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AHMED GAID SALAH, OU LA TENTATION D'UNE IMPOSTURE ALGERIENNE (OPINION)
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 03 - 04 - 2019


PAR IHSANE EL KADI
3 AVRIL 2019
Le général de Corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah est très largement sorti de son rôle en exigeant, au terme d'une réunion de la haute hiérarchie de l'armée, ce mardi 2 avril, la démission immédiate du président Bouteflika. Le président de la république avait fait savoir la veille qu'il comptait démissionner avant la fin de son mandat, le 28 avril prochain, après avoir pris des mesures pour« assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat ». C'est l'annonce de ces prochaines mesures qui a accéléré les évènements. La réunion convoquée en urgence par le chef d'Etat-major pour exiger le départ de Abdelaziz Bouteflika sans délai a été justifiée par la nécessité d'empêcher une solution non constitutionnelle.
Le communiqué du MDN affirme "alors que le peuple algérien attendait avec impatience la satisfaction de ses revendications légitimes, parut en date du 1er avril un communiqué attribué au Président de la République, alors qu'en réalité il émanait d'entités non constitutionnelles et non habilitées, ayant trait à la prise de décisions importantes concernant la phase de transition. Dans ce contexte particulier, nous confirmons que toute décision prise en dehors du cadre constitutionnel est considérée comme nulle et non avenue». ". De quelle décision pouvait il s'agir ?
Une issue plus légitime confisquée
Le chef d'Etat major a voulu anticiper des décisions de dernières minutes du président Bouteflika et de son entourage qui auraient voulu mettre entre les mains de Liamine Zeroual et d'autres personnalités la gestion d'une transition démocratique. C'est ce que révèle le communiqué de l'ancien président de la république qui reconnaît qu'il a bien reçu une proposition pour « présider une instance chargée de la conduite de la transition » ajoutant dans son message « Il m'a confirmé que cette proposition avait été faite en accord avec Saïd Bouteflika, conseiller à la présidence de la République ».
Le fait que cela soit le général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik, qui ait transmis cette proposition est aux yeux de son farouche adversaire, Ahmed Gaïd Salah, une circonstance aggravante, qui ne doit pas faire perdre de vue l'essentiel dans l'analyse. Les Bouteflika tentaient de « racheter leurs âmes » en accédant à la principale revendication du mouvement après celle de leur départ: remettre les clés de la transition à des personnalités validées par le peuple.
L'ex-président Liamine Zeroual, même s'il était loin de faire l'unanimité pour diriger la période de transition, est une des figures les plus citées pour cette tâche parmi les politiques les plus proches du mouvement. En se précipitant pour faire démissionner sous la pression le président Bouteflika qui était déjà sur une trajectoire démissionnaire, le chef d'Etat-Major n'avait pas hâte de faire gagner le mouvement populaire, mais de lui confisquer une issue sans doute plus proche de ses revendications. Une issue, certes non prévue par la Constitution, mais conforme à l'exigence de « départ de tous » exprimée depuis six semaines par la Révolution pacifique.
Brutalité et déni de posture
Des moyens brutaux ont été utilisés durant les dernières 48 heures pour barrer la route au projet très tardif d'une sortie différente pour le clan Bouteflika. Une partie du personnel de la présidence à été séquestrée jusqu'au milieu de la nuit de lundi à mardi, en représailles du communiqué, considéré comme non émanant du Président. Ce communiqué annonçait à la fois la démission avant la fin du mandat et les mesures que comptaient prendre le Président – ou son entourage pour lui- avant de démissionner. Le général Ahmed Gaïd Salah a qualifié de « non constitutionnels » les rédacteurs de ce communiqué tout en acceptant le communiqué précédent dans la semaine le nommant à nouveau vice-ministre de la défense au titre du nouveau gouvernement Bedoui.
Il ne s'est pas contenté de barrer la route, par le déploiement de la force, à une sortie de crise de type politique qui aurait conservé un coté légitime à défaut d'être légale, venant d'un président encore en fonction. Il a voulu camper le rôle du défenseur des intérêts du peuple algérien en mouvement. « J'ai confirmé à maintes fois qu'en ma qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile, je ne saurai me taire aujourd'hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation. Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, comme je le fut par le passé, et je m'engage devant Allah et devant la patrie et le peuple que je n'épargnerai aucun effort à cette fin, quoi qu'il m'en coûtera".
Cette posture ressemble à de manière grotesque à un faux de celui qui a tranché à la fin de l'année 2013 en faveur du 4ème mandat et qui a consacré une dizaine d'intervention de menaces contre les adversaires politiques du 5ème mandat avant de s'en prendre directement au peuple dans les rues au lendemain du 22 février et du 1er mars. Quel intérêt avait donc Ahmed Gaïd Salah à forcer à ce point son trait et à monopoliser le jeu politique derrière l'alibi du respect de la Constitution alors qu'il a été co-responsable de son effacement durant de si longues années ?
Logique de mâle Alpha en politique
Le fait est que le chef d'Etat major a agi selon le critère de base qui l'a conduit durant les dix dernières années à accélérer l'impasse du système, celui du mâle Alpha qui ne partage pas son pouvoir « sur la meute ».
Une transition conduite par des personnalités engagées par le président de la république et validées par le mouvement populaire n'est pas un scénario mortel pour Ahmed Gaïd Salah, il aurait pu le co-revendiquer et en assurer le succès avant de s'éclipser. Il s'est inventé un rôle de défenseur du respect de la Constitution pour éliminer d'autres protagonistes dans la transition, sans mesurer dans leur profondeur les conséquences de sa décision de passer par les articles 102 et 104.
Ahmed Gaïd Salah se retrouve désormais en première ligne face à la Révolution qu'il pense confiner dans un processus électoral sous contrôle. Il lui faudra convaincre le peuple les prochains jours que le trio Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat, Nourredine Bedoui à la tête du gouvernement et Tayeb Belaiz à la tête du conseil constitutionnel était l'objectif ultime des millions de manifestants pendant ces six dernières semaines. Et qu'ils devront s'en contenter pour dessiner l'Algérie de demain qu'ils ont chanté dans les rues de leur pays.
Ahmed Gaïd Salah n'est pas un politique. Il ne sait pas calculer un risque complexe, qui intègre des paramètres instables comme une opinion publique en mouvement. Il a fait de la légalité constitutionnelle un alibi à son intervention alors qu'elle mène au statu quo complet des institutions pour l'élection d'un président dans trois mois. L'exact inverse de ce que revendiquent les Algériens mobilisés pour le changement et hostile au maintien des figures des années Bouteflika.
Des erreurs en cascade
A 79 ans, ayant joué sur les écrans de la télévision publique le rôle de président de substitution ces dernières années, tant ses apparitions fréquentes étaient abondamment couvertes, Ahmed Gaïd Salah est devenu un homme politique, sans rien maitriser des codes politiques. Il a épuisé l'ANP dans une guerre de tranchées qu'il a gagnée contre le Général Toufik en 2015. Il a ensuite tenté de pousser l'avantage du scandale de la cocaïne en embastillant, l'été dernier, une brochettes de généraux, qui, pour certains, s'étaient bien sur anormalement enrichis, mais dont le tort était surtout qu'ils tenaient tête à son leadership sans concession à la tête de l'ANP. Avec pour effet, une dégradation d'image sans précédent pour les militaires. Il n'a pas maitrisé les dégâts de son message de félicitation à Amar Saidani, un quasi délinquant égaré en politique, pour sa réélection à la tête du FLN.
Ahmed Gaïd Salah a réagi en barbouze dans l'affaire de l'entretien du général Hocine Benhadid, faisant jeter manu-militari en prison le général à la retraite, moudjahid comme lui, pour lui faire payer des propos jugés inconvenants à son endroit. Ahmed Gaïd Salah ne réfléchit pas en politique et ne calcule pas les préjudices qu'il peut s'attirer à chaque coup qu'il décide de porter, souvent à vif, sans recul sur les faits. Ainsi en voulant faire peur au général à la retraite Ali Ghediri, il a multiplié les communications incendiaires faisant de sa cible implicite, la plus grande curiosité politique de la pré-campagne pour les présidentielles prévues le 18 avril. Résultat inverse au but poursuivi. Il agit rarement sans commettre d'erreur. Sa prétention à incarner « le protecteur » de la Révolution et des aspirations populaires après avoir été une des raisons du déclenchement par son soutien au projet du 5e mandat, en est bien sur une des principales. Celle qui le place aujourd'hui en ligne de mire du mouvement populaire, les prochains jours. Jusque dans la tactique de la tentative de construire une nouvelle posture, Ahmed Gaïd Salah ne s'embarrasse pas de cohérence. Il se félicite que les juges s'emparent des affaires de corruption et décident d'empêcher des hommes d'affaires suspects de sortir du territoire. Tout le monde notera que le milieu d'affaires à la réputation sulfureuse, proche du chef d'Etat major – Tliba, Djemai, Saidani, et d'autres – n'est pas concerné par les ISTN.
La dernière figure
En 1992, à la tête des janviéristes, Les généraux Nezzar et Toufik ont pris, sans écouter les avis des politiques, des décisions désastreuses en évacuant un processus politique inachevé pour un autre, le HCE, inventé du néant. En 2019, Ahmed Gaïd Salah fait mine de préserver les institutions d'un vide chaotique. Il travaille en fait pour tenter de sauver le système. Il en sera sans doute la dernière incarnation paléontologique.


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