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L'échec de la première phase de la négociation franco-algérienne en 1956.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 17 - 03 - 2015

« C'est une vérité d'évidence que l'Algérie n'a jamais et ne pourra jamais être la France. Et pourtant, il importe aux Algériens comme aux Français que les destins de leurs deux patries demeurent étroitement liés », éditorial de Robert Barrat, publié le 30 septembre 1955, dans « témoignage chrétien ».
Dans le contexte de l'époque, une telle déclaration peut valoir des tracas. Et pourtant, malgré le raidissement des positions, notamment françaises, la résolution du conflit algérien passe immanquablement par la négociation. Or, jusqu'en 1956, les blocages émanent du gouvernement français. Le ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, n'a-t-il pas déclaré, le 5 novembre 1954, que « la seule négociation, en Algérie, c'est la guerre. »
Du côté algérien, bien que le recours à la lutte armée n'ait rien de pacifique, les initiateurs de l'action révolutionnaire laissent la porte grande ouverte au règlement du conflit par la négociation. « Afin d'éviter les fausses interprétations et les faux-fuyants, et pour prouver notre désir de paix, limiter les pertes humaines et les effusions de sang, nous avançons une plateforme honorable de discussion aux autorités françaises », écrivent les rédacteurs de la proclamation du 1er novembre 1954.
Toutefois, après la victoire du Front républicain en janvier 1956, le nouveau président du Conseil, Guy Mollet, se dit favorable à la négociation. Mais, pour qu'il tienne sa promesse électorale, il faudrait qu'il passe l'obstacle des ultras. Or, dès sa prise de fonction, ces derniers lui infligent une raclée lors de son voyage algérois, le 6 février 1956. Sous la pression du lobby colonial, Guy Mollet « capitule ». En effet, le même jour, il renonce à deux choses : la nomination du général Catroux comme gouverneur de l'Algérie et son projet pour l'Algérie.
Cependant, bien que la leçon d'Alger réduise considérablement l'espace de manœuvre du président du Conseil, il n'en reste pas moins que le projet de la négociation « secrète » n'est pas pour autant enterré. Et pour cause ! La victoire de Guy Mollet, le 2 janvier 1956, s'est faite sur la promesse de mettre fin à « la guerre imbécile ». En outre, « la base militante des partis de gauche s'impatiente ; elle exhibe résolutions et promesses électorales –le Front républicain ayant remporté les législatives de janvier 1956 autour du thème de la paix en Algérie », écrit Rédha Malek, dans « l'Algérie à Evian : histoire des négociations secrètes 1956-1962 ».
Du coup, profitant de son escale au Caire, le 5 mars 1956, le ministre des Affaires étrangères, Christian Pineau, demande l'entremise de l'Egypte pour organiser une rencontre avec les représentants du FLN. Pour dissiper les doutes et surtout montrer sa bonne foi, Georges Gorce est chargé par Guy Mollet en vue de rassurer le chef d'Etat égyptien du le bien-fondé de sa démarche. Du coup, à partir du 10 avril, et ce, pendant un mois, les premières négociations –certes secrètes –s'ouvrent, au Caire, entre le FLN et les « autorités françaises ».
Par ailleurs, pour ces premiers contacts, il s'agit vraisemblablement d'un échange de vision. Du coup, chaque partie délègue un seul membre. La représentation du FLN échoit à Mohammed Khider et celle de la France à Joseph Begarra, membre du comité directeur de la SFIO (section française de l'internationale socialiste), le parti de Guy Mollet. « La position française était résumée par le triptyque chronologique : cessez-le-feu, élections, négociations, avec pour perspective une autonomie interne limitée et tempérée par un statut d'exception pour les Européens d'Algérie », note Gilbert Meynier, dans « histoire intérieure du FLN ». De son côté, Mohammed Khider plaide la cause algérienne en la résumant sa position comme suit : « reconnaissance préalable de l'indépendance, cessez-le-feu, élections, gouvernement algérien issu des élections, négociation avec ce gouvernement. » Force est d'admettre que les positions sont très éloignées. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les rencontres du Caire se terminent sans qu'un quelconque rapprochement ne soit intervenu.
Néanmoins, en dépit des divergences d'approche, les deux délégations décident de maintenir le contact. Parrainées par le président Tito, les rencontres se tiennent, le 26 juillet 1956, en ex-Yougoslavie. Du côté français, c'est Pierre Commin, secrétaire adjoint de la SFIO, qui se représente au rendez-vous. Du côté algérien, le mandat est donné à M'hamed Yazid et Ahmed Francis, dont la mission consiste à rapporter les positions françaises. « Après quarante-huit heures d'entretiens, les deux parties se prononcent, d'un commun accord, pour des discussions préliminaires, secrètes, officielles et directes entre les représentants du gouvernement français et les représentants du FLN », relate Rédha Malek.
Avant de se séparer, les représentants, du FLN et du gouvernement français, fixent le prochain rendez-vous pour la mi-aout à Rome. Néanmoins, « Pierre Commin, à qui M'hamed Yazid demande si cette formule engage son gouvernement, répond qu'il doit consulter Guy Mollet et lui suggère de rester à Rome où une communication lui parviendra à ce sujet », écrit Rédha Malek. Mais lorsque la réponse parvient au représentant du FLN, celle-ci contient des gardes-faux : « Sur les bases actuelles, impossible de donner un caractère officiel aux discussions prévues lors de notre entretien. »
Quoi qu'il en soit, bien que cette réponse soit contradictoire avec l'engagement du 26 juillet, la rencontre de Rome est maintenue. Selon Gilbert Meynier, « les conversations reprirent cependant à Rome à la mi-aout, puis début septembre. À ces derniers entretiens, les représentants algériens étaient trois –Yazid, Khider, Kiouane –face à trois Français conduits par Commin. Les Français précisèrent leurs conceptions de la large autonomie de gestion qu'ils proposaient aux Algériens : un exécutif et un législatif algériens pour les questions de compétence algérienne. »
Après une concertation des membres de la délégation extérieure, le FLN, par la voix de Mohammed Khider, accompagné par Lamine Debaghine, réaffirme, le 22 septembre 1956 à Belgrade, sa position de principe : « avant toute discussion de fond, la condition sine qua non exigée par le peuple algérien en guerre est la proclamation de l'indépendance. » Ce à quoi répond le chef de la délégation française, Pierre Herbault, en disant : « Aucun gouvernement ne peut prononcer le mot « indépendance » concernant l'Algérie sans être immédiatement renversé. » Pour Rédha Malek, « là s'arrête la première phase des contacts secrets avec le gouvernement de Guy Mollet. »
En tout état de cause, pour ceux qui nourrissent l'espoir d'un règlement du conflit par la négociation, le rapt aérien de l'avion transportant la délégation extérieure du FLN, le 22 octobre 1956, apporte la preuve de la faiblesse du pouvoir politique face au puissant lobby colonial. D'après Gilbert Meynier, « le rapt aérien du 22 octobre permit à Yazid d'étaler à l'ONU les doubles jeux français : d'un coté, par Commin et Herbault interposés, Guy Mollet prenait langue avec le FLN, et d'un autre coté le gouvernement français laissait sans réagir ses chefs militaires s'emparer des personnes, des chefs historiques de la délégation extérieure en route vers la conférence maghrébine censée regarder avec sympathie. »
Enfin, si l'arrestation des chefs historiques dévoile l'incapacité du pouvoir politique en France à maitriser ses subordonnés, sur le plan interne à la révolution algérienne, cet acte aérien met fin –il ne serait-ce que pour quelque temps –à la rivalité entre les chefs de l'Intérieur, à leur tête Abane Ramdane, et le plus virulent des membres de la délégation extérieure, Ahmed Ben Bella. Sans le savoir ni le vouloir, l'armée française évite à la révolution une implosion inéluctable, mais prolonge, par la même occasion, les souffrances du peuple algérien de six ans.
Ait Benali Boubekeur
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