe et leurs ondes de chocs, notre régime craint pour son avenir. Il en a vraiment peur. Peur aussi bien du changement que du non changement. Il oscille entre deux attitudes contradictoires : entre son immobilisme voulu, et ses velléités de consentir à une évolution vers plus d'ouverture, mais il ne sait comment s'y prendre. Il veut une ouverture, mais pas à n'importe quel prix. Il consentirait volontiers à un changement à condition qu'il contrôle seul les modalités et les finalités qu'il assigne lui-même aux réformes. Mais comme les pressions internes et extérieures qui s'exercent sur lui pour l'inciter à sortir de l'immobilisme où il s'est installé depuis deux lustres sont fortes, il se trouve contraint de faire des concessions à certaines demandes sociales, ce qui lui permet d'escamoter les demandes politiques ou de les présenter comme marginales. Les concessions d'ordre social faites par le Président de la République dont il est question plus haut s'inscrivent justement dans cette optique d'évitement des réformes politiques qui sont pourtant réclamées aussi bien par la masse du peuple que par les élites, organiques et inorganiques.
Mais les habitudes et les mœurs politiques qui leur servent d'expression ont la vie dure. Le régime en tant que collectif d'hommes et de représentation culturelle a du mal à se départir de ses réflexes conditionnés. Ces reflexes sont le pouvoir et rien que le pouvoir. S'y cramponner vaille que vaille est son objectif premier. D'où l'immobilisme dans lequel il s'enferme comme dans cage. La peur qui s'est emparé de ses membres, suite aux bouleversements qui ont balayé des régimes arabes que l'on croyait « sûrs », les amène à se serrer plus que jamais les coudes afin de parer aux dangers éventuels qui pourraient leur faire un sort. Le remaniement du gouvernement annoncé à maintes reprises, mais différé autant de fois, puis finalement abandonné, témoigne de l'inanité des réformes promises et des changements projetés des hommes à la tête de l'Etat. Car, substituer un ministre à un autre, ou les permuter, ne constitue nullement un gage de succès ou de réussite dans un contexte politique où les cooptés et les pistonnés sont les meilleurs élus du « système ». Des ministres inamovibles, comme celui de l'Education national, Ben Bouzid, ou celui de l'Enseignement Supérieur, Haroubia, qui ont tous deux conduit, chacun à sa manière et selon ses méthodes de gestion propres, leur secteur respectif au bord de la faillite, prouvent que les favoris du système ne sont pas forcément et toujours les mieux indiqués pour occuper de telles fonctions sensibles qui engagent le destin d'un grand pays comme le nôtre. Dans ce contexte où le choix des hommes se fait selon le mode de patronage, d'allégeance et d'obéissance aveugle au Seigneur comme du temps de la féodalité triomphante, on ne peut pas espérer un changement qualitatif dans les modes de représentation, de perception et de gestion des affaires de l'Etat.
Par leur discours répétitifs et monotones faits d'autosatisfaction, de « bilans positifs », de réussite « spectaculaire » et de « performance » ; par leurs passages fréquents à la télévision d'Etat où ils débitent des éloges à n'en plus finir à l'honneur du « Prince régnant », ces ministres inamovibles saturent les regards de leurs auditeurs aussi par leurs propos souvent fats que par leur attitude corporelle composée. Que ces ministres soient poliment congédiés et remplacés par de nouvelles figures, ne change en rien à la nature du système qui demeure fortement attaché aux modes clientéliste au détriment de la sélection selon les mérites ou les compétences. Là où le président Bouteflika ne s'est point trompé, c'est quand il disait quelque part que tous les ministres en fonction, ou pressentis à le devenir sont « nuls ». A quoi bon dès lors remanier un gouvernement, complètement ou partiellement, quand on est persuadé que ceux qui les remplaceraient sont aussi « nuls » que les partants ?
Changement du gouvernement renvoyé sine die aux calendes grecques
L'ajournement sine die du remaniement ministériel s'explique en partie par cette conviction, en partie par « les concessions faites » sous la pression conjuguée des révolutions tunisienne et égyptienne, mais aussi des Etats-Unis qui ont multiplié les démarches pour obtenir du gouvernement algérien d'assouplir ses positions en lâchant des lests. Comme l'écrit Kamel Amrani, « Les pressions, américaines notamment qui étaient assez fortes il y a un mois, se sont nettement estompées, s'agissant du «cas Algérie». Obama, qui avait «félicité» Bouteflika pour les dernières mesures annoncées en Conseil des ministres, semble opter pour la prudence, concernant un pays frontalier de la Libye où la situation ne cesse de se dégrader avec tous les risques, non négligeables, que fait peser Al Qaïda sur l'ensemble des pays du Sahel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si plusieurs visites de responsables américains, chargés de la sécurité, se sont multipliées à Alger, ces derniers jours. » Ces concessions dont certaines, comme l'avant- projet de loi relatif à l'ouverture de la télévision publique à d'autres voix que celles du pouvoir, ont été purement et simplement mises au rancart. Or, cet avant-projet discuté et présenté comme une des concessions majeurs destinée à apaiser les esprits « ne figure plus curieusement à l'ordre du jour des différentes réunions du gouvernement. Y compris la prochaine qui aura lieu mercredi 9 mars ».[i]
Les « concessions » faites par le gouvernement, et les « félicitations » américaines adressées par la voix d'Obama à notre président pour l'œuvre « réformatrice » qu'il a accomplie, rendent caduc un remaniement ministériel, et partant l'ouverture promise de la télévision de l'Etat aux voix discordantes par rapport aux membres du gouvernement et de ses alliés politiques dont Louisa Hanoune du PT. Celle-ci avait été en effet invitée le 23 février dernier sur le plateau de l'ENTV où pendant près de deux heures de monologues sans fin, ne se lassait pas de magnifier les actes et les gestes du Président de la République, et de rendre hommage à Sidi Saïd de l'UGTA pour s'être montré réceptif, disait-elle, aux doléances des jeunes qui succédaient par chapelets, les uns après les autres, devant son bureau… A entendre ainsi discourir cette infatigable militante, on n'arrivait plus à distinguer entre ce qui relevait dans ses propos, de Léon Trotski, son maître à penser, ou du Président Abdelaziz Bouetflika, son adversaire politique d'hier devenu soudain son allié…
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[i] . In Le Soir d'Algérie, 5 mars 2011.
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